Audience générale du Pape : pas de masques et d’hypocrisie

Audience générale du Pape : pas de masques et d’hypocrisie

Le Pape a poursuivi sa lecture de la lettre de Paul aux Galates lors de l’audience générale de ce mercredi, salle Paul VI. Il a concentré sa catéchèse sur le « virus de l’hypocrisie » qui conduit à faire semblant plutôt qu’à « être soi-même ». « L’hypocrisie dans l’Église est particulièrement détestable.  Elle met en danger l’unité. »

PAPE FRANÇOIS

AUDIENCE GÉNÉRALE

Salle Paul VI
Mercredi 25 août 2021

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Résumé de la catéchèse du Saint-Père :

Nous lisons dans la Lettre aux Galates que Paul reproche à Pierre de ne pas avoir eu un bon comportement. En effet à Antioche, Pierre mangeait avec les chrétiens issus du paganisme, ce que la Loi interdisait ; mais devant les chrétiens d’origine juive, il ne le faisait plus par peur d’être critiqué. Le problème qui se pose ici est celui de la relation entre la Loi et la Liberté.

Ce comportement de Pierre crée une division injuste au sein de la Communauté. C’est ce que Paul appelle “hypocrisie” qu’il entend combattre avec force et conviction. L’hypocrisie, c’est la peur de la vérité, un comportement qui nous empêche d’être nous-mêmes. Elle est souvent combattue dans la Bible.

Jésus critique fortement ceux qui apparaissent justes à l’extérieur, mais pleins de fausseté et d’iniquité à l’intérieur. L’hypocrite vit avec un masque sur le visage, il n’est pas capable de se confronter avec la vérité, ni d’aimer vraiment. Il vit dans l’égoïsme et n’a pas la force de montrer avec transparence son cœur.

L’hypocrisie se manifeste dans de nombreuses situations. Elle se cache souvent sur les lieux de travail, dans la politique et même dans l’Église où elle est particulièrement détestable, parce qu’elle met en danger l’unité pour laquelle le Seigneur lui-même a prié.

Catéchèse sur la Lettre aux Galates – 6. Les dangers de la Loi

Frères et sœurs, bonjour!

La Lettre aux Galates rapporte un fait plutôt surprenant. Comme nous l’avons entendu, Paul dit qu’il a réprimandé Céphas, c’est-à-dire Pierre, devant la communauté d’Antioche, parce que son comportement n’était pas bon.

Que s’était-il passé de si grave au point d’obliger Paul à s’adresser en termes durs même à Pierre? Peut-être Paul a-t-il exagéré, a-t-il trop laissé place à son caractère sans savoir se retenir? Nous verrons qu’il n’en est pas ainsi, mais qu’une fois encore la relation entre la Loi et la liberté est en jeu. Et nous devons revenir sur cela de nombreuses fois.

En écrivant aux Galates, Paul mentionne de manière voulue cet épisode qui s’était passé à Antioche des années auparavant. Il entend rappeler aux chrétiens de ces communautés qu’ils ne doivent absolument pas écouter ceux qui prêchent la nécessité de se faire circoncire et donc tomber « sous la Loi » avec toutes se prescriptions.

Rappelons que ce sont ces prédicateurs fondamentalistes qui sont arrivés là-bas et qui ont créé de la confusion, et ils ont également ôté la paix à cette communauté.  L’objet de la critique à l’égard de Pierre était son comportement dans la participation à table.

La Loi interdisait à un juif de prendre ses repas avec les non juifs. Mais Pierre lui-même, dans une autre circonstance, était allé à Césarée dans la maison du centurion Corneille, tout en sachant qu’il transgressait la Loi. Il affirma alors: «Mais Dieu vient de me montrer, à moi, qu’il ne faut appeler aucun homme souillé ou impur» (Ac 10, 28).

Une fois rentré à Jérusalem, les chrétiens circoncis fidèles à la Loi mosaïque réprimandèrent Pierre pour son comportement, mais il se justifia en disant: «Je me suis alors rappelé cette parole du Seigneur: Jean, disait-il, a baptisé avec de l’eau mais vous, vous serez baptisés dans l’Esprit Saint.

Si donc Dieu leur a accordé le même don qu’à nous, pour avoir cru au Seigneur Jésus Christ, qui étais-je, moi, pour faire obstacle à Dieu?» (Ac 11,16-17). Rappelons que l’Esprit Saint est venu  à ce moment-là dans la maison de Corneille quand Pierre est allé là-bas.

Un fait semblable était arrivé également à Antioche en présence de Paul. Auparavant, Pierre était à table sans aucune difficulté avec les chrétiens venus du paganisme; mais quand plusieurs chrétiens circoncis de Jérusalem – ceux qui venaient du judaïsme – arrivèrent en ville, alors il ne le fit plus, pour ne pas subir leurs critiques.

Et c’est l’erreur: il faisait davantage attention aux critiques, à faire bonne figure. Et cela est grave aux yeux de Paul, également parce que Pierre était imité par d’autres disciples, le premier d’entre eux Barnabé, qui avec Paul avait précisément évangélisé les Galates (cf. Ga 2,13).

Sans le vouloir, Pierre, avec cette façon de faire – un peu comme ci, un peu comme ça… sans clarté sans transparence – créait de fait une division injuste au sein de la communauté: «Je suis pur… je suis cette ligne, je dois faire ainsi, on ne peut pas faire cela…».

Paul, dans son reproche – et le cœur du problème est là –, utilise un terme qui permet d’entrer dans le vif de sa réaction: hypocrisie (cf. Ga 2,13). C’est un mot qui reviendra de nombreuses fois: hypocrisie. Je crois que nous comprenons tous ce que cela signifie. L’observation de la Loi de la part des chrétiens conduisait à ce comportement hypocrite, que l’apôtre entend combattre avec force et conviction.

Paul était droit, il avait ses défauts – beaucoup, son caractère était terrible – , mais il était droit.   Qu’est-ce que l’hypocrisie? Quand nous disons : faites attention à celui-ci qui est un hypocrite : que voulons-nous dire ? Qu’est-ce que l’hypocrisie ? On peut dire que c’est la peur de la vérité. L’hypocrite a peur de la vérité. On préfère faire semblant plutôt qu’être soi-même.

C’est comme maquiller son âme, comme maquiller ses attitudes, comme maquiller ses façons de faire: ce n’est pas la vérité: «J’ai peur d’aller de l’avant comme je suis et je me maquille avec ces attitudes».    Et la dissimulation empêche d’avoir le courage de dire ouvertement la vérité et on se soustrait ainsi facilement à l’obligation de la dire toujours, partout et malgré tout.

Et la dissimulation te conduit à cela: aux demi-vérités. Et les demi-vérités sont une fiction : parce que la vérité est vérité ou n’est pas la vérité. Mais les demi-vérités sont cette manière d’agir qui n’est pas vraie. On préfère, comme je l’ai dit, feindre plutôt que d’être soi-même, et la dissimulation empêche ce courage de dire ouvertement la vérité.

Et on se soustrait ainsi à l’obligation – et c’est un commandement – de dire toujours la vérité, de la dire partout et de la dire malgré tout.  Et dans un milieu où les relations interpersonnelles sont vécues à l’enseigne du formalisme, le virus de l’hypocrisie se diffuse facilement. Ce sourire qui ne vient pas du cœur, cette recherche pour être en bon termes avec tout le monde, mais avec personne…

Dans la Bible, on trouve divers exemples dans lesquels on combat l’hypocrisie. Un beau témoignage pour combattre l’hypocrisie est celui du vieil Éléazar, à qui l’on demandait de faire semblant de manger la chair sacrifiée aux divinités païennes pour pouvoir sauver sa vie : faire semblant de la manger, mais il ne la mangeait pas.

Ou faire semblant de manger de la viande de porc, mais ses amis lui en avaient préparé une autre. Mais cet homme qui craint Dieu répondit: «A notre âge, ajouta-t-il, il ne convient pas de feindre, de peur que nombre de jeunes, persuadés qu’Éléazar aurait embrassé à 90 ans les mœurs des étrangers, ne s’égarent eux aussi, à cause de moi et de ma dissimulation, et cela pour un tout petit reste de vie.

J’attirerais ainsi sur ma vieillesse souillure et déshonneur» (2 Mac 6, 24-25). Honnête : il n’emprunte pas la voie de l’hypocrisie. Quelle belle page sur laquelle réfléchir pour s’éloigner de l’hypocrisie! Les Évangiles rapportent eux aussi diverses situations dans lesquelles Jésus réprimande fortement ceux qui apparaissent comme des justes de l’extérieur, mais qui sont pleins de fausseté et d’iniquité en eux (cf. Mt 23,13-29).

Si vous avez un peu de temps aujourd’hui, prenez le chapitre 23 de l’Évangile de saint Matthieu et voyez combien de fois Jésus dit: «Hypocrites, hypocrites, hypocrites», et il révèle ce qu’est l’hypocrisie.

L’hypocrite est une personne qui fait semblant, qui flatte et qui trompe car elle vit avec un masque sur le visage, et elle n’a pas le courage de se confronter à la vérité. C’est pourquoi elle n’est pas capable d’aimer vraiment – un hypocrite ne sait pas aimer – elle se limite à vivre d’égoïsme et n’a pas la force de montrer son cœur en transparence.

Il y a de nombreuses situations dans lesquelles l’hypocrisie peut avoir lieu. Elle se cache souvent dans les lieux de travail, où l’on cherche à paraître amis avec les collègues, alors que la compétition conduit à les frapper dans le dos. Dans la politique, il n’est pas inhabituel de trouver des hypocrites qui vivent un dédoublement entre leur vie publique et privée.

L’hypocrisie dans l’Église est particulièrement détestable, et malheureusement l’hypocrisie existe dans l’Église, et il y a de nombreux  chrétiens et de nombreux ministres hypocrites. Nous ne devrions jamais oublier les paroles du Seigneur: «Que votre langage soit: « Oui? oui », « Non? non »: ce qu’on dit de plus vient du Mauvais» (Mt 5, 37).

Frères et sœurs, pensons aujourd’hui à ce que Paul condamne et que Jésus condamne: l’hypocrisie. Et n’ayons pas peur d’être véridiques, de dire la vérité, de sentir la vérité, de nous conformer à la vérité. Un hypocrite ne sait pas aimer.  Agir autrement que dans la vérité signifie mettre en danger l’unité au sein de l’Église, celle pour laquelle le Seigneur lui-même a prié.

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En ce temps de vacance et de rencontres, ne nous laissons pas conditionner par la peur des préjugés qui affaiblit l’amour du Seigneur en nous et nous pousse à exclure et à marginaliser le prochain. Apprenons plutôt à cultiver entre nous des relations vraies et sincères, capables de redonner vie et espérance à ceux qui nous entourent. Sur chacune de vos personnes, j’invoque la Bénédiction de Dieu.

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APPEL

Hier, à Tokyo a été donné le coup d’envoi des Jeux paralympiques. J’adresse mes salutations aux athlètes et je les remercie car ils offrent à tous un témoignage d’espoir et de courage. Ils montrent comment l’engagement sportif permet de surmonter des difficultés apparemment insurmontables.


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Angélus : laissons-nous provoquer par les paroles de vie éternelle

Angélus : laissons-nous provoquer par les paroles de vie éternelle

Lors de l’Angélus ce dimanche, le Pape François a invité les fidèles réunis sur la Place Saint-Pierre à méditer l’Évangile du jour : les paroles de Jésus, qui se révèle «Pain de vie», suscitent l’incompréhension, voire l’hostilité de certains de ses disciples. Ce passage interpelle sur le «scandale» de la révélation de Dieu dans l’humanité de Jésus.

 

PAPE FRANÇOIS

ANGÉLUS

Place Saint-Pierre
Dimanche 1er août 2021


Chers frères et sœurs, bonjour !

L’Évangile de la liturgie d’aujourd’hui (Jn 6, 60-69) nous montre la réaction de la foule et des disciples au discours de Jésus après le miracle des pains. Jésus nous a invités à interpréter ce signe et à croire en lui, qui est le vrai pain descendu du ciel, le pain de vie ; et révélé que le pain qu’il donnera, c’est sa chair et son sang.

Ces mots sonnent durs et incompréhensibles aux oreilles des gens, à tel point qu’à partir de ce moment – dit l’Évangile -, beaucoup de ses disciples se retournent, c’est-à-dire qu’ils cessent de suivre le Maître (vv. 60.66).

Alors Jésus demande aux Douze : « Veux-tu aussi t’en aller ? (v. 67), et Pierre, au nom de tout le groupe, confirme la décision d’être avec lui : « Seigneur, à qui irions-nous ? Tu as les paroles de la vie éternelle et nous avons su et cru que tu es le Saint de Dieu » (Jn 6,68-69). Et c’est une belle confession de foi.

Arrêtons-nous brièvement sur l’attitude de ceux qui se retirent et décident de ne plus suivre Jésus.D’où vient cette incrédulité ? Quelle est la raison de ce refus ?

Les paroles de Jésus suscitent un grand scandale : il dit que Dieu a choisi de se manifester et de réaliser le salut dans la faiblesse de la chair humaine. C’est le mystère de l’incarnation. Et l’incarnation de Dieu est ce qui fait scandale et ce qui représente pour ces gens – mais souvent aussi pour nous – un obstacle.

En effet, Jésus affirme que le vrai pain du salut, qui transmet la vie éternelle, est sa propre chair ; que pour entrer en communion avec Dieu, avant d’observer les lois ou de satisfaire aux préceptes religieux, il faut vivre une relation réelle et concrète avec lui, car le salut est venu de lui, dans son incarnation.

Cela signifie que nous ne devons pas poursuivre Dieu dans des rêves et des images de grandeur et de puissance, mais nous devons le reconnaître dans l’humanité de Jésus et, par conséquent, dans celle des frères et sœurs que nous rencontrons sur le chemin de la vie. Dieu s’est fait chair.

Et quand nous disons cela, dans le Credo, le jour de Noël, le jour de l’Annonciation, nous nous agenouillons pour adorer ce mystère de l’Incarnation. Dieu s’est fait chair et sang : il s’est abaissé pour devenir un homme comme nous, il s’est humilié jusqu’à prendre sur lui nos souffrances et notre péché, et nous demande de le chercher, donc, non en dehors de la vie et de l’histoire, mais dans la relation avec le Christ et avec les frères.

Cherchez-le dans la vie, dans l’histoire, dans notre vie quotidienne. Et c’est là, frères et sœurs, le chemin de la rencontre avec Dieu : la relation avec le Christ et les frères.

Aujourd’hui encore, la révélation de Dieu dans l’humanité de Jésus peut faire scandale et n’est pas facile à accepter. C’est ce que saint Paul appelle la « folie » de l’Évangile face à ceux qui recherchent les miracles ou la sagesse du monde (cf. 1 Co 1, 18-25).

Et ce « scandale » est bien représentée par le sacrement de l’Eucharistie : quel sens peut-il avoir, aux yeux du monde, de s’agenouiller devant un morceau de pain ? Pourquoi devrions-nous manger ce pain assidûment? Le monde est scandalisé.

Face au geste prodigieux de Jésus qui nourrit des milliers de personnes avec cinq pains et deux poissons, tout le monde l’acclame et veut le faire triompher, le faire roi. Mais lorsqu’il explique lui-même que ce geste est signe de son sacrifice, c’est-à-dire du don de sa vie, de sa chair et de son sang, et que quiconque veut le suivre doit l’assimiler, son humanité donnée pour Dieu et pour d’autres, alors ne l’aiment pas, ce Jésus nous met en crise.

En effet, inquiétons-nous s’il ne nous met pas en crise, car peut-être avons-nous édulcoré son message ! Et  demandons la grâce de nous laisser provoquer et convertir par ses « paroles de vie éternelle ».

Marie Très Sainte, qui a porté le Fils Jésus dans la chair et s’est jointe à son sacrifice, aidez-nous à toujours témoigner de notre foi par une vie concrète.

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Après l’Angélus

Chers frères et sœurs,

Je vous salue tous, fidèles de Rome et pèlerins de différents pays. De nombreux pays sont ici, je le vois dans les drapeaux…

Ce dimanche aussi, je suis heureux de saluer divers groupes de jeunes . Chers garçons et filles, beaucoup d’entre vous ont vécu un long chemin ensemble : que cela vous aide à marcher dans la vie sur le chemin de l’Évangile.

Je souhaite à tous un bon dimanche. N’oubliez pas de prier pour moi. Bon déjeuner et au revoir !


Texte traduit et présenté par l’Association de la Médaille Miraculeuse

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Audience générale: seul le Christ apporte la justification

Audience générale: seul le Christ apporte la justification

Le Pape François a parlé ce mercredi sur le rôle de la Loi de Moïse dans le plan de Salut de Dieu, poursuivant le cycle de catéchèse qu’il consacre à la Lettre aux Galates. Si ce rôle est éducatif et disciplinaire, il est aussi limité dans le temps, car son autorité prend fin avec la foi en Jésus-Christ.
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PAPE FRANÇOIS

AUDIENCE GÉNÉRALE

Salle Paul VI
Mercredi 18 août 2021

Résumé :

Frères et sœurs, saint Paul, dans sa lettre aux Galates, explique le rôle de la loi de Moïse dans le plan de salut de Dieu. Avant la foi en Jésus Christ, la Loi a le rôle d’un pédagogue. Elle dit où se trouve la transgression et rend les personnes conscientes de leur péché. Ce rôle est assurément disciplinaire.

L’homme se trouve « sous la Loi » dans une situation de servitude. Mais elle est en même temps un don de Dieu pour son peuple, car, par elle, il le protège, l’éduque et le soutient dans sa faiblesse. Elle est donc une réalité positive mais devant être limitée dans le temps, le temps de la maturation et du choix de la liberté.

Par la foi au Christ, la Loi perd son rôle propédeutique et doit laisser la place à une autre autorité. Cet avant et après la conversion à Jésus Christ se rencontrent aussi dans la vie personnelle de tout chrétien. Après avoir eu besoin de la Loi, nous recevons la grâce de devenir enfants de Dieu pour vivre dans son amour.

Catéchèse sur la Lettre aux Galates – 5. La valeur préparatoire de la Loi

Frères et sœurs, bonjour !
Saint Paul, amoureux de Jésus-Christ et qui a bien compris ce qu’était le salut, nous a enseigné que les « enfants de la promesse » (Ga 4,28) – c’est-à-dire nous tous, justifiés par Jésus-Christ – ne sont pas sous le lien de la loi, mais ils sont appelés au style de vie exigeant dans la liberté de l’Évangile. La loi, pourtant, existe.

Mais elle existe d’une autre manière : la même Loi, les Dix Commandements, mais d’une autre manière, car à elle seule elle ne peut pas justifier une fois que le Seigneur Jésus est venu. Et nous nous demandons : quel est, selon la Lettre aux Galates, le rôle de la Loi ? Dans le passage que nous venons d’entendre, Paul soutient que la Loi était comme un pédagogue.

C’est une belle image, celle du pédagogue dont nous avons parlé lors de la dernière audience, une image qui mérite d’être comprise dans son sens propre.

L’Apôtre semble suggérer aux chrétiens de diviser en deux l’histoire du salut, ainsi que son histoire personnelle. Il y a deux moments : avant d’être devenu croyant en Jésus-Christ et après avoir reçu la foi. Au centre se trouve l’événement de la mort et de la résurrection de Jésus, que Paul a prêché pour éveiller la foi dans le Fils de Dieu, source de salut et en Jésus-Christ nous sommes justifiés.

Nous sommes justifiés par la gratuité de la foi au Christ Jésus. Ainsi, à partir de la foi au Christ, il y a un « avant » et un « après » par rapport à la Loi elle-même, car la loi existe, les Commandements existent, mais il y a un attitude avant la venue de Jésus et ensuite après. L’histoire précédente est déterminée par le fait d’être « sous la loi ».

Et quiconque marchait sur le chemin de la Loi était sauvé, il était justifié ; la suivante – après la venue de Jésus – doit être vécue selon l’Esprit Saint (cf. Ga 5, 25). C’est la première fois que Paul utilise cette expression : être « sous la Loi ». Le sens sous-jacent implique l’idée d’un esclavage négatif, typique des esclaves : « être en dessous ».

L’Apôtre explique cela en disant que lorsqu’on est « sous la Loi », on est comme « gardé » et « emprisonné », une sorte de garde à vue. Ce temps, dit saint Paul, a duré longtemps – de Moïse à la venue de Jésus – et se perpétue tant que l’on vit dans le péché.

Le rapport entre la Loi et le péché sera exposé de manière plus systématique par l’Apôtre dans sa Lettre aux Romains, écrite quelques années après celle aux Galates. En résumé, la Loi conduit à une définition de la transgression et à faire prendre conscience aux gens de leur péché : « Vous avez fait cela, donc la Loi – les Dix Commandements – dit ceci : vous êtes dans le péché ».

En effet, comme l’enseigne l’expérience commune, le précepte finit par stimuler la transgression. Il écrit ainsi dans la Lettre aux Romains : « Lorsque nous étions dans la faiblesse de la chair, les passions pécheresses, stimulées par la Loi, se déchaînaient dans nos membres afin de porter du fruit pour la mort. Mais maintenant, étant morts de ce qui nous tenait prisonniers, nous sommes libérés de la Loi » (7,5-6).

Pourquoi? Parce que la justification de Jésus-Christ est venue. Paul fixe sa vision de la Loi : « L’aiguillon de la mort est le péché et la puissance du péché est la Loi » (1 Co 15, 56). Un dialogue : vous êtes sous la Loi, et vous êtes là avec la porte ouverte au péché.

Dans ce contexte, la référence au rôle pédagogique joué par le droit prend tout son sens. Mais la Loi est le pédagogue, qui vous mène, où ? A Jésus. Dans le système scolaire de l’antiquité, le pédagogue n’avait pas la fonction que l’on lui attribue aujourd’hui, à savoir celle de soutenir l’éducation d’un garçon ou d’une fille.

A l’époque, c’était plutôt un esclave qui avait pour tâche d’accompagner le fils du maître chez le maître puis de le ramener chez lui. Il devait donc le protéger des dangers, le surveiller pour qu’il ne se comporte pas de manière incorrecte. Sa fonction était plutôt disciplinaire.

Lorsque le garçon est devenu adulte, le pédagogue a cessé ses fonctions. Le pédagogue auquel Paul fait référence n’était pas le professeur, mais c’est lui qui l’accompagnait à l’école, surveillait le garçon et le ramenait à la maison.

Se référer à la Loi en ces termes permet à saint Paul de clarifier le rôle qu’elle a joué dans l’histoire d’Israël. La Torah, c’est-à-dire la Loi, avait été un acte de magnanimité de la part de Dieu envers son peuple. Après l’élection d’Abraham, l’autre grand acte fut la Loi : tracer la voie pour aller de l’avant.

Certes, il avait eu des fonctions restrictives, mais en même temps il avait protégé le peuple, il l’avait éduqué, discipliné et soutenu dans sa faiblesse, surtout à l’abri du paganisme ; il y avait beaucoup d’attitudes païennes à cette époque. La Torah dit : « Il n’y a qu’un seul Dieu et il nous a mis sur la route ». Un acte de bonté de la part du Seigneur.

Et certes, comme je l’ai dit, il avait eu des fonctions contraignantes, mais en même temps il avait protégé le peuple, il l’avait éduqué, l’avait discipliné, l’avait soutenu dans sa faiblesse. C’est pourquoi l’Apôtre s’arrête plus tard pour décrire l’étape de l’âge mineur.

Et il dit ainsi : « Tant que l’héritier est un enfant, il n’est pas du tout différent d’un esclave, bien qu’il soit maître de tout, mais il dépend de tuteurs et d’administrateurs jusqu’au terme fixé par son père. Alors aussi, quand nous étions enfants, nous étions esclaves des éléments du monde » (Ga 4 : 1-3).

Bref, la conviction de l’Apôtre est que la Loi a certes une fonction positive – donc de pédagogue dans la transmission -, mais c’est une fonction limitée dans le temps. Sa durée ne peut être prolongée au-delà de toute mesure, car elle est liée à la maturation des personnes et à leur choix de liberté. Une fois la foi atteinte, la Loi épuise sa valeur préparatoire et doit céder la place à une autre autorité.

Qu’est-ce que ça veut dire? Quand la Loi est terminée, nous pouvons dire : « Croyons-nous en Jésus-Christ et faisons-nous ce que nous voulons ? « Non! Les Commandements sont là, mais ils ne nous justifient pas. Ce qui nous justifie, c’est Jésus-Christ. Les Commandements doivent être observés, mais ils ne nous rendent pas justice ; il y a la gratuité de Jésus-Christ, la rencontre avec Jésus-Christ qui nous justifie librement.

Le mérite de la foi est de recevoir Jésus, le seul mérite : ouvrir le cœur. Et que faisons-nous des Commandements ? Nous devons les observer, mais comme une aide à la rencontre avec Jésus-Christ.

Cet enseignement sur la valeur de la loi est très important et mérite d’être mûrement réfléchi pour ne pas tomber dans l’incompréhension et faire de faux pas. Cela nous fera du bien de nous demander si nous vivons encore à l’époque où nous avons besoin de la Loi, ou si au contraire nous avons bien conscience d’avoir reçu la grâce d’être devenus enfants de Dieu pour vivre dans l’amour.

Comment je vis? Dans la peur que si je ne fais pas ça, j’irai en enfer ? Ou est-ce que je vis aussi avec cette espérance, avec cette joie de la gratuité du salut en Jésus-Christ ? C’est une bonne question. Et aussi la seconde : est-ce que je méprise les Commandements ? Non. Je les observe, mais pas de manière absolue, car je sais que ce qui me justifie, c’est Jésus-Christ.

Salutations

Je salue cordialement les pèlerins de langue française, en particulier les jeunes de la paroisse de Bondy. Je forme le vœu que ce temps d’été, soit pour chacun l’occasion de prendre le temps de nourrir ses relations familiales et amicales, et de se ressourcer dans sa vie spirituelle avec le Seigneur. Que Dieu vous bénisse.

Je salue cordialement les fidèles anglophones. Que ces paisibles journées d’été soient pour vous et vos familles un moment privilégié de grâce et de renouveau spirituel. Que Dieu vous bénisse!

Bienvenue cordiale aux frères et sœurs germanophones ! Nous remercions le Seigneur pour ce temps de vacances, une occasion de consacrer plus de temps à nos proches. Que la Bienheureuse Vierge Marie vous protège et vous accompagne toujours.

Je salue cordialement les fidèles hispanophones. Je vous encourage à vous laisser interroger par cette question que Saint Paul nous a posée : Sommes-nous encore sous la Loi, comme des esclaves, ou sommes-nous déjà arrivés à maturité pour embrasser Jésus avec conviction et le projet d’amour que le Père nous réserve pour chacun d’entre nous ? Que Dieu vous bénisse. Merci beaucoup.

J’adresse un salut cordial aux fidèles lusophones. Chers frères et sœurs, n’oubliez pas que tout baptisé est appelé à vivre dans la liberté des enfants de Dieu, c’est l’Esprit Saint qui vous permettra de vivre et de témoigner de votre foi avec joie et générosité. Que Notre-Dame vous accompagne et vous protège tous et vos proches !

Je salue les fidèles arabophones. Demandons-nous si nous vivons encore à l’époque où nous avons besoin de la Loi, ou si au contraire nous sommes bien conscients d’avoir reçu la grâce d’être devenus enfants de Dieu pour vivre dans l’amour. Que le Seigneur vous bénisse tous et vous protège toujours de tout mal !

Je souhaite la bienvenue aux pèlerins polonais. En particulier, je salue les fidèles du Sanctuaire marial du diocèse de Kalisz. Que la Mère de Dieu et notre Mère vous accompagnent, vous, vos familles et tous ceux qui viennent à elle avec amour pour se confier à sa maternelle et tendre protection. Merci de prier pour moi aussi. Je vous bénis de tout cœur.

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Je souhaite une cordiale bienvenue aux pèlerins de langue italienne. Enfin, mes pensées vont, comme d’habitude, aux personnes âgées, aux malades, aux jeunes et aux jeunes mariés.

Chères personnes âgées et chers malades, puissiez-vous avoir le réconfort de la présence maternelle de Marie dans la vieillesse et la souffrance, signe d’une espérance certaine. Et vous, chers jeunes, dans la construction de votre avenir, accordez toujours la priorité à l’appel du Christ. A vous, chers jeunes mariés, j’espère que votre amour est un miroir de l’amour infini et éternel de Dieu.


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