l’Évangile ouvre chaque culture à une liberté plus grande

l’Évangile ouvre chaque culture à une liberté plus grande

“La liberté chrétienne, ferment universel de libération”, tel était le thème de la catéchèse du Pape François ce mercredi 13 octobre. S’appuyant sur la lettre de saint Paul aux Galates, le Saint-Père est revenu sur le sens de l’inculturation de l’Évangile, reconnaissant que des erreurs avaient parfois été commises en la matière.
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PAPE FRANÇOIS

AUDIENCE GÉNÉRALE

Salle Paul VI
Mercredi 13 octobre 2021

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Catéchèse sur la Lettre aux Galates
– 11. La liberté chrétienne, ferment universel de libération

Résumé

Frères et Sœurs, Saint Paul nous enseigne que mort et la résurrection de Jésus nous libère de l’esclavage du péché et de la mort. Pour entrer dans cette condition nouvelle de liberté, seule compte la foi qui opère par la charité. La foi n’entre pas en conflit avec les cultures et les traditions. Elle n’implique pas d’y renoncer mais seulement à ce qui, en elles, fait obstacle à la nouveauté et à la pureté de l’Évangile.

La foi entre dans toute les cultures, en reconnait les germes de vérité et les développe, portant à leur plénitude le bien qu’elles contiennent. C’est ainsi que l’annonce du Christ Sauveur respecte ce qu’il y a de bon dans les cultures auxquelles elle s’adresse : c’est l’inculturation de l’Évangile qui n’est pas une chose facile.

L’Église a en elle-même une ouverture universelle à tous les peuples de tous les temps – c’est le sens du mot catholique – car le Christ est né, mort et ressuscité pour tous les hommes. La liberté chrétienne n’est jamais définitivement acquise. Dans un monde en perpétuelle transformation, elle est un don que nous devons garder et faire grandir jusqu’à sa plénitude.

Catéchèse

Chers frères et sœurs, bonjour!

Dans notre itinéraire de catéchèse sur la Lettre aux Galates, nous avons pu nous concentrer sur ce qu’est le noyau central de la liberté pour saint Paul : le fait qu’avec la mort et la résurrection de Jésus-Christ, nous avons été libérés de l’esclavage de le péché et la mort.

Autrement dit : nous sommes libres parce que nous avons été libérés, libérés par la grâce – non par paiement -, libérés de l’amour, qui devient la loi suprême et nouvelle de la vie chrétienne. Amour : nous sommes libres parce que nous avons été libérés gratuitement. C’est précisément le point clé.

Aujourd’hui, je voudrais souligner comment cette nouveauté de vie nous ouvre à accueillir tous les peuples et toutes les cultures et ouvre en même temps tous les peuples et toutes les cultures à une plus grande liberté. En fait, saint Paul dit que pour ceux qui adhèrent au Christ, il n’est plus important d’être juif ou païen. Seule compte « la foi qui s’active par la charité » (Ga 5, 6).

Se croire libérés et croire en Jésus-Christ qui nous a libérés : c’est la foi au service de la charité. Les détracteurs de Paul – ces fondamentalistes qui y étaient arrivés – l’ont attaqué pour cette nouveauté, arguant qu’il avait pris cette position par opportunisme pastoral, c’est-à-dire pour « plaire à tout le monde », en minimisant les exigences reçues de sa tradition religieuse la plus stricte.

C’est le même discours des fondamentalistes d’aujourd’hui : l’histoire se répète toujours. Comme on le voit, la critique de toute nouveauté évangélique n’est pas seulement de nos jours, mais a une longue histoire derrière elle.

Cependant, Paul ne reste pas silencieux. Il répond par parrhesia – c’est un mot grec qui désigne le courage, la force – et dit : « Est-ce peut-être le consentement des hommes que je cherche, ou celui de Dieu ? Ou est-ce que j’essaye de plaire aux hommes ? Si j’essayais encore de plaire aux hommes, je ne serais pas un serviteur du Christ ! » (Ga 1,10).

Déjà dans sa première Lettre aux Thessaloniciens, il s’était exprimé en des termes similaires, disant que dans sa prédication il n’avait jamais utilisé « des paroles de flatterie, ni […] eu des intentions d’avarice […]. Ni […] n’a cherché la gloire humaine » (1 Thes 2,5-6), qui sont les manières de « faire semblant de » ; une foi qui n’est pas la foi, c’est la mondanité.

La pensée de Paul se montre encore une fois d’une profondeur inspirée. Pour lui, accepter la foi implique de renoncer non pas au cœur des cultures et des traditions, mais seulement à ce qui peut entraver la nouveauté et la pureté de l’Évangile.

Car la liberté obtenue pour nous par la mort et la résurrection du Seigneur n’entre pas en conflit avec les cultures, avec les traditions que nous avons reçues, mais introduit en elles une liberté nouvelle, une nouveauté libératrice, celle de l’Évangile.

La libération obtenue avec le baptême, en effet, nous permet d’acquérir la pleine dignité d’enfants de Dieu, de sorte que, tout en restant bien enracinés dans nos racines culturelles, nous nous ouvrons en même temps à l’universalisme de la foi qui pénètre chaque culture, nous reconnaissons les germes de vérité présents et les développons en portant à plénitude le bien qu’ils contiennent.

Accepter que nous ayons été libérés par le Christ – sa passion, sa mort, sa résurrection -, c’est accepter et apporter la plénitude aussi aux différentes traditions de chaque peuple. La vraie plénitude.

Dans l’appel à la liberté, nous découvrons le vrai sens de l’inculturation de l’Évangile. Quel est ce vrai sens ? Pouvoir annoncer la Bonne Nouvelle du Christ Sauveur en respectant ce qui est bon et vrai dans les cultures. Ce n’est pas une chose facile ! Les tentations sont nombreuses à vouloir imposer son propre modèle de vie comme s’il était le plus avancé et le plus séduisant.

Combien d’erreurs ont été commises dans l’histoire de l’évangélisation en voulant imposer un modèle culturel unique ! L’uniformité comme règle de vie n’est pas chrétienne ! Unité oui, uniformité non ! Parfois, même la violence n’a pas été abandonnée pour faire prévaloir son point de vue.

Pensons aux guerres. L’Église s’est ainsi privée de la richesse de tant d’expressions locales qui portent en elles la tradition culturelle de populations entières. Mais c’est exactement le contraire de la liberté chrétienne !

Par exemple, cela me vient à l’esprit lorsque la manière de faire l’apostolat a été établie en Chine avec le Père Ricci ou en Inde avec le Père De Nobili. … [Quelqu’un a dit] : « Et non, ce n’est pas chrétien ! ». Oui, c’est chrétien, c’est dans la culture du peuple.

Bref, la vision de la liberté de Paul est pleinement éclairée et fécondée par le mystère du Christ, qui dans son incarnation – rappelle le Concile Vatican II – s’est uni d’une certaine manière à tout homme (cf. Constitution passée Gaudium et Spes, 22 ). Et cela signifie qu’il n’y a pas d’uniformité, mais qu’il y a de la variété, mais une variété unie.

D’où le devoir de respecter l’origine culturelle de chaque personne, en la plaçant dans un espace de liberté qui n’est restreint par aucune imposition dictée par une seule culture prédominante. C’est le sens de nous appeler catholiques, de parler de l’Église catholique : ce n’est pas une dénomination sociologique pour nous distinguer des autres chrétiens.

Catholique est un adjectif qui signifie universel : catholicité, universalité. Église universelle, c’est-à-dire catholique, signifie que l’Église a en elle, dans sa nature même, l’ouverture à tous les peuples et cultures de tous les temps, car le Christ est né, est mort et est ressuscité pour tous.

La culture, quant à elle, est par nature en constante transformation. Pensez à la façon dont nous sommes appelés à proclamer l’Évangile en ce moment historique de grand changement culturel, où une technologie de plus en plus avancée semble avoir la prédominance. Si nous faisions semblant de parler de foi comme cela se faisait dans les siècles passés, nous risquons de ne pas être compris par les nouvelles générations.

La liberté de la foi chrétienne – la liberté chrétienne – n’indique pas une vision statique de la vie et de la culture, mais une vision dynamique, une vision dynamique aussi de la tradition. La tradition grandit mais toujours avec la même nature. Par conséquent, nous ne prétendons pas posséder la liberté. Nous avons reçu un cadeau à chérir.

Et c’est plutôt la liberté qui demande à chacun d’être en chemin constant, orienté vers sa plénitude. C’est la condition des pèlerins ; c’est l’état de voyageurs, en exode continu : libérés de l’esclavage pour marcher vers la plénitude de la liberté. Et c’est le grand cadeau que Jésus-Christ nous a fait. Le Seigneur nous a libérés gratuitement de l’esclavage et nous a mis sur le chemin pour marcher en toute liberté.

Salutations

Je salue cordialement les pèlerins de langue française, en particulier les paroisses Notre Dame des Champs et de Cognac. Comme des pèlerins sur un chemin parfois difficile et douloureux, marchons dans la joie vers la libération définitive du péché et de la mort que nous offre Jésus-Christ. Témoignons à tous de cette voie de bonheur et de paix. Que Dieu vous bénisse !

Je salue les pèlerins et les visiteurs anglophones qui participent à l’audience d’aujourd’hui, en particulier les groupes des États-Unis d’Amérique. En ce mois d’octobre, par l’intercession de Notre-Dame du Rosaire, puissions-nous grandir dans la liberté chrétienne que nous avons reçue au baptême. Sur vous tous et vos familles, j’invoque la joie et la paix du Seigneur. Que Dieu vous bénisse!

J’adresse un salut cordial aux fidèles germanophones. Que la Bienheureuse Vierge Marie, dont nous nous souvenons aujourd’hui des apparitions à Fatima, soit notre guide sur le chemin de la conversion continue et de la pénitence pour rencontrer le Christ, soleil de justice. Sa lumière nous libère de tout mal et dissipe les ténèbres de ce monde.

Je salue cordialement les fidèles hispanophones. Je vous encourage à maintenir un esprit de pèlerins, toujours en route, marchant ensemble sur les traces du Christ avec liberté et joie, vers cette patrie où Dieu nous appelle. Que le Seigneur vous bénisse tous. Merci beaucoup.

Chers fidèles lusophones, je vous salue tous. Et j’espère que sentir et vivre avec l’Église se fortifiera de plus en plus dans vos cœurs, en persévérant dans la prière quotidienne du Rosaire. Vous pourrez ainsi rencontrer chaque jour la Vierge Mère, en apprenant d’elle à coopérer pleinement aux desseins de salut que Dieu a pour chacun. Que le Seigneur vous bénisse ainsi que vos proches.

Je salue les fidèles arabophones. La liberté de la foi chrétienne n’indique pas une vision statique de la vie et de la culture, mais dynamique et demande à chacun d’être en chemin constant, orienté vers sa plénitude. Que le Seigneur vous bénisse tous et vous protège toujours de tout mal !

Je salue cordialement tous les Polonais. Cette semaine marque l’anniversaire de l’élection de saint Jean-Paul II et les mémoires liturgiques de saint Jean XXIII, sainte Thérèse d’Avila et sainte Edwige de Silésie. Leurs vies sont des exemples clairs de la liberté chrétienne.

L’expérience de ces saints vous rappelle qu’il n’y a pas de liberté sans responsabilité et sans amour de la vérité. Et la plus grande réalisation de la liberté est la charité, qui se concrétise dans le service. Je vous bénis de tout cœur !

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Je souhaite une cordiale bienvenue aux pèlerins de langue italienne. Je salue les Sœurs Servantes de Marie Réparatrice, qui célèbrent leur Chapitre général, et je les encourage à continuer leur service de l’Évangile et de leurs frères et sœurs avec fidélité et joie.

Je salue les Sœurs Scalabriniennes, qui participent à un cours de formation, et je les exhorte à être des témoins généreux d’accueil et de fraternité. Vous qui travaillez beaucoup avec les migrants, continuez comme ça. Courageuses!

Je salue et remercie la Délégation de la Municipalité de Cervia, réunie ici pour le traditionnel don du sel. Et mon cœur se souvient de Monseigneur Mario Marini, de sainte mémoire.

Enfin, mes pensées vont, comme d’habitude, aux personnes âgées, aux malades, aux jeunes et aux jeunes mariés. Aujourd’hui, nous nous souvenons de la dernière apparition de Notre-Dame de Fatima. Je vous confie tous à la Mère céleste de Dieu, afin qu’elle vous accompagne avec une tendresse maternelle dans votre cheminement et vous réconforte dans les épreuves de la vie. Ma bénédiction à tous.


Copyright © Dicastero per la Comunicazione – Libreria Editrice Vaticana

Texte de la catéchèse traduit et présenté par l’Association de la Médaille Miraculeuse

Le Pape Jean-Paul Ier sera béatifié

Le Pape Jean-Paul Ier sera béatifié

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Le Pape François a autorisé mercredi 13 octobre la Congrégation pour les causes des saints à promulguer le décret sur la guérison miraculeuse attribuée à l’intercession de Jean-Paul Ier, ce qui ouvre la voie à sa béatification. Portrait de ce Pape au pontificat bref mais au sourire resté inscrit dans le cœur des fidèles.

La reconnaissance d’un miracle était nécessaire pour que cette étape soit franchie: c’est désormais chose faite. En recevant en audience ce mercredi matin le cardinal Marcello Semeraro, préfet de la Congrégation pour la cause des saints, le Pape François a autorisé la promulgation d’un décret reconnaissant un miracle attribué à l’intercession de Jean-Paul Ier.

Il s’agit de la guérison d’une fillette de onze ans à Buenos Aires le 23 juillet 2011, qui souffrait d’une «encéphalopathie inflammatoire aiguë sévère, d’une maladie épileptique réfractaire maligne, d’un choc septique» et qui était alors en fin de vie. Un tableau clinique très grave, avec également de nombreuses crises épileptiques quotidiennes et une bronchopneumonie.

L’initiative d’invoquer le Pape Luciani avait été prise par un de ses fidèles dévots, le curé de la paroisse à laquelle appartenait l’hôpital. La date de la béatification du Souverain pontife italien n’est pas encore connue, elle sera communiquée par François.

«Tu seras du côté des pauvres…»

Né le 17 octobre 1912 à Forno di Canale (aujourd’hui Canale d’Agordo), dans la province de Belluno, en Vénétie, et mort le 28 septembre 1978 au Vatican, Albino Luciani a été Pape pendant seulement 33 jours, l’un des pontificats les plus courts de l’histoire.

Il était le fils d’un ouvrier socialiste qui avait longtemps travaillé comme émigré en Suisse. Dans la note que son père lui a écrite pour lui donner l’autorisation d’entrer au séminaire, on peut lire: «J’espère que lorsque tu seras prêtre, tu seras du côté des pauvres, car le Christ était de leur côté». Des mots qu’Albino Luciano mettra en pratique tout au long de sa vie.

Ordonné prêtre en 1935, il est nommé évêque de Vittorio Veneto en 1958, immédiatement après l’élection de Jean XXIII qui l’avait connu comme patriarche de Venise.

Originaire d’une terre pauvre caractérisée par l’émigration, mais aussi très vivante du point de vue social, et d’une Église caractérisée par des figures marquantes de prêtres, Albino Luciani a participé à l’ensemble du Concile œcuménique Vatican II et appliqué ses directives avec enthousiasme.

Face aux défis sociaux-économiques de l’époque

Pasteur proche de son peuple, il passait beaucoup de temps au confessionnal. Pendant les années où la légalité de la pilule contraceptive était discutée, il s’est prononcé à plusieurs reprises en faveur de l’ouverture de l’Église sur son utilisation, après avoir écouté de nombreuses jeunes familles.

Après la publication de l’encyclique Humanae Vitae, dans laquelle Paul VI déclare la pilule moralement illicite en 1968, l’évêque de Vittorio Veneto fait la promotion du document, adhérant au magistère du Souverain Pontife. Paul VI, qui le connaissait déjà, le nomme patriarche de Venise à la fin de 1969, avant de le créer cardinal en mars 1973.

Mgr Luciani, qui a choisi « humilitas » (humilité) comme devise épiscopale, vit sobrement, enraciné dans la foi, en se montrant ouvert du point de vue social, proche des pauvres et des travailleurs.

Il fait preuve d’intransigeance lorsqu’il s’agit de dénoncer l’utilisation sans scrupules de l’argent au détriment du peuple, comme le montre sa fermeté lors d’un scandale économique à Vittorio Veneto impliquant l’un de ses prêtres.  À Venise, en tant que patriarche, il eut beaucoup à souffrir des protestations qui suivirent les années post-Concile.

Communicant discret mais talentueux, il écrit un livre à succès intitulé en français « Humblement vôtre » (Illustrissimi pour l’original italien), avec des lettres fictives écrites à des personnages historiques, sur des sujets d’actualité. Il attache une importance particulière à la catéchèse, avec la nécessité pour ceux qui transmettent le dépôt de la foi de se faire comprendre de tous.

Fidélité et nouveautés

Après la mort de Paul VI, il est élu le 26 août 1978 lors d’un conclave qui dure une journée. Une certaine confusion règne sur la place Saint-Pierre avant l’annonce de son élection: la fumée qui s’échappe de la Chapelle Sixtine n’est ni  noire, ni blanche, mais plutôt gris pâle. La foule et les journalistes s’interrogent, jusqu’à ce que soit  ouverte la fenêtre de la loggia centrale de la basilique saint-Pierre.

Le double nom choisi par le nouveau Successeur de Pierre est déjà tout un programme: en unissant Jean et Paul, il offre non seulement un hommage de gratitude aux Papes qui l’ont nommé évêque et cardinal, mais il marque aussi un chemin de continuité dans l’application du Concile, barrant la route aussi bien aux replis nostalgiques sur le passé qu’aux bonds en avant incontrôlés.

Dès ses premières prises de parole, il abandonne l’usage du « nous », du pluriel maiestatis, et dans les premiers jours, il refuse l’usage de la chaise à porteurs. Il cède toutefois à la demande de ses collaborateurs lorsqu’il se rend compte qu’en allant à pied, les personnes qui ne sont pas dans les premiers rangs ont du mal à le voir.

Les audiences du mercredi, durant son très court pontificat, sont de véritables catéchèses: le Pape Luciani parle sans texte écrit, cite des poèmes de mémoire, invite un garçon et un enfant de chœur à monter sur l’estrade et leur parle.

Dans un discours improvisé, il se souvient d’avoir souffert de la faim dans son enfance et reprend les mots courageux de son prédécesseur sur les «peuples de la faim» qui défient les «peuples de l’opulence». Son magistère est également marqué par le thème de la miséricorde.

Jean-Paul Ier ne quitte le Vatican qu’une seule fois, au cours des semaines étouffantes de la fin de l’été 1978, pour prendre possession de sa cathédrale en tant qu’évêque de Rome, Saint Jean de Latran, et recevoir les hommages du maire de la capitale italienne, le communiste Giulio Carlo Argan.

Devant celui-ci, le nouveau Pape cite le catéchisme de saint Pie X, rappelant que «parmi les péchés qui crient vengeance devant Dieu» figurent «l’oppression des pauvres» et «la spoliation des travailleurs de leur juste salaire».

Réputation de sainteté immédiate

Jean-Paul Ier meurt subitement dans la nuit du 28 septembre 1978. Il est retrouvé sans vie par la religieuse qui apportait du café dans sa chambre tous les matins. De nombreuses théories ont été échafaudées autour de sa mort soudaine et inattendue, ces prétendues conspirations étant utilisées pour vendre des livres et produire des films.

Une recherche documentée sur sa mort, qui clôt définitivement le dossier, a toutefois été signée par la vice-postulatrice du procès de béatification, Stefania Falasca (Cronaca di una morte, Librairie éditrice vaticane).

En quelques semaines de pontificat, le Pape Luciani est entré dans le cœur de millions de personnes, pour sa simplicité, son humilité, ses paroles de défense des plus petits et pour son sourire évangélique, première  marque de la bonté de Dieu agissant en lui.

La réputation de sainteté de Jean-Paul Ier s’est répandue très rapidement. Beaucoup de fidèles l’ont prié et le prient encore, notamment en se rendant sur sa tombe, située dans la nécropole papale de la basilique saint-Pierre. De nombreuses personnes, et même tout un épiscopat -celui du Brésil-, ont demandé l’ouverture de son procès en béatification, qui arrive désormais à son terme.

une foi sans don et sans gratuité est incomplète

«une foi sans don et sans gratuité est incomplète»

Méditant sur l’Évangile de Marc, où l’homme bon demande à Jésus ce qu’il faut faire pour obtenir la vie éternelle, le Pape François a invité les fidèles à se demander quelle était leur véritable relation à Dieu et comment leur foi était nourrie.
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PAPE FRANÇOIS

ANGÉLUS

Place Saint-Pierre
Dimanche 3 octobre 2021

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Chers frères et sœurs, bonjour !

La liturgie d’aujourd’hui nous propose la rencontre entre Jésus et un homme qui « possédait beaucoup de biens » (Mc 10, 22) et qui est entré dans l’histoire comme « le jeune homme riche » (cf. Mt 19, 20-22).

Nous n’en connaissons pas le nom. L’Évangile de Marc, en réalité, parle de lui comme « tel », sans mentionner son âge et son nom, suggérant que dans cet homme nous pouvons tous nous voir, comme dans un miroir. Sa rencontre avec Jésus, en effet, nous permet de faire un test de foi. Je teste ma foi en lisant ceci.

Cet homme commence par une question : « Que dois-je faire pour avoir la vie éternelle ? (v. 17). On note les verbes qu’il utilise : avoir à faire – avoir. Voici sa religiosité : un devoir, un faire pour avoir ; « Je fais quelque chose pour obtenir ce dont j’ai besoin ». Mais c’est une relation commerciale avec Dieu, un « do ut des ». La foi, en revanche, n’est pas un rite froid et mécanique, un « je dois faire je reçois ».

C’est une question de liberté et d’amour. La foi est une question de liberté, c’est une question d’amour. Voici un premier test : qu’est-ce que la foi pour moi ? S’il s’agit avant tout d’un devoir ou d’une monnaie d’échange, on se trompe, car le salut est un don et non un devoir, il est gratuit et ne s’achète pas.

La première chose à faire est de se débarrasser d’une foi commerciale et mécanique, qui insinue la fausse image d’un Dieu comptable, d’un Dieu contrôleur, pas d’un père. Et bien des fois dans la vie on peut vivre cette relation de foi « commerciale » : je fais ça pour que Dieu me donne ça.

Jésus – deuxième passage – aide cet homme en lui offrant le vrai visage de Dieu. En effet – dit le texte – « il fixa son regard sur lui » et « l’aimait » (v. 21) : c’est Dieu ! C’est là que la foi naît et renaît : non d’un devoir, non pas d’une chose à faire ou à payer, mais d’un regard d’amour à accueillir. Ainsi la vie chrétienne devient belle, si elle n’est pas basée sur nos capacités et nos projets, mais est basée sur le regard de Dieu.

Votre foi, ma foi est-elle fatiguée ? Vous souhaitez la dynamiser ? Cherchez le regard de Dieu : mettez-vous en adoration, laissez-vous pardonner dans la Confession, placez-vous devant le Crucifix. Bref, laissez-vous aimer par lui, c’est le commencement de la foi : laissez-vous aimer par celui qui est père.

Après la question et le regard, il y a – troisième et dernier passage – une invitation de Jésus, qui dit : « Il ne te manque qu’une chose ». Que manquait-il à cet homme riche ? Le don, la gratuité : « Va, vends ce que tu as, donne-le aux pauvres » (v. 21). C’est peut-être ce qui nous manque aussi. Souvent nous faisons le strict minimum, alors que Jésus nous invite autant que possible.

Que de fois nous nous contentons de devoirs – des préceptes, quelques prières et tant de choses comme ça – alors que Dieu, qui nous donne la vie, nous demande des sauts de vie !

Dans l’Évangile d’aujourd’hui, nous voyons clairement ce passage du devoir au don ; Jésus commence par rappeler les commandements : « Ne tuez pas, ne commettez pas d’adultère, ne volez pas… » et ainsi de suite (v. 19), et arrive à la proposition positive : « Allez, vendez, donnez, suivez-moi !  » (voir v. 21). La foi ne peut se limiter au non, car la vie chrétienne est un oui, un oui d’amour.

Chers frères et sœurs, une foi sans don, une foi sans gratuité est une foi incomplète, c’est une foi faible, une foi malade. On pourrait le comparer à un aliment riche et nutritif qui manque pourtant de saveur, ou à un jeu plus ou moins bien joué mais sans but : non, ça ne marche pas, il n’y a pas de « sel ».

La foi sans don, sans gratuité, sans œuvres de charité finit par nous rendre triste : comme cet homme qui, bien que regardé avec amour par Jésus lui-même, rentra chez lui « attristé » et « le visage noir » (v. 22) .

Aujourd’hui, nous pouvons nous demander : « Où en est ma foi ? Est-ce que je l’éprouve comme une chose mécanique, comme une relation de devoir ou d’intérêt avec Dieu ? Est-ce que je me souviens de l’avoir nourri en laissant Jésus me voir et m’aimer ? ».

Laissez-vous regarder et aimer par Jésus ; que Jésus nous regarde, et nous aime. « Et, attiré par lui, est-ce que je correspond avec gratuité, avec générosité, de tout mon cœur ? ».

Que la Vierge Marie, qui a dit un oui total à Dieu, un oui sans mais – il n’est pas facile de dire oui sans mais : la Vierge l’a fait, un oui sans mais – savourons la beauté de faire de la vie un cadeau.

Après l’Angélus

Chers frères et sœurs,

aujourd’hui encore j’ai la joie d’annoncer l’annonce de nouveaux bienheureux. Hier, à Naples, Maria Lorenza Longo, épouse et mère d’une famille du XVIe siècle, a été béatifiée. Veuve, elle fonda l’Hôpital des Incurables et des Clarisses Capucines à Naples. Femme d’une grande foi et d’une intense vie de prière, elle s’est efforcée de répondre aux besoins des pauvres et des souffrants.

Aujourd’hui, à Tropea, en Calabre, a été béatifié don Francesco Mottola, fondateur des Oblats et des Oblats du Sacré-Cœur, décédé en 1969. Pasteur zélé et annonceur infatigable de l’Évangile, il fut un témoin exemplaire d’un sacerdoce vécu dans la charité et la contemplation. Une salve d’applaudissements pour ces nouveaux bienheureux !

Aujourd’hui, à l’occasion de la Journée mondiale de la santé mentale, je voudrais rendre hommage aux frères et sœurs souffrant de troubles mentaux et aussi aux victimes, souvent jeunes, de suicide. Prions pour eux et leurs familles, afin qu’ils ne soient pas laissés seuls ou discriminés, mais accueillis et soutenus.

Je vous salue tous, Romains et pèlerins de divers pays : familles, groupes, associations et fidèles individuels. Je salue en particulier les fidèles de Bussolengo et ceux de Novoli ; les confirmands de la paroisse de la Résurrection à Rome et la Coopérative du Soleil de Corbetta. Je vois aussi qu’elles sont de Montella, et je les salue… A l’effigie de Sœur Bernadette. Nous prions pour la canonisation rapide.

Je souhaite à tous un bon dimanche. Et s’il vous plaît, n’oubliez pas de prier pour moi. Bon déjeuner et au revoir !


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Traduit et présenté par l’Association de la Médaille Miraculeuse

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