Les religieuses malgaches encouragées aux petits actes d’amour et de renoncements

Les religieuses malgaches encouragées aux petits actes d’amour et de renoncements

2e étape de son voyage apostolique à Madagascar: la rencontre du Pape François avec les religieuses contemplatives. Il a prié avec elles l’office de milieu du jour, dans la chapelle du monastère des Carmélites déchaussées d’Antananarivo. Délaissant l’homélie initialement prévue, François s’est adonné à une méditation improvisée et très personnelle sur les «petits actes d’amour» à poser dans la vie religieuse, sur la voie de la charité et de l’obéissance.

Devant la centaine de religieuses présentes, qui lui ont réservé un accueil enthousiaste à son arrivée, le Pape a voulu partager ce qu’il avait  «sur le cœur» et a raconté une petite histoire: celle de deux religieuses, l’une âgée, aidée, pour marcher ou pour s’asseoir au réfectoire, par une autre plus jeune. La religieuse âgée, rendue un peu nerveuse et atrabilaire par la maladie, n’acceptait pas facilement le soutien que lui proposait avec abnégation, et toujours souriante, sa jeune consœur.

Des petits pas sur la route de l’obéissance, dans la charité et l’amour

Cette histoire «n’est pas une fable, c’est une histoire de vie qui reflète un morceau de la vie communautaire et fait voir l’esprit avec lequel on peut la vivre», a confié François, révélant que la jeune religieuse n’était autre que Sainte Thérèse de l’Enfant-Jésus, à laquelle il voue par ailleurs une grande dévotion.

«Vous toutes, sœurs de clôture, vous êtes venues pour être proches du Seigneur, pour chercher la voie de la perfection, qui se trouve dans ces petits pas sur la route de l’obéissance, dans la charité et l’amour». Ces petits pas, qui ne semblent rien, sont en réalité des «cordes d’amour», qui «font venir Dieu», et le «rendent esclave».

Ne pas avoir peur de la petitesse

Le Saint-Père a donc exhorté les religieuses contemplatives à avoir le courage d’accomplir ces petits pas, à ne pas avoir peur de la petitesse, car c’est bien là que Dieu se trouve.

L’on est parfois tenté de vouloir réformer, changer la vie religieuse pour qu’elle soit parfaite et corresponde à nos critères. Or, ces idées, manifestées souvent avec beaucoup de sincérité, peuvent être insufflées par le diable : « si tu veux changer le monde, commence avec ces petits actes d’amour et de renoncement.»

Prendre garde au démon

Le Pape François a également mis en garde contre les tentations de la mondanité, qui se présentent insidieusement dans la vie religieuse, même contemplative. Il les a enjoint surtout à la prudence et au discernement en communauté.

En entrant au couvent, les religieuses ont remporté la lutte ; vaincu, le diable est, en quelque sorte laissé à la porte du monastère. Triste et désabusé, il s’en va alors chercher un autre démon plus rusé, qui lui conseille de rester patient. «C’est une façon de faire habituelle du démon», qui éprouve ensuite le fort désir de revenir.

Prenant d’autres congénères avec lui, il guette à la porte du cœur de la «belle âme»; ces «démons éduqués» n’entrent pas avec fracas, mais «sonnent à la porte», doucement. Puis sèment le désastre. Le tentateur ne veut pas être découvert, il se déguise souvent, parfois «en père spirituel», a ajouté le Pape avec gravité.

Faire preuve de prudence

La religieuse doit donc faire montre de prudence. «Si vous ressentez quelque choses d’étrange, quelque chose qui vous enlève la paix de l’esprit, il faut le dire au Seigneur (…), il faut en parler avec la prieure, avec la communauté» ;  «c’est la défense que vous avez… Il faut être solidaires, unies, marcher les unes avec les autres vers la sainteté, pour défendre la gloire de Dieu, défendre l’amour».

Le Saint-Père est revenu sur l’exemple de Sainte Thérèse, qui s’entretenait de ses doutes et de ses interrogations avec sa prieure, «qu’elle n’aimait pas trop, pourtant». Même si la prieure, pour quelque raison, semble antipathique, «elle représente Jésus, et la voie de l’obéissance fait de toi un sujet de l’amour.»

Lutter jusqu’à la fin

«Dans les tentations de la vie spirituelle, il n’y a pas de retraite. Tu devras lutter jusqu’à la fin, dans l’obscurité, même quand tu penses avoir perdu la foi», a assuré le Pape, religieux lui-même, avant de temporiser: «mais tout cela est beau quand la lutte est vraie, et alors, on ne perd pas la paix.»

«Thérèse a accompagné une vieille religieuse, et maintenant elle accompagne un vieux, le Pape, a-t-il dit sous les applaudissements de l’assistance. Je veux parler de mon expérience, elle m’accompagne à chaque pas et je veux en donner témoignage. Elle m’a enseigné à avancer, malgré mes douleurs. Mais c’est une amie fidèle et elle montre la route à suivre.»

favoriser «le développement humain intégral»

favoriser «le développement humain intégral»

Ce samedi matin, la première journée du Saint-Père à Madagascar a débuté par une rencontre avec les autorités, le corps diplomatique et plusieurs représentants de la société civile, au Palais présidentiel d’Antananarivo. Le Pape a évoqué la politique et la protection de l’environnement sur la Grande Ile, pour assurer la promotion de tous les habitants.

 

Avant cette rencontre, le Pape François et le président Andry Rajoelina se sont rencontrés en privé. Dans le livre d’honneur, le Saint-Père a écrit le mot suivant: «Je suis venu comme semeur de paix et d’espérance: puissent les semences jetées dans cette terre porter pour le peuple malgache des fruits abondants ! Le Seigneur vous bénisse ! Priez pour moi, je vous prie».

Après cela, la cérémonie publique a commencé dans une vaste salle du Palais, où la première intervention a été donnée par le président malgache, en français. Puis ce fut au tour du Pape, qui a chaleureusement remercié ses hôtes, en particulier le «peuple malgache», pour son «hospitalité remarquable».

Une force: l’âme du peuple malgache

François a ensuite mentionné un élément central de la culture nationale: le “fihavanana”, inscrit dans la Constitution, «qui évoque l’esprit de partage, d’entraide et de solidarité. Cela comprend également l’importance des liens familiaux, de l’amitié, et de la bienveillance entre les hommes et envers la nature».

Le Pape y voit «l’âme» du peuple malgache, une âme à préserver puisqu’elle donne aux habitants «ces traits particuliers qui le distinguent, le constituent et lui permettent de résister avec courage et abnégation aux multiples contrariétés et aux difficultés auxquelles il est confronté quotidiennement».

Lutter contre la corruption et l’exclusion

Puis, le Saint-Père s’est arrêté sur la situation politique du pays, se réjouissant de la mise en œuvre d’une «alternance démocratique positive» depuis l’indépendance de la Grande Ile. Les responsables politiques restent toutefois confrontés au «défi permanent» de «favoriser les conditions d’un développement digne et juste, impliquant tous les acteurs de la société civile».

Il a alors lancé un appel fort, exhortant à «lutter avec force et détermination contre toutes les formes endémiques de corruption et de spéculation qui augmentent la disparité sociale, et à affronter les situations de grande précarité et d’exclusion qui produisent toujours des conditions de pauvreté inhumaine».

Dans cette perspective, il demande l’instauration de «médiations structurelles qui peuvent assurer une meilleure répartition des revenus et une promotion intégrale de tous les habitants, en particulier des plus pauvres», sans se limiter à de l’assistanat.

Inquiétude pour la biodiversité du pays

Un deuxième défi de Madagascar a ensuite été évoqué: prendre soin de «cette terre bénie pour sa beauté et son inestimable richesse naturelle». Une richesse «particulièrement menacée par la déforestation excessive au profit de quelques-uns; sa dégradation compromet l’avenir du pays et de notre Maison commune», a mis en garde François, avant de dénoncer «les feux de forêt, le braconnage, la coupe effrénée de bois précieux», la «contrebande et des exportations illégales».

Si ces activités assurent la survie de certaines populations, il est «important de créer des emplois et des activités génératrices de revenus qui respectent l’environnement et aident les personnes à sortir de la pauvreté»,  pour «l’intégration d’une justice sociale qui accorde le droit à la destination commune des biens de la terre.»

Aider la population en respectant sa singularité

Le Saint-Père a également sollicité l’engagement de «la communauté internationale», dont l’aide ne doit cependant pas entraîner Madagascar vers «une prétendue “culture universelle” qui méprise, enterre et supprime le patrimoine culturel de chaque peuple».

Au contraire, le processus d’aide doit respecter «les priorités et les modes de vie autochtones», afin que «le peuple lui-même [se prenne] en charge progressivement, en devenant l’artisan de son propre destin». Le Pape a donc appelé ses hôtes à écouter toutes les voix «d’une communauté nationale qui cherche son unité. Je vous invite à imaginer ce chemin sur lequel personne n’est laissé de côté, ni ne va seul, ou se perd.»

La disponibilité de l’Église catholique

En conclusion de son discours, le Souverain Pontife a rappelé le rôle de l’Église catholique dans cette perspective de développement humain intégral respectueux de la culture malgache: «Contribuer, dans un dialogue permanent avec les chrétiens des autres confessions, avec les membres des différentes religions et avec tous les acteurs de la société civile, à l’avènement d’une véritable fraternité qui valorise toujours le “fihavanana”, en favorisant le développement humain intégral, afin que personne ne soit exclu».

Plantation d’un baobab

Cette rencontre s’est achevée à l’extérieur du Palais présidentiel, où le Pape François, accompagné du président Rajoelina, a participé à la plantation d’un petit baobab. Un arbre grandement symbolique: on l’appelle “reniala” en malgache, c’est-à-dire “mère de la forêt”. Il est très présent sur la Grande Ile.

Les baobabs deviennent toujours des arbres centenaires – certains ont même plus de 800 ans ! – aux proportions impressionnantes: la circonférence du tronc peut atteindre 30 mètres. On le surnomme également “arbre bouteille”, car il est capable de retenir une importante quantité d’eau. Le baobab résiste enfin aux conditions climatiques extrêmes.

Le Pape François arrivé à Madagascar, comme semeur de paix et d’espérance

Le Pape François arrivé à Madagascar, comme semeur de paix et d’espérance

Après 2h50 de vol pour rejoindre Madagascar depuis le Mozambique, le Pape François a atterri à Antananarivo vers 16 heures, heure locale, soit 15 heures, heure française.

Le Pape François est arrivé à l’aéroport international d’Antananarivo-Ivato vendredi 6 septembre vers 16 heures, heure locale – avec une demi-heure d’avance sur son programme.

Il a été accueilli par le Président de la République malgache, Andry Rajoelina, ainsi que son épouse, mais aussi les évêques de l’île. Trois cents fidèles étaient présents.

Le Pape a ensuite  été transféré à la nonciature apostolique au nord de la capitale.

La nonciature à Madagascar officie également pour l’île Maurice et l’archipel des Seychelles.  Le Saint-Père y dinera en privé ce vendredi soir.

Dans les rues de la capitale, les drapeaux jaunes et blancs du Vatican saluent la visite apostolique du pape François. Tout le monde s’attèle à la tâche et le président Malgache a suivi personnellement les préparatifs. La presse de l’île affiche l’événement sur ses premières pages, et les malgaches se préparent à assister à la messe de dimanche matin. Environ 900.000 personnes sont attendues.

Le programme du Pape ce week-end à Madagascar 

Le samedi 7 septembre, dans la capitale malgache, le Pape rencontrera le président Andry Rajoelina à 9h30 au Palais présidentiel, avant la rencontre à 10h15 avec les autorités, la société civile et le corps diplomatique en début de matinée.

Il prononcera ensuite une homélie lors de l’office de tierce au monastère des carmélites déchaussées à 11h15, avant de déjeuner à la nonciature. Il rencontrera ensuite les évêques du pays à 16h à la cathédrale de l’Immaculée Conception, appelée aussi cathédrale d’Andohalo (du nom du quartier dans lequel elle se situe).

Il visitera ensuite à 17h la tombe de la bienheureuse Victoire Rasoamanarivo, puis il conclura la journée à18h par une veillée avec les jeunes dans le champ diocésain de Soamandrakizay.

Dimanche 8 septembre, il célébrera la messe à 10h en ce même lieu, d’où il récitera ensuite la prière de l’Angélus. Après le déjeuner, François visitera à 15h10 le village d’Akamasoa du père Pedro, la “Cité de l’Amitié”. Il se rendra ensuite à 16h sur le chantier de Mahatzana pour y réciter une prière pour les travailleurs. Cette seconde journée sur la Grande Ile se terminera à 17h10 par la rencontre avec les prêtres, religieuses et religieux, les personnes consacrées et les séminaristes au collège Saint-Michel.

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