La vie humaine demande un principe maternel

La vie humaine demande un principe maternel

icône monastère de l'Emmanuel Bethléem
icône monastère de l’Emmanuel Bethléem

Le christianisme est une vie nouvelle, la vie éternelle, apportée aux hommes, et ils naissent à cette vie tout le temps de leur existence ici-bas. Mais, puisqu’elle est leur vie, elle est une vie humaine, et la vie humaine, par essence, demande un principe maternel en même temps qu’un principe paternel.

C’est pour cela que, dans sa création, Dieu a fait cette merveille d’entre les merveilles qui est le cœur des mères. II y a mis un amour profond, obstiné, déraisonnable dirait-on, un amour prêt à tous les sacrifices, à tous les dévouements, à toutes les partialités.

Hélas ! que deviendraient les pauvres êtres que nous sommes, si ne se penchait, sur leurs années d’impuissance et de misères, quelqu’un « qui est fait pour les aimer », et s’ils ne portaient, ancré dans leur sang, la certitude d’être précieux pour quelqu’un ?…

Dieu n’a pas voulu que la vie surnaturelle fût moins humaine que la vie naturelle, au contraire, ni que les enfants qu’il adopte en son Fils fussent à moitié orphelins.

Et il a fait la Vierge.

Lui qui met au cœur des mères ordinaires des merveilles de tendresse, que ne mettra-t-il au cœur de la mère par excellence, dont l’amour pour son Fils Unique et pour ses fils d’adoption doit être en quelque manière le pendant du sien ? — Ce seront des combles, des miracles d’affection et de douceur, quelque chose de mystérieux comme la vie de la grâce à laquelle ils correspondent et comme l’incarnation qui est leur raison d’être.

Car, encore une fois, il n’y a que l’incarnation ; mais elle montre sa totalité en donnant aux hommes, comme mère, par une surnaturelle maternité, la mère de Dieu.

Si Dieu même fait qu’une Vierge soit mère, s’il fait qu’étant mère d’un Homme-Dieu elle soit mère de tout le genre humain, il ne lui inspirera pas seulement des sentiments maternels tièdes et réservés dont une mère ordinaire ne se contenterait pas.

La maternité divine, comme saint Thomas le dit, est de l’ordre des choses infinies, et elle l’est en tant que maternité ; c’est donc en un amour maternel en quelque sorte infini qu’elle va s’exprimer. Mère de l’Infini, mère dans laquelle cet Infini devient la vie de l’humanité entière, elle sera en quelque sorte infiniment mère, et Dieu lui fera le cœur assez grand pour aimer en conséquence. Il y va du sérieux, de la sincérité, du réalisme de l’incarnation…

Il y a, dans le plan providentiel, un aspect de l’amour du Christ que les hommes ne voient bien qu’en regardant sa mère, comme il y a un aspect de l’amour de Dieu que les hommes ne voient bien qu’en regardant l’Homme-Dieu…

Là où n’est pas cette douce mère de grâce… Dieu même n’apparaît plus aussi bien comme un père, le Christ n’est plus aussi proche, l’Église n’est plus aussi familiale, le christianisme perd de son attrait accueillant. Il devient comme un temple …  sans présence vivante et sans autel ; un système ordonné mais froid : il n’y a plus de mère dans la maison. En refusant une partie du don de Dieu, c’est toute sa bonté que l’on a mise en doute, et tout le réalisme de l’incarnation.

ÉMILE MERSCH

Texte présenté par l’Association de la Médaille Miraculeuse

SAINT FIDÈLE DE SIGMARINGEN, MARTYR EN 1622.

SAINT FIDÈLE DE SIGMARINGEN, MARTYR EN 1622.

Fidèle de Sigmaringen, vénéré en la cathédrale Notre-Dame-de-l'Assomption de Coire
Fidèle de Sigmaringen, vénéré en la cathédrale Notre-Dame-de-l’Assomption de Coire (Suisse)

24 Avril : « Mémoire de saint Fidèle de Sigmaringen, prêtre et martyr. Né à Sigmaringen, Marc Roy, fut avocat à Colmar avant d’entrer chez les capucins de Fribourg-en-Brisgau, où il reçut le nom de Fidèle. Menant une vie austère dans les veilles et la prière, assidu à prêcher la parole de Dieu, il fut envoyé au pays des Grisons, en Suisse, pour y affermir la vérité catholique, pour laquelle il fut massacré à Scewis, en 1622, par un groupe de soldats fanatiques.  » (Martyrologe Romain)

Avocat, religieux et martyr, saint Fidèle a été suscité de Dieu, en son temps, pour réformer les mœurs et combattre le protestantisme. Marc Rey, ou Roy, naquit en 1577, à Sigmaringen, en Souabe. Ses parents déposèrent dans son âme une piété profonde qui fut le germe des plus solides vertus. A la mort de son père, il alla étudier à l’Université de Fribourg-en-Brisgau.

Par la pratique de la mortification et de la sobriété, ses deux vertus favorites, il sut éviter les écueils où souvent échouent  les jeunes gens. Après avoir franchi tous les grades universitaires, il fit un voyage d’études à travers la France, l’Espagne et l’Italie.

A son retour il s’établit à Einsisheim, en Alsace, et y exerça la profession d’avocat. Un incident lui apprit combien il est difficile d’être avocat et de rester bon chrétien.

Un jour plaidant une cause juste. il défendit si bien le droit de son client que l’avocat de la partie ad- verse ne put rien lui répondre. Au sortir de l’audience celui-ci lui reprocha sur un ton irrité d’avoir terminé l’affaire en une seule séance: « Vos preuves sont fortes ; mais les deviez-vous produire si tôt ? Il sied que les parties achètent leur droit un peu cher ».

Ce discours fut pour le jeune avocat un coup de foudre. « J’avais cru jusqu’ici, répondit-il, que tous les frais inutiles, les dépenses occasionnées par la seule négligence de l’avocat, étaient autant de dettes qu’il contractait avec sa partie ; ni le temps, ni l’expérience ne me feront changer d’avis ». Cette révélation sur les mœurs du barreau fit qu’il abandonna la profession d’avocat.

Après quelques jours de retraite il alla solliciter les Capucins de Fribourg de l’admettre comme religieux. Le supérieur, en présence de cet homme de trente-cinq ans, ne consentit à l’admettre qu’après qu’il aurait reçu préalablement les ordres sacrés. Marc Rey se fit ordonner en septembre 1612. Le 4 octobre 1613 il faisait profession et prenait le nom de Fidèle, sous lequel il sera désormais connu.

Les supérieurs appliquèrent le Frère Fidèle à la prédication, pour laquelle il avait des dispositions réelles : sa foi ardente, ses qualités intellectuelles, sa science étendue, son expérience du monde, une taille élevée et une voix vibrante faisaient de lui un des meilleurs prédicateurs de son temps.

Il exerça son ministère surtout dans le Tyrol et en Suisse. C’est à Feldkirch que son zèle reçut sa meilleure récompense. Le désordre des mœurs de ce pays était devenu proverbial. Frère Fidèle tonna à toute occasion contre le luxe, l’immoralité, l’injustice, la désobéissance aux lois de l’Église, et vainquit toutes les résistances ; à sa voix, Feldkirch se transforma.

Le pays des Grisons, bien que dépendant de l’Autriche, était toujours en révolte ; l’introduction du protestantisme avait donné de nouvelles forces à l’insurrection. Le Saint entreprit de convertir ces montagnards, et parcourut le pays, prêchant avec une ardeur que ne ralentissaient pas les dangers encourus.

Mais les esprits étaient tellement surexcités par les prédicants que tant d’efforts aboutissaient à peu de résultats. Le 23 avril 1622, étant à Grusel, il reçut des habitants de Serwis une invitation à prêcher. Frère Fidèle soupçonna un guet-apens, mais ne voulut pas s’y soustraire.

Le lendemain, pendant qu’il était en chaire, une émeute éclata aux portes de l’église, et un coup de mousquet fut tiré sur le prédicateur. Il se précipita hors de l’église, mais fut bientôt rejoint par une vingtaine de personnes. L’un d’eux le somma d’apostasier. Fidèle répondit : « J’ai été envoyé au milieu de vous pour vous éclairer.»

A l’instant un des forcenés asséna un coup de sabre sur la tête et le terrassa ; tous les autres alors achevèrent leur victime. Sa dernière parole fut celle de Jésus sur la croix : « Pardonne, ô mon Dieu ! Seigneur Jésus, aie pitié de moi ! Marie, Mère de Jésus, assistez-moi ! »

Prière de Saint Fidèle de Sigmaringen

« Ô Très Sainte Trinité, que ne puis-je Vous aimer et Vous louer » :

« Ô Père Tout-Puissant, je Vous supplie par la Grandeur de votre Majesté et par l’immensité de votre Puissance de fixer ma mémoire dans votre Souvenir.

Ô divin Fils, Sagesse du Père, éclairez mon intelligence, donnez-lui pleine connaissance de la souveraine Vérité et de toutes mes misères.

Ô Saint-Esprit, Amour du Père et du Fils, faites par Votre ineffable Bonté que ma volonté soit toujours conforme à la Vôtre très sainte, embrasez-la si puissamment du feu sacré de votre Amour, qu’aucune eau ne soit capable de l’éteindre.

Ô Très Sainte Trinité, un seul Dieu, et mon unique Bien, que ne puis-je Vous aimer et Vous louer autant que Vous aiment et Vous louent tous les esprits bienheureux ! Ainsi soit-il. »

Telle est la condition chrétienne et sa joie

3e SEMAINE APRÈS PÂQUES : VENDREDI

la flamme de l'espérance
la flamme de l’espérance

Telle est donc la condition chrétienne et sa joie. Les disciples du Christ restent solidaires de tous les hommes, dont ils partagent intégralement la dure condition : travail, souffrances, mort. Saint Pierre nous demande également de ne pas nous soustraire à nos tâches politiques ou sociales.

Seulement, nous avons sur les autres hommes l’avantage de savoir que si, de toute manière, nous passons, c’est pour aller à une plénitude plus totale et définitive. Homo viator. Être homme, c’est passer, « comme étranger et voyageur » sur la terre. Mais si l’on a un but, le vagabondage se change en pèlerinage.

Ainsi aiderons-nous le mieux nos frères. A construire la cité terrestre tous les hommes peuvent contribuer. Nous y devons travailler comme les autres, plus que les autres, car il n’y aura jamais trop de bonnes volontés.

Mais nous devons surtout leur apporter ce bienfait incomparable et qui ne leur viendra normalement que de nous : que « notre belle conduite les éclaire », de façon qu’ils soient eux-mêmes gagnés à cette douce lumière pascale, et puissent « glorifier Dieu au jour de sa visite » (1 P. 2, 12).

Dom Claude Jean-Nesmy

Texte présenté par l’Association de la Médaille Miraculeuse

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