prier le Seigneur avec courage, de tout son cœur

Prier avec courage, face-à-face avec le Seigneur, sans tiédeur mais y mettant tout son cœur: c’est l’exhortation du Pape François lors de sa messe quotidienne ce jeudi 4 avril dans la chapelle de la Maison Sainte-Marthe

 

Dans son homélie, le Pape s’est concentré sur la prière, l’un des trois moyens, avec le jeûne et le l’aumône, avec lesquels on se prépare à la fête de Pâques. Pour faire comprendre en quoi consiste la prière d’intercession, il se réfère à quelques-unes des grandes figures des Écritures: Moïse, Abraham, Anne la mère de Samuel, et la Cananéenne.

L’exemple de Moïse

Moïse en prière
Moïse en prière

La première lecture proposée par la liturgie de ce jour nous parle de la prière d’intercession de Moïse pour son peuple qui s’est détourné de la face de Dieu en adorant un veau d’or. «Maintenant, laisse-moi faire; ma colère va s’enflammer contre eux», tonne ainsi l’Éternel.

Mais Moïse le supplie de n’en rien faire, et Lui parle «comme un maître à son disciple».  Il cherche à persuader Dieu, avec douceur, mais aussi avec fermeté, de ne pas faire de mal à son peuple. Il rappelle au Seigneur les promesses faites à Abraham, Isaac et Israël de rendre leur descendance comme les étoiles dans le ciel. C’est comme s’il disait à Dieu: «Seigneur, ne perds pas la face, Tu as fait toutes ces choses !»

Le courage d’Abraham, d’Anne et de la Cananéenne

Toujours dans la première lecture, le Seigneur dit à Moïse: «mais de toi, je ferai une grande nation».  Mais le prophète intercède pour le peuple, avec le peuple, ou rien. Dans la Bible, l’on trouve d’autres passages d’intercession, comme celui où Dieu fait part à Abraham de sa volonté de détruire Sodome.

Mais le patriarche, dont le neveu vit dans la cité, demande au Seigneur d’épargner la ville, au nom des 30, 20, voire les 10 justes, qui pourraient s’y trouver.  À la fin, Dieu épargne Lot, le neveu d’Abraham et sa famille, les seuls justes de la cité impie.

Quant aux autres  modalités d’intercession présentes dans les Écritures, il y a par exemple, Anne, la mère de Samuel, qui, «en silence, balbutiant à voix basse, prie, prie et prie encore, en bougeant les lèvres, au point que le prêtre qui était là pense qu’elle est ivre». Anne prie pour avoir un fils. C’est «l’angoisse d’une femme» qui intercède devant Dieu.

Dans les Évangiles, il y a également l’exemple d’une femme courageuse, «qui n’use pas de la persuasion, ni du marchandage, ni de l’insistance silencieuse». C’est la Cananéenne qui demande la guérison de sa fille , tourmentée par un démon.

Au début, Jésus lui dit qu’Il n’est envoyé que pour le peuple d’Israël, et qu’il n’est pas convenable de jeter le pain des enfants aux petits chiens. Elle ne s’en offusque pas pour autant, et insiste en affirmant que les petits chiens peuvent se contenter des miettes qui tombent de la table. Jésus accède ainsi à sa prière.

Jésus, le grand intercesseur auprès du Père

Il y a donc de nombreuses façons d’intercéder dans la Bible, et il faut «du courage pour prier ainsi» , souligne le Pape. Il faut de la «parrêsie» (franchise, parler vrai) dans cette prière, le courage de parler à Dieu face-à-face.

Ces personnes supplient le Seigneur, luttent avec Lui parce qu’elles ont foi qu’Il peut «donner la grâce»: «Nous sommes tièdes parfois. Certains se disent, ‘j’ai prié un Ave Maria, un Notre Père et ensuite j’oublie…’ La prière de perroquet, ça ne va pas.  La vraie prière est celle-ci: avec le Seigneur. Et quand je dois intercéder je dois le faire ainsi, avec courage».

Encore une expression utilisée par plusieurs personnes, particulièrement éloquente : «Je le fais à fond! ». «Cela vaut aussi dans la prière d’intercession.»  Une certitude doit primer sur les doutes que nous pouvons avoir : «Jésus est le grand intercesseur ».

Assis à la droite du Père, Il intercède pour nous devant Lui, comme Il l’a fait au moment de sa Passion, lorsqu’il a prié pour Pierre, afin que sa foi ne défaille pas. «Quand je prie (…) c’est Jésus qui prend ma prière et la présente au Père. Il n’a pas besoin de parler: Il Lui montre ses plaies. Le Père les voit et fait grâce. Quand nous prions, pensons que nous le faisons avec Jésus.  (…) Jésus est notre courage, notre assurance. »

Servir l’espérance signifie construire des ponts entre les civilisations

Le Pape François a consacré la catéchèse de l’Audience générale, place Saint-Pierre à Rome, au récent voyage apostolique au Maroc des 30 et 31 mars, sur le thème: « Serviteur de l’espérance ». Il remercie le roi Mohammed VI et les autres autorités marocaines « de leur accueil chaleureux et de leur collaboration« .

PAPE FRANÇOIS

AUDIENCE GÉNÉRALE

Place Saint-Pierre
Mercredi 3 avril 2019


Frères et sœurs, je remercie le Seigneur pour mon voyage apostolique au Maroc, qui m’a permis de faire un pas de plus, à la suite de saint François d’Assise et de saint Jean-Paul II, sur le chemin du dialogue et de la rencontre avec les frères et sœurs musulmans, pour être « Serviteur de l’espérance ».

Servir l’espérance

Mais pourquoi le Pape va chez les musulmans et pas seulement chez les catholiques? Avec les musulmans nous sommes descendants du même père, Abraham». Nous ne devons pas avoir peur de la différence: Dieu a permis cela. Nous devons plutôt avoir peur si nous ne faisons pas ce travail de fraternité.

Servir l’espérance aujourd’hui signifie surtout jeter des ponts entre les civilisations. C’est ce que nous avons fait avec le Roi Mohammed VI, en réaffirmant le rôle essentiel des religions dans la défense de la dignité humaine et la promotion de la paix, de la justice et de la protection de la création.

Et, dans cette perspective, nous avons signé ensemble un Appel pour Jérusalem, pour que la Cité sainte soit préservée comme patrimoine de l’humanité et lieu de rencontre pacifique, notamment entre les fidèles des trois religions monothéistes.

Parler des «personnes» migrantes

A l’occasion d’une rencontre avec les migrants, j’ai pu remercier l’Église au Maroc qui, par son engagement à leurs côtés, manifeste, au-delà des programmes d’assistance, cette ouverture aux différences sous le signe de la fraternité humaine, en mettant en œuvre la parole du Christ : « j’étais un étranger et vous m’avez accueilli » (Mt. 25,35).

J’ai eu aussi la joie de visiter le Centre Rural des Filles de la Charité à Témara, qui offre divers services à la population locale, en accueillant notamment des enfants.

La messe de dimanche: une Épiphanie du Peuple de Dieu

Enfin, j’ai encouragé l’Église au Maroc, en soulignant que ce n’est pas la quantité qui compte, mais qu’il s’agit d’être un sel qui a de la saveur, une lumière qui brille. Cela ne vient pas de nous, mais de Dieu, de l’Esprit-Saint  qui nous rend témoins du Christ là où nous sommes, en vivant de son amour les uns avec les autres.

Et cette joie de la communion ecclésiale a trouvé son fondement et sa pleine expression dans la belle célébration eucharistique de dimanche, une singulière Épiphanie du Peuple de Dieu au cœur d’un pays musulman !

Appel pour la Journée mondiale du sport

À l’occasion de la Journée mondiale du sport pour la paix et le développement qui a lieu aujourd’hui :

Le sport est un langage universel qui embrasse tous les peuples et contribue à dépasser les conflits et à unir les personnes. Le sport est aussi source de joie et de grandes émotions, et c’est une école où se forgent les vertus pour la croissance humaine et sociale des personnes et des communautés. Je souhaite à tous de ‘se mettre en jeu’ dans la vie comme dans le sport.

Que le Seigneur nous aide à être des serviteurs de l’espérance, là où nous vivons, en devenant des constructeurs de ponts entre les hommes. Que Dieu vous bénisse !


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Quelle Église pour les jeunes ?

Quelle Église pour les jeunes ?

Christus vivit - le Christ vit - peinture de Jésus sous la croix dans l'église Collegiata dell'Assunta d'Arco - artiste inconnu
Christus vivit – le Christ vit – peinture de Jésus sous la croix dans l’église Collegiata dell’Assunta d’Arco – artiste inconnu

Dans son exhortation apostolique post-synodale Christus vivit, (Le Christ vit) le pape souhaite une Église qui se laisse stimuler par les jeunes, qui ne soit ni timide, ni « en guerre sur deux ou trois thèmes qui l’obsèdent ».   Elle est rendue publique ce 2 avril 2019. Il appelle de ses vœux une Église « pas trop attentive à elle-même » mais qui  « reflète surtout Jésus-Christ ».

Dans ce document, fruit du synode d’octobre sur les jeunes, le pape constate que « certaines choses concrètes doivent changer » dans l’Église, « et que pour cela il faut aussi prendre en compte la vision, voire les critiques des jeunes. »

Reconnaître la lumière chez les autres

L’indifférence, l’aversion ou même le rejet de l’Église professé par des jeunes s’enracine dans des raisons sérieuses et respectables, reconnaît-il en énumérant notamment les scandales sexuels et économiques, l’inadaptation à la sensibilité des jeunes, les difficultés de l’Église à rendre raison de ses positions doctrinales et éthiques face à la société contemporaine.

« Certains jeunes réclament une Église qui écoute davantage, qui ne soit pas toujours à condamner le monde. Ils ne veulent pas voir une Église silencieuse et timide, ni toujours en guerre sur deux ou trois thèmes qui l’obsèdent, une Église sur la défensive, qui n’a plus l’humilité, qui cesse d’écouter, qui ne permet pas qu’on l’interpelle. »

L’Église a besoin « de retrouver l’humilité et d’écouter simplement, de reconnaître dans ce que disent les autres la présence d’une lumière qui l’aide à mieux découvrir l’Évangile. » « Bien qu’elle possède la vérité de l’Évangile, cela ne signifie pas qu’elle l’ait comprise pleinement ; il lui faut au contraire toujours grandir dans la compréhension de ce trésor inépuisable. »

Droits des femmes et morale sexuelle

La morale sexuelle tend « à être une cause fréquente d’incompréhension et d’éloignement par rapport à l’Église, dans la mesure où elle est perçue comme un espace de jugement et de condamnation. »

Les jeunes expriment « un désir explicite de dialogue sur les questions relatives à la différence entre l’identité masculine et féminine, à la réciprocité entre les hommes et les femmes et à l’homosexualité. »

Attention à « une Église trop craintive et trop structurée », qui risque de devenir «continuellement critique face aux discours sur la défense des droits des femmes, et signaler constamment les risques et les erreurs possibles de ces revendications. »

L’Église doit au contraire prêter attention « aux revendications légitimes des femmes qui demandent plus de justice et d’égalité. » Elle « peut se rappeler l’histoire et reconnaître une large trame d’autoritarisme de la part des hommes, de soumission, de diverses formes d’esclavage, d’abus et de violence machiste. »

Ainsi « elle sera capable de faire siennes ces revendications de droits, et elle donnera sa contribution avec conviction pour une plus grande réciprocité entre hommes et femmes, bien qu’elle ne soit pas d’accord avec tout ce que proposent certains groupes féministes. »

« Dans cette ligne, le Synode veut renouveler l’engagement de l’Église contre toute discrimination et toute violence liées à l’orientation sexuelle. C’est la réaction d’une Église qui se révèle jeune et qui se laisse interpeller et stimuler par la sensibilité des jeunes. »

Si l’Église peut irriter les jeunes, ils sont cependant « sensibles à la figure de Jésus, lorsqu’elle est présentée de façon attrayante et efficace… C’est pourquoi il est nécessaire que l’Église ne soit pas trop attentive à elle-même mais qu’elle reflète surtout Jésus-Christ. »

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