Le Pape appelle les jeunes à être acteurs de paix

Ce jeudi 5 septembre 2019 en matinée, le Pape a  rencontré officiellement les autorités, la société civile et le corps diplomatique à qui il s’est adressé au Palais Ponte Vermelha, après un entretien avec le président Filipe Nyusi.

Il a présidé ensuite une rencontre interreligieuse avec des jeunes, qui s’est déroulée dans un palais des sports de la capitale mozambicaine, le stade Maxaquene de Maputo, où des milliers de jeunes l’attendaient. Dans une ambiance joyeuse, reflétant la diversité ethnique et religieuse du pays, François a adressé aux jeunes des paroles d’espérance et d’encouragement, notamment pour construire la paix dans leur nation.

C’était le deuxième temps fort de cette première journée du Pape François au Mozambique.

Les interrogations d’un jeune mozambicain

Ceux-ci avaient préparé de brèves allocutions, des chorégraphies ou encore des chants en guise d’accueil. Devant le Saint-Père, des dizaines de jeunes se sont succédé, chaque groupe s’exprimant au nom d’une confession religieuse particulière – chrétienne, musulmane, hindoue, catholique.

Un jeune homme a ensuite pris la parole, décrivant le Mozambique comme une terre dotée d’immenses ressources naturelles, mais où la plupart des jeunes vivent «dans un état de pauvreté absolue». «Que pouvons-nous faire pour que notre rêve devienne réalité ?» et «que faire pour que nous, les jeunes, nous fassions partie de la solution aux problèmes qui affectent notre pays ?»

Des paroles stimulantes

Le Souverain pontife a tenté d’y répondre dans son discours au ton affectueux et encourageant. «Que peut-il y avoir de plus important pour un pasteur que d’être avec ses jeunes ?» «Vous n’êtes pas que l’avenir du Mozambique, ou de l’Église et de l’humanité; vous êtes le présent : par tout ce que vous êtes et faites, vous apportez déjà votre contribution en lui offrant le meilleur que vous puissiez donner aujourd’hui» «Vous êtes la joie de ce pays, la joie d’aujourd’hui», «vous êtes la vitalité de ce peuple, où chacun joue un rôle fondamental, dans un unique projet innovant, pour écrire une nouvelle page de l’histoire, une page remplie d’espérance, de paix et de réconciliation.»

Le sport, école de solidarité et de sain dépassement

François a ensuite invité les jeunes à réaliser leurs rêves en se méfiant de deux attitudes: «la résignation et l’angoisse» qui sont «de grandes ennemies de la vie, car normalement, elles nous poussent vers un chemin facile, mais d’échec ; et les frais de péage qu’elles demandent pour laisser passer sont très élevés… On paie de son propre bonheur, voire de sa propre vie».

Le Pape s’est notamment référé au football, grande passion du peuple mozambicain, pour mettre en relief la capacité à faire équipe malgré les différences. Il a cité l’un des plus célèbres joueurs du pays, Eusébio da Silva. Puis Maria Mutola a été donnée en exemple par le Saint-Père: à force de persévérance, cette athlète mozambicaine est parvenue à la médaille d’or aux Jeux Olympiques de Sydney, et s’est aussi souciée de l’avenir des enfants de son pays natal. «Comme le sport nous apprend à persévérer dans nos rêves !»

Prendre soin de ses racines

Puis un autre thème cher au Souverain pontife a été évoqué, celui du lien aux anciennes générations. «Ce que vous écoutiez, ce que vous voyiez vos parents et grands-parents chanter et danser, vous l’avez adopté comme vôtre. C’est le chemin que je vous propose: un chemin “fait de liberté, d’enthousiasme, de créativité, d’horizons nouveaux, mais en cultivant en même temps ces racines qui nourrissent et soutiennent”», mots de son Encyclique Christus vivit.

Paix, environnement… des thèmes d’actualité

«La paix est un processus que vous aussi vous êtes appelés à faire progresser, en étendant toujours vos mains surtout à ceux qui traversent des moments difficiles.» «Comme il est important que nous apprenions à être une main amie et tendue ! Essayez également de grandir dans l’amitié avec ceux qui pensent différemment, pour que la solidarité grandisse entre vous et devienne la meilleure arme pour transformer l’histoire.»

Rappelant enfin les deux cyclones qui ont ravagé le pays en début d’année, mais aussi les beautés naturelles du Mozambique, le Saint-Père a incité les jeunes à continuer de prendre «à bras le corps l’impérieux défi de protéger notre Maison commune.»

Dieu est Amour

Pour clore son discours, le Pape a souligné combien l’amour de Dieu pour chacun de ses enfants est unique, fidèle, fait de liberté et de miséricorde. «Dieu vous aime et, sur cette affirmation, toutes nos traditions religieuses sont d’accord», a-t-il dit, avant d’inviter l’assemblée à un petit temps de recueillement… «essaie de rester un moment en silence en te laissant aimer par lui. Essaye de faire taire toutes les voix et les cris intérieurs, et reste un moment dans les bras de son amour». «Je sais que vous croyez en cet amour qui rend possible la réconciliation».

Mozambique : les exigences de la paix

Le Pape François a rencontré ce jeudi matin le président mozambicain Filipe Nyusi et les autorités civiles du pays au Palais Ponte Vermelha.

 

Il a d’emblée situé sa première intervention dans la perspective de «l’espérance d’un avenir meilleur», en adressant ses «premières paroles de proximité et de solidarité» aux victimes des cyclones Idai et Kenneth.

«Je veux que vous sachiez que je partage votre angoisse, votre souffrance ainsi que l’engagement de la communauté catholique pour faire face à une situation si dure. Au sein de la catastrophe et de la désolation, je demande à la Providence que ne vous fasse pas défaut la sollicitude de tous les acteurs civils et sociaux qui, en mettant la personne au centre, seront capables de promouvoir la reconstruction nécessaire». il a regretté de ne pas pouvoir se rendre directement sur les lieux les plus affectés par la catastrophe.

Il a également exprimé sa «reconnaissance et celle d’une grande partie de la communauté internationale pour les efforts qui, depuis des décennies, sont accomplis afin que la paix redevienne la norme et la réconciliation, le meilleur chemin pour affronter les difficultés et les défis que vous avez en tant que Nation.»

Se reconnaître comme frères

Il a salué la signature récente de «l’accord du cessez-le-feu définitif entre frères mozambicains. C’est un jalon, que nous saluons et espérons décisif, posé par des personnes courageuses sur la voie de la paix qui part de cet Accord général de 1992 conclu à Rome.»

Il sa souligné que toutes ces étapes visent à «empêcher que la manière d’écrire l’histoire ne soit une lutte fratricide, mais plutôt la capacité de se reconnaître comme frères, fils d’une même terre, administrateurs d’un destin commun», invitant au «courage de la paix.»

«Non à la violence et oui à la paix !», a dit le Pape, citant les mots prononcés par saint Jean-Paul II lors de sa visite dans le pays en 1988.

Les promesses d’un développement inclusif

Le Pape a salué des «progrès prometteurs» dans le domaine de l’éducation et de la santé. «Je vous encourage à poursuivre le travail de consolidation des structures et des institutions nécessaires pour que personne ne se sente abandonné, surtout vos jeunes, qui constituent la majorité de la population. Ils ne sont pas seulement l’espérance de cette terre, ils sont le présent qui interpelle, cherche et a besoin de trouver des moyens dignes leur permettant de développer leurs talents ; ils sont un potentiel pour semer et développer l’amitié sociale tant désirée.»

«Une culture de paix implique un développement productif, substantiel et inclusif, où chaque mozambicain puisse sentir que ce pays est sien, et dans lequel il puisse établir des relations de fraternité et d’équité avec son voisin et avec tout ce qui l’entoure.»

Le Pape a conclu son discours en disant espérer que son séjour dans le pays «puisse contribuer à ce que la paix, la réconciliation et l’espérance règnent définitivement.»

La mémoire du cardinal Etchegaray saluée par le Pape et l’Église en France

Après le décès du cardinal Roger Etchegaray, le Pape François, depuis le Mozambique, a fait part de ses condoléances.

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Le cardinal Roger Etchegaray est décédé ce mercredi 4 septembre 2019 à l’âge de 96 ans. Depuis Maputo, la capitale du Mozambique, en son 31e voyage apostolique, le Pape François a fait parvenir un message à Mgr Aillet, évêque de Bayonne, Lescar et Oloron, le diocèse natal de Roger Etchegaray. C’est lui qui a annoncé dans la soirée de mercredi la disparition du cardinal, avant d’inviter les fidèles à prier pour le repos de son âme.

Dans son message, le Pape François fait part de ses vives condoléances et de son union dans la prière. «Le cardinal Roger Etchegaray que je confie à la miséricorde de Dieu a profondément marqué la vie de l’Église en France et de l’Église universelle, pasteur «zélé et aimé du peuple qu’il avait été appelé à servir», «conseiller écouté et apprécié, particulièrement dans les situations délicates pour la vie de l’Église dans différentes régions du monde.»

Il déclare garder un souvenir ému de cette figure marquante de l’Église française, saluant la foi profonde du cardinal, au «regard tourné vers les extrémités de la terre, toujours en éveil quand il s’agissait d’annoncer l’Évangile aux hommes d’aujourd’hui

Les réactions en France

Suite à l’annonce du décès du cardinal, de nombreuses réactions sont venues de France, et notamment de Marseille,  où, plusieurs décennies après son passage, il est resté une figure connue et populaire.

«Le Père Roger Etchegaray laisse le souvenir d’un homme simple et chaleureux, témoigne Mgr Georges Pontier, administrateur apostolique du diocèse de Marseille et ancien président de la Conférence des Évêques de France.  Le béret basque sur la tête, un sourire bienveillant, encourageant, un accent bien trempé attiraient une immédiate sympathie.»

Le Père Etchegaray est resté 13 ans (1971-1984) archevêque de Marseille où il laisse des souvenirs durables. «Ses éditoriaux, son sens de la formule, sa facilité de contact y ont fait merveille, témoigne Mgr Pontier. Lui-même reconnaîtra combien ce passage à Marseille aura marqué sa vie et son ministère ».

«Le Pape Jean Paul II lui a confié des missions difficiles auprès des grands de ce monde, dit Mgr Pontier. Il les a rencontrés avec courage, clarté, simplicité, ouverture. Il rappelait parfois ces moments uniques, comme sa visite au président Fidel Castro ou ses interventions au nom du Saint Siège pour encourager à renoncer à la guerre ici ou là. Cela a profondément enrichi son expérience sans jamais lui ôter son humanité faite d’humilité, de simplicité.»

«Oui vraiment, conclut Mgr Georges Pontier, le Père Roger Etchegaray, Cardinal de l’Église, aura laissé de son passage sur cette terre une marque de profonde humanité travaillée par sa foi et sa vie donnée pour l’Église et les Hommes. Il a aimé le Christ de toutes ses forces. Il a aimé les hommes, des plus petits aux plus grands. Il a aimé l’Église de toute son énergie

Mgr Éric de Moulins-Beaufort, archevêque de Reims et président de la CEF rend grâce au nom de l’Église de France «pour ce qu’elle a reçu par sa fidélité et son service sans faille». «Les plus anciens gardent la mémoire de son contact souriant, de ses éditoriaux pleins de fine sagesse, de son engagement pour l’unité de l’Église,… de sa capacité à exprimer avec justesse et souplesse les richesses de la foi.»

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