Aller à l’école de Marie

Le Pape François a reçu en audience ce samedi matin en la salle Paul VI au Vatican environ deux cents enseignants et étudiants de la faculté théologique pontificale Marianum, à l’occasion des 75 ans de sa fondation. Dans son discours, il a parlé de l’importance de la mariologie aujourd’hui dans l’Église. «Aller à l’école de Marie c’est aller à l’école de la foi et de la vie».

Le monde sans les mères est sans avenir

Marie dans l'attente
Marie dans l’attente

«Nous avons besoin de redécouvrir la Madone selon la perspective du Concile», car «les temps que nous vivons sont les temps de Marie» comme l’avait souligné le Concile Vatican II.. Celle qui est mère et femme «enseigne bien l’alphabet de la vie humaine et chrétienne».

En tant que mère, elle «a fait de Dieu notre frère» et «peut rendre plus fraternels l’Église et le monde.» «L’Église a besoin de redécouvrir son cœur maternelle qui bat pour l’unité mais notre Terre en a besoin également pour redevenir la maison de tous ses enfants.»  «Nous avons besoin de maternité, de qui génère et régénère la vie avec tendresse parce que seul le don, le soin et le partage tiennent ensemble la famille humaine. Le monde, sans les mères, n’a pas d’avenir.»

«De même que la mère fait de l’Église une famille, la femme fait de nous un peuple.» «La piété populaire fasse appel avec naturel à la Vierge.»

La figure féminine de la Vierge

Le rôle de la femme, essentiel dans l’histoire du salut «ne peut que l’être pour l’Église et pour le monde»«mais combien de femmes ne reçoivent pas dignité qui leur est due». «La femme qui a porté Dieu dans le monde doit pouvoir porter ses dons dans l’histoire. Nous avons besoin de son intelligence et de son style. La théologie en a besoin pour qu’elle ne soit pas abstraite et conceptuelle mais délicate, narrative, vitale».

«Même à travers l’art et la poésie, la beauté humanise et diffuse l’espérance». La théologie doit chercher des «espaces plus dignes pour la femme dans l’Église, à partir de la commune dignité baptismale».

Indulgences pour les défunts prolongées en novembre

«Cette année, en raison des contingences actuelles dues à la pandémie de covid-19, les indulgences plénières pour les fidèles décédés seront prolongées pour tout le mois de novembre, afin de garantir la sécurité des fidèles». C’est ce qui est établi en vue du 2 novembre, jour de prière des défunts par le décret émis par la Pénitencerie apostolique en réponse aux demandes de nombreux évêques face à la situation actuelle, qui prévoit dans de nombreux cas des restrictions anti-contagion.

Le cardinal Mauro Piacenza, Pénitencier majeur, s’est exprimé sur les nouveautés introduites par le nouveau décret «pour éviter les rassemblements là où ils sont interdits» et sur les références particulières qu’il contient envers les malades et les personnes âgées mais aussi les prêtres, tous protagonistes, de manière différente, de cette période extrêmement difficile.

«Ceux qui ne peuvent pas sortir, peut-être parce qu’ils sont en isolement ou parce qu’ils sont malades, pourront obtenir l’indulgence en priant devant une image de Notre Seigneur ou de la Sainte Vierge, en récitant par exemple les Laudes, les Vêpres de l’Office des Morts, le Rosaire, le chapelet de la Miséricorde ou des prières plus habituelles à chaque tradition, ou bien ils pourront aussi procéder à une lecture méditée de l’Évangile de l’une des trois messes prévues pour les fidèles défunts et, enfin, offrir des œuvres de miséricorde.

Pour le reste, les indications sont celles déjà émises par la Pénitencerie le 19 mars dernier – par exemple dans le cas des grands malades – dans la note qui allait vers la possibilité d’une assistance plus rapprochée pour les malades même sans présence physique.

Le décret s’adresse aussi aux prêtres pour lesquels des recommandations spécifiques sont prévues. Il y a une pensée particulière aussi pour les prêtres que nous avons invités à la plus grande disponibilité possible, puisque la plus grande richesse que nous avons pour le suffrage des défunts est la Sainte Messe.

Et donc, puisque les prêtres ont la faculté, depuis 1915 grâce à une constitution de Benoît XV, de célébrer trois messes le 2 novembre, nous les invitons à les célébrer toutes les trois, dans la mesure du possible, et ce aussi parce que plus de messes impliqueront moins de rassemblements et que cela pourrait être une façon d’aider les fidèles.

Les prêtres sont également exhortés à être généreux dans le ministère des confessions et à donner la Sainte Communion aux malades, afin d’avoir plus de volonté de pouvoir soutenir leurs défunts, de les sentir proches d’eux, de rencontrer tous ces nobles sentiments qui vont composer la Communion des Saints.

Comment aider les fidèles à vivre intensément la commémoration des morts mais aussi la fête de la Toussaint ? Certaines personnes sont un peu habituées aux célébrations à la télévision et cela, même si c’est une bonne chose – surtout pour les personnes âgées qui ne peuvent pas sortir – peut marquer une certaine désaffection à l’égard de la présence dans les célébrations.

Il y a donc une recherche chez les évêques pour mettre en œuvre toutes les solutions possibles pour ramener les gens à l’Église, toujours dans le respect de tout ce qui doit être fait pour la situation particulière dans laquelle nous nous trouvons malheureusement. Aujourd’hui, la fête de la Toussaint est également une fête très éducative pour les familles qui se retrouvent souvent à commémorer les morts ensemble.

Il y a un lien fort entre ces deux célébrations. Elles sont très unies. Au Paradis, il y a tous les saints canonisés que nous connaissons, mais il y a aussi beaucoup de visages que nous ne connaissons pas, qui ont vécu une vie chrétienne en silence, sans aucune clameur, sur lesquels les projecteurs de ce monde n’ont pas été placés.

Ainsi, avec tous ceux, parents, amis, voisins, qui font partie de la famille au ciel, on se retrouve dans la famille de Dieu. Il y a un beau passage d’Isaïe qui dit que Dieu a écrit notre nom sur la paume de sa main, pour dire comment il nous garde proches, et la fête de la Toussaint exprime tout cela.

De plus, tous nos morts peuvent être dans le peuple du ciel. La solennité des saints est donc une ouverture de vision qui, accompagnée de la commémoration des morts et de la visite des tombes, nous donne un sens du lien.

Avec la mort, la vie n’est pas enlevée mais transformée et nous entretenons une relation avec ceux qui meurent, une relation qui n’est plus physique mais qui est une relation réelle, peut-être même plus réelle car il n’y a même pas de limite de temps et d’espace.

Dans la Communion des Saints, la personne qui est passée dans l’éternité peut avoir un lien très spécial avec nous qui sommes ici, donc je crois que c’est un autre aspect à essayer de ne pas perdre ou même de réinventer là où c’est un peu opaque.

Au contraire, dans la pensée de nos défunts, nous traduisons toute notre foi dans le Christ ressuscité : nous espérons que les frères et sœurs qui ne sont pas visibles parmi nous actuellement sont en communion avec le Seigneur.

Nous sommes appelés en ces jours à raviver notre certitude dans la gloire et la béatitude éternelle, et nous demandons humblement et avec confiance le pardon pour ceux qui nous ont quittés, pour leurs petites ou grandes fautes, ceux qui sont déjà sauvés dans l’amour de Dieu, et nous renouvelons notre engagement de foi.

Après tout, le Paradis est la maison des fidèles serviteurs. Nous pourrions tous un jour vivre heureux à la lumière de Dieu, à condition d’avoir cru non seulement en paroles, mais aussi en actes.»

La prière des Psaumes. 2

Lors de l’audience générale qui se tenait en salle Paul VI, le Pape a poursuivi son cycle de réflexion sur la prière, concluant sa catéchèse sur les psaumes. Il a souligné combien le Psautier est une «grande école» qui enseigne à invoquer Dieu non seulement pour nous mais aussi, toujours, pour son prochain et pour le monde. Les psaumes aident à ne pas «tomber dans la tentation de l’impiété».

Catéchèse – 11. La prière des Psaumes. 2

PAPE FRANÇOIS

AUDIENCE GÉNÉRALE

Salle Paul VI
Mercredi 21 octobre 2020


Chers frères et sœurs, bonjour!

Aujourd’hui, nous devrons changer un peu la manière d’organiser cette audience en raison du coronavirus. Vous êtes séparés, également avec la protection du masque, et je suis un peu éloigné et je ne peux pas faire ce que je fais toujours, m’approcher de vous, car il arrive que chaque fois que je m’approche, vous venez tous ensemble et on perd la distance, le danger de la contagion existe alors pour vous.

Je suis désolé de faire cela, mais c’est pour votre sécurité. Au lieu de venir près de vous et de serrer les mains et saluer, nous nous saluerons de loin, mais sachez que je suis proche de vous avec le cœur. J’espère que vous comprenez pourquoi je fais cela.

Ensuite, alors que les lecteurs lisaient le passage biblique, mon attention a été attirée par ce petit garçon ou cette petite fille qui pleurait. Et je voyais sa mère qui caressait et allaitait l’enfant et j’ai pensé: «Dieu fait ainsi avec nous, comme cette mère». Avec combien de tendresse elle cherchait à déplacer l’enfant, à allaiter. Ce sont de très belles images.

Et quand cela arrive à l’église, quand un enfant pleure, on sait que là, il y a la tendresse d’une mère, comme aujourd’hui, il y a la tendresse d’une mère qui est le symbole de la tendresse de Dieu avec nous. Il ne faut jamais faire taire un enfant qui pleure à l’église, jamais, car c’est la voix qui attire la tendresse de Dieu. Merci pour ton témoignage.

Nous complétons aujourd’hui la catéchèse sur la prière des Psaumes. Nous remarquons tout d’abord que dans les Psaumes apparaît souvent une figure négative, celle de l’“impie”, c’est-à-dire celui ou celle qui vit comme si Dieu n’existait pas. C’est la personne sans aucune référence au transcendant, sans aucun frein à son arrogance, qui ne craint pas les jugements sur ce qu’elle pense et ce qu’elle fait.

C’est pour cette raison que le Psautier présente la prière comme la réalité fondamentale de la vie. La référence à l’absolu et au transcendant – que les maîtres d’ascétique appellent la “sainte crainte de Dieu” – est ce qui nous rend pleinement humains, c’est la limite qui nous sauve de nous-mêmes, en empêchant que nous nous jetions sur cette vie de manière prédatrice et vorace. La prière est le salut de l’être humain.

Assurément, il existe également une prière fausse, une prière faite seulement pour être admirée par les autres. Celle de celui ou de ceux qui vont à la Messe uniquement pour faire voir qu’ils sont catholiques ou pour faire voir le dernier modèle qu’ils ont acheté, ou pour faire bonne figure socialement. Ils récitent une fausse prière.

Jésus a admonesté avec force à cet égard (cf.  Mt 6, 5-6; Lc 9, 14). Mais quand le vrai esprit de la prière est accueilli avec sincérité et descend dans le cœur, alors celle-ci nous fait contempler la réalité avec les yeux mêmes  de Dieu.

Quand on prie, chaque chose acquiert de l’“épaisseur”. Cela est curieux dans la prière, nous commençons peut-être par une chose imperceptible, mais dans la prière cette chose acquiert de l’épaisseur, acquiert du poids, comme si Dieu la prenait par la main et la transformait. Le pire service que l’on puisse rendre à Dieu et également à l’homme, est de prier avec lassitude, de manière routinière. Prier comme des perroquets. Non, on prie avec le cœur.

La prière est le centre de la vie. S’il y a la prière, notre frère, notre sœur, également notre ennemi,  deviennent eux aussi importants. Un antique dicton des premiers moines chrétiens dit ainsi: «Bienheureux le moine qui, après Dieu, considère tous les hommes comme Dieu» (Evagrio Pontico, Traité sur la prière, n. 123). Celui qui adore Dieu aime ses enfants. Celui qui respecte Dieu, respecte les êtres humains.

C’est pourquoi la prière n’est pas un calmant pour atténuer l’anxiété de la vie; de toutes façons, une prière de ce genre n’est sûrement pas chrétienne. La prière responsabilise plutôt chacun de nous. Nous le voyons clairement dans le «Notre Père», que Jésus a enseigné à ses disciples.

Pour apprendre cette manière de prier, le Psautier est une grande école. Nous avons vu que les Psaumes n’utilisent pas toujours des paroles raffinées et gentilles, et ils portent souvent imprimées les cicatrices de l’existence. Pourtant, toutes ces prières ont été utilisées auparavant dans le Temple de Jérusalem et ensuite dans les synagogues; même celles plus intimes et personnelles.

Le Catéchisme de l’Église catholique s’exprime ainsi: «Les expressions multiformes de la prière des Psaumes prennent forme à la fois dans la liturgie du temple et dans le cœur de l’homme» (n. 2588). Et ainsi, la prière personnelle puise et se nourrit tout d’abord à celle du peuple d’Israël, et ensuite à  celle du peuple de l’Église.

Même les psaumes à la première personne du singulier, qui confient les pensées et les problèmes les plus intimes d’un individu, sont un patrimoine collectif, jusqu’à être priés par tous et pour tous. La prière des chrétiens a ce «souffle», cette «tension» spirituelle qui garde ensemble le temple et le monde.

La prière peut commencer dans la pénombre d’une nef, mais ensuite elle termine sa course dans les rues de la ville. Et vice versa, elle peut germer pendant les occupations quotidiennes et arriver à son accomplissement dans la liturgie. Les portes des églises ne sont pas des barrières, mais des «membranes» perméables, disponibles à recueillir le cri de tous.

Dans la prière du Psautier, le monde est toujours présent. Les psaumes, par exemple, donnent voix à la promesse divine de salut des plus faibles: «A cause du malheureux qu’on dépouille, du pauvre qui gémit, maintenant je me lève, déclare Yahvé, j’assurerai le salut à ceux qui en ont soif» (12, 6).

Ou bien, ils avertissent du danger des richesses mondaines, car «l’homme dans son luxe ne comprend pas, il ressemble au bétail qu’on abat» (48, 21). Ou bien encore, ils ouvrent l’horizon au regard de Dieu sur l’histoire: «Yahvé déjoue les plans des nations, il empêche les pensées des peuples; mais le plan de Yahvé subsiste à jamais, les pensées de son cœur, d’âge en âge» (33, 10-11).

En somme, là où Dieu est présent, l’homme doit aussi être présent. L’Ecriture Sainte est catégorique: «Quant à nous, aimons, puisque Lui nous a aimés le premier. Mais Lui va toujours avant nous. Il nous attend toujours, parce qu’Il nous aime le premier, Il nous regarde le premier, Il nous comprend le premier. Il nous attend toujours.

Si quelqu’un dit: ‘J’aime Dieu’ et qu’il déteste son frère, c’est un menteur: celui qui n’aime pas son frère, qu’il voit, ne saurait aimer le Dieu qu’il ne voit pas. Si tu pries de nombreux chapelets chaque jour, mais qu’ensuite tu fais des commérages sur les autres et que tu as de la rancœur en toi, tu as de la haine contre les autres, c’est de l’artifice pur, ce n’est pas la vérité.

Oui, voilà le commandement que nous avons reçu de Lui: que celui qui aime Dieu aime aussi son frère» (1 Jn 4, 19-21). L’Écriture admet le cas d’une personne qui, bien que cherchant sincèrement Dieu, ne réussit jamais à le rencontrer; mais elle affirme également que l’on ne peut jamais nier les larmes des pauvres, sous peine de ne pas rencontrer Dieu.

Dieu ne supporte pas l’ «athéisme» de celui qui nie l’image divine qui est imprimée dans chaque être humain. Cet athéisme de tous les jours: je crois en Dieu, mais avec les autres je garde la distance et je me permets de haïr les autres. C’est de l’athéisme pratique. Ne pas reconnaître la personne humaine comme image de Dieu est un sacrilège, c’est une abomination, c’est la pire offense que l’on peut faire au temple et à l’autel.

Chers frères et sœurs, que la prière des psaumes nous aide à ne pas tomber dans la tentation de l’«impiété», c’est-à-dire de vivre, et peut-être également de prier, comme si Dieu n’existait pas, et comme si les pauvres n’existaient pas.


Je suis heureux de saluer les personnes de langue française, en particulier les pèlerins de Toulouse, avec l’Archevêque Mgr Le Gall. La prière des psaumes est l’école de la vie avec Dieu et de la responsabilité vis-à-vis des personnes pauvres et vulnérables. Demandons la grâce de mettre Dieu et la personne humaine au centre de notre prière.

A tous, je donne ma bénédiction !


Résumé de la catéchèse du Saint-Père :

Frères et sœurs, dans les psaumes, nous rencontrons souvent une figure négative, celle de l’“impie”, une personne qui vit sans se soucier de l’existence de Dieu et sans frein à son arrogance. C’est pourquoi le psautier présente la prière comme la réalité fondamentale de la vie. La prière est le salut de l’être humain.

Le pire des services que l’on peut rendre à Dieu et à l’homme, c’est de prier avec lassitude et de façon routinière. La prière est le centre de la vie. Avec la prière, le frère et la sœur deviennent importants. La prière responsabilise. C’est pourquoi le psautier est une grande école. La prière personnelle se ressource à la prière du peuple d’Israël et à celle du peuple de l’Église.

Ainsi les psaumes sont le patrimoine collectif car ils sont priés par tous et pour tous. La prière des chrétiens a cette tension spirituelle qui porte ensemble le temple et le monde. Les portes de l’Église ne sont pas des barrières, mais des membranes perméables, disponibles à recueillir le cri de tous. Les psaumes expriment la promesse divine de salut des plus faibles.

En effet, là où se trouve Dieu, là aussi se trouve l’homme. Dieu ne supporte pas l’“athéisme” de celui qui nie l’image divine imprimée dans chaque être humain. Ne pas le reconnaître est un sacrilège, une abomination, la pire des offenses qu’on peut apporter au temple et à l’autel.


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