PRIER LE CHAPELET

PRIER LE CHAPELET

chapelet
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Voici revenu le mois  de mai.
Et ce retour cyclique  ramène notre pensée
sur ce bon vieux chapelet,
qui se cache modestement au fond d’une poche ou d’un sac,
s’il n’a pas été relégué au fond d’un tiroir,
à côté de la croix de première communion
ou de quelques reliques de famille.
Oui, il est bien passé de mode, notre vénérable chapelet !
Car la mode sévit, même dans la dévotion.

Et si tenace que l’Église a quelque peine,
sur ce point comme sur bien d’autres,
à ramener ses filles et ses fils à la sagesse.
Ses interventions en faveur du chapelet ne se comptent pas.
Que devons-nous y lire, dans cette insistance de l’Église ?

Souci un peu vain d’empêcher que ne meure complètement une vieille dévotion,
respectable somme toute pour tout ce qu’elle incarne pour nous
de souvenirs et de leçons passées ?
Ou une préoccupation éducatrice de ne pas laisser se perdre, dans la vie chrétienne,
une forme de prière plus utile, plus actuelle que jamais ?

Faisons un peu d’histoire

L’histoire de la prière du Chapelet remonte au Moyen-âge. À l’époque, ceux qui ne pouvaient pas prier les 150 psaumes de l’office des moines, parce qu’ils ne connaissaient pas le latin, ont pris l’habitude de prier 150 fois une prière dédiée à la Vierge Marie tout en méditant différents épisodes de la vie du Christ, appelés Mystères.

C’est grâce aux religieux dominicains que cette prière s’est répandue dans toute l’Église, mais c’est le Pape Saint Pie V qui lui a donné sa forme actuelle, complétée récemment par le Pape Jean-Paul II qui a ajouté aux quinze mystères joyeux, douloureux et glorieux, la méditation de cinq autres mystères appelés mystères lumineux.

Le nom de rosaire, vient du mot « rose », chaque prière est comme une des roses de la couronne de la Vierge Marie. Lors des grandes apparitions récentes de la Vierge Marie, celle-ci a encouragé la prière du chapelet. A Fatima en 1917, Marie s’est présentée comme « Notre Dame du Rosaire ».

À la suite de nombreux Papes, dont Léon XIII et Paul VI, le Pape Jean-Paul II nous a rappelé la valeur de la prière du rosaire : « Cependant, la raison la plus importante de redécouvrir avec force la pratique du Rosaire est le fait que ce dernier constitue un moyen très valable pour favoriser chez les fidèles l’engagement de contemplation du mystère chrétien comme une authentique « pédagogie de la sainteté »: « Il faut un christianisme qui se distingue avant tout dans l’art de la prière »

Alors que dans la culture contemporaine, même au milieu de nombreuses contradictions, affleure une nouvelle exigence de spiritualité, suscitée aussi par les influences d’autres religions, il est plus que jamais urgent que nos communautés chrétiennes deviennent «d’authentiques écoles de prière ».

La lettre Apostolique « Rosarium Virginis Mariae »

A l’occasion de l’audience générale du mercredi 16 octobre 2002, Jean-Paul II a proclamé sa XXV° année de pontificat « Année du Rosaire ». Puis il a signé et promulgué la Lettre Apostolique « Rosarium Virginis Mariae », dont voici un extrait :
« 4. Pour la tâche exigeante, mais extraordinairement riche de contempler le visage du Christ avec Marie, existe-t-il un meilleur moyen que la prière du Rosaire ? Nous devons cependant redécouvrir la profondeur mystique contenue dans la simplicité de cette prière, si chère à la tradition populaire.
Dans sa structure, en effet, cette prière mariale est surtout une méditation des mystères de la vie et de l’oeuvre du Christ. En répétant l’invocation de l’Ave Maria, nous pouvons approfondir les événements essentiels de la mission du Fils de Dieu sur terre, qui nous ont été transmis par l’Evangile et par la Tradition.
Pour que cette synthèse de l’Evangile soit plus complète et offre une plus grande inspiration, j’ai proposé, dans la Lettre apostolique Rosarium Virginis Mariae, d’ajouter cinq autres mystères à ceux actuellement contemplés dans le Rosaire, et je les ai appelés « mystères lumineux ». Ils comprennent la vie publique du Sauveur, du Baptême dans le Jourdain jusqu’au début de la Passion.
Cette suggestion a pour but d’amplifier l’horizon du Rosaire, afin qu’il soit possible à celui qui le récite avec dévotion, et non de façon mécanique, de pénétrer encore plus profondément dans le contenu de la Bonne Nouvelle et de conformer toujours sa propre existence à celle du Christ. »

Le rosaire se situe donc dans la meilleure et dans la plus pure tradition de la contemplation chrétienne. Développé en Occident, il est une prière typiquement méditative dont justement le caractère répétitif permet de se laisser entraîner vers la contemplation des mystères de la vie du Christ.

Actualité du Chapelet

Actuel plus que jamais, s’il est vrai que notre monde frénétique risque de sauter comme un tonneau de poudre surchauffé, s’il ne revient pas à plus de bon sens et si nous n’arrivons pas à nous refaire des cœurs d’enfants.

Du temps que je pense à tout cela, chantent à ma mémoire des textes exquis écrits à la gloire du chapelet. Devant mes yeux passent des images mille fois contemplées :

Soeur Catherine Labouré, après les apparitions, récitant avec ferveur son chapelet au milieu de ses vieillards à l’hospice de Reuilly ;
la petite Bernadette à genoux devant une grotte, au creux de laquelle la « Dame » lui sourit, le Rosaire suspendu tout le long de sa robe ;
et ces foules de Lourdes ou de la rue du Bac répétant des milliers de fois le jour leurs Ave Maria déterminés ;
et cette mère, à qui le souci quotidien de huit enfants n’a pas fait oublier son chapelet ;
et ce médecin rencontré un jour au coin d’une rue et qui, entre deux malades, égrenait une dizaine au creux de la main ;
et, autour d’un défunt dont on achève la dernière toilette, ce geste qui enlace ses mains d’un chapelet, peut-être celui de sa première communion ;
et tous ces chrétiens qui m’entourent, que j’estime et que je vois user de leur chapelet, et dans les luttes de la vie l’enrouler autour de leurs journées de luttes, comme Psichari monta au dernier assaut, son chapelet enroulé autour du poignet,  comme Ingrid Bétancourt, au sortir de plusieurs années de séquestration dans la jungle.

Tout cela, n’est-ce donc qu’illusion d’âmes sentimentales, ronronnement de bavards, gestes à l’usage d’âmes enrubannées de bleu et sans prise efficace sur le christianisme de choc dont le témoignage est nécessaire à notre époque de fer ?

Et que, « dans le mécanisme du salut, l’Ave Maria soit le dernier recours » (Péguy) – même à côté du Pater, c’est-à-dire du Notre père, car si le Pater garde ses exigences, l’Ave Maria, lui, ne nous parle que de pitié – n’y a-t-il là que rêverie de poète ?

Je ne sais quelle voix, montée des profondeurs de moi-même, proteste là contre et me dit que le chapelet reste, en mes mains, une arme efficace, et que ces petits grains que mes doigts pétrissent renferment une présence maternelle – à l’image lointaine des grains de blé pressés qui, devenus hostie, cachent une vivante présence.

Ma vie suit la même courbe que celle de Marie – depuis l’appel lointain de l’Annonciation (quel chrétien n’a pas eu son annonciation ?), jusqu’au sacrifice du Calvaire, en attendant la résurrection glorieuse que Dieu me réserve.

Tout au long de cette courbe de ma vie terrienne, je puis mettre mes pas dans les pas de ma Mère et vivre des événements qu’elle a vécus avant moi pour que je puisse les vivre avec elle, en essayant de l’imiter comme un enfant répète les gestes maternels.

« Cette prière que l’orgueil dédaigne, ce chapelet que tous les doigts peuvent user, paraissent tout simples à une Eglise fondée sur 1’humilité et sur la fraternité. » (Sertillanges) Je dois, en ce mois de mai, essayer de la comprendre.

Il faut toujours prier sans jamais se lasser.

C’est souvent à propos du chapelet qu’on avance ce faux dilemme : prier bien ou prier beaucoup? Comme si prier beaucoup – prière vocale s’entend – frappait la prière de médiocrité! Il est vrai qu’à première vue l’Évangile lui-même paraît poser ce dilemme : « Dans vos prières, ne multipliez pas les paroles comme font les païens; ils s’imaginent que leur verbiage les fera mieux exaucer. »

J’entendais un jour un prédicateur de retraite déclarer avec feu à son auditoire qui béait de contentement : « Mieux vaut une dizaine de chapelet bien dite qu’un chapelet mal dit. » C’est vrai et c’est faux. Mais je crois que c’est plus faux que vrai. Car à ce compte on pourrait ajouter: mieux vaut un Ave Maria bien dit qu’une dizaine mal dite; et aussi : mieux vaut une pensée fervente qu’un Ave Maria médiocre.

C’est avec ces pieuses âneries qu’on finirait par rendre impossible toute piété d’Église. Car le jour où nous tendrions à l’amour sur cette seule piste de la prière intérieure, que deviendrait cette prière totale qui nous tourne vers Dieu avec notre cœur, notre corps, notre imagination, et qui appuie notre élan intérieur sur des gestes, des mots, des attitudes ?

Quand nous prions, c’est tout, en nous, qui doit prier : notre cœur, certes, mais aussi nos lèvres, nos mains, notre corps tout entier, ce compagnon de l’âme pour le bien comme pour le mal, pour la souffrance comme pour la joie, pour le péché comme pour le mérite, pour le temps comme pour l’éternité.

Mieux vaut prier bien que prier beaucoup : un aphorisme qui mène ainsi à l’absurde ne peut être la vérité. Il eût été facile de renchérir sur la déclaration de ce bon prédicateur en mal d’éloquence, en citant saint Paul qui disait aux habitants de Corinthe : « Dans l’assemblée, j’aime mieux dire cinq mots avec mon intelligence que dix mille en langue. » Pour autant, Paul condamnait-il les longues oraisons, qu’elles fussent vocales ou mentales ?

Le Chapelet, prière complète

Il existe une image scoute exquise de simplicité. Gravée par fra Nodet, elle représente un dizainier serti de dix rayons et, sur ces rayons, cette seule inscription dix fois répétée : «Bonjour, maman!»

Tel est le chapelet, humble prière d’enfant sans prétention redisant cinquante fois de suite à la Vierge : Je vous salue, Marie ! Paroles bénies qui nous sont tout droit venues du ciel, le jour de l’Annonciation – jour inouï où pour l’homme tout a commencé – et auxquelles l’Église a ajouté les mots de supplication que ne cessera de répéter jusqu’à la fin des temps l’humanité pécheresse.

Ne serait-il que cela, mon chapelet m’est cher. Tant qu’un homme ne l’oublie pas, c’est le signe qu’il garde en lui cette jeunesse du cœur qui défie l’usure des années. Mais il est plus que cela, mon chapelet. Il est une prière complète. On sait que trois éléments sont nécessaires à son efficacité : l’emploi de la couronne de grains, la récitation des Ave, la méditation des mystères. Faute de quoi, le chapelet cesse d’être lui-même.

Car il est fait pour l’homme tout entier : corps, imagination, esprit, cœur et volonté. Il commence par occuper le corps et l’imagination. Ça, c’est une trouvaille de l’Eglise. Si souvent, notre prière manque d’ailes, parce que l’alourdissent le corps et ses servitudes, l’imagination et ses sarabandes !

Le chapelet mâte le corps et occupe l’imagination. Pendant que je prie ainsi, le corps a son rôle. Mes doigts s’activent et bousculent les grains qui se suivent. Ils paraissent tirer en avant mon âme paresseuse et l’incitent à persévérer dans sa prière.

Oui, c’est cela : le va-et-vient des lèvres et des doigts, où un regard superficiel ne voit qu’une répétition fastidieuse n’est que cette persévérance que nous recommande l’Évangile. Nous répétons sans fin à une Mère ce qu’elle sait déjà, mais ce qu’une mère veut, sans fin, s’entendre dire : que nous l’aimons et que nous comptons sur elle.

Aimer : mot si simple mais inépuisable ! Il ne sait que se répéter sans fin et n’a jamais fini de nous livrer son secret. Même la répétition des mêmes formules, loin de rendre le chapelet inutile et ennuyeux, possède une admirable vertu que révèle l’expérience, pour exciter la confiance dans la prière et faire comme une douce violence au cœur maternel de Marie.

Et durant que s’affairent ainsi nos lèvres et nos doigts, une part est faite à l’imagination, cette grande folle qui envahit tout si nous ne l’occupons pas. Et cette part est belle. Car devant mon regard intérieur, voici que passent et repassent les grands épisodes évangéliques qui jalonnent la route rédemptrice suivie par Jésus et sa Mère. C’est comme un album de famille que je feuillette. Les mots que je dis ne gênent pas ma vision intérieure. C’est elle, au contraire, qui ajoute aux mots je ne sais quel frémissement venu du cœur.

« Si quelqu’un veut se mettre à ma suite, qu’il prenne sa croix. » (Matthieu, xvi, 24). Je fais, en imagination, ce chemin de croix qui, parti de l’Annonciation, aboutit au Calvaire, pour rebondir sur la Résurrection. Au vrai, n’est-ce pas toute ma vie, ce chemin de croix? Et qu’est-ce que «suivre Jésus», si ce n’est monter sur la croix avec Lui ?

Or, pendant que je bouscule mes Ave, voici que, en filigrane des scènes évangéliques que je contemple, se dessinent les lignes de cet « Évangile du glaive » qui me jette à la suite de Jésus. C’est ce que nous  appelons le « fruit du Mystère ». La prudence hardie de l’Annonciation, la charité empressée de la Visitation, l’obéissance aveugle de la Purification, le courage devant l’épreuve du Portement de croix, la joie de la Résurrection… tous ces « fruits » que m’offre ma Mère, je dois les transplanter dans ma vie d’homme. Car Dieu ne nous donne rien que nous n’ayons à conquérir ou, après coup, à mériter.

Partie de mes Ave inlassablement répétés et soutenue par la vision intérieure de ce que furent, pour mon exemple, Jésus et Marie, ma prière va donc s’inscrire en résolutions de vie dans ma volonté d’homme. Une fois roulé dans son étui mon humble chapelet, je sais ce qu’il me reste à faire, si je suis un chrétien logique.

Quelques-unes des objections que l’on fait au chapelet, peut-être viennent-elles de la peur de cette terrible logique qu’une pareille prière met dans notre vie. On sait que Foch disait son chapelet tous les jours. « Même aux jours de bataille? » lui demanda une fois quelqu’un. Le grand soldat répondit simplement : « Ces jours-là, n’en avais-je pas besoin encore plus que les autres jours? »

Terminons avec ces paroles de  Benoît XVI

Place Saint-Pierre, samedi 31 mai 2008

« Chers frères et sœurs,
Tout nous invite donc à tourner notre regard avec confiance vers Marie.

Ce soir aussi, nous nous sommes adressés à Elle avec l’ancienne et toujours actuelle pieuse pratique du chapelet. Le chapelet, lorsqu’il n’est pas une répétition mécanique de formules traditionnelles, est une méditation biblique qui nous fait reparcourir les événements de la vie du Seigneur en compagnie de la Bienheureuse Vierge, en les conservant, comme Elle, dans notre cœur.

Au cours du mois de mai, il existe dans de nombreuses communautés chrétiennes la belle habitude de réciter de manière plus solennelle le chapelet en famille et dans les paroisses.

Que cette bonne habitude ne cesse pas; qu’elle se poursuive même avec un plus grand zèle, afin que, à l’école de Marie, la lampe de la foi brille toujours plus dans le cœur des chrétiens et dans leurs maisons. »

Texte présenté par l’Association de la Médaille Miraculeuse

note 81

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Marie modèle de l’Église

Marie modèle de l’Église

Vierge au manteau - Un tableau français du début du XVe siècle - LouvrePour entrer dans le mois de Marie qui commence demain, le Pape émérite Benoît XVI nous révèle le rôle éminent de la Vierge Marie partant de la pensée d’un contemporain de Charlemagne au VIIIe siècle (dans son audience générale du mercredi 22 avril 2009). Pour l’Association de la Médaille Miraculeuse, en voici quelques extraits intéressants :

Ambroise Autpert est un auteur du huitième siècle assez peu connu… Son Commentaire de l’Apocalypse est toutefois son œuvre majeure qui révèle l’originalité et la profondeur de sa spiritualité. L’Église en est le thème central. Il affirme qu’il ne faut pas la séparer du Christ, seul Médiateur.

Corps du Christ, l’Église participe à cette médiation. Chaque jour, écrit-il, le Christ doit naître en nous, il doit mourir en nous et ressusciter.

Et Marie, dans le sein duquel l’Église est unie à son Chef, est le modèle de l’Église. En dévoilant son rôle unique dans l’œuvre de la Rédemption, Ambroise Autpert se montre comme le premier grand mariologue de l’occident ; son amour de la Vierge Marie l’oriente vers la source de la véritable vie chrétienne, celle qui s’abreuve aux Saintes Écritures.

Dans sa lecture de l’Apocalypse,… Autpert ne s’intéresse pas tant à la deuxième venue du Christ à la fin des temps, mais plutôt aux conséquences qui découlent pour l’Église du présent de sa première venue, l’incarnation dans le sein de la Vierge Marie. Et il nous dit une parole très importante : en réalité, le Christ « doit en nous, qui sommes son Corps, naître, mourir et ressusciter quotidiennement » (In Apoc, III : CCCIII 27, p. 205).

Dans le contexte de la dimension mystique qui investit chaque chrétien, il regarde Marie comme le modèle de l’Église, modèle pour nous tous, car en nous et entre nous aussi doit naître le Christ. Sur la foi des Pères qui voyaient dans la « Femme vêtue de lumière » de l’Apocalypse (12, 1), l’image de l’Église, Autpert explique :

« La bienheureuse et pieuse Vierge… engendre quotidiennement de nouveaux peuples, à partir desquels se forme le Corps général du Médiateur. Il n’est donc pas surprenant que celle dans le sein bienheureux duquel l’Église elle-même mérite d’être unie à son Chef, représente le type de l’Église. »

En ce sens, Autpert voit un rôle décisif de la Vierge Marie dans l’œuvre de la rédemption… Sa grande vénération et son profond amour pour la Mère de Dieu lui inspirent parfois des formulations qui d’une certaine façon, anticipent celles de saint Bernard et de la mystique franciscaine, sans toutefois dévier vers des formes discutables de sentimentalisme, car il ne sépare jamais Marie du mystère de l’Église.

C’est donc à juste titre qu’Ambroise Autpert est considéré comme le plus grand mariologue en Occident.

Né en Provence, officier à la cour du roi Pépin le Bref, il contribua à l’éducation du futur Charlemagne. Puis il fut admis à l’abbaye bénédictine de Saint-Vincent dans le Bénévent et reçut l’ordination sacerdotale en 777.

Rapidement élu Abbé, il dût faire face jusqu’à sa mort, en 784, à de fortes oppositions au sein de l’abbaye, qui reflétaient les tensions politiques de l’époque. Il est l’une des figures majeures de la renaissance carolingienne. Dans ses écrits, il s’emploie notamment à raviver l’idéal et la ferveur monastiques.

 

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Texte présenté par l’Association de la Médaille Miraculeuse

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