Audience générale : reconstruire une relation harmonieuse avec la Création

Audience générale : reconstruire une relation harmonieuse avec la Création

PAPE FRANÇOIS

AUDIENCE GÉNÉRALE

Bibliothèque du palais apostolique
Mercredi 22 avril 2020


Frères et sœurs, nous célébrons aujourd’hui la 50ème Journée Mondiale de la Terre, une occasion pour renouveler notre engagement à aimer et protéger notre maison commune. L’homme est tiré de la terre, mais Dieu a mis en lui un souffle vital.

Créés à l’image de Dieu, nous sommes appelés à respecter toutes les créatures, à en prendre soin, et, à l’exemple de Jésus, à avoir compassion pour tous nos frères et sœurs, en particulier les plus faibles. Par égoïsme, nous avons manqué à notre responsabilité de gardien et d’administrateur de la création.

Nous l’avons polluée et pillée commettant ainsi une faute contre la terre, contre notre prochain, et contre le créateur qui, cependant, pourvoit à chacun et veut que nous vivions ensemble, dans la prospérité. Pour retrouver un rapport harmonieux avec la terre et l’humanité, il nous faut considérer de manière nouvelle notre maison commune : non plus comme une ressource à exploiter.

La Bible affirme la bonté du monde naturel créé par Dieu pour soutenir l’humanité. Nous devons opérer une conversion écologique qui s’exprime par des actions concrètes et communes, non seulement au niveau international, mais aussi personnel : chacun de nous peut apporter son indispensable contribution.

En ce temps pascal de renouvellement, engageons-nous à aimer et apprécier le don magnifique de la terre, notre maison commune, et à prendre soin de tous les membres de la famille humaine. Comme frères et sœurs que nous sommes, supplions ensemble notre Père céleste : “Envoie-sur nous ton Esprit et renouvelle la face de la terre”» (Psaume 104).

En ce temps d’incertitudes, je demande à Dieu de vous soutenir dans l’espérance, l’amour et la solidarité les uns envers les autres. Que Dieu vous bénisse ! (cf. Psaume 104)

Dans la joie du Christ ressuscité, j’invoque sur vous et vos familles l’amour miséricordieux de Dieu notre Père. Le Seigneur vous bénisse!

Ce printemps nous invite à nous joindre aux louanges que la nature, les fleurs et les animaux adressent au Créateur. Que la Création trouve une occasion particulière en cette année pour se ressourcer et se revigorer. Je vous souhaite à tous un bon temps de Pâques.

En ces jours illuminés par la résurrection du Seigneur Jésus, demandons-lui de renouveler toutes choses avec son Esprit vivifiant, de nous accorder de trouver le sens du saint respect de la terre et d’être plus attentifs aux besoins de tous les frères. Que Dieu vous bénisse.

En espérant que cette période de Pâques, au cours de laquelle nous nous souvenons que la résurrection du Christ est le début de la nouvelle création, vous encouragera à vous engager encore plus dans les soins de la maison commune. Soyez animés par la certitude que, comme nous l’apprend saint Paul, « la création attend avec impatience la manifestation des enfants de Dieu » (Rm 8, 19). Que Dieu vous bénisse!

Lorsque Dieu a créé Adam et Eve, il leur a donné le commandement de garder la terre. C’est le commandement de Dieu pour chaque homme, afin de construire notre maison commune qui est aujourd’hui menacée par l’égoïsme humain. Par conséquent, chacun de nous est appelé à respecter la création par la coopération et l’amour. Le Seigneur vous bénisse!

Chers frères et sœurs, unis par l’amour fraternel avec tous les habitants de la terre, créés à l’image et à la ressemblance de Dieu et appelés à prendre soin et à respecter toutes les créatures, nous renouvelons notre engagement à sauvegarder notre maison commune. Nous demandons à notre Père céleste de toujours renouveler, avec la puissance et l’amour du Saint-Esprit, la face de notre terre. Je te bénis de tout mon cœur!

* * *

Que le message qui naît de l’événement du Christ ressuscité soit un engagement à témoigner sous le signe de l’amour fraternel et solidaire. Enfin, je salue les jeunes, les malades, les personnes âgées et les jeunes mariés. Chers amis, à la lumière de la Résurrection, redécouvrez la joie et la beauté de la vie, qui est un don de Dieu. À tous, ma bénédiction.


© Copyright – Libreria Editrice Vaticana

prier pour que l’Europe parvienne à l’unité rêvée par les Pères fondateurs

prier pour que l’Europe parvienne à l’unité rêvée par les Pères fondateurs

Jésus-et-Nicodème
Jésus et Nicodème

Lors de la messe célébrée ce mercredi de la deuxième semaine du Temps Pascal en la chapelle de la Maison Sainte-Marthe, le Saint-Père a prié pour que l’Europe puisse réussir à conserver l’unité entre les nations. Son homélie a été centrée sur l’amour de Dieu, qui a envoyé son Fils afin de sauver le monde et non pour le condamner.

 

Il a introduit la messe par ces mots: «En ce temps où tant d’unité est nécessaire entre nous, entre les nations, prions aujourd’hui pour l’Europe, afin que l’Europe ait cette unité, cette unité fraternelle dont rêvaient les pères fondateurs de l’Union européenne.»

Dans l’Évangile du jour (Jn 3, 16-21), Jésus dit à Nicodème que «Dieu a tellement aimé le monde qu’il a donné son Fils unique, afin que quiconque croit en lui ne se perde pas, mais obtienne la vie éternelle. Car Dieu a envoyé son Fils dans le monde, non pas pour juger le monde, mais pour que, par lui, le monde soit sauvé.»

homélie :

«Ce passage de l’Évangile de Jean, chapitre 3, le dialogue entre Jésus et Nicodème, est un véritable traité théologique: il y a tout. Le kérygme, la catéchèse, la réflexion théologique, la parénèse… il y a tout, dans ce chapitre.

Et chaque fois que nous le lisons, nous rencontrons plus de richesse, plus d’explications, plus de choses qui nous font comprendre la révélation de Dieu. Ce serait bien de le lire beaucoup de fois, pour s’approcher du mystère de la rédemption. Aujourd’hui, je ne prendrai que deux points de tout ceci, deux points qui se trouvent dans le passage d’aujourd’hui.

Le premier est la révélation de l’amour de Dieu. Dieu nous aime et il nous aime – comme le dit un saint – comme une folie: l’amour de Dieu semble une folie. Il nous aime: « Il a tellement aimé le monde qu’il a donné son Fils unique ». Il a donné son Fils, il a envoyé son Fils et l’a envoyé mourir sur la croix. Chaque fois que nous regardons le crucifix, nous trouvons cet amour.

Le crucifix est précisément le grand livre de l’amour de Dieu. Ce n’est pas un objet à mettre ici ou là, plus beau, pas si beau, pas si ancien, plus moderne… non. Il est précisément l’expression de l’amour de Dieu. Dieu nous a aimés de cette façon: il a envoyé son Fils, [qui] s’est détruit jusqu’à mourir sur la croix par amour. Il a tellement aimé le monde, Dieu, qu’il a donné son Fils.

Combien de personnes, combien de chrétiens passent leur temps à regarder le crucifix … et là ils trouvent tout, parce qu’ils ont compris, l’Esprit Saint leur a fait comprendre qu’il y a toute la science, tout l’amour de Dieu, toute la sagesse chrétienne.

Paul en parle, en expliquant que tout le raisonnement humain qu’il fait est utile jusqu’à un certain point, mais le vrai raisonnement, la plus belle façon de penser, mais aussi qui ce qui explique le plus tout, c’est la croix du Christ, c’est le Christ crucifié qui est scandale et folie, mais qui est le chemin.

Et c’est l’amour de Dieu. Dieu a tellement aimé le monde qu’il a donné son Fils unique. Et pourquoi cela ? Pour que celui qui croit en Lui ne soit pas perdu mais ait la vie éternelle. L’amour du Père qui veut que ses enfants soient avec lui.

Regarder le crucifié en silence, regarder les blessures, regarder le cœur de Jésus, regarder l’ensemble: le Christ crucifié, le Fils de Dieu, anéanti, humilié… par amour. C’est le premier point que nous fait voir aujourd’hui ce traité de théologie qu’est le dialogue de Jésus avec Nicodème.

Le deuxième point nous aidera également: « la lumière est venue dans le monde, et les hommes ont préféré les ténèbres à la lumière, parce que leurs œuvres étaient mauvaises ». Jésus s’empare aussi de la lumière. Il y a des gens – même nous, bien souvent – qui ne peuvent pas vivre dans la lumière parce qu’ils sont habitués à l’obscurité.

La lumière les éblouit, ils sont incapables de voir. Ce sont des chauves-souris humaines: elles ne savent se déplacer que la nuit. Et nous aussi, quand nous sommes dans le péché, nous sommes dans cet état: nous ne tolérons pas la lumière. Il est plus confortable pour nous de vivre dans l’obscurité ; la lumière nous gifle, nous fait voir ce que nous ne voulons pas voir.

Mais le pire, c’est que les yeux, les yeux de l’âme de tant de personnes vivant dans l’obscurité s’y habituent tellement qu’ils finissent par ignorer ce qu’est la lumière. Je perds le sens de la lumière parce que je m’habitue à l’obscurité. Et tant de scandales humains, tant de corruptions nous le montrent.

Les corrompus ne savent pas ce qu’est la lumière, ils ne savent pas. Nous aussi, quand nous sommes en état de péché, en état d’éloignement du Seigneur, nous devenons aveugles et nous nous sentons mieux dans l’obscurité et nous allons comme ça, sans voir, comme les aveugles, en bougeant comme nous pouvons.

Laissons l’amour de Dieu, qui a envoyé Jésus pour nous sauver, entrer en nous et la lumière que Jésus apporte, la lumière de l’Esprit, entrer en nous et nous aider à voir les choses avec la lumière de Dieu, avec la vraie lumière et non avec les ténèbres que le seigneur des ténèbres nous donne.

Deux choses, aujourd’hui: l’amour de Dieu dans le Christ, dans le Crucifié; et au quotidien, dans la question quotidienne que nous pouvons nous poser: « Est-ce que je marche dans la lumière ou est-ce que je marche dans les ténèbres? Suis-je un enfant de Dieu ou ai-je fini par être une pauvre chauve-souris ? »».

Comme chaque matin, le Pape a terminé la célébration par un temps d’adoration et la bénédiction eucharistique, en invitant à la communion spirituelle.

Prière récitée par le Pape :

«Mon Jésus, je crois que tu es vraiment présent dans le Saint Sacrement de l’autel. Je t’aime par-dessus tout et te désire dans mon âme. Puisque je ne peux pas vous recevoir sacramentellement maintenant, venez au moins spirituellement dans mon cœur. Comme je suis déjà venu, je T’embrasse et toutes choses te rejoignent. Ne laisse jamais cela me séparer de Toi».

Avant de quitter la chapelle dédiée au Saint-Esprit, l’antienne mariale « Regina caeli », chantée pendant le Temps Pascal, a été entonnée:

«Regína caeli laetáre, allelúia.

Quia quem merúisti portáre, allelúia.

Resurréxit, sicut dixit, allelúia.

Ora pro nobis Deum, allelúia».

prier pour que le silence de cette période nous apprenne à écouter

prier pour que le silence de cette période nous apprenne à écouter

Le Saint-Père a prié pour que nous puissions développer notre capacité d’écoute, lors de la messe de ce mardi de la deuxième semaine du Temps Pascal, célébrée en la chapelle de la Maison Sainte-Marthe au Vatican.

 

pain partage
pain partage

Dans son homélie, il a évoqué l’harmonie qui régnait dans la première communauté chrétienne; aujourd’hui encore, l’Esprit Saint est capable de faire des merveilles si nous sommes dociles et le laissons combattre les trois tentations qui divisent les communautés: l’argent, la vanité et le bavardage.

En introduction de la messe de ce mardi, le Saint-Père a formulé la prière suivante:

«En ce moment, il y a beaucoup de silence. On peut aussi écouter le silence. Que ce silence, qui est un peu nouveau dans nos habitudes, nous apprenne à écouter, nous fasse grandir dans notre capacité d’écoute. Prions pour cela.»

La lecture, issue du livre des Actes des Apôtres (Ac 4, 32-37) décrit la vie des membres de la première communauté chrétienne qui avaient «un seul cœur et une seule âme», et parmi lesquels tous les biens étaient mis en commun.

homélie :

«Naître d’en haut, c’est naître avec la puissance du Saint-Esprit. Nous ne pouvons pas prendre le Saint-Esprit pour nous; nous pouvons seulement le laisser nous transformer. Et notre docilité ouvre la porte à l’Esprit Saint: c’est Lui qui opère le changement, la transformation, cette renaissance d’en haut.

C’est la promesse de Jésus d’envoyer le Saint-Esprit. Le Saint-Esprit est capable de faire des merveilles, des choses auxquelles nous ne pouvons même pas penser.

Cette première communauté chrétienne en est un exemple. Elle n’est pas une fantaisie, c’est ce qu’on nous dit ici: c’est un modèle, auquel on peut arriver quand il y a de la docilité et que l’on laisse l’Esprit Saint entrer et nous transformer.

Une communauté – disons – « idéale ». Il est vrai qu’immédiatement après, les problèmes commenceront, mais le Seigneur nous montre jusqu’où nous pouvons aller si nous sommes ouverts à l’Esprit Saint, si nous sommes dociles.

Dans cette communauté, il y a de l’harmonie. L’Esprit Saint est le maître de l’harmonie, il est capable de le faire et l’a fait ici. Il doit le faire dans nos cœurs, il doit changer beaucoup de choses en nous, mais il doit faire l’harmonie: parce que Lui-même est l’harmonie. Ainsi l’harmonie entre le Père et le Fils: Lui, Il est l’amour de l’harmonie.

Et c’est Lui, avec harmonie, qui crée ces choses comme cette communauté harmonieuse. Mais ensuite, l’histoire nous raconte – le même livre des Actes des Apôtres – de nombreux problèmes dans la communauté. C’est un modèle: le Seigneur a permis à ce modèle de communauté presque « céleste » de nous montrer où nous devons arriver.

Mais ensuite les divisions au sein de la communauté ont commencé. L’apôtre Jacques dit dans le deuxième chapitre de sa lettre : « Que votre foi soit à l’abri de favoritismes personnels » – car il y en avait ! « Ne faites pas de discriminations »: les apôtres doivent sortir et réprimander.

Et Paul, dans la première lettre aux Corinthiens, au chapitre 11, se plaint: « J’ai entendu dire qu’il y a des divisions parmi vous »… Des divisions internes dans les congrégations commencent.

Cet « idéal » est à atteindre, mais ce n’est pas facile: beaucoup de choses divisent une communauté, qu’il s’agisse d’une paroisse chrétienne, ou d’une communauté diocésaine ou presbytérale, ou encore d’hommes et de femmes religieux… beaucoup de choses entrent en jeu pour diviser la communauté.

En regardant quelles sont les choses qui ont divisé les premières communautés chrétiennes, j’en trouve trois: d’abord, l’argent. Quand l’apôtre Jacques dit cela, de ne pas faire de favoritismes personnels, il donne un exemple car « si dans votre église, dans votre assemblée, un homme avec un anneau d’or entre, vous le faites immédiatement avancer, et le pauvre est laissé de côté ».

L’argent. Paul lui-même dit la même chose: « Les riches apportent de la nourriture, et les pauvres, eux, mangent debout », on les laisse là comme pour leur dire « Arrangez-vous comme vous pouvez » ». L’argent divise, l’amour de l’argent divise la communauté, divise l’Église.

Souvent, dans l’histoire de l’Église, là où il y a des déviations doctrinales – pas toujours, mais souvent – il y a de l’argent derrière: l’argent du pouvoir, à la fois politique et en espèces, mais c’est de l’argent. L’argent divise la communauté.

C’est pourquoi la pauvreté est la mère de la communauté, la pauvreté est le mur qui garde la communauté. L’argent divise, l’intérêt personnel. Même dans les familles: combien de familles ont fini par être divisées par un héritage ? Combien de familles ? Et ils ne se parlent plus… Combien de familles… Un héritage… Ils se sont séparés: l’argent divise.

Une autre chose qui divise une communauté est la vanité, ce désir de se sentir mieux que les autres. « Je te remercie, Seigneur, car je ne suis pas comme les autres », la prière du pharisien.

Et aussi vanité dans le fait de me montrer, vanité dans les habitudes, dans l’habillement: combien de fois – pas toujours mais combien de fois – la célébration d’un sacrement est un exemple de vanité, qui va avec les meilleurs vêtements, ce que fait l’un et l’autre… Vanité… la fête la plus grande… La vanité entre là aussi. Et la vanité divise. Parce que la vanité vous conduit à être un paon et là où il y a un paon, il y a toujours la division.

Une troisième chose qui divise une communauté est le bavardage: ce n’est pas la première fois que je le dis, mais c’est la réalité. Et c’est la réalité. Cette chose que le diable met en nous, comme un besoin de parler des autres. « Quelle bonne personne est ce… » – « Oui, oui, mais… » : immédiatement le « mais », c’est une pierre pour disqualifier l’autre. Immédiatement je dis une chose que j’ai entendue, et donc je rabaisse un peu l’autre.

Mais l’Esprit vient toujours avec sa force pour nous sauver de cette mondanité de l’argent, de la vanité et du bavardage, car l’Esprit n’est pas le monde : il est contre le monde. Il est capable de faire ces miracles, ces grandes choses.

Demandons au Seigneur cette docilité à l’Esprit afin qu’il nous transforme et transforme nos communautés, nos communautés paroissiales, diocésaines, religieuses: transformons-les, afin que nous puissions toujours avancer dans l’harmonie que Jésus veut pour la communauté chrétienne.»

Comme chaque matin, le Pape a terminé la célébration par un temps d’adoration et la bénédiction eucharistique, en invitant à la communion spirituelle.

Prière récitée par le Pape :

«Mon Jésus, je crois que tu es vraiment présent dans le Saint Sacrement de l’autel. Je t’aime par-dessus tout et te désire dans mon âme. Puisque je ne peux pas vous recevoir sacramentellement maintenant, venez au moins spirituellement dans mon cœur. Comme je suis déjà venu, je T’embrasse et toutes choses te rejoignent. Ne laisse jamais cela me séparer de Toi».

Avant de quitter la chapelle dédiée au Saint-Esprit, l’antienne mariale « Regina caeli », chantée pendant le Temps Pascal, a été entonnée:

«Regína caeli laetáre, allelúia.

Quia quem merúisti portáre, allelúia.

Resurréxit, sicut dixit, allelúia.

Ora pro nobis Deum, allelúia».

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