La joie, règle pour les chrétiens

Au troisième dimanche de l’Avent, qui tombe cette année le 13 décembre – 51e anniversaire de l’ordination sacerdotale du Pape – le Pontife parle de Jean-Baptiste: «leader de son temps», qui a vécu l’anticipation et la joie de voir le Messie sans jamais attirer l’attention sur lui-même mais en l’orientant vers le Christ. À la fin, la bénédiction traditionnelle des «enfants».

PAPE FRANÇOIS

ANGÉLUS

Place Saint Pierre
Dimanche 13 décembre 2020


Chers frères et sœurs, bonjour!

L’invitation à la joie est caractéristique du temps de l’Avent: l’attente de la naissance de Jésus, l’attente que nous vivons est joyeuse, un peu comme lorsque nous attendons la visite d’une personne que nous aimons beaucoup, par exemple un ami que nous ne voyons pas. depuis longtemps, un parent … Nous sommes dans une attente joyeuse.

Et cette dimension de joie émerge surtout aujourd’hui, le troisième dimanche, qui s’ouvre sur l’exhortation de Saint Paul «Réjouissez-vous toujours dans le Seigneur» (Antienne d’entrée; cf. Ph 4, 4.5). « Réjouir! » Joie chrétienne. Et quelle est la raison de cette joie? Que «le Seigneur est proche» (v. 5).

Plus le Seigneur est proche de nous, plus nous sommes dans la joie; plus il est distant, plus nous sommes dans la tristesse. C’est une règle pour les chrétiens. Un jour, un philosophe a dit quelque chose de plus ou moins comme ceci: «Je ne comprends pas comment on peut croire aujourd’hui, parce que ceux qui disent croire ont un visage de veillée funèbre. Ils ne témoignent pas de la joie de la résurrection de Jésus-Christ. »

Tant de chrétiens avec ce visage, oui, le visage de veillée funèbre, le visage de la tristesse … Mais le Christ est ressuscité! Le Christ vous aime! Et tu n’as pas de joie? Pensons-y un moment et disons: « Je suis heureux parce que le Seigneur est proche de moi, parce que le Seigneur m’aime, pourquoi le Seigneur m’a-t-il racheté? »

L’Évangile selon Jean nous présente aujourd’hui le personnage biblique qui – à l’exception de Notre-Dame et de Saint Joseph – a le premier et le plus éprouvé l’attente du Messie et la joie de le voir arriver: nous parlons naturellement de Jean-Baptiste (cf.Jn 1, 6- 8.19-28).

L’évangéliste le présente de manière solennelle: «Un homme est venu envoyé par Dieu […]. Il est venu comme témoin pour rendre témoignage à la lumière »(vv. 6-7). Le Baptiste est le premier témoin de Jésus, avec la parole et avec le don de la vie. Tous les Évangiles sont d’accord pour montrer comment il a accompli sa mission en désignant Jésus comme le Christ, le Messager de Dieu promis par les prophètes.

Jean était un leader de son temps. Sa renommée s’était répandue dans toute la Judée et au-delà, jusqu’en Galilée. Mais il ne céda pas même un instant à la tentation de se faire remarquer: il s’orientait toujours vers Celui qui allait venir. Il a dit: «Pour lui, je ne suis pas digne de dénouer le lacet de sa sandale» (v. 27). Soulignant toujours le Seigneur.

La Madone: rapporte au Seigneur toujours: «Faites ce qu’il vous dira». Toujours le Seigneur au centre. Les saints autour rapportent au Seigneur. Et quiconque ne rapporte pas au Seigneur n’est pas saint!

Voici la première condition de la joie chrétienne: se décentrer et mettre Jésus au centre. Ce n’est pas l’aliénation, parce que Jésus est effectivement le centre, il est la lumière qui donne tout son sens à la vie de chaque homme et femme qui vient dans ce monde. C’est le même dynamisme d’amour, qui me conduit à sortir de moi non pas pour me perdre, mais à me retrouver pendant que je me donne, pendant que je cherche le bien de l’autre.

Jean-Baptiste a parcouru un long chemin pour rendre témoignage de Jésus. Le chemin de la joie n’est pas une marche. Il faut du travail pour toujours être dans la joie. Jean a tout quitté, dès son plus jeune âge, pour mettre Dieu en premier, pour écouter sa Parole de tout son cœur et de toute sa force. Jean se retira dans le désert, se dépouillant de tout ce qui était superflu, pour être plus libre de suivre le vent du Saint-Esprit.

Bien sûr, certains traits de sa personnalité sont uniques, irremplaçables, ne conviennent pas à tout le monde. Mais son témoignage est paradigmatique pour quiconque veut chercher le sens de sa vie et trouver la vraie joie.

En particulier, le Baptiste est un modèle pour ceux qui, dans l’Église, sont appelés à annoncer le Christ aux autres: ils ne peuvent le faire que par détachement d’eux-mêmes et de la mondanité, non en attirant les gens vers eux-mêmes mais en les dirigeant vers Jésus. La joie est celle-ci: s’orienter vers Jésus. Et la joie doit être la marque de notre foi.

Même dans les moments sombres, cette joie est intérieure, de savoir que le Seigneur est avec moi, que le Seigneur est avec nous, que le Seigneur est ressuscité. Le Seigneur! Le Seigneur! Le Seigneur! C’est le centre de notre vie, et c’est le centre de notre joie.

Réfléchissez bien aujourd’hui: comment dois-je me comporter? Suis-je une personne joyeuse qui sait transmettre la joie d’être chrétien, ou suis-je toujours comme les tristes, comme je l’ai dit plus tôt, qui semblent être dans le sillage? Si je n’ai pas la joie de ma foi, je ne pourrai pas témoigner et d’autres diront: « Mais si la foi est si triste, mieux vaut ne pas l’avoir ».

Maintenant en priant l’Angélus, nous voyons tout cela pleinement réalisé dans la Vierge Marie: elle a attendu en silence la Parole de salut de Dieu; elle l’a écouté, elle l’a accepté, elle l’a conçu. En elle, Dieu est devenu proche. Pour cette raison, l’Église appelle Marie « Cause de notre joie ».

Après l’angélus

Chers frères et sœurs,

Je vous salue tous, Romains et pèlerins.

Je salue de manière particulière le groupe venu représenter les familles et les enfants de Rome, à l’occasion de la bénédiction des «Bambinelli», rendez-vous organisé par le Centre de l’Oratoire romain. Cette année, vous êtes peu nombreux ici à cause de la pandémie, mais je sais que de nombreux enfants et jeunes sont rassemblés dans des oratoires et chez eux et nous suivent à travers les médias.

Je salue chacun et bénis les statuettes de Jésus, qui seront placées dans la crèche, signe d’espérance et de joie. En silence, bénissons les petits enfants: Au nom du Père et du Fils et du Saint-Esprit.

Lorsque vous priez chez vous, devant la crèche avec votre famille, laissez-vous attirer par la tendresse de l’Enfant Jésus, né pauvre et fragile parmi nous, pour nous donner son amour.

Je souhaite à tous un bon dimanche, n’oubliez pas la joie! Le chrétien a le cœur joyeux, même dans les épreuves; il est joyeux parce qu’il est proche de Jésus: c’est lui qui nous donne la joie. Et n’oubliez pas de prier pour moi. Bon déjeuner et au revoir!


© Copyright – Libreria Editrice Vaticana

traduit par l’Association de la Médaille Miraculeuse

Catéchèse – 18. La prière de demande

Le Pape François a poursuivi sa catéchèse sur la prière, depuis la bibliothèque du Palais apostolique, rappelant son côté «profondément humain». Une prière qui est à l’unisson de toute la création et qui  reste toujours audible aux oreilles du Seigneur.

PAPE FRANÇOIS

AUDIENCE GÉNÉRALE

Bibliothèque du palais apostolique
Mercredi 9 décembre 2020


Catéchèse – 18. La prière de demande

Chers frères et sœur, bonjour!

Nous poursuivons nos réflexions sur la prière. La prière chrétienne est pleinement humaine – nous prions comme des personnes humaines, comme nous le sommes –, elle comprend la louange et la supplique. En effet, quand Jésus a enseigné à ses disciples à prier, il l’a fait avec le « Notre Père », afin que nous nous plaçions avec Dieu dans une relation de confiance filiale et que nous lui adressions toutes nos demandes.

Nous implorons Dieu pour les dons les plus grands: la sanctification de son nom parmi les hommes, l’avènement de son règne, la réalisation de sa volonté de bien à l’égard du monde. Le Catéchisme rappelle: «Il y a une hiérarchie dans les demandes : d’abord le Royaume, ensuite ce qui est nécessaire pour l’accueillir et pour coopérer à sa venue» (n. 2632).

Mais dans le “Notre Père” nous prions également pour les dons plus simples, pour les dons de tous les jours, comme le “pain quotidien” – qui signifie également la santé, une maison, un travail, les choses de tous les jours; et cela veut aussi dire pour l’Eucharistie, nécessaire pour la vie en Christ –; de même que nous prions pour le pardon des péchés – qui est une chose quotidienne; nous avons toujours besoin de pardon – ensuite pour la paix dans nos relations; et, enfin, pour qu’Il nous aide dans les tentations et qu’il nous libère du mal.

Demander, supplier. Cela est très humain. Écoutons encore le Catéchisme: «C’est par la prière de demande que nous traduisons la conscience de notre relation à Dieu : créatures, nous ne sommes ni notre origine, ni maître des adversités, ni notre fin ultime, mais aussi, pécheurs, nous savons, comme chrétiens, que nous nous détournons de notre Père. La demande est déjà un retour vers Lui» (n. 2629).

Si quelqu’un se sent mal parce qu’il a fait de mauvaises choses – c’est un pécheur – quand il prie le Notre Père, il se rapproche déjà du Seigneur. Parfois nous pouvons croire que nous n’avons besoin de rien, que nous nous suffisons à nous-mêmes et que nous vivons dans l’autosuffisance complète. Parfois cela arrive!

Mais tôt ou tard, cette illusion s’évanouit. L’être humain est une invocation, qui parfois devient un cri, souvent retenu. L’âme ressemble à une terre desséchée, assoiffée, comme le dit le Psaume (cf. Ps 63, 2). Nous faisons tous l’expérience, à un moment ou l’autre de notre existence, du temps de la mélancolie ou de la solitude.

La Bible n’a pas honte de montrer la condition humaine marquée par la maladie, par les injustices, par la trahison des amis, ou par les menaces des ennemis. Il semble parfois que tout s’effondre, que la vie vécue jusqu’à présent a été vaine. Et dans ces situations apparemment sans débouché, il y a une unique issue: le cri, la prière: «Seigneur, aide-moi!» La prière ouvre des soupiraux de lumière dans les ténèbres les plus sombres. «Seigneur, aide-moi!». Cela ouvre la route, ouvre le chemin.

Nous les êtres humains, nous partageons cette invocation d’aide avec toute la création. Nous ne sommes pas les seuls à “prier” dans cet univers infini: chaque fragment de la création porte inscrit le désir de Dieu. Et saint Paul l’a exprimé de cette manière. Il dit ce qui suit: «Nous le savons en effet, toute la création jusqu’à ce jour gémit en travail d’enfantement.

Et non pas elle seule : nous-mêmes qui possédons les prémices de l’Esprit, nous gémissons nous aussi intérieurement» (Rm 8, 22-24). En nous retentit le gémissement multiforme des créatures: des arbres, des rochers, des animaux … Chaque chose aspire à un accomplissement.

Tertullien a écrit: «Chaque être créé prie, les animaux et les fauves prient et s’agenouillent; quand ils sortent des étables ou des tanières, ils lèvent la tête vers le ciel et ne restent pas la bouche fermée, ils font retentir leur cri selon leurs habitudes. Et les oiseaux aussi, dès qu’ils prennent leur envol, s’élèvent vers le ciel et ouvrent leurs ailes comme si c’était des mains en forme de croix, en gazouillant quelque chose qui ressemble à une prière » (De oratione, XXIX).

Il s’agit d’une expression poétique pour faire un commentaire à ce que saint Paul dit, « que toute la création gémit, prie». Mais nous sommes les seuls à prier de manière consciente, à savoir que nous nous adressons au Père et à entrer en dialogue avec le Père.

Nous ne devons donc pas nous scandaliser si nous sentons le besoin de prier, ne pas avoir honte. Et surtout, quand nous sommes dans le besoin, demander. En parlant d’un homme malhonnête qui doit faire ses comptes avec son maître, Jésus dit cela: “Demander, j’ai honte”

. Et beaucoup d’entre nous éprouvent ce sentiment: nous avons honte de demander; de demander de l’aide, de demander quelque chose à quelqu’un pour nous aider à faire, à arriver à ce but, et aussi honte de demander à Dieu.

Il ne faut pas avoir honte de prier et de dire: “Seigneur, j’ai besoin de cela”, “Seigneur, je suis en difficulté”, “Aide-moi!”. C’est le cri du cœur vers Dieu qui est Père. Et nous devons apprendre à le faire également dans les moments heureux; rendre grâce à Dieu pour chaque chose qui nous a été donnée, et ne rien considérer comme évident ou dû: tout est grâce.

Le Seigneur nous donne toujours, toujours, et tout est grâce, tout. La grâce de Dieu. Cependant, n’étouffons pas la supplique qui naît en nous spontanément. La prière de demande va de pair avec l’acceptation de notre limite et de notre condition de créature.

On peut aussi ne pas arriver à croire en Dieu, mais il est difficile de ne pas croire dans la prière: celle-ci existe simplement; elle se présente à nous comme un cri; et nous avons tous affaire avec cette voix intérieure qui peut peut-être se taire pendant longtemps, mais qui un jour se réveille et crie.

Frère et sœurs, nous savons que Dieu répondra. Il n’y a pas d’orant dans le Livre des Psaumes qui élève sa lamentation et qui ne soit pas écouté. Dieu répond toujours: aujourd’hui, demain, mais il répond toujours, d’une manière ou d’une autre. Il répond toujours. La Bible le répète un nombre infini de fois : Dieu écoute le cri de celui qui l’invoque.

Même nos demandes balbutiantes, celles qui sont restées au fond de notre cœur, que nous avons honte d’exprimer, le Père les écoute et il veut nous donner son Esprit Saint, qui anime chaque prière et transforme chaque chose. C’est une question de patience, toujours, de supporter l’attente. A présent, nous sommes dans le temps de l’Avent, un temps typique d’attente pour Noël. Nous sommes en attente. On le voit bien.

Mais toute notre vie est également en attente. Et la prière est toujours en attente, parce que nous savons que le Seigneur répondra. Même la mort tremble quand un chrétien prie, car elle sait que chaque orant a un allié plus fort qu’elle: le Seigneur Ressuscité. La mort a déjà été vaincue dans le Christ, et le jour viendra où tout sera définitif, et elle ne se moquera plus de notre vie et de notre bonheur.

Apprenons à être dans l’attente du Seigneur. Le Seigneur vient nous rendre visite, pas seulement pendant ces grandes fêtes – Noël, Pâques -, le Seigneur nous rend visite chaque jour dans l’intimité de notre cœur si nous sommes dans l’attente.

Et très souvent, nous ne nous rendons pas compte que le Seigneur est proche, qu’il frappe à notre porte et nous le laissons passer. “J’ai peur de Dieu quand il passe; j’ai peur qu’il passe et de ne pas m’en apercevoir”, disait saint Augustin. Et le Seigneur passe, le Seigneur vient, le Seigneur frappe. Mais si tu as les oreilles pleines d’autres bruits, tu n’entendras pas l’appel du Seigneur.

Frères et sœurs, être dans l’attente: voilà ce qu’est la prière!


Je salue cordialement les personnes de langue française. Hier nous avons célébré la solennité de l’Immaculée Conception. Apprenons de la Vierge Marie à nous tourner avec confiance vers son Fils Jésus, et confions-lui toutes nos demandes pour qu’elle les lui présente. Que Dieu vous bénisse !


Résumé de la catéchèse du Saint-Père :

Frères et sœurs, dans le Notre Père Jésus nous enseigne à prier en nous plaçant dans une relation de confiance filiale à l’égard de Dieu, pour lui adresser toutes nos demandes. Parfois nous pouvons croire que nous n’avons besoin de rien, que nous pouvons vivre en autosuffisance. Mais, tôt ou tard, cette illusion s’évanouit.

A un moment ou l’autre de notre vie nous faisons l’expérience de situations apparemment sans issue, où il n’y a qu’une seule voie de sortie : le cri, la prière : « Seigneur aide-moi ! ». La prière ouvre des trouées de lumière dans les ténèbres les plus épaisses. Et nous ne sommes pas les seuls à prier dans l’immense univers.

Toute la création porte inscrit en elle le désir de Dieu. En nous résonne le gémissement multiforme des créatures. Nous ne devons donc pas nous scandaliser si nous sentons le besoin de prier surtout lorsque nous sommes dans le besoin. Et dans les moments heureux, nous devons remercier Dieu pour tout ce qu’il nous a donné et ne rien retenir comme un dû. Tout est grâce.

La prière de demande va de pair avec l’acceptation de nos limites et du fait que nous sommes des créatures. La Bible ne cesse de nous répéter que Dieu écoute le cri de celui qui l’invoque, même ses demandes balbutiantes, même celles qui restent au fond de son cœur. Le Père veut nous donner son Esprit.


© Copyright – Libreria Editrice Vaticana

année spéciale dédiée à saint Joseph

année spéciale dédiée à saint Joseph

Avec la Lettre Apostolique « Patris corde » (avec un cœur de père), le Pape François rappelle le 150e anniversaire de la proclamation de saint Joseph comme Patron de l’Église universelle. À cette occasion, une «année spéciale saint Joseph» se tiendra du 8 décembre 2020 au 8 décembre 2021.

 

Saint Joseph Chapelle Note-Dame de la Médaille Miraculeuse Paris
Saint Joseph Chapelle Note-Dame de la Médaille Miraculeuse Paris

Un père aimé, un père dans la tendresse, dans l’obéissance et dans l’accueil, un père au courage créatif, un travailleur, toujours dans l’ombre: ce sont avec ces mots, empreints de tendresse, que le Pape François décrit saint Joseph dans la Lettre apostolique « Patris corde », publiée mardi 8 décembre à l’occasion du 150e anniversaire de la proclamation de l’Époux de la Vierge Marie comme Patron de l’Église universelle.

C’est en effet par le décret “Quemadmodum Deus”, signé le 8 décembre 1870, que le bienheureux Pie IX a voulu que ce titre soit attribué à saint Joseph. Pour célébrer cet anniversaire, le Souverain pontife décrète une Année spéciale dédiée au père putatif de Jésus.

La pandémie de Covid-19 nous fait comprendre l’importance des personnes ordinaires, celles qui, éloignées des projecteurs, font preuve de patience, insufflent l’espérance et veillent à créer une vraie co-responsabilité. À l’image de saint Joseph, «l’homme qui passe inaperçu, l’homme de la présence quotidienne, discrète et cachée», et qui, pourtant, «joue un rôle inégalé dans l’histoire du salut».

Père aimé, tendre et obéissant

Saint Joseph, en effet, a exprimé concrètement sa paternité en ayant «fait de sa vie une oblation de soi, de son cœur et de toute capacité d’amour mise au service du Messie» (Paul VI, homélie, 19 mars 1966). C’est précisément en raison de son «rôle charnière qui unit l’Ancien et le Nouveau testament» qu’il a «toujours été très aimé par le peuple chrétien».

En lui, «Jésus a vu la tendresse de Dieu», «celle qui nous fait accueillir notre faiblesse», parce c’est «à travers, et en dépit de notre faiblesse» que se réalise la plus grande partie des desseins de Dieu.

«Seule la tendresse nous sauvera de l’œuvre de l’Accusateur», et c’est en rencontrant la miséricorde de Dieu, «notamment dans le Sacrement de la Réconciliation, que nous pouvons faire une expérience de vérité et de tendresse», parce que «Dieu ne nous condamne pas, mais nous accueille, nous embrasse, nous soutient, nous pardonne.»

Joseph est également père dans l’obéissance à Dieu : avec son “fiat”, il sauve Marie et Jésus et enseigne à son Fils à «faire la volonté du Père». Appelé par Dieu à servir la mission de Jésus, «il coopère dans la plénitude du temps au grand mystère de la Rédemption et il est véritablement ministre du salut.»

Un père qui accueille la volonté de Dieu et du prochain

Dans le même temps, Joseph est «père dans l’accueil», parce qu’il reçoit Marie «sans conditions préalables», un geste important encore aujourd’hui, «en ce monde où la violence psychologique, verbale et physique envers la femme est patente».

L’Époux de Marie est celui qui, confiant dans le Seigneur, accueille dans sa vie des événements qu’il ne comprend pas, laissant de côté ses raisonnements et se réconciliant avec sa propre histoire.

La vie spirituelle de Joseph «n’est pas un chemin qui explique, mais un chemin qui accueille», ce qui ne fait pas de lui un «homme passivement résigné» pour autant. Au contraire: «il est fortement et courageusement engagé», car avec la force pleine d’espérance de l’Esprit-saint, Joseph a su faire aussi place «à cette partie contradictoire, inattendue, décevante de l’existence».

Ce que Dieu dit à notre saint, il semble le répéter à nous aussi: «N’ayez pas peur!», parce que «la foi donne un sens à tout évènement, heureux ou triste», et nous fait prendre conscience que «Dieu peut faire germer des fleurs dans les rochers».

Non seulement Joseph ne cherche-t-il pas de raccourcis, «mais il affronte “les yeux ouverts” ce qui lui arrive en en assumant personnellement la responsabilité». Ainsi donc, son accueil «nous invite à accueillir les autres sans exclusion, tels qu’ils sont, avec une prédilection pour les faibles».

Père courageux et créatif, exemple d’amour pour l’Église et les pauvres

« Patris corde » met en exergue «le courage créatif» de saint Joseph, celui que l’on rencontre dans les difficultés et qui tire de nous des ressources que nous ne pensions même pas avoir. «Le charpentier de Nazareth sait transformer un problème en opportunité, faisant toujours confiance à la Providence».

Il affronte les problèmes concrets de sa famille, comme le font toutes les autres familles du monde, en particulier celles des migrants. «En ce sens, je crois que saint Joseph est vraiment un patron spécial pour tous ceux qui doivent laisser leur terre à cause des guerres, de la haine, de la persécution et de la misère».

Gardien de Jésus et de Marie, Joseph «ne peut pas ne pas être le gardien de l’Église», de sa maternité et du Corps du Christ: «chaque nécessiteux, chaque pauvre, chaque souffrant, chaque moribond, chaque étranger, chaque prisonnier, chaque malade est “l’Enfant” que Joseph continue de défendre», et de lui, nous apprenons  à «aimer l’Église des pauvres».

Un père qui enseigne la valeur, la dignité et la joie du travail

Honnête charpentier qui a travaillé «pour garantir la subsistance de sa famille», Joseph nous enseigne aussi «la valeur, la dignité et la joie» de «manger le pain, fruit de son travail». C’est l’occasion pour le Pape de lancer un appel en faveur du travail, «devenu une urgente question sociale» même dans les pays où l’on vit un certain bien-être.

«Il est nécessaire de comprendre, avec une conscience renouvelée, la signification du travail qui donne la dignité» qui «devient participation à l’œuvre même du salut» et «occasion de réalisation, non seulement pour soi-même mais surtout pour ce noyau originel de la société qu’est la famille».

La personne qui travaille, «collabore avec Dieu lui-même et devient un peu créatrice du monde qui nous entoure». De là, l’exhortation du Pape «à redécouvrir la valeur, l’importance et la nécessité du travail pour donner naissance à une nouvelle “normalité” dont personne n’est exclu».

Au regard de l’aggravation de la pandémie de Covid-19, le Pape François appelle à «revoir nos priorités» afin que nous puissions nous engager à dire: «aucun jeune, aucune personne, aucune famille sans travail!»

Père dans l’ombre, décentré par amour de Marie et Jésus

Prenant appui sur L’ombre du Père, livre de l’écrivain polonais Jan Dobraczyński, le Souverain pontife décrit la paternité de Joseph envers Jésus comme «l’ombre sur la terre du Père Céleste». «On ne naît pas père, on le devient», «parce qu’on prend soin d’un enfant», en assumant la responsabilité de sa vie.

Malheureusement, dans la société contemporaine, «les enfants semblent souvent être orphelins de père», de père capable «d’introduire l’enfant à l’expérience de la vie», sans le retenir ou le posséder, mais bien en le rendant «capable de choix, de liberté, de départs».

En ce sens, Joseph est qualifié de «très chaste», ce qui exprime «le contraire de la possession»: il «a su aimer de manière extraordinairement libre» pour mettre au centre de sa vie, Marie et Jésus.

Le bonheur de Joseph est dans «le don de soi»: jamais frustré mais toujours confiant, Joseph reste silencieux, sans se lamenter, mais pose toujours «des gestes concrets de confiance».

Sa figure devient d’autant plus exemplaire dans un monde «qui a besoin de pères, et refuse les chefs», «refuse ceux qui confondent autorité avec autoritarisme, service avec servilité, confrontation avec oppression, charité avec assistanat, force avec destruction».

Le véritable père est celui qui «renonce à la tentation de vivre la vie des enfants», et en respecte la liberté, parce que la paternité vécue pleinement rend le père «inutile» à partir du moment où «l’enfant est autonome et marche tout seul sur les sentiers de la vie». Être père n’est jamais «un exercice de possession», mais «un signe qui renvoie à une paternité plus haute», «au Père céleste».

La prière quotidienne du Pape à saint Joseph

« Patris corde », qui se conclut par une prière à saint Joseph, révèle également -à la note 10- une habitude de vie du Pape François: tous les jours en effet, «depuis plus de 40 ans», le Saint-Père récite une prière à l’Époux de Marie «tirée d’un livre français de dévotion des années 1800 de la Congrégation des religieuses de Jésus et Marie».

Il s’agit d’une prière «qui exprime dévotion et confiance» à saint Joseph mais qui parle aussi d’un «certain défi», car elle se termine avec ces mots: «Qu’il ne soit pas dit que je t’ai invoqué en vain, et puisque tu peux tout auprès de Jésus et de Marie, montre-moi que ta bonté est aussi grande que ton pouvoir.»

Indulgence plénière pour «l’Année saint Joseph»

La Lettre apostolique « Patris corde » s’accompagne d’un décret de la Pénitencerie apostolique annonçant «l’Année spéciale de saint Joseph» décrétée par le Pape et la concession relative du «don d’indulgences spéciales».

Il donne aussi des indications spécifiques pour les journées traditionnellement consacrées à la mémoire de l’Époux de Marie, comme le 19 mars et le 1er mai, ainsi que pour les malades et les personnes âgées, «dans le contexte actuel de l’urgence sanitaire».

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