Apprendre l’art d’attendre le Seigneur

Apprendre l’art d’attendre le Seigneur

Dans la première lecture, nous avons entendu cette invitation : « Il est bon d’attendre en silence le salut du Seigneur » (Lm 3,26). Cette attitude n’est pas un point de départ, mais un point d’arrivée. En fait, l’auteur y arrive au bout d’un chemin, un chemin cahoteux, qui l’a fait mûrir. Il en vient à comprendre la beauté de faire confiance au Seigneur, qui ne manque jamais à ses promesses.

Mais la confiance en Dieu ne naît pas d’un enthousiasme momentané, ce n’est pas une émotion ou même juste un sentiment. Au contraire, elle vient de l’expérience et mûrit dans la patience, comme cela arrive à Job, qui passe d’une connaissance de Dieu « par ouï-dire » à une connaissance vivante et expérientielle.

Attende Domine
Attende Domine

Et pour cela, il faut une longue transformation intérieure qui, à travers le creuset de la souffrance, conduit à savoir attendre en silence, c’est-à-dire avec une patience confiante, avec une âme douce. Cette patience n’est pas de la résignation, car elle se nourrit de l’attente du Seigneur, dont la venue est certaine et ne déçoit pas.

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Chers frères et sœurs, combien il est important d’apprendre l’art d’attendre le Seigneur ! L’attendant docilement, confiant, chassant les fantômes, les fanatismes et les clameurs ; préservant, surtout en temps d’épreuve, un silence plein d’espérance.

C’est ainsi que nous nous préparons à la dernière et plus grande épreuve de la vie, la mort. Mais il y a d’abord les épreuves du moment, il y a la croix que nous avons maintenant, et pour laquelle nous demandons au Seigneur la grâce de pouvoir attendre là, là, son salut à venir.

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Chacun de nous doit mûrir dans ce domaine. Face aux difficultés et aux problèmes de la vie, il est difficile d’avoir de la patience et de rester calme. L’irritation s’installe et souvent le découragement arrive.

Il peut ainsi arriver d’être fortement tenté par le pessimisme et la résignation, de voir tout noir, de s’habituer à des tons découragés et plaintifs, semblables à ceux de l’auteur sacré qui dit au début : « Ma gloire a disparu, l’espoir qu’elle me venait du Seigneur » (v. 18).

Dans l’épreuve, même les bons souvenirs du passé ne peuvent pas consoler, car l’affliction conduit l’esprit à s’attarder sur des moments difficiles. Et cela augmente l’amertume, il semble que la vie soit une chaîne continue de malheurs, comme l’auteur l’admet encore : « Le souvenir de ma misère et de mon errance est comme du poison » (v. 19).

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À ce stade, cependant, le Seigneur donne un tournant, précisément au moment où, tout en continuant à dialoguer avec lui, il semble toucher le fond. Dans l’abîme, dans l’angoisse du non-sens, Dieu s’approche pour sauver, à ce moment-là. Et quand l’amertume atteint son paroxysme, l’espoir refleurit soudain.

C’est mal d’atteindre la vieillesse avec un cœur amer, avec un cœur déçu, avec un cœur critique des choses nouvelles, c’est très dur. « J’ai l’intention de rappeler cela à mon cœur – dit la personne qui prie dans le Livre des Lamentations -, et pour cela je veux regagner l’espérance » (v. 21). Reprenez espoir dans le moment d’amertume.

Au milieu de la douleur, celui qui est proche du Seigneur voit qu’il dévoile la souffrance, l’ouvre, la transforme en une porte par laquelle entre l’espérance. C’est une expérience pascale, un passage douloureux qui ouvre à la vie, une sorte de travail spirituel qui dans l’obscurité nous fait revenir à la lumière.

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Ce tournant ne se produit pas parce que les problèmes ont disparu, non, mais parce que la crise est devenue une mystérieuse occasion de purification intérieure. La prospérité, en effet, nous rend souvent aveugles, superficiels, fiers. C’est ainsi que nous conduit la prospérité.

D’autre part, le passage de l’épreuve, s’il est vécu dans la chaleur de la foi, malgré sa dureté et ses larmes, nous fait renaître, et nous nous retrouvons différents du passé. Un Père de l’Église a écrit que « rien de plus que la souffrance ne conduit à découvrir de nouvelles choses » (Saint Grégoire de Naziance, Ep. 34).

L’épreuve se renouvelle, car elle fait tomber beaucoup de déchets et nous apprend à regarder au-delà, au-delà des ténèbres, à toucher de première main que le Seigneur sauve vraiment et qu’il a le pouvoir de tout transformer, même la mort. Il nous laisse traverser les goulets d’étranglement non pas pour nous abandonner, mais pour nous accompagner.

Oui, car Dieu accompagne, surtout dans la douleur, comme un père qui fait bien grandir son fils en restant près de lui dans les difficultés sans le remplacer. Et avant de pleurer sur notre visage, l’émotion a déjà rougi les yeux de Dieu le Père. Il pleure le premier, j’ose dire.

La douleur reste un mystère, mais dans ce mystère nous pouvons découvrir d’une manière nouvelle la paternité de Dieu qui nous visite dans l’épreuve, et venir dire, avec l’auteur des Lamentations : « Bon est le Seigneur avec ceux qui espèrent en lui, avec celui qui le cherche » (v. 5).

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Aujourd’hui, face au mystère de la mort rachetée, nous demandons la grâce de regarder l’adversité avec des yeux différents. Nous demandons la force de savoir vivre dans le silence doux et confiant qui attend le salut du Seigneur, sans se plaindre, sans grommeler, sans se laisser attrister. Ce qui semble être une punition se révélera être une grâce, une nouvelle démonstration de l’amour de Dieu pour nous.

Savoir attendre en silence – sans bavarder, en silence – le salut du Seigneur est un art, en route vers la sainteté. Cultivons-le. Elle est précieuse à l’époque que nous vivons : plus que jamais, nul besoin de crier, d’éveiller des clameurs, de s’aigrir ; chacun a besoin de témoigner de la foi, qui est une attente docile et pleine d’espérance de sa vie. La foi, c’est ça : une attente docile et pleine d’espoir.

Le chrétien ne diminue pas la gravité de la souffrance, non, mais il regarde vers le Seigneur et sous les coups de l’épreuve il se confie en lui et prie : il prie pour ceux qui souffrent. Il garde les yeux rivés sur le Ciel, mais ses mains sont toujours étendues sur le sol, pour servir concrètement son prochain. Même dans le moment de tristesse, d’obscurité, le service.

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Dans cet esprit, prions pour les cardinaux et les évêques qui nous ont quittés l’année dernière. Certains d’entre eux sont morts du Covid-19, dans des situations difficiles qui ont aggravé la souffrance. Que nos frères goûtent maintenant la joie de l’invitation évangélique, celle que le Seigneur adresse à ses fidèles serviteurs : « Venez, bénis de mon Père, héritez du royaume qui vous est préparé depuis la création du monde » (Mt 25 : 34)

MESSE AU SUFFRAGE DES CARDINAUX ET ÉVÊQUES DÉCÉDÉE AU COURS DE L’ANNÉEHOMÉLIE DU SAINT-PÈRE FRANÇOISBasilique Saint-Pierre Jeudi 4 novembre 2021


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Texte traduit et présenté par l’Association de la Médaille Miraculeuse

Marcher selon l’Esprit, un itinéraire d’amour fraternel

Marcher selon l’Esprit, un itinéraire d’amour fraternel

Lors de l’audience générale de ce mercredi 3 novembre, Le Pape François a poursuivi son commentaire de la lettre de saint Paul aux Galates. l’Apôtre y exhorte les chrétiens à «marcher selon l’Esprit». Une voie qui exige de faire place à la grâce et à la charité.
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PAPE FRANÇOIS

AUDIENCE GÉNÉRALE

Salle Paul VI
Mercredi 3 novembre 2021

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Catéchèse sur la Lettre aux Galates – 14. Marcher selon l’Esprit

Résumé de la catéchèse du Saint-Père :

Frères et Sœurs, Saint Paul exhorte les chrétiens à marcher selon l’Esprit Saint. En effet, croire en Jésus c’est aller à sa suite, à l’exemple des premiers disciples. L’Esprit nous guide sur ce chemin, nous donnant d’en haut la force pour ne pas nous arrêter devant les difficultés ni les impulsions de l’égoïsme et de l’orgueil que l’Apôtre appelle les désirs de la chair.

Le mal est présent dans le monde, mais Dieu est plus fort que nos résistances et plus grand que nos péchés. Cette marche selon l’Esprit n’est pas individuelle, elle concerne toute la communauté. Construire cette communauté est souvent difficile : la grâce et la charité sont nécessaires.

Saint Paul recommande à chacun d’avoir souci des difficultés des autres, mais en évitant de les juger si nous sommes appelés à les corriger, et en nous souvenant de notre propre fragilité. La règle suprême de la correction fraternelle est l’amour que donne l’Esprit et qui nous inspire douceur et solidarité. Marchons avec patience et avec joie dans cette voie en nous laissant guider par le Saint Esprit.

CATÉCHÈSE

Chers frères et sœurs, bonjour !

Dans le passage de la Lettre aux Galates que nous venons d’écouter, saint Paul exhorte les chrétiens à marcher selon l’Esprit Saint (cf. 5,16.25). Il existe un style : marcher selon le Saint-Esprit. En effet, croire en Jésus signifie le suivre, aller derrière sur son chemin, comme l’ont fait les premiers disciples.

Et en même temps, cela signifie éviter le chemin opposé, celui de l’égoïsme, de la recherche de son propre intérêt, que l’Apôtre appelle « le désir de la chair » (v. 16). L’Esprit est le guide de cette marche sur le chemin du Christ, un cheminement merveilleux mais aussi fatigant qui commence au baptême et dure toute la vie.

Pensons à une longue randonnée en haute montagne : elle est fascinante, l’objectif nous attire, mais requiert beaucoup d’efforts et de ténacité.

Cette image peut nous être utile pour entrer dans le mérite des paroles de l’Apôtre : « marcher selon l’Esprit », « se laisser guider » par Lui. Ce sont des expressions qui indiquent une action, un mouvement, un dynamisme qui nous empêche de nous arrêter aux premières difficultés, mais nous pousse à faire confiance à la « force qui vient d’en haut » (Pasteur d’Hermas, 43, 21).

En suivant ce chemin, le chrétien acquiert une vision positive de la vie. Cela ne signifie pas que le mal présent dans le monde a disparu, ni que les impulsions négatives de l’égoïsme et de l’orgueil ont disparu ; cela signifie plutôt croire que Dieu est toujours plus fort que nos résistances et plus grand que nos péchés. Et ceci est important : croire que Dieu est plus grand, toujours. Plus grand que nos résistances, plus grand que nos péchés.

En exhortant les Galates à suivre cette voie, l’Apôtre se met à leur niveau. Il abandonne le verbe à l’impératif – « marchez » (v. 16) – et il utilise le « nous » à l’indicatif: « marchons selon l’Esprit » (v. 25). Comme pour dire : marchons sur la même ligne et laissons-nous guider par l’Esprit Saint.

C’est une exhortation, un mode exhortatif. Cette exhortation Saint Paul la ressent également comme nécessaire pour lui-même. Bien qu’il sache que le Christ vit en lui (cf. 2,20), il est également convaincu qu’il n’a pas encore atteint le but, le sommet de la montagne (cf. Ph 3,12).

L’Apôtre ne se place pas au-dessus de sa communauté, il ne dit pas : « Je suis le chef, vous êtes les autres ; j’ai atteint le sommet de la montagne et vous êtes en chemin » – il ne dit pas cela -mais il se place au milieu du cheminement de tous, pour donner l’exemple concret de la nécessité d’obéir à Dieu, en répondant toujours plus et toujours mieux à la direction de l’Esprit.

Et comme c’est beau quand on trouve des pasteurs qui marchent avec le [il dit : son] peuple, qui ne se séparent pas ; « Non, je suis plus important, je suis un pasteur ».  Toi … », « Je suis prêtre », « Je suis évêque », avec le nez en l’air. Non : des pasteurs qui marchent avec le peuple. C’est tellement beau. Ça fait du bien à l’âme.

Cette « marche selon l’Esprit » n’est pas seulement une action individuelle : elle concerne aussi la communauté dans son ensemble. En effet, construire la communauté en suivant le chemin indiqué par l’Apôtre est enthousiasmant, mais exigeant.

Les « convoitises de la chair », « les tentations » – pour ainsi dire – que tous nous avons, c’est-à-dire les envies, les préjugés, les hypocrisies et les ressentiments continuent à se faire sentir, et le recours à des préceptes rigides peut être une tentation facile, mais ce faisant, on s’écarterait du chemin de la liberté et, au lieu de monter au sommet, on retournerait vers le bas.

Suivre le chemin de l’Esprit exige tout d’abord que nous fassions de la place à la grâce et à la charité. Faire place à la grâce de Dieu. Ne pas avoir peur. Après avoir fait entendre sa voix de manière sévère, Paul invite les Galates à prendre en charge les difficultés des uns et des autres et, si quelqu’un devait commettre une erreur, à faire preuve de douceur (cf. 5,22).

Écoutons ses paroles :  » Frères, si quelqu’un est pris en faute, vous, les spirituels, remettez-le dans le droit chemin en esprit de douceur ; mais prenez garde à vous-mêmes : vous pourriez être tentés, vous aussi. Portez les fardeaux les uns des autres : ainsi vous accomplirez la loi du Christ. » (6,1-2).

Une attitude très différente de celle qui consiste à jaser quand on voit quelque chose, jacasser contre cela, n’est-ce pas ? Éplucher [cancaner sur] son prochain. Non, cela n’est pas selon l’Esprit. Selon l’Esprit, c’est avoir cette douceur avec notre frère pour le corriger et veiller sur nous-mêmes pour ne pas tomber dans ces péchés, c’est l’humilité.

En effet, lorsque nous sommes tentés de mal juger les autres, comme c’est souvent le cas, nous devons d’abord réfléchir à notre propre fragilité. Comme il est facile de critiquer les autres ! Mais il y a des gens qui semblent avoir un diplôme en commérage. Tous les jours, ils critiquent les autres. Mais regarde-toi toi-même !

Il est bon de se demander ce qui nous pousse à corriger un frère ou une sœur, et si nous ne sommes pas en quelque sorte coresponsables de son erreur. L’Esprit Saint, en plus de nous faire le don de la douceur, nous invite à la solidarité, à porter les fardeaux des autres. Combien de fardeaux existent-ils dans la vie d’une personne : maladie, manque de travail, solitude, douleur… !

Et tant d’autres épreuves qui nécessitent la proximité et l’amour de nos frères et sœurs ! Les paroles de Saint Augustin peuvent également nous aider lorsqu’il commente ce même passage :  » Ainsi donc, frères, si quelqu’un est pris en défaut, […] corrigez-le de cette manière, avec douceur, avec douceur. Et si vous élevez la voix, aimez intérieurement.

Soit que tu encourages, que tu te montres paternel, soit que tu reprennes, que tu sois sévère, aime » (Sermons 163/B 3). Aime toujours. La règle suprême de la correction fraternelle est l’amour : vouloir le bien de nos frères et sœurs. Et il s’agit aussi de tolérer les problèmes des autres, les défauts des autres en silence dans la prière, pour ensuite trouver la méthode adéquate pour l’aider à se corriger. Et ce n’est pas facile.

Le moyen le plus simple c’est le bavardage. Raconter des ragots sur l’autre personne [l’éplucher] comme si moi j’étais parfait. Et on ne devrait pas faire comme cela. Douceur. Patience. Prière. Proximité.

Marchons joyeusement et patiemment sur ce chemin, en nous laissant guider par l’Esprit Saint. Merci.


Je salue cordialement les fidèles de langue française, en particulier les jeunes confirmés du Diocèse de Séez, et tous les pèlerins venus de France. Nous nous souvenons ces jours-ci de nos chers défunts. Que l’Esprit Saint nous aide à marcher vigilants dans la prière et fidèles à la parole de Jésus, en attendant de les retrouver un jour dans la joie du ciel. Que Dieu vous bénisse !

Je salue les visiteurs anglophones qui participent à l’audience d’aujourd’hui, en particulier ceux d’Angleterre et des États-Unis d’Amérique, ainsi que le groupe d’aumôniers militaires américains réunis à Rome ces jours-ci. Sur vous tous et vos familles, j’invoque la joie et la paix du Seigneur. Que Dieu vous bénisse!

Je salue cordialement les fidèles germanophones. Rappelons-nous que la communion de l’Église inclut non seulement nos frères et sœurs de ce monde, mais aussi nos proches décédés. Marchant dans l’Esprit, accomplissons donc l’œuvre de miséricorde spirituelle en priant pour eux afin qu’ils puissent bientôt atteindre le but de la vision éternelle de Dieu.

Je salue cordialement les pèlerins hispanophones. Je vous invite à vous laisser interpeller par les paroles de saint Paul : Marchons-nous selon l’Esprit ou restons-nous enfermés dans des désirs mondains ? Si nous nous laissons guider par l’Esprit, nous sommes aussi appelés à accompagner ceux qui souffrent le plus, à prier pour eux, à les aider concrètement. Je vous encourage à continuer sur cette voie avec patience et joie. Que Dieu vous bénisse. Merci beaucoup.

Chers frères et sœurs de langue portugaise : hier, nous nous sommes souvenus de tous nos chers disparus. N’oublions pas que pour arriver au but, au bout du chemin de cette vie terrestre, il faut se laisser guider par l’Esprit. Sur vous tous et vos proches, j’invoque la bénédiction de Dieu.

Je salue les fidèles arabophones. L’Esprit Saint, en plus de nous faire don de la douceur, nous invite à la solidarité, à porter les fardeaux des autres, et nous exhorte à les corriger. De là nous comprenons que la règle suprême de la correction fraternelle est l’amour : vouloir le bien de nos frères et sœurs. Que le Seigneur vous bénisse tous et vous protège toujours de tout mal !

Je salue cordialement tous les Polonais. Hier, célébrant la commémoration de tous les fidèles disparus, nous avons confié nos proches à la Miséricorde Divine et, en particulier, ceux qui attendent notre aide priante pour entrer dans la joie de la vie éternelle.

La prière pour les morts, soutenue par l’espérance que nous donne le Christ ressuscité, n’est pas la célébration du culte de la mort, mais c’est un acte de charité envers nos frères et sœurs et un port des fardeaux les uns des autres. Je vous bénis de tout cœur !

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J’adresse un salut cordial aux pèlerins de langue italienne, en particulier au groupe Amici dello Sport de Falconara Marittima et aux fidèles de la paroisse de Bellagio (Côme). Je vous exhorte à témoigner dans chaque environnement de l’amour infini dont Dieu entoure chaque homme.

Enfin, mes pensées vont, comme d’habitude, aux personnes âgées, aux malades, aux jeunes et aux jeunes mariés.

La solennité de la Toussaint et la commémoration des Fidèles Morts, que nous avons célébrées récemment, nous offrent l’occasion de réfléchir, une fois de plus, sur le sens de l’existence terrestre et sa valeur pour l’éternité. Que ces journées de réflexion et de prière soient une invitation pour tous à imiter les saints, qui sont restés fidèles au dessein divin tout au long de leur vie.

Ma bénédiction à chacun de vous.


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Texte présenté par l’Association de la Médaille Miraculeuse

devant le mystère de la mort

Résurrection, Fra Angelico © Museo San Marco, Florence
Résurrection, Fra Angelico © Museo San Marco, Florence

Si Dieu – écrit saint Jean – nous a aimés gratuitement, nous aussi pouvons, et donc devons, nous laisser impliquer par ce mouvement oblatif, et faire de nous-mêmes un don gratuit pour les autres.

De cette manière, nous connaissons Dieu comme il nous connaît; de cette manière, nous demeurons en Lui comme il a voulu demeurer en nous, et nous passons de la mort à la vie (cf. 1 Jn 3, 14) comme Jésus Christ, qui a vaincu la mort par sa résurrection, grâce à la puissance glorieuse de l’amour du Père céleste.

Chers frères et sœurs, cette Parole de vie et d’espérance nous est d’un grand réconfort devant le mystère de la mort, surtout quand il touche les personnes qui nous sont les plus chères.

Le Seigneur nous assure aujourd’hui que nos regrettés frères, pour qui nous prions lors de cette messe, sont passés de la mort à la vie parce qu’ils ont choisi le Christ, ils en ont accueilli le joug aisé (cf. Mt 11, 29) et se sont consacrés au service des leurs frères.

Aussi, même s’ils doivent expier leur part des peines dues à la fragilité humaine – qui nous marque tous, nous aidant à rester humbles -, leur fidélité au Christ leur permet d’entrer dans la liberté des enfants de Dieu.

Si donc nous sommes tristes d’avoir dû nous détacher d’eux, et si nous ressentons toujours leur absence, la foi nous remplit d’une assurance intime à l’idée que, comme cela fut pour le Seigneur Jésus, et toujours grâce à lui, la mort n’a plus de pouvoir sur eux (cf. Rm 6, 9).

En passant, dans cette vie, par le Cœur miséricordieux du Christ, ils ont « trouvé le repos » (Sg 4, 7). Et nous avons maintenant plaisir à les imaginer en compagnie des saints, finalement soulagés des amertumes de cette vie, et nous ressentons nous aussi le désir de pouvoir les rejoindre un jour en si heureuse compagnie.

Dans le Psaume, nous avons ces paroles réconfortantes:  « Oui, grâce et bonheur me pressent / tous les jours de ma vie; / ma demeure est la maison du Seigneur / en la longueur des jours » (Ps 23[22], 6). Oui, nous aimons espérer que le Bon Pasteur a accueilli nos frères, pour qui nous célébrons le Sacrifice divin, au crépuscule de leur journée terrestre et les a introduits dans sa bienheureuse intimité.

L’onction – à laquelle le Psaume fait référence (v. 5) – a été posée trois fois sur leur front et une fois sur leurs mains; la coupe (ibid.) glorieuse de Jésus Prêtre est aussi devenue leur coupe, qu’ils ont levé jour après jour, en louant le nom du Seigneur. Ils ont rejoint les pâturages du ciel, où les signes ont laissé place à la réalité.

Chers frères et sœurs, unissons notre prière commune et élevons-la au Père de toutes bonté et miséricorde afin que, par l’intercession de la Très Sainte Vierge Marie, la rencontre avec le feu de son amour purifie rapidement nos amis défunts de toute imperfection et les transforme en louange de sa gloire.

Prions également pour que nous, pèlerins sur la terre, conservions toujours le regard et le cœur tournés vers le but ultime auquel nous aspirons, la Maison du Père, le Ciel. Ainsi soit-il!

HOMÉLIE DU PAPE BENOÎT XVI – Basilique Vaticane – 3 novembre 2008

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