Pour guérir le monde, amour et bien commun

PAPE FRANÇOIS

AUDIENCE GÉNÉRALE

Cour Saint-Damase
Mercredi 9 septembre 2020

Catéchèse – “Guérir le monde”: 6. Amour et bien commun


Frères et Sœurs, la réponse chrétienne à la pandémie que nous connaissons se trouve dans l’amour, et avant tout l’amour de Dieu qui nous précède. L’amour ne se limite pas au petit cercle de la famille ou des amis. Il nous rend fécond et libres s’il est expansif et inclusif, et c’est ainsi qu’il soigne, guérit et fait du bien.

L’amour doit s’étendre aux relations civiques et politiques qui en sont même l’expression la plus élevée. L’amour féconde les relations sociales, culturelles, économiques et politiques permettant d’édifier une « civilisation de l’amour » où la culture de l’égoïsme, de l’indifférence et du rejet ne prévaut pas.

Il pousse à œuvrer concrètement pour le bien commun qui inclut les personnes les plus vulnérables. La promotion du bien commun est un devoir de justice qui incombe à chacun, et, pour le chrétien, il est une mission.

Une bonne politique qui mette au centre la personne humaine et le bien commun est possible dans la mesure ou les responsables enracinent leur agir dans les principes éthiques et l’amour des autres. Les chrétiens, surtout les fidèles laïcs, par la vertu de charité sont appelés à rendre un bon témoignage d’engagement pour le bien commun.

***

Je salue cordialement les personnes de langue française. La recherche du bien commun, dont nos sociétés ont tant besoin, demande la participation de chacun. Faisons grandir en nos cœurs l’amour pour la société dans laquelle nous vivons. Agissons dans le souci du bien de nos frères dans nos gestes quotidiens, et rendons ainsi témoignage de l’amour de Dieu qui nous habite. Que Dieu vous bénisse.

Je salue cordialement les fidèles anglophones.Que la grâce du Seigneur vous soutienne en apportant l’amour du Père à vos frères et sœurs, spécialement à ceux qui en ont le plus besoin. Sur vous et vos familles, j’invoque la joie et la paix du Christ. Que Dieu vous bénisse!

Je salue les fidèles germanophones avec affection. La Bienheureuse Vierge Marie, dont nous avons célébré hier la Nativité, nous montre que le Seigneur fait de grandes choses à ceux qui suivent humblement sa volonté. Qu’elle nous aide à vivre dans cette conscience pour répandre l’amour de Dieu dans le monde.

Je salue cordialement les pèlerins hispanophones. Demandons à Dieu, Trinité de l’amour, de nous aider à cultiver la vertu de charité, par des gestes de tendresse, des gestes de proximité avec nos frères. Ainsi, avec votre aide, nous pouvons guérir le monde, en travaillant ensemble pour le bien commun. Que le Seigneur vous bénisse tous.

J’adresse un salut cordial aux pèlerins lusophones, invitant chacun à rester fidèle au Christ Jésus. Il nous invite à sortir de notre petit monde confiné pour rechercher ensemble le bien commun. Que le Saint-Esprit vous illumine afin que vous puissiez apporter la bénédiction de Dieu à tous les hommes. Que la Vierge Mère veille sur votre chemin et vous protège.

Je salue les fidèles arabophones. Dans une société de plus en plus bouleversée par les grands défis qui interpellent l’homme contemporain, vous, étudiants et professeurs, qui êtes retournés à l’école ces jours-ci, soyez les véritables architectes de l’avenir. Que le Seigneur vous aide à devenir les protagonistes d’un monde plus juste et fraternel, plus accueillant et solidaire, où la paix peut triompher dans le rejet de toutes les formes de violence. Que le Seigneur vous bénisse tous et vous protège toujours de tout mal!

Je salue cordialement tous les Polonais. Hier, nous avons célébré la fête de la Nativité de la Bienheureuse Vierge Marie, également appelée en Pologne « la fête de Notre-Dame des Semences ». En faisant bénir le blé à semer cette année, vous avez prié pour que tous les hommes à l’imitation de Marie en portent au centuple. Elle a donné au monde un fruit inestimable: Jésus, notre Sauveur. Nous aussi, nous sommes appelés par Dieu à porter du fruit par de bonnes œuvres. Loué soit Jésus-Christ.

Appel

Aujourd’hui est la première Journée internationale pour la protection de l’éducation contre les attaques, dans le contexte des conflits armés.

Je vous invite à prier pour les étudiants qui sont si gravement privés du droit à l’éducation à cause des guerres et du terrorisme. Je demande instamment à la communauté internationale de faire tout son possible pour que les bâtiments censés protéger les jeunes étudiants soient respectés. L’effort pour leur garantir des environnements sûrs pour la formation, en particulier dans les situations d’urgence humanitaire, ne doit pas échouer.

* * *

J’adresse un salut cordial aux fidèles de langue italienne, et j’espère que cette rencontre et la visite des tombeaux des apôtres renforceront votre foi pour un témoignage chrétien toujours plus généreux.

Enfin, mes pensées vont, comme toujours, aux personnes âgées, aux jeunes, aux malades et aux jeunes mariés. Hier, nous avons célébré le mémorial liturgique de la Nativité de la Bienheureuse Vierge Marie. Que son exemple et son intercession maternelle inspirent et accompagnent votre vie. Merci.


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La correction fraternelle, une saine habitude

La correction fraternelle, une saine habitude

Le Pape François a proposé une méditation, en ce 23ème dimanche du temps ordinaire, 6 septembre 2020, sur la double dimension de l’existence chrétienne, communautaire et personnelle. Il a exhorté les fidèles à veiller les uns sur les autres avec amour et à «corriger» fraternellement les frères égarés.

Partant de l’Évangile, selon Saint Matthieu, (cf. Mt 18, 15-20) qui relate le quatrième discours de Jésus, il a mis en exergue l’importance de la «correction fraternelle», proposant ainsi une réflexion sur la dimension à la fois communautaire «qui exige la protection de la communion», et la dimension personnelle «qui exige attention et respect de chaque conscience individuelle», au cœur de l’existence chrétienne.

Ne pas juger, accuser mais aider

Jésus  «pour corriger le frère qui est dans l’erreur» propose une «pédagogie de la récupération» qui est articulée autour de trois passages. Le premier passage : «va lui faire des reproches seul à seul» (v.15), ne consiste pas à «mettre son péché sur la place publique» mais il s’agit «de se rapprocher du frère avec discrétion, non pas pour le juger mais pour l’aider à réaliser ce qu’il a fait.»

«C’est un geste de fraternité, de communion, d’aide et de récupération.» Il n’est pas facile de mettre en pratique cet enseignement de Jésus. Mais, «c’est la voie du Seigneur.» Malgré «les bonnes intentions», cette première tentative peut échouer mais «il ne faut pas renoncer, ce ne serait pas chrétien.» 

Le deuxième passage: «S’il ne t’écoute pas, prends en plus avec toi une ou deux personnes afin que toute l’affaire soit réglée sur la parole de deux ou trois témoins» (v. 16). «C’est un précepte de la loi mosaïque» (cf. Dt 19, 15) et, «bien que cela puisse paraître contre l’accusé, en réalité, cela sert à le protéger des faux accusateurs». «Mais Jésus va plus loin», «les deux témoins sont tenus non pas d’accuser et de juger, mais d’aider».

Seul devant Dieu pour être sauvé

Jésus considère que cette approche avec les témoins peut également échouer dans la mesure où «même l’amour de deux ou trois frères peut être insuffisant». Intervient alors le temps communautaire: »dis-le à l’assemblée de l’Église», ce qui implique toute la communauté, parce qu’ «il faut un plus grand amour pour récupérer le frère. Mais parfois, même cela peut ne pas suffire.» Il convient alors «de remettre le frère dans les mains de Dieu.»

«S’il refuse encore d’écouter l’Église, considère-le comme un païen et un publicain», continue l’Évangile. Ce n’est pas «une condamnation sans appel», une expression «méprisante», mais la reconnaissance que parfois nos tentatives humaines peuvent échouer, et que «seul le fait d’être seul devant Dieu peut mettre notre frère devant sa propre conscience et la responsabilité de ses actes.»

Refuser les bavardages

«Seul le Père pourra montrer un amour plus grand que celui de tous les frères réunis.» Le bavardage «ferme le cœur à la communauté, et nuit à l’unité de l’Église. Le grand bavard est le diable (…) parce qu’il est le menteur qui essaie de désunir l’Église, de chasser les frères et de ne pas faire communauté.» «Les bavardages sont une peste plus mauvaise que le Covid.»

«Que la Vierge Marie nous aide à faire de la correction fraternelle une saine habitude, afin que dans nos communautés nous puissions toujours établir de nouvelles relations fraternelles, basées sur le pardon mutuel et surtout sur la puissance invincible de la miséricorde de Dieu.»

La solidarité et la vertu de la foi

PAPE FRANÇOIS

AUDIENCE GÉNÉRALE

Cour Saint-Damase
Mercredi 2 septembre 2020


Résumé de la catéchèse du Saint-Père :

Frères et sœurs, la famille humaine a Dieu comme unique origine, elle habite une maison commune et est appelée à une même destinée dans le Christ. Mais, lorsque nous oublions cela, les inégalités et les exclusions apparaissent, le tissu social se fragilise et l’environnement se détériore.

Afin que l’interdépendance dans laquelle nous vivons ne devienne pas dépendance des uns par rapport aux autres, nous avons besoin de solidarité. Celle-ci implique une nouvelle mentalité qui pense en termes de communauté. Le récit biblique de la Tour de Babel montre que lorsque nous oublions les liens qui nous unissent entre nous, avec la nature et avec le Créateur, nous détruisons la communauté.

A la Pentecôte, au contraire, l’Esprit Saint donne la force de Dieu pour annoncer le Christ ressuscité, et il crée l’harmonie. Il inspire la foi d’une communauté unie dans la diversité et dans la solidarité, où les structures créant les injustices sont corrigées, et où la personnalité de chacun, qui est un don unique, ne se transforme pas en individualisme égoïste.

La solidarité guidée par la foi nous permet de traduire l’amour de Dieu dans nos sociétés et dans nos cultures, non pas en construisant des murs qui divisent, mais en édifiant une communauté stable et vraiment humaine.

Catéchèse – “Guérir le monde” : 5. La solidarité et la vertu de la foi

Chers frères et sœurs, bonjour !

Après tant de mois, nous reprenons notre rencontre face à face et non devant un écran. Face à face. C’est beau ! L’actuelle pandémie a mis en évidence notre interdépendance : nous sommes tous liés, les uns aux autres, tant dans le mal que dans le bien.

C’est pourquoi, pour sortir meilleurs de cette crise, nous devons le faire ensemble. Ensemble, pas tout seuls, ensemble. Seuls non, parce que l’on ne peut pas ! Ou on le fait ensemble, ou on ne le fait pas. Nous devons le faire ensemble,  tous, dans la solidarité. Je voudrais souligner ce mot aujourd’hui : solidarité.

En tant que famille humaine, nous avons notre origine commune en Dieu ; nous habitons dans une maison commune, la planète-jardin, la terre dans laquelle Dieu nous a placés ; et nous avons une destination commune dans le Christ.

Mais quand nous oublions tout cela, notre interdépendance devient dépendance de certains à l’égard d’autres – nous perdons cette harmonie de l’interdépendance dans la solidarité – qui accroît l’inégalité et la marginalisation ; le tissu social s’affaiblit et l’environnement se dégrade. Toujours la même chose. La même façon d’ agir.

C’est pourquoi, le principe de solidarité est aujourd’hui plus que jamais nécessaire, comme l’a enseigné saint Jean-Paul II (cf. Enc. Sollicitudo rei socialis, nn. 38-40). Dans un monde interconnecté, nous faisons l’expérience de ce que signifie vivre dans le même « village global ». Cette expression est belle : le grand monde n’est autre qu’un village global, parce que tout est lié.

Mais nous ne transformons pas toujours cette interdépendance en solidarité.  Il y a un long chemin entre l’interdépendance et la solidarité. Les égoïsmes – individuels, nationaux et des groupes de pouvoir – ainsi que les rigidités idéologiques alimentent au contraire des « structures de péché » (ibid., n. 36).

« Le mot “solidarité” est un peu usé et, parfois, on l’interprète mal, mais il désigne beaucoup plus que quelques actes sporadiques de générosité. C’est plus que cela ! Il demande de créer une nouvelle mentalité qui pense en termes de communauté, de priorité de la vie de tous sur l’appropriation des biens par quelques-uns » (Exhort. ap. Evangelii gaudium, n. 188).

Cela signifie solidarité. Il ne s’agit pas seulement d’aider les autres – c’est bien de le faire, mais c’est plus que cela –  il s’agit de justice (cf. Catéchisme de l’Eglise catholique, nn. 1938-1940). L’interdépendance, pour être solidaire et porter des fruits, a besoin de fortes racines dans l’humain et dans la nature créée par Dieu, elle a besoin du respect des visages et de la terre.

Dès le début, la Bible nous avertit. Pensons au récit de la Tour de Babel (cf. Gn 11, 1-9), qui décrit ce qui se produit quand nous cherchons à atteindre le ciel – notre objectif – en ignorant le lien avec l’humain, avec la création et avec le Créateur. C’est une façon de dire : cela arrive chaque fois que l’on veut monter, monter, sans tenir compte des autres. Moi seulement !

Pensons  à la tour. Nous construisons des tours et des gratte-ciels, mais nous détruisons la communauté. Nous unifions les édifices et les langues, mais nous mortifions la richesse culturelle. Nous voulons être les maîtres de la Terre, mais nous détruisons la biodiversité et l’équilibre écologique.

Je vous ai raconté au cours d’une autre audience l’histoire de ces pêcheurs de  San Benedetto del Tronto qui sont venus cette année et qui m’ont dit : « Nous avons récupéré de la mer 24 tonnes de déchets, dont la moitié était du plastique ».

Imaginez ! Ces hommes capturent des poissons, oui, mais ils ont aussi l’idée de capturer les déchets et de les extraire pour nettoyer la mer. Mais cette [pollution] signifie détruire la terre, ne pas avoir de solidarité avec la terre qui est un don et l’équilibre écologique.

Je me souviens d’un récit médiéval qui décrit ce « syndrome de Babel », qui se produit quand il n’y a pas de solidarité. Ce récit médiéval  dit que, lors de la construction de la tour, quand un homme tombait – c’étaient des esclaves – et mourait, personne ne disait rien, au mieux : « Le pauvre, il s’est trompé et est tombé ». Mais si une brique tombait, tous se plaignaient.

Et si quelqu’un était coupable, il était puni ! Pourquoi ? Parce qu’une brique coûtait cher à fabriquer, à préparer, à cuire. Il fallait du temps et du travail pour fabriquer une  brique. Une brique valait plus que la vie humaine. Que chacun de nous pense à ce qui se produit aujourd’hui.

Malheureusement, aujourd’hui aussi, quelque chose de ce genre peut se produire. Le marché financier perd quelques points – nous l’avons vu sur les journaux ces jours-ci – et la nouvelle est rapportée par toutes les agences. Des milliers de personnes tombent à cause de la faim, de la misère, et personne n’en parle.

En opposition totale à Babel, nous trouvons la Pentecôte, nous l’avons entendu au début de l’audience (cf. Ac 2, 1-3). L’Esprit Saint, en descendant d’en haut comme le vent et le feu, investit la communauté enfermée au cénacle, lui insuffle la force de Dieu, la pousse à sortir et à annoncer à tous le Seigneur Jésus. L’Esprit crée l’unité dans la diversité, il crée l’harmonie.

Dans le récit de la Tour de Babel, il n’y avait pas l’harmonie : il y avait le fait d’aller de l’avant pour gagner de l’argent. Là, l’homme n’était qu’un simple instrument, une simple « force de travail », mais ici, avec la Pentecôte, chacun de nous est un instrument, mais un instrument communautaire qui participe de tout son être à l’édification de la communauté.

Saint François d’Assise le savait bien et, animé par l’Esprit, il donnait à toutes les personnes, et même aux créatures, le nom de frère ou sœur (cf. LS, n. 11; cf. Saint Bonaventure, Legenda maior, VIII, 6: FF 1145). Même le frère loup, rappelons-nous.

Avec la Pentecôte, Dieu se fait présent et inspire la foi de la communauté unie dans la diversité et dans la solidarité. Diversité et solidarité unies dans l’harmonie, telle est la voie. Une diversité solidaire possède les « anticorps » afin que la particularité de chacun – qui est un don, unique et irrépétible – ne tombe pas malade à cause de l’individualisme, de l’égoïsme.

La diversité solidaire possède également les anticorps pour guérir les structures et les processus sociaux qui ont dégénéré en systèmes d’injustice, en systèmes d’oppression (cf. Compendium de la doctrine sociale de l’Église, n. 192). La solidarité est donc aujourd’hui la voie à parcourir vers un monde après la pandémie, vers la guérison de nos maladies interpersonnelles et sociales. Il n’y en a pas d’autre.

Ou nous allons de l’avant sur la voie de la solidarité ou les choses seront pires. Je veux le répéter : on ne sort pas pareils qu’avant d’une crise. La pandémie est une crise. On sort d’une crise meilleurs ou pires. Nous devons choisir. Et la solidarité est précisément une voie pour sortir meilleurs de la crise, pas avec des changements superficiels, avec un coup de peinture comme ça tout va bien. Non ! Meilleurs !

Au milieu de la crise, une solidarité guidée par la foi nous permet de traduire l’amour de Dieu dans notre culture mondialisée, non pas en construisant des tours ou des murs – et combien de murs se construisent  aujourd’hui – qui divisent mais ensuite s’écroulent, mais en tissant des communautés et en soutenant des processus de croissance véritablement humaine et solide.

C’est pour cela que la solidarité peut aider. Je pose une question : est-ce que je pense aux besoins des autres ? Que chacun réponde dans son cœur.

Au milieu des crises et des tempêtes, le Seigneur nous interpelle et nous invite à réveiller et à rendre active cette solidarité capable de donner une solidité, un soutien et un sens à ces heures où tout semble sombrer. Puisse la créativité de l’Esprit Saint nous encourager à engendrer de nouvelles formes d’accueil familial, de fraternité féconde et de solidarité universelle. Merci.


Le Pape François a ensuite salué les pèlerins :

Je salue cordialement les pèlerins de langue française. En ces temps difficiles que nous traversons je vous encourage à répondre dans la foi aux appels que l’Esprit-Saint nous adresse à faire preuve de solidarité envers les personnes que nous rencontrons et qui comptent sur notre soutien fraternel. Que Dieu vous bénisse !
Je salue cordialement les fidèles anglophones. Mes pensées vont particulièrement aux jeunes qui retourneront à l’école dans les semaines à venir. Sur vous et vos familles, j’invoque la joie et la paix du Christ. Dieu te bénisse!

Je salue cordialement les fidèles germanophones. Je suis très heureux qu’une rencontre personnelle en face à face soit à nouveau possible en audience générale. En tant qu’êtres sociaux, nous avons besoin d’une telle immédiateté qu’elle est bonne pour l’âme. Prions le Seigneur pour que la crise, pour toute l’humanité, ne soit pas un motif de division, mais d’unité et de solidarité.

Je salue cordialement les fidèles hispanophones. Je demande au Seigneur de nous accorder la grâce de la solidarité guidée par la foi, afin que l’amour pour Dieu nous pousse à générer de nouvelles formes d’hospitalité familiale, de fraternité fructueuse et d’accueillir les frères les plus fragiles, en particulier ceux abandonnés par notre sociétés mondialisées. Dieu te bénisse.

J’adresse un salut cordial aux fidèles lusophones, en vous invitant à ne jamais vous lasser d’invoquer l’Esprit Saint, architecte de l’unité dans l’Église et entre les hommes, pour nous aider à toujours rechercher le dialogue avec toutes les personnes de bonne volonté, à construire un monde de paix et de solidarité. Que Dieu vous bénisse ainsi que ceux qui vous sont chers!

Je salue les fidèles arabophones. Au milieu des crises et des tempêtes, le Seigneur nous interpelle et nous invite à éveiller et à activer cette solidarité capable de donner solidité, soutien et sens à ces heures où tout semble se briser. Puisse la créativité de l’Esprit Saint nous encourager à générer de nouvelles formes d’hospitalité familiale, de fraternité féconde et de solidarité universelle. Le Seigneur vous bénisse tous et vous protège toujours de tout mal!

Je salue cordialement les Polonais. Chers frères et sœurs, nous avons célébré ces derniers jours en Pologne le 40e anniversaire des Accords qui – à commencer par la solidarité des opprimés – ont initié le «Syndicat de solidarité» et les changements politiques historiques dans votre pays et en Europe centrale. Aujourd’hui, nous parlons de solidarité dans le contexte de la pandémie.

Et ce que dit saint Jean-Paul II est toujours d’actualité: «Il n’y a pas de solidarité sans amour. En effet, il n’y a pas de bonheur, il n’y a pas d’avenir pour l’homme et pour la nation sans amour […]; l’amour qui est au service, qui s’oublie de soi et veut donner généreusement »(cf. Sopot, 5.06.1999). Chers frères et sœurs, soyez fidèles à cet amour! Je vous bénis de tout mon cœur.

Appel du Pape François pour le Liban

Chers frères et sœurs,

un mois après la tragédie qui a frappé la ville de Beyrouth, ma pensée se tourne de nouveau vers le cher Liban et sa population particulièrement éprouvée. Et ce prêtre qui est ici a apporté le drapeau du Liban à cette Audience.

Comme l’a dit saint Jean-Paul II il y a trente ans, à un moment crucial de l’histoire de ce pays, moi aussi, je répète aujourd’hui : « Face aux drames répétés que connaît chacun des habitants de cette terre, nous prenons conscience du péril extrême qui menace l’existence même du pays : le Liban ne peut pas être abandonné à sa solitude » (Lettre apostolique à tous les Évêques de l’Église catholique sur la situation au Liban, 7 septembre 1989).

Le Liban a été un pays d’espérance pendant plus de cent ans. Même aux moments les plus sombres de son histoire, les Libanais ont conservé leur foi en Dieu et montré la capacité de faire de leur terre un lieu de tolérance, de respect et de cohabitation unique dans la région. L’affirmation est profondément vraie selon laquelle le Liban représente quelque chose de plus qu’un État.

Le Liban « est un message de liberté et un exemple de pluralisme tant pour l’Orient que pour l’Occident » (Ibid.). Pour le bien même du pays mais aussi du monde, nous ne pouvons pas permettre que ce patrimoine disparaisse. J’encourage tous les Libanais à continuer à espérer et à retrouver les forces et les énergies nécessaires pour repartir.

Je demande aux hommes politiques et aux responsables religieux de s’engager avec sincérité et transparence dans l’œuvre de reconstruction, renonçant aux intérêts de parti et visant le bien commun et l’avenir de la nation. Je renouvelle également l’invitation à la Communauté internationale à soutenir le pays pour l’aider à sortir de la grave crise, sans être impliqué dans les tensions régionales.

Je m’adresse en particulier aux habitants de Beyrouth, durement éprouvés par l’explosion : frères, reprenez courage ! Que la foi et la prière soient votre force ! N’abandonnez pas vos maisons et votre héritage. Ne perdez pas le rêve de ceux qui ont cru en l’avenir d’un pays beau et prospère.

Chers pasteurs, évêques, prêtres, personnes consacrées, laïcs, continuez à accompagner vos fidèles. Et à vous, évêques et prêtres, je demande le zèle apostolique ; je vous demande la pauvreté, pas de luxe, la pauvreté avec votre pauvre peuple qui souffre. Donnez l’exemple de la pauvreté et de l’humilité.

Aidez vos frères et votre peuple à se relever et à être les protagonistes d’une renaissance. Soyez tous des artisans de concorde et de renouveau au nom de l’intérêt commun, d’une vraie culture de la rencontre, du vivre ensemble dans la paix, de la fraternité. Un mot si cher à saint François : la fraternité. Que cette concorde soit un renouveau de l’intérêt commun.

Sur ce fondement il sera possible d’assurer la continuité de la présence chrétienne et votre inestimable contribution au pays, au monde arabe et à toute la région, dans un esprit de fraternité entre toutes les traditions religieuses qui sont au Liban.

C’est pour cette raison que je désire inviter chacun à vivre une journée universelle de prière et de jeune pour le Liban, vendredi prochain, 4 septembre. J’ai l’intention d’envoyer ce jour-là mon représentant au Liban pour accompagner la population : le Secrétaire D’État ira en mon nom pour exprimer ma proximité et ma solidarité.

Offrons notre prière pour tout le Liban et pour Beyrouth. Soyons proches aussi par l’engagement concret de la charité, et d’autres occasions semblables. J’invite aussi les frères et les sœurs des autres confessions et traditions religieuses à s’associer à cette initiative selon les formes qu’ils jugeront les plus opportunes, mais tous ensemble.

Et maintenant je vous demande de confier à Marie, Notre Dame de Harissa, nos angoisses et nos espérances. Qu’elle soutienne tous ceux qui pleurent leurs êtres chers et qu’elle donne courage à tous ceux qui ont perdu leur maison, et, avec elle, une partie de leur vie ! Qu’elle intercède auprès du Seigneur Jésus pour que la Terre des Cèdres refleurisse et qu’elle répande le parfum du vivre ensemble dans toute la région du Moyen Orient.

Et maintenant je vous invite tous, dans la mesure du possible, à vous mettre debout en silence et à prier en silence pour le Liban.

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Je vous salue cordialement, pèlerins présents ici, et ceux qui suivent à travers les médias. Je vous encourage à invoquer souvent le Saint-Esprit de votre temps: sa force bonne et créatrice nous permet de sortir de nous-mêmes et d’être un signe de réconfort et d’espérance pour les autres.

J’adresse une pensée particulière aux personnes âgées, aux jeunes, aux malades et aux jeunes mariés. Le Seigneur connaît mieux que nous les attentes et les besoins que nous portons dans nos cœurs. Confions-nous en toute confiance à sa Providence, toujours à la recherche du bien, même quand cela coûte.


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