LETTRE DU PAPE FRANÇOIS  SUR L’EUROPE

LETTRE DU PAPE FRANÇOIS
SUR L’EUROPE

Lettre au Cardinal Secrétaire d’État à l’occasion du 40° anniversaire de la Commission des Épiscopats de l’Union Européenne (COMECE), du 50° anniversaire de la Commission de l’établissement des rapports diplomatiques entre le Saint-Siège et l’Union Européenne et du 50° anniversaire de la présence du Saint-Siège au Conseil de l’Europe en qualité d’Observateur Permanent.

Cette année, le Saint-Siège et l’Église en Europe célèbrent quelques anniversaires significatifs. Il y a cinquante ans, en effet, s’est concrétisée la collaboration entre le Saint-Siège et les Institutions européennes apparues après la deuxième guerre mondiale, par l’établissement des relations diplomatiques avec les Communautés Européennes d’alors et la présence du Saint-Siège comme Observateur auprès du Conseil de l’Europe.

En 1980, a ensuite vu le jour la Commission des Épiscopats des Communautés Européennes (COMECE) à laquelle toutes les Conférences Épiscopales des États Membres de l’Union Européenne participent avec leur propre délégué, dans le but de favoriser « une plus étroite collaboration entre les dits Épiscopats, dans l’ordre des questions pastorales liées au développement des compétences et des activités de l’Union ».[1] Cette année, est aussi célébré le 70e anniversaire de la Déclaration Schuman, un évènement d’une importance capitale qui a inspiré la longue marche d’intégration du continent, en permettant de dépasser les hostilités produites par les deux conflits mondiaux.

A la lumière de ces évènements, vous avez prochainement programmé des visites significatives aux autorités de l’Union Européenne, à l’Assemblée Plénière de la COMECE et aux autorités du Conseil de l’Europe, en vue desquelles je crois qu’il est de mon devoir de partager avec vous quelques réflexions sur l’avenir de ce continent qui m’est particulièrement cher, non seulement en raison de mes origines familiales, mais aussi pour le rôle central qu’il a eu et que j’estime qu’il doit encore avoir, bien qu’avec des accents différents, dans l’histoire de l’humanité.

Ce rôle devient encore plus important dans le contexte de pandémie que nous traversons. Le projet européen apparaît, en effet, comme volonté de mettre fin aux divisions du passé.

Il naît de la conscience qu’ensemble et unis on est plus forts, que « l’unité est supérieure au conflit »[2]et que la solidarité peut être « une manière de faire l’histoire, un domaine vital où les conflits, les tensions, et les oppositions peuvent atteindre une unité multiforme, unité qui engendre une nouvelle vie ».[3]

A notre époque qui « est en train de donner des signes de recul »,[4] où prévaut toujours plus l’idée de s’en sortir tout seul, la pandémie se présente comme un tournant qui oblige à faire un choix : ou bien on continue sur la voie entreprise dans la dernière décennie, animée par la tentation de l’autonomie, en faisant face à des incompréhensions, à des oppositions et à des conflits croissants ; ou alors on redécouvre le chemin de la fraternité, qui a sans aucun doute inspiré et animé les Pères fondateurs de l’Europe moderne, à partir justement de Robert Schuman.

Dans les chroniques européennes de ces derniers mois, la pandémie a mis en évidence tout cela : la tentation de s’en sortir tout seul, en cherchant des solutions unilatérales à un problème qui dépasse les frontières des États, mais aussi, grâce au grand esprit de médiation qui caractérise les Institutions européennes, le désir de parcourir avec conviction le chemin de la fraternité qui est aussi le chemin de la solidarité, en mettant en œuvre la créativité et de nouvelles initiatives.

Cependant, les mesures prises ont besoin de se consolider, pour éviter que les poussées centrifuges reprennent force. Résonnent alors aujourd’hui, plus que jamais actuelles, les paroles que saint Jean-Paul II a prononcées dans l’Acte européiste de Saint-Jacques-de-Compostelle : Europe, « retrouve-toi toi-même, sois toi-même ».[5]

A une époque de changements brusques, il y a le risque de perdre son identité, spécialement lorsque font défaut les valeurs partagées sur lesquelles fonder la société.

A l’Europe je voudrais donc dire : toi, qui as été au cours des siècles un foyer d’idéaux et qui sembles maintenant perdre ton élan, ne t’arrête pas à regarder ton passé comme un album de souvenirs. Avec le temps, même les mémoires les plus belles s’estompent et on finit par ne plus s’en rappeler.

Tôt ou tard on s’aperçoit que les contours de son visage se fanent, on s’y retrouve épuisé et fatigué de vivre le temps présent et on regarde l’avenir avec peu d’espérance. Sans un élan idéal, on s’y redécouvre ensuite fragile et divisé et plus enclin à donner libre cours à la plainte et à se laisser attirer par celui qui fait de la plainte et de la division un style de vie personnel, social et politique.

Europe, retrouve-toi toi-même ! Retrouve donc tes idéaux qui ont des racines profondes. Sois toi-même ! N’aie pas peur de ton histoire millénaire qui est une fenêtre sur l’avenir plus que sur le passé.

N’aie pas peur de ton besoin de vérité qui de la Grèce antique a étreint la terre, en mettant en lumière les interrogations les plus profondes de tout être humain ; de ton besoin de justice qui s’est développé par le droit romain et, avec le temps, est devenu respect pour tout être humain et pour ses droits ; de ton besoin d’éternité, enrichi par la rencontre avec la tradition judéo-chrétienne, qui se reflète dans ton patrimoine de foi, d’art et de culture.

Aujourd’hui, pendant qu’en Europe beaucoup s’interrogent avec découragement sur son avenir, un grand nombre la regarde avec espérance, convaincu qu’elle a encore quelque chose à offrir au monde et à l’humanité.

C’est la même confiance qui a inspiré Robert Schuman, conscient que « la contribution qu’une Europe organisée et vivante peut apporter à la civilisation est indispensable au maintien des relations pacifiques ».[6] C’est la même confiance que nous pouvons avoir, à partir des valeurs partagées et enracinées dans l’histoire et dans la culture de cette terre.

De quelle Europe rêvons-nous donc pour l’avenir ? En quoi consiste sa contribution originale? Dans le monde actuel, il ne s’agit pas de récupérer une hégémonie politique ou une centralité géographique, il ne s’agit pas non plus d’élaborer des solutions innovantes aux problèmes économiques et sociaux.

L’originalité européenne réside avant tout dans sa conception de l’homme et de la réalité ; dans sa capacité d’initiative et dans sa solidarité active.

Je rêve alors d’une Europe amie de la personne et des personnes.

Une terre où la dignité de chacun soit respectée, où la personne soit une valeur en soi et non l’objet d’un calcul économique ou un bien commercial.

Une terre qui protège la vie à chacun de ses moments, dès l’instant où elle apparaît invisible dans le sein maternel jusqu’à sa fin naturelle, parce qu’aucun être humain n’est maître de la vie, la sienne ou celle d’autrui.

Une terre qui favorise le travail comme moyen privilégié pour la croissance personnelle et pour l’édification du bien commun, en créant des opportunités d’emploi spécialement pour les plus jeunes.

Être amis de la personne signifie en favoriser l’instruction et le développement culturel. Cela signifie protéger celui qui est plus fragile et faible, spécialement les personnes âgées, les malades qui ont besoin de soins coûteux et les personnes handicapées.

Être amis de la personne signifie en protéger les droits, mais aussi en rappeler les devoirs. Cela signifie se rappeler que chacun est appelé à offrir sa contribution à la société, puisque personne n’est un univers indépendant et ne peut exiger le respect pour soi, sans respect pour les autres ; on ne peut pas recevoir si en même temps on n’est pas disposé aussi à donner.

Je rêve d’une Europe qui soit une famille et une communauté. Un lieu qui sait valoriser les particularités de chaque personne et de chaque peuple, sans oublier qu’ils sont unis par des responsabilités communes. Être famille signifie vivre dans l’unité, en tirant profit des différences, à partir de la différence fondamentale entre l’homme et la femme.

Dans ce sens, l’Europe est une véritable famille de peuples, différents entre eux, et pourtant liés par une histoire et par un destin communs. Les années récentes, et encore plus la pandémie, ont montré que personne ne peut y arriver seul et qu’une certaine manière individualiste de considérer la vie et la société conduit seulement au découragement et à la solitude.

Tout être humain aspire à faire partie d’une communauté, c’est-à-dire d’une réalité plus grande qui le transcende et qui donne sens à son individualité. Une Europe divisée, composée de réalités solitaires et indépendantes, se trouvera facilement incapable d’affronter les défis du futur.

Une Europe communauté, solidaire et fraternelle, saura au contraire tirer profit des différences et de la contribution de chacun pour affronter ensemble les questions qui l’attendent, à partir de la pandémie, mais aussi du défi écologique, qui ne concerne pas seulement la protection des ressources naturelles et la qualité de l’environnement que nous habitons.

Il s’agit de choisir entre un modèle de vie qui écarte hommes et choses et un modèle inclusif qui valorise la création et les créatures.

Je rêve d’une Europe solidaire et généreuse. Un lieu accueillant et hospitalier, où la charité – qui est la suprême vertu chrétienne – vainc toute forme d’indifférence et d’égoïsme. La solidarité est expression fondamentale de toute communauté et exige qu’on prenne soin l’un de l’autre.

Assurément nous parlons d’une “solidarité intelligente” qui ne se limite pas seulement à répondre le cas échéant aux besoins fondamentaux.

Être solidaires signifie conduire celui qui est plus faible sur un chemin de croissance personnelle et sociale, en sorte qu’un jour il puisse à son tour aider les autres. Comme un bon médecin qui ne se limite pas à administrer un remède, mais qui accompagne le patient jusqu’à la guérison totale.

Être solidaire signifie se faire proches. Pour l’Europe, cela signifie particulièrement se rendre disponible, proche et disposé à soutenir, à travers la coopération internationale, les autres continents, je pense spécialement à l’Afrique, afin que soient résolus les conflits en cours et que démarre un développement humain durable.

La solidarité se nourrit ensuite de gratuité et produit la gratitude. Et la gratitude nous amène à regarder l’autre avec amour ; mais quand nous oublions de remercier pour les bienfaits reçus, nous sommes plus enclins à nous renfermer sur nous-mêmes et à vivre dans la peur de tout ce qui nous entoure et qui est différent de nous.

Nous le voyons dans les nombreuses peurs qui traversent nos sociétés d’aujourd’hui, parmi lesquelles je ne peux pas taire la méfiance à l’égard des migrants. Seule une Europe qui est une communauté solidaire peut faire face à ce défi de manière fructueuse, alors que toute solution partielle a déjà démontré son insuffisance.

Il est évident, en effet, que le bon accueil des migrants ne peut pas se limiter à de simples opérations d’assistance de celui qui arrive, souvent en échappant à des conflits, à des famines ou à des désastres naturels, mais il doit permettre leur intégration de sorte qu’ils puissent « connaître, respecter et assimiler aussi la culture ainsi que les traditions de la nation qui les accueille ».[7]

Je rêve d’une Europe sainement laïque, où Dieu et César soient distincts mais pas opposés. Une terre ouverte à la transcendance, où celui qui est croyant soit libre de professer publiquement sa foi et de proposer son point de vue dans la société.

Les temps des confessionnalismes sont finis, mais – on l’espère – même le temps d’un certain laïcisme qui ferme les portes aux autres et surtout à Dieu,[8] puisqu’il est évident qu’une culture ou un système politique qui ne respecte pas l’ouverture à la transcendance ne respecte pas convenablement la personne humaine.

Les chrétiens ont aujourd’hui une grande responsabilité : comme le levain dans la pâte, ils sont appelés à réveiller la conscience de l’Europe, pour animer des processus qui produisent de nouveaux dynamismes dans la société.[9] Je les exhorte donc à s’engager avec courage et détermination pour offrir leur contribution dans chaque domaine où ils vivent et travaillent.

Que la protection de ses saints Patrons ne manque pas à notre chère Europe : saint Benoît, les saints Cyrille et Méthode, sainte Brigitte, sainte Catherine et sainte Thérèse Bénédicte de la Croix (Edith Stein), hommes et femmes qui par amour du Seigneur se sont prodigués sans relâche au service des plus pauvres et en faveur du développement humain, social et culturel de tous les peuples européens.

En me confiant à vos prières et à celles de tous ceux que vous rencontrerez au cours de votre voyage, puissiez-vous apporter à tous ma Bénédiction.

Du Vatican, le 22 octobre 2020,
mémoire de Saint Jean-Paul II.

Pape François

[1] Statut de la COMECE, art. 1.

[2] Exhort. ap. Evangelii gaudium (24 novembre 2013), n. 228.

[3] Ibid.

[4] Lett. enc. Fratelli tutti (3 octobre 2020), n. 11.

[5] 9 novembre 1982, n. 4.

[6] Déclaration Schuman, Paris, 9 mai 1950.

[7] Discours aux participants à la Conférence “(Re)Thinking Europe”, (28 octobre 2017).

[8] Cf. Interview à l’hebdomadaire catholique belge,“Tertio” (7 décembre 2016).

[9] Discours aux participants à la Conférence “(Re)Thinking Europe”, cit.


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condoléances du Pape à l’évêque de Nice

condoléances du Pape à l’évêque de Nice

Priant pour les victimes du « sauvage attentat » survenu dans la basilique Notre-Dame de Nice, le Pape adresse ses condoléances à l’évêque de la ville, Mgr André Marceau dans un télégramme signé par le cardinal Pietro Parolin, et il exhorte le peuple français à l’unité.

« Informé du sauvage attentat qui a été perpétré ce matin dans une église de Nice, causant la mort de plusieurs personnes innocentes, Sa Sainteté le Pape François s’associe par la prière à la souffrance des familles éprouvées et partage leur peine. Il demande au Seigneur de leur apporter le réconfort et il recommande les victimes à sa miséricorde.

Condamnant de la plus énergique manière de tels actes violents de terreur, il assure de sa proximité la Communauté catholique de France et tout le peuple français qu’il appelle à l’unité. Confiant la France à la protection de Notre-Dame, il donne de grand cœur la Bénédiction apostolique à toutes les personnes que touche ce drame. »

Plus tôt dans la journée, un communiqué officiel a été publié par Matteo Bruni, directeur du Bureau de presse du Saint-Siège. «C’est un moment de douleur dans un temps de confusion. Le terrorisme et la violence ne peuvent jamais être acceptés. L’attentat d’aujourd’hui a semé la mort dans un lieu d’amour et de consolation, comme la maison du Seigneur.»

Voici le Tweet du Pape François : « Je suis proche de la communauté catholique de #Nice, en deuil après l’attaque qui a semé la mort dans un lieu de prière et de consolation. Je prie pour les victimes, pour leurs familles et pour le bien-aimé peuple français, afin qu’il puisse réagir au mal par le bien. »

La ville de Nice et la France entière sont sous le choc après l’ attentat commis ce matin dans la basilique Notre-Dame, dans le centre de la cité portuaire, éprouvée il y a quatre ans déjà par l’attentat du 14 juillet. Réactions et condamnations affluent de par le monde. Les fidèles catholiques de France s’unissent à la douleur de leurs frères niçois. Toutes les églises du pays ont sonné le glas à 15h cet après-midi.

Catéchèse – 12. Jésus homme de prière

Lors de l’audience générale, le Pape François a poursuivi ce mercredi matin son cycle de catéchèses sur la prière, salle Paul VI, au Vatican. Il s’est exprimé sur la première prière de Jésus sur les bords du Jourdain lors de son baptême par Jean-Baptiste. Au milieu des pécheurs, il reçoit la bénédiction de Dieu le Père qu’il étendra ensuite à tout le peuple.

PAPE FRANÇOIS

AUDIENCE GÉNÉRALE

Salle Paul VI
Mercredi 28 octobre 2020


Catéchèse – 12. Jésus homme de prière

Résumé

Frères et sœurs, nous poursuivons notre parcours sur la prière par le récit du Baptême du Seigneur. Bien que sans péché, Jésus se fait solidaire de notre condition humaine et il prie avec les pécheurs du peuple de Dieu.

Il ne reste pas à distance mais se plonge dans les mêmes eaux de purification. Inaugurant sa mission, il se met à la tête d’un peuple de pénitents, se chargeant d’ouvrir une brèche à travers laquelle tous devront avoir le courage de passer après lui. L’évangéliste met en évidence le climat de prière dans lequel le baptême de Jésus se déroule.

C’est en priant que Jésus ouvre la porte des cieux, que descend l’Esprit Saint, et que le Père déclare qu’il est le Fils bien aimé. Cette prière de Jésus, qui, à ce moment, lui est personnelle, deviendra par grâce la prière de tous les baptisés dans le Christ.

Ainsi, dans les moments sombres de la vie nous devons supplier pour que la prière de Jésus devienne aussi la nôtre. Nous entendrons alors une voix du ciel nous dire avec tendresse : « Tu es aimé de Dieu, tu es fils du Père, tu es sa joie ».

***

Chers frères et sœurs, bonjour!

Aujourd’hui, dans cette audience, comme nous l’avons fait lors d’audiences précédentes, je resterai ici. J’aimerais descendre, dire bonjour à tout le monde, mais il faut garder nos distances, car si je descends tout de suite il y a un rassemblement pour dire bonjour, et c’est contre les traitements, les précautions qu’il faut avoir devant cette « dame » qui s’appelle Covid et cela nous fait tellement mal.

Pour cela, excusez-moi si je ne descends pas vous saluer: je vous salue d’ici mais je vous porte tous dans mon cœur. Et vous, portez-moi dans votre cœur et priez pour moi. De loin, on peut prier les uns pour les autres; Merci de votre compréhension.

Dans notre itinéraire de catéchèse sur la prière, après avoir parcouru l’Ancien Testament, nous arrivons maintenant à Jésus, et Jésus a prié. Le début de sa mission publique a lieu avec le baptême dans le Jourdain.

Les évangélistes sont d’accord pour attribuer une importance fondamentale à cet épisode. Ils racontent comment tous les gens se sont réunis dans la prière, et ils précisent en quoi ce rassemblement avait un caractère pénitentiel clair (cf. Mc 1,5; Mt 3,8). Les gens sont allés vers Jean pour se faire baptiser pour le pardon des péchés: il y a un caractère pénitentiel, de conversion.

Le premier acte public de Jésus est donc la participation à une prière chorale du peuple, une prière du peuple qui va se faire baptiser, une prière pénitentielle, où chacun se reconnaît comme pécheur. Pour cette raison, le Baptiste voudrait s’opposer et dit: « Est-ce moi qui ai besoin d’être baptisé par toi, et tu viens à moi? » (Mt 3, 14).

Le Baptiste comprend qui était Jésus, mais Jésus insiste: c’est un acte qui obéit à la volonté du Père (v. 15), un acte de solidarité avec notre condition humaine. Il prie avec les pécheurs du peuple de Dieu, gardons ceci à l’esprit: Jésus est le juste, il n’est pas un pécheur.

Mais Il voulait descendre vers nous, pécheurs, et Il prie avec nous, et quand nous prions, Il est avec nous en train de prier; Il est avec nous parce qu’il est au ciel en train de prier pour nous. Jésus prie toujours avec son peuple, il prie toujours avec nous toujours.

Nous ne prions jamais seuls, nous prions toujours avec Jésus. Il ne reste pas sur la rive opposée du fleuve – «Je suis juste, vous les pécheurs» – pour marquer sa diversité et sa distance par rapport aux désobéissants, mais il plonge ses pieds dans les mêmes eaux de purification. Il agit comme un pécheur. Et c’est la grandeur de Dieu qui a envoyé son Fils qui s’est anéanti et est apparu comme un pécheur.

Jésus n’est pas un Dieu lointain, et il ne peut pas l’être. L’incarnation l’a révélé d’une manière complète et humainement impensable. Ainsi, en inaugurant sa mission, Jésus se met à la tête d’un peuple de pénitents, comme s’il se chargeait d’ouvrir une brèche par laquelle nous devons tous, après lui, avoir le courage de passer. Mais le chemin, le chemin est difficile; mais Il s’en va, ouvrant la voie.

Le Catéchisme de l’Église catholique explique que c’est là la nouveauté de la plénitude des temps. Il dit: «La prière filiale, que le Père attendait de ses enfants, est finalement vécue par le Fils unique lui-même dans son humanité, avec les hommes et pour les hommes» (n. 2599). Jésus prie avec nous. Mettons ceci dans nos têtes et nos cœurs: Jésus prie avec nous.

Ce jour-là, sur les rives du Jourdain, il y a donc toute l’humanité, avec ses aspirations tacites à la prière. Il y a surtout le peuple des pécheurs: ceux qui pensaient ne pas pouvoir être aimés de Dieu, ceux qui n’osaient pas dépasser le seuil du temple, ceux qui ne priaient pas parce qu’ils ne se sentaient pas dignes. Jésus est venu pour tout le monde, même pour eux, et il commence précisément par les rejoindre.

Surtout, l’Évangile de Luc met en évidence le climat de prière dans lequel le baptême de Jésus a eu lieu: «Pendant que tout le peuple se faisait baptiser et que Jésus, ayant également reçu le baptême, se tenait dans la prière, le ciel s’est ouvert» (3.21 ). En priant, Jésus ouvre la porte du ciel et le Saint-Esprit descend de cette brèche.

Et d’en haut une voix proclame la prodigieuse vérité: « Tu es mon Fils, le bien-aimé: en toi je me suis plu » (v. 22). Cette simple phrase contient un immense trésor: elle nous fait comprendre quelque chose du mystère de Jésus et de son cœur toujours tourné vers le Père.

Dans le tourbillon de la vie et du monde qui viendra le condamner, même dans les expériences les plus dures et les plus tristes qu’il devra endurer, même lorsqu’il éprouve qu’il n’a nulle part où reposer sa tête (cf.Mt 8, 20), même lorsque se déchaîne autour de lui haine et persécution, Jésus n’est jamais sans le refuge d’une demeure: il demeure éternellement dans le Père.

Cette prière de Jésus, qui sur les rives du Jourdain est totalement personnelle – et il en sera ainsi tout au long de sa vie terrestre – à la Pentecôte elle deviendra par grâce la prière de tous ceux qui sont baptisés dans le Christ. Il a lui-même obtenu ce don pour nous et nous invite à prier en priant.

Pour cette raison, si dans une soirée de prière nous nous sentons faibles et vides, s’il nous semble que la vie a été complètement inutile, nous devons à ce moment implorer que la prière de Jésus devienne aussi la nôtre. «Je ne peux pas prier aujourd’hui, je ne sais pas quoi faire: je n’en ai pas envie, je suis indigne, indigne». A ce moment, il faut se confier à lui pour prier pour nous.

Il est en ce moment devant le Père priant pour nous, il est l’intercesseur; que le Père voit les blessures pour nous. Nous avons confiance en cela! Si nous avons la foi, alors nous entendrons une voix du ciel, plus forte que celle qui monte des bidonvilles de nous-mêmes, et nous entendrons cette voix murmurer des paroles de tendresse: «Tu es le bien-aimé de Dieu, tu es le fils, tu es la joie du Père du Ciel .»

Précisément pour nous, pour chacun de nous la parole du Père résonne: même si nous avons été rejetés de tous, pécheurs de la pire espèce. Jésus n’est pas descendu dans les eaux du Jourdain pour lui-même, mais pour nous tous. C’était tout le peuple de Dieu qui s’est approché du Jourdain pour prier, demander pardon, faire ce baptême de pénitence. Et comme le dit ce théologien, ils se sont approchés du Jourdain « âmes nues et pieds nus ».

L’humilité aussi. Il faut de l’humilité pour prier. Il a ouvert les cieux, comme Moïse avait ouvert les eaux de la mer Rouge, pour que nous puissions tous passer derrière lui, Jésus nous a donné sa propre prière, qui est son dialogue d’amour avec le Père. Il nous l’a donné comme semence de la Trinité, qui veut s’enraciner dans nos cœurs. Accueillons-le! Accueillons ce don, le don de la prière. Toujours avec lui et nous n’irons pas mal.

***

Salutations

Salut Je salue cordialement les personnes de langue française. Jésus nous propose sa prière, son dialogue d’amour avec le Père. Puissions-nous la faire nôtre, surtout dans les moments difficultés, afin de les traverser dans la foi, avec le secours de sa tendresse. Que Dieu vous bénisse.

Je salue cordialement les pèlerins anglophones. Sur vous et vos familles, j’invoque la joie et la paix du Christ. Que Dieu vous bénisse!

Je salue cordialement les fidèles germanophones. Nous remercions le Seigneur pour le don du baptême, par lequel nous sommes devenus enfants de Dieu et membres du Corps mystique du Christ qu’est l’Église. Vivons et partageons cette grâce ineffable avec une joie spirituelle, en restant toujours profondément enracinés dans l’amour paternel de Dieu.

Je salue cordialement les pèlerins hispanophones.Que le Seigneur Jésus nous accorde la grâce de faire de sa prière, qui est un dialogue d’amour avec le Père, devenir aussi la nôtre, avec l’assurance que Dieu nous aime, nous pardonne et nous invite à vivre comme ses fils et ses filles, en intimité avec Lui. Que Dieu vous bénisse tous.

Chers pèlerins de langue portugaise, je vous salue cordialement. Rien ne peut vous empêcher de vivre et de grandir dans l’amitié du Père céleste et de témoigner de toute sa bonté et de sa miséricorde! J’invoque sa bénédiction sur vous et vos familles.

Je salue les fidèles arabophones. La prière chrétienne est une invocation faite avec foi, espérance et charité qui implique la confiance en la volonté de Dieu. Que le Seigneur vous bénisse tous et vous protège toujours de tout mal!

Je salue cordialement les pèlerins polonais. Le 22 octobre, nous avons célébré le mémorial liturgique de Saint Jean-Paul II, en cette année centenaire de sa naissance. Il a toujours exhorté un amour privilégié pour le plus petit et sans défense et pour la protection de chaque être humain, de la conception à la mort naturelle.

Par l’intercession de Marie Très Sainte et du Saint Pontife polonais, je demande à Dieu d’éveiller dans le cœur de tous le respect pour la vie de nos frères, en particulier les plus fragiles et sans défense, et de donner de la force à ceux qui les accueillent et prennent soin d’eux. , même quand il faut un amour héroïque. Que Dieu vous bénisse!

Appel

Je me joins à la douleur des familles des jeunes étudiants brutalement tués samedi dernier à Kumba, au Cameroun. Je suis très déconcerté par un acte aussi cruel et insensé, qui a arraché les petits innocents à la vie alors qu’ils prenaient des cours à l’école. Que Dieu illumine les cœurs, pour que des gestes similaires ne se répètent jamais et pour que les régions tourmentées du Nord-Ouest et du Sud-Ouest du pays puissent enfin trouver la paix!

J’espère que les armes soient silencieuses et que la sécurité de tous et le droit de chaque jeune à l’éducation et à l’avenir puisseent être garantis. J’exprime mon affection aux familles, à la ville de Kumba et à tout le Cameroun et j’invoque le réconfort que seul Dieu peut donner.

* * *

J’adresse un salut cordial aux fidèles italophones. Aujourd’hui, l’Église célèbre la fête des saints apôtres Simon et Judas Thaddée. Je vous exhorte à suivre leur exemple en mettant toujours le Christ au centre de votre vie, pour être de vrais témoins de son Évangile dans notre société.

Enfin, mes pensées vont, comme d’habitude, aux personnes âgées, aux jeunes, aux malades et aux jeunes mariés. Je souhaite que chacun grandisse chaque jour dans la contemplation de la bonté et de la tendresse qui rayonnent de la personne du Christ. Merci.

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