Suivre le Christ jusqu’à l’épreuve de la croix

Lors de l’Angélus de ce dimanche 30 août, le Pape François a commenté l’Évangile du jour, tiré du 16e chapitre de Saint-Matthieu, en expliquant ce que signifie suivre le Christ jusqu’à l’épreuve de la croix.

PAPE FRANÇOIS

ANGÉLUS

Place Saint-Pierre
Dimanche 30 août 2020

Chers frères et sœurs, bonjour!

Le passage évangélique d’aujourd’hui (cf. Mt 16, 21-27) est lié à celui du dimanche dernier (cf. Mt 16, 13-20). Après que Pierre, également au nom des autres disciples, ait professé la foi en Jésus comme Messie et Fils de Dieu, Jésus lui-même commence à leur parler de sa passion.

Sur le chemin de Jérusalem, il explique ouvertement à ses amis ce qui l’attend à la fin dans la ville sainte: il annonce son mystère de mort et de résurrection, d’humiliation et de gloire. Il dit qu’il devra «beaucoup souffrir des anciens, des principaux sacrificateurs et des scribes, et être tué et ressusciter le troisième jour» (Mt 16, 21).

Mais ses paroles ne sont pas comprises, car les disciples ont une foi encore immature et trop liée à la mentalité de ce monde (cf. Rm 12, 2). Ils pensent à une victoire trop terrestre et pour cette raison ils ne comprennent pas le langage de la croix.

Devant la perspective que Jésus pourrait échouer et mourir sur la croix, Pierre lui-même se rebelle et lui dit: «Dieu nous en préserve, Seigneur; cela ne t’arrivera jamais!  » (v.22). Il croit en Jésus – Pierre est comme ça – il a la foi, il croit en Jésus, il croit; il veut le suivre, mais n’accepte pas que sa gloire passe par la passion.

Pour Pierre et les autres disciples – mais aussi pour nous! – la croix est une chose inconfortable, la croix est un « scandale », tandis que Jésus considère fuir la croix comme « scandale », ce qui signifierait se retirer de la volonté du Père, de la mission qu’il lui a confiée pour notre salut.

C’est pourquoi Jésus répond à Pierre: « Passe derrière moi, Satan! Tu es pour moi une occasion de chute : tes pensées ne sont pas celles de Dieu, mais celles des hommes. » (v.23). Dix minutes plus tôt, Jésus a loué Pierre, il lui a promis d’être le fondement de son Église, le fondement; dix minutes plus tard, il dit « Satan ».

Comment cela peut être compris? Cela nous arrive à tous! Dans les moments de dévotion, de ferveur, de bonne volonté, de proximité avec notre prochain, regardons Jésus et allons de l’avant; mais dans les moments où la croix vient, nous fuyons. Le diable, Satan – comme Jésus le dit à Pierre – nous tente. Il est propre au mauvais esprit, il est propre au diable de s’éloigner de la croix, de la croix de Jésus.

Puis s’adressant à tout le monde, Jésus ajoute: « Si quelqu’un veut me suivre, qu’il se renie, prenne sa croix et me suive » (v. 24). De cette façon, il montre le chemin du vrai disciple, montrant deux attitudes. La première est «renoncer à soi-même», ce qui ne signifie pas un changement superficiel, mais une conversion, un renversement des mentalités et des valeurs. L’autre attitude est de prendre sa croix.

Il ne s’agit pas seulement de supporter les tribulations quotidiennes avec patience, mais de porter avec foi et responsabilité cette partie de l’effort et cette partie de la souffrance que la lutte contre le mal implique. La vie des chrétiens est toujours une lutte. La Bible dit que la vie du croyant est une milice: lutter contre le mauvais esprit, lutter contre le mal.

Ainsi l’engagement de «prendre la croix» devient participation avec le Christ au salut du monde. En pensant à cela, assurons-nous que la croix accrochée au mur de la maison, ou la petite croix que nous portons autour de notre cou, soit un signe de notre désir de nous joindre au Christ pour servir avec amour nos frères, en particulier les plus petits et les plus fragiles.

La croix est un signe sacré de l’amour de Dieu, et c’est un signe du sacrifice de Jésus, et ne doit pas être réduite à un objet superstitieux ou un joyau ornemental. Chaque fois que nous fixons notre regard sur l’image du Christ crucifié, nous pensons que lui, en vrai Serviteur du Seigneur, a rempli sa mission en donnant sa vie, en versant son sang pour la rémission des péchés.

Et ne nous laissons pas entraîner de l’autre côté, dans la tentation du Malin. Par conséquent, si nous voulons être ses disciples, nous sommes appelés à l’imiter, passant notre vie sans réserve par amour de Dieu et du prochain.

Que la Vierge Marie, unie à son Fils au Calvaire, nous aide à ne pas reculer devant les épreuves et les souffrances que le témoignage de l’Évangile implique pour nous tous.

Après l’angélus

Chers frères et sœurs,

après-demain, le 1er septembre, c’est la Journée mondiale de prière pour le soin de la création. De cette date jusqu’au 4 octobre, nous célébrerons le «Jubilé de la Terre» avec nos frères chrétiens de diverses Églises et traditions, pour commémorer l’institution, il y a 50 ans, du Jour de la Terre.

Je salue les différentes initiatives promues dans le monde entier et, parmi celles-ci, le Concert qui se déroule aujourd’hui dans la cathédrale de Port-Louis, capitale de l’île Maurice, où malheureusement une catastrophe environnementale s’est récemment produite.

Je suis avec inquiétude les tensions dans la région de la Méditerranée orientale, minées par diverses flambées d’instabilité. Je vous en prie, j’appelle au dialogue constructif et au respect du droit international pour résoudre les conflits qui menacent la paix des peuples de cette région.

Et je souhaite à tous un bon dimanche. S’il vous plaît, n’oubliez pas de prier pour moi. Bon appétit et au revoir !


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La destination universelle des biens et la vertu de l’espérance

le Pape François, lors de l’audience générale de ce 26 août, a poursuivi son cycle de catéchèse sur les conséquences de la pandémie de coronavirus et la manière dont les chrétiens sont appelés à réagir. «En ces temps d’incertitudes et d’angoisse», «accueillir le don de l’espérance qui vient du Christ.»

PAPE FRANÇOIS

AUDIENCE GÉNÉRALE

Bibliothèque du palais apostolique
Mercredi 26 août 2020


Résumé

Frères et sœurs, la pandémie que connaît le monde révèle de grandes inégalités, que ce soit entre individus ou entre nations. Elles sont le fruit d’une économie malade qui ne tient pas compte des valeurs humaines fondamentales, pas plus qu’elle n’a de souci pour les dommages qu’elle inflige à la création. La racine en est la même, c’est le péché de vouloir posséder et de dominer les frères, la nature et Dieu lui-même.

Or Dieu a confié la terre et ses richesses à la gestion commune de l’humanité pour qu’elle en prenne soin. Il nous a demandé de dominer la terre en la cultivant et en la gardant. Il existe une réciprocité entre nous et la nature : nous pouvons en utiliser les ressources mais nous devons aussi la protéger. Par ailleurs, la terre a été donnée par Dieu à tous, et nous devons faire en sorte que ses fruits arrivent à chacun, et pas seulement à quelques-uns.

La propriété est un moyen et non pas une fin en soi. Posséder un bien c’est être l’administrateur de la Providence qui l’a confié afin de le faire fructifier pour les autres. Or, l’obsession de posséder exclut un grand nombre de personnes des biens les plus élémentaires, déchire le tissu social et détruit la Création. Avec Jésus, et la force de son amour opérant dans le cœur de ses disciples, nous avons la ferme espérance d’édifier un monde différent et meilleur.


Catéchèse – “Guérir le monde”:
4. La destination universelle des biens et la vertu de l’espérance

Chers frères et sœurs, bonjour !

Face à la pandémie et à ses conséquences sociales, de nombreuses personnes risquent de perdre l’espérance. En ce temps d’incertitude et d’angoisse, j’invite chacun à accueillir le don de l’espérance qui vient du Christ. C’est Lui qui nous aide à naviguer dans les eaux tumultueuses de la maladie, de la mort et de l’injustice, qui n’ont pas le dernier mot sur notre destination finale. La pandémie a souligné et aggravé les problèmes sociaux, en particulier l’inégalité.

Certains peuvent travailler à la maison, tandis que pour de nombreux autres, cela est impossible. Certains enfants, en dépit des difficultés, peuvent continuer à recevoir une éducation scolaire, tandis que pour de très nombreux autres, celle-ci s’est brusquement interrompue. Certains pays puissants peuvent émettre de la monnaie pour affronter l’urgence, tandis que pour d’autres, cela signifierait hypothéquer leur avenir.

Ces symptômes d’inégalité révèlent une maladie sociale ; c’est un virus qui vient d’une économie malade. Nous devons le dire simplement : l’économie est malade. Elle est tombée malade. C’est le fruit d’une croissance économique inique – voilà la maladie : le fruit d’une croissance économique inique – qui ne tient pas compte des valeurs humaines fondamentales.

Dans le monde d’aujourd’hui, quelques  personnes très riches possèdent plus que tout le reste de l’humanité. Je répète cela parce que cela nous fera réfléchir : quelques personnes très riches, un petit groupe, possèdent plus que tout le reste de l’humanité. C’est une pure statistique. C’est une injustice qui crie au ciel ! Dans le même temps, ce modèle économique est indifférent aux dommages infligés à la maison commune.

On ne prend pas soin de la maison commune. Nous allons bientôt dépasser un grand nombre des limites de notre merveilleuse planète, avec des conséquences graves et irréversibles : de la perte de biodiversité et du changement climatique à l’élévation du niveau des mers et à la destruction des forêts tropicales.

L’inégalité sociale et la dégradation de l’environnement vont de pair et ont la même racine (cf. Enc. Laudato si’, n. 101) : celle du péché de vouloir posséder, de vouloir dominer ses frères et sœurs, de vouloir posséder et dominer la nature et Dieu même. Mais cela n’est pas le dessein de la création.

« Au commencement, Dieu a confié la terre et ses ressources à la gérance commune de l’humanité » ( Catéchisme de l’Église catholique, n. 2402). Dieu nous a demandé de dominer la terre en son nom (cf. Gn 1, 28), en la cultivant et en en prenant soin comme un jardin, le jardin de tous (cf. Gn 2, 15). « Alors que “cultiver” signifie labourer, […] ou travailler, “garder” signifie protéger, [et] sauvegarder » ( LS, n. 67).

Mais attention à ne pas interpréter cela comme une carte blanche pour faire de la terre ce que l’on veut. Non. Il existe « une relation de réciprocité responsable » ( ibid.) entre nous et la nature.  Une relation de réciprocité responsable entre nous et la nature. Nous recevons de la création et nous donnons à notre tour.

« Chaque communauté peut prélever de la bonté de la terre ce qui lui est nécessaire pour survivre, mais elle a aussi le devoir de la sauvegarder » ( ibid.). Les deux choses.En effet, la terre « nous précède et nous a été donnée » (ibid.), elle a été donnée par Dieu « à tout le genre humain » (CEC, n. 2402). Il est donc de notre devoir de faire en sorte que ses fruits arrivent à tous, et pas seulement à quelques-uns.

Et cela est un élément-clé de notre relation  avec les biens terrestres. Comme le rappelaient les pères du Concile Vatican II, « l’homme, dans l’usage qu’il en fait, ne doit jamais tenir les choses qu’il possède légitimement comme n’appartenant qu’à lui, mais les regarder aussi comme communes : en ce sens qu’elles puissent profiter non seulement à lui, mais aussi aux autres » (Const. past. Gaudium et spes, n. 69).

En effet, « la propriété d’un bien fait de son détenteur un administrateur de la Providence pour le faire fructifier et en communiquer les bienfaits à autrui » (CEC, n. 2404). Nous sommes administrateurs des biens, pas les propriétaires. Administrateurs. « Oui, mais ce bien est à moi ». C’est vrai, il est à toi, mais pour l’administrer, par pour le garder de façon égoïste pour toi.

Pour assurer que ce que nous possédons apporte de la valeur à la communauté, « l’autorité politique a le droit et le devoir de régler, en fonction du bien commun, l’exercice légitime du droit de propriété » (ibid., n. 2406)  (Cf. GS, 71; Saint Jean-Paul II, Lett. enc. Sollicitudo rei socialis, n. 42; Lett. enc. Centesimus annus, nn. 40.48).

La « subordination de la propriété privée à la destination universelle des biens […] est une “règle d’or” du comportement social, et le premier principe de tout l’ordre éthico-social » (LS, n. 93) (Cf. S. Jean-Paul II, Lett. enc. Laborem exercens, n. 19).

Les propriétés, l’argent sont des instruments qui peuvent servir à la mission. Mais nous les transformons facilement en fins, individuelles ou collectives. Et lorsque cela a lieu, on porte atteinte aux valeurs humaines essentielles.

L’homo sapiens se déforme et devient une espèce d’homo œconomicus – dans le mauvais sens du terme – individualiste, calculateur et dominateur. Nous oublions que, étant créés à l’image et ressemblance de Dieu, nous sommes des êtres sociaux, créatifs et solidaires, avec une immense capacité à aimer. Nous oublions souvent cela.

De fait, nous sommes les êtres les plus coopératifs parmi toutes les espèces, et nous nous épanouissons en communauté, comme on le voit bien dans l’expérience des saints . Il y a un dicton espagnol qui m’a inspiré cette phrase, et qui dit :  Florecemos en racimo, como los santo. Nous nous épanouissons en communauté, comme on le voit dans l’expérience des saints.

Quand l’obsession de posséder et de dominer exclut des millions de personnes des biens primaires ; quand l’inégalité économique et technologique est telle qu’elle déchire le tissu social ; et quand la dépendance vis-à-vis d’un progrès matériel illimité menace la maison commune, alors nous ne pouvons pas rester impassibles. Non, cela est désolant. Nous ne pouvons pas rester impassibles !

Avec le regard fixé sur Jésus (cf. He 12, 2) et la certitude que son amour œuvre à travers la communauté de ses disciples, nous devons agir tous ensemble, dans l’espérance de donner naissance à quelque chose de différent et de meilleur. L’espérance chrétienne, enracinée en Dieu, est notre ancre. Elle soutient la volonté de partager, en renforçant notre mission en tant que disciples du Christ, qui a tout partagé avec nous.

Et cela, les premières communautés chrétiennes, qui comme nous, vécurent des temps difficiles, l’ont compris. Conscientes de former un seul cœur et une seule âme, elles mettaient tous leurs biens en commun, en témoignant de la grâce abondante du Christ sur elles (cf. Ac 4, 32-35). Nous vivons actuellement une crise.

La pandémie nous a tous plongés dans une crise. Mais rappelez-vous : on ne peut pas sortir pareils d’une crise, ou bien l’on sort meilleurs, ou bien l’on sort pires. C’est l’option qui se présente à nous. Après la crise, est-ce que nous continuerons avec ce système économique d’injustice sociale et de mépris pour la sauvegarde de l’environnement, de la création, de la maison commune ? Réfléchissons-y.

Puissent les communautés chrétiennes du vingt-et-unième siècle retrouver cette réalité – la sauvegarde de la création et la justice sociale : elles vont de pair –  en témoignant ainsi de la Résurrection du Seigneur.

Si nous prenons soin des biens que le Créateur nous donne, si nous mettons en commun ce que nous possédons de façon à ce que personne ne manque de rien, alors nous pourrons véritablement inspirer l’espérance pour faire renaître un monde plus sain et plus équitable.

Et pour finir, pensons aux enfants. Lisez les statistiques : combien d’enfants, aujourd’hui, meurent de faim à cause d’une mauvaise distribution des richesses, d’un système économique que j’ai évoqué auparavant ; et combien d’enfants, aujourd’hui, n’ont pas droit à l’école, pour la même raison. Que cette image, des enfants dans le besoin à cause de la faim et du manque d’éducation, nous aide à comprendre que nous devrons sortir meilleurs de cette crise. Merci.

***

Je salue cordialement les personnes de langue française. Puissions-nous, dans nos Communautés chrétiennes, prendre soin des biens que le Seigneur nous donne dans sa création, et partager ce que nous possédons afin que personne ne manque du nécessaire. Nous serons alors témoins authentiques du Christ ressuscité. Que Dieu vous bénisse !

Je salue cordialement les pèlerins anglophones. Alors que l’été tire à sa fin, j’espère que ces jours de repos apporteront paix et sérénité à tous. Sur vous et vos familles, j’invoque la joie et la paix du Christ. Dieu te bénisse!

J’adresse un salut cordial aux frères et sœurs germanophones. Nous essayons de surmonter l’individualisme de cette époque. De nombreux pauvres, malades et abandonnés ont besoin de nous. Le Saint-Esprit vous remplit de sa charité et de sa joie.

Je salue cordialement les fidèles hispanophones. En ces temps de pandémie qui afflige le monde entier, je vous encourage à embrasser le don d’espoir qui vient de Dieu. Le Christ, Seigneur de l’Histoire, nous aide à naviguer à travers les eaux tumultueuses que nous devons traverser, la maladie, la mort, l’injustice, et à toujours naviguer avec notre regard fixé sur Lui.

Je salue les auditeurs lusophones et vous souhaite une grande foi pour regarder la réalité avec le regard de Dieu et une grande charité pour approcher les gens avec son cœur miséricordieux. Faites confiance à Dieu, comme la Vierge Marie! Je vous bénis avec plaisir, vous et vos proches.

Je salue les fidèles arabophones. Si nous prenons soin des biens que le Créateur nous donne, si nous mettons en commun ce que nous possédons d’une manière dont personne ne manque, alors nous pouvons vraiment inspirer l’espoir de régénérer un monde plus sain et plus équitable. Le Seigneur vous bénisse tous et vous protège toujours de tout mal!

Je salue cordialement tous les Polonais. Chers frères et sœurs, l’Église de Pologne célèbre aujourd’hui la solennité de la Vierge noire de Czestochowa. Portant le souvenir de ma visite dans ce sanctuaire vivant dans mon cœur, il y a quatre ans, à l’occasion des JMJ, je me joins aujourd’hui aux milliers et milliers de pèlerins qui s’y rassemblent, avec l’épiscopat polonais, pour se confier, à leurs familles, la nation et toute l’humanité pour sa protection maternelle. Priez la Sainte Mère d’intercéder pour nous tous, et spécialement pour ceux qui souffrent de différentes manières de la pandémie, et apportez-leur un soulagement. Merci de prier pour moi aussi. Dieu te bénisse!

J’adresse un salut cordial aux fidèles italophones, exhortant chacun à être des témoins généreux dans tous les milieux de la gratuité de l’amour de Dieu. Enfin, mes pensées vont aux personnes âgées, aux jeunes, aux malades et aux jeunes mariés. Demain et au lendemain de la liturgie commémore deux grands saints, sainte Monique et son fils saint Augustin, unis sur la terre par des liens familiaux et au ciel par le même destin de gloire. Leur exemple et leur intercession conduisent chacun à une recherche sincère de la vérité évangélique.


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Migrants victimes de la culture du jetable

… Dieu nous demandera compte en son Fils

En ce 21ème dimanche de temps ordinaire, le Pape a commenté l’Évangile selon Saint Mathieu : la profession de foi de Simon, à qui le Christ donne le nom de Pierre.  Chacun est invité à se demander «qui est le Christ» pour lui, s’ il est le centre de sa vie et de ses engagements. La charité,«principal chemin vers la perfection de la foi», nécessite que l’on regarde l’autre avec les yeux mêmes de Jésus.

La justice et la vérité, c’est ce qu’il a invoqué à l’occasion de l’Angélus à la veille du dixième anniversaire du massacre des migrants à San Fernando, au Mexique. Le Pape se souvient également des victimes de la persécution en raison de la foi et prie pour la situation dans le nord du Mozambique, où le terrorisme international provoque des milliers de personnes déplacées.

PAPE FRANÇOIS

ANGÉLUS

Place Saint-Pierre
Dimanche 23 août 2020


Chers frères et sœurs, bonjour!

L’Évangile de ce dimanche (cf. Mt 16, 13-20) présente le moment où Pierre professe sa foi en Jésus comme Messie et Fils de Dieu. Cette confession de l’Apôtre est provoquée par Jésus lui-même, qui veut conduire ses disciples à faire le pas décisif dans leur relation avec lui. En effet, tout le chemin de Jésus avec ceux qui le suivent, surtout avec les Douze, est un chemin d’éducation de leur foi.

Tout d’abord il demande: « Qui dit-on qu’est le Fils de l’homme? » (v.13). Les apôtres aimaient parler des gens, comme nous tous. Les potins sont appréciés. Parler des autres n’est pas si exigeant, pour cette raison que nous aimons; aussi « écorcher » les autres. Dans ce cas, la perspective de la foi est déjà requise et non les commérages, c’est-à-dire qu’Il demande: « Que disent les gens que je suis? »

Et les disciples semblent rivaliser pour rapporter les différentes opinions, qu’ils partageaient peut-être dans une large mesure. Ils sont partagés. Fondamentalement, Jésus de Nazareth était considéré comme un prophète (v. 14).

Avec la deuxième question, Jésus les touche au cœur: « Mais vous, qui dites-vous que je suis? » (v.15). À ce stade, nous semblons percevoir quelques instants de silence, car chacun des présents est appelé à s’impliquer, manifestant la raison pour laquelle il suit Jésus; c’est pourquoi une certaine hésitation est plus que légitime. Même si je vous demande maintenant: « Pour vous, qui est Jésus? »

Il y aura une certaine hésitation. Simon les éloigne de l’embarras, qui déclare avec enthousiasme: « Tu es le Christ, le Fils du Dieu vivant » (v. 16). Cette réponse, si pleine et lumineuse, ne lui vient pas de son impulsion, si généreuse qu’elle soit – Pierre était généreux -, mais est le fruit d’une grâce particulière du Père céleste.

En fait, Jésus lui-même lui dit: «Ni la chair ni le sang ne vous l’ont révélé – c’est-à-dire la culture, ce que vous avez étudié – non, ils ne vous l’ont pas révélé. Mon Père qui est aux cieux vous l’a révélé »(v. 17). Confesser Jésus est une grâce du Père. Dire que Jésus est le Fils du Dieu vivant, qui est le Rédempteur, est une grâce que nous devons demander: « Père, donne-moi la grâce de confesser Jésus.»

En même temps, le Seigneur reconnaît la prompte correspondance de Simon à l’inspiration de la grâce et ajoute ensuite, d’un ton solennel: « Tu es Pierre et sur cette pierre je bâtirai mon Église et les pouvoirs de l’enfer ne prévaudront pas sur elle » (v 18).

Par cette affirmation, Jésus fait comprendre à Simon le sens du nouveau nom qu’il lui a donné, «Pierre» : la foi qu’il vient de manifester est la «pierre» inébranlable sur laquelle le Fils de Dieu veut bâtir son Église, c’est-à-dire la Communauté . Et l’Église avance toujours sur la foi de Pierre, sur cette foi que Jésus reconnaît [en Pierre] et fait de lui le chef de l’Église.

Aujourd’hui, nous entendons la question de Jésus adressée à chacun de nous: « Et vous, qui dites-vous que je suis? ». À chacun de nous. Et chacun de nous doit donner une réponse qui n’est pas théorique, mais qui implique la foi, c’est-à-dire la vie, car la foi c’est la vie! « Pour moi tu es … », et pour dire la confession de Jésus.

Une réponse qui nous demande aussi, comme aux premiers disciples, d’écouter la voix du Père et d’être en harmonie avec ce que l’Église, réunie autour de Pierre, continue à proclamer. Il s’agit de comprendre qui est le Christ pour nous: s’il est le centre de notre vie, s’il est le but de tout notre engagement dans l’Église, de notre engagement dans la société.

Qui est Jésus-Christ pour moi? Qui est Jésus-Christ pour vous, pour vous, pour vous… Une réponse que nous devrions donner chaque jour.

Mais attention: il est indispensable et louable que la pastorale de nos communautés soit ouverte aux nombreuses pauvretés et urgences qui sont partout. La charité est toujours la voie principale du chemin de la foi, de la perfection de la foi. Mais il faut que les œuvres de solidarité, les œuvres de charité que nous faisons, ne détournent pas du contact avec le Seigneur Jésus.

La charité chrétienne n’est pas une simple philanthropie mais, d’une part, elle regarde l’autre avec les yeux de Jésus lui-même et, d’un autre côté, c’est voir Jésus face aux pauvres. C’est le vrai chemin de la charité chrétienne, avec Jésus au centre, toujours.

Que la Très Sainte Marie, bénie parce qu’elle a cru, puisse nous guider et nous modeler sur le chemin de la foi au Christ, et nous fasse prendre conscience que la confiance en Lui donne tout son sens à notre charité et à toute notre existence.

Après l’Angélus

Chers frères et sœurs,

La Journée mondiale a été célébrée hier en souvenir des victimes d’actes de violence fondés sur la religion et les convictions. Prions pour nos frères et sœurs, et par la prière et la solidarité, soutenons également ceux – et il y en a beaucoup – qui sont encore persécutés aujourd’hui à cause de leur foi religieuse. Beaucoup!

Demain, 24 août, c’est le 10e anniversaire du massacre de soixante-douze migrants et de San Fernando, à Tamaulipas, au Mexique. C’étaient des gens de différents pays à la recherche d’une vie meilleure. J’exprime ma solidarité avec les familles des victimes qui invoquent encore aujourd’hui la justice et la vérité sur ce qui s’est passé.

Le Seigneur nous demandera de rendre compte de tous les migrants qui sont tombés sur les voyages de l’espérance. Ils ont été victimes de la culture du jetable.

Demain il y aura également quatre ans depuis le tremblement de terre qui a frappé le centre de l’Italie. Je renouvelle ma prière pour les familles et les communautés qui ont le plus souffert, afin qu’elles avancent avec solidarité et espérance; et j’espère que la reconstruction s’accélérera, pour que les gens puissent revenir vivre paisiblement dans ces beaux territoires des Apennins.

Je voudrais également réaffirmer ma proximité avec les habitants de Cabo Delgado, dans le nord du Mozambique, qui souffrent du terrorisme international. Je le fais à la mémoire de la visite que j’ai faite dans ce cher pays il y a environ un an.

J’adresse un salut cordial à vous tous, Romains et pèlerins… Et n’oublions pas, n’oublions pas les victimes du Coronavirus. Ce matin, j’ai entendu le témoignage d’une famille qui a perdu ses grands-parents sans pouvoir leur dire au revoir et les saluer le même jour.

Tant de souffrances, tant de personnes ont perdu la vie, victimes de la maladie; et de nombreux bénévoles, médecins, infirmières, religieuses, prêtres, qui ont également perdu la vie! Souvenons-nous des familles qui en ont souffert.

Et je souhaite à tous un bon dimanche. N’oubliez pas de prier pour moi. Bon déjeuner et au revoir!


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