Le Père Georges Lemaître et le Bing Bang

Remarquable cosmologiste, le Père Georges Lemaître proposa le premier avec A. Friedmann l’idée d’un Univers en expansion. Il a aussi pressenti l’existence du rayonnement cosmologique diffus, plus de 30 ans avant sa découverte.

Biographie

Georges Lemaître est né le 17 juillet 1894 à Charleroi, en Belgique. C’est à l’âge de 9 ans, en 1903, qu’il prend la décision de donner son existence à Dieu et à la science. « La science n’a jamais ébranlé ma foi et la religion n’a jamais amené à mettre en question ce que je concluais de mes raisonnements scientifiques », écrira-t-il plus tard.

Et pourtant, le salut ne peut être ni démontré ni expérimenté. La science a quelque chose de commun avec Dieu ; plus on en sait, moins on en sait…

Les mathématiques, la physique et la cosmologie sont les matières qu’il affectionne le plus au cours de ses brillantes études au collège des jésuites de Charleroi puis à l’Université Catholique de Louvain, en Belgique. Il est accepté en 1923 à l’université de Cambridge comme étudiant-chercheur, suite à la rédaction d’un mémoire sur « La Physique d’Einstein ».

Il est ordonné prêtre la même année. Lemaître parviendra toujours à concilier ses aspirations scientifiques et religieuses. Pour lui le commencement de l’Univers et son explication physique et mathématique ne sont pas incompatibles avec l’idée philosophique de création de l’Univers.

Travaillant aux côtés de l’astronome A. Eddington, Lemaître s’intéresse beaucoup à la théorie de la relativité générale d’Albert Einstein. S’appuyant sur les travaux du savant russe A. Friedmann, Lemaître propose en 1927 le modèle d’un Univers en expansion. il va être le premier à contredire Einstein qui a imaginé un univers stable pour proposer l’idée révolutionnaire d’un univers en expansion, à l’origine rassemblée en un point ; l’hypothèse du Big Bang est née : Fiat lux…

C’est une idée révolutionnaire pour l’époque : alors que tout le monde, Einstein compris, imagine un Univers statique, Lemaître le conçoit avec un commencement (une explosion initiale qui s’appellera bientôt le Big Bang), une évolution et peut-être une fin. En 1929 l’astronome E. Hubble confirmera les théories de Lemaître en découvrant par l’observation l’éloignement des galaxies au sein d’un Univers en expansion.

A la même époque Lemaître émet une nouvelle hypothèse : dans sa théorie de l’atome primitif, destinée à expliquer le commencement de l’Univers, il soupçonne que les évènements qui se sont produits au moment de la naissance de l’Univers ont laissé une trace sous forme d’un rayonnement cosmique. Ce fond diffus cosmologique sera découvert fortuitement en 1965.

A partir de l’entre deux guerres le cosmologiste belge obtient une reconnaissance internationale pour ses recherches. Il rencontre à plusieurs reprises Einstein et on l’invite dans les plus grandes universités. Amené à utiliser des machines à calculer, il en apprend la programmation. Il se spécialise également dans l’étude de la formation des nébuleuses.

Atteint d’une leucémie, il meurt le 20 juin 1966. Quelques mois plus tôt, on lui avait annoncé la découverte du rayonnement fossile (par Penzias et Wilson) qu’il avait imaginé dans les années 30. Un cratère lunaire et un astéroïde portent son nom.

L’expansion était pour lui accélérée ; ce qui sera confirmé en 1998. Et l’univers, s’il évoluait, devait avoir eu un commencement. Il le nomma l’atome primitif. Fred Hoyle le popularisera par la célèbre formule du Big Bang.

l’idéal qui doit nous orienter

 

 

 

 

Il y a cinquante ans jour pour jour, le bienheureux Pape Paul VI donnait cette audience.

Humanisme véritable et nouveau conformisme

Chers Fils et Filles,

A ceux qui se posent la question de savoir par quoi est guidée, en ce moment, notre pensée, sur la perfection humaine, sur l’idéal qui doit orienter l’homme moderne, bien des idées viennent à l’esprit, qui constituent l’une des caractéristiques de la mentalité des hommes de notre temps.

Ces pensées partent en général d’une évaluation négative des types d’hommes que nous proposait comme modèles la pédagogie des générations précédentes. Une critique effrontée et souvent acerbe démolit les hommes exemplaires qui nous ont précédés.

La stature des héros du passé est rabaissée et réduite à des niveaux souvent au-dessous de la normale. Mais, surtout, les représentants des générations proches de la nôtre sont immanquablement rejetés comme inaptes à enseigner quoi que ce soit aux générations nouvelles, et sont même accusés d’être coupables des situations inadmissibles que la jeunesse moderne aurait héritées d’eux.

Le bien que les anciens, ou les moins anciens, ont fait ou se sont efforcé de faire, tout doit être repensé et repris non seulement sans égard, mais en opposition aux données traditionnelles, que le temps et la maturité de la civilisation nous montrent comme le fruit d’immenses efforts, dignes d’honneur et de reconnaissance.

Tout est faux, dit-on; ou, du moins, tout est à abandonner et à refaire du type d’homme tenu jusqu’à hier pour exemplaire. On veut un humanisme nouveau.

On le veut si nouveau que l’on rejette continuellement les formules d’humanisme admises jusqu’à hier, jusqu’aujourd’hui, par les différentes écoles de pensée ou par les divers mouvements sociaux. De la recherche d’un humanisme nouveau, on tombe ensuite facilement dans le conformisme avec quelque auteur à la mode, discutable, mais à la mode.

La foi et la grâce, vie du christianisme

Cependant, dans la recherche d’une humanité typique et idéale, il y a aussi des idées positives, spécialement dans le milieu privilégié de notre vie ecclésiale.

Toute la doctrine sur la perfection de la vie religieuse et de la prédestination à la sainteté issue de la vocation chrétienne, l’affirmation des valeurs non seulement du domaine surnaturel de la grâce, mais aussi de l’ordre temporel et de l’activité naturelle, que le Concile a réitérée dans ses documents, nous poussent à croire que le disciple du Christ peut et doit, encore aujourd’hui, avoir sa grandeur morale propre.

Grandeur héritée, il est vrai, mais vivante et durable; et si le chrétien n’en atteint pas toujours la plus haute qualité, il n’en a pas moins le secret, la formule juste dans le domaine doctrinal. Le chrétien, s’il est vraiment tel, est l’homme qui se réalise lui-même librement et pleinement.

Il le fait en s’inspirant d’un modèle d’infinie perfection et d’inégalable humanité: le Christ Notre-Seigneur, imitable en quelques formes nécessaires que réclament la foi et la grâce, et en beaucoup d’autres que lui suggèrent son sens chrétien et la conscience de son élection (cf. S. Th. I-II, 108, 1).

Ici nous rencontrons une objection répandue, revenant sans cesse dans l’histoire et dans la littérature, et devenue classique pour l’écho qu’elle trouva chez des auteurs célèbres, tels Machiavel et Pascal…

Comment l’homme peut être fort et devenir saint

Voici l’objection: la religion catholique, spécialement dans sa présentation des doctrines morales, abaisse le sens moral, place les enseignements dogmatiques au-dessus des impératifs de la conscience, préfère le piétisme et les vertus théologales aux principes de la justice, propres à la morale naturelle. Laissons l’étude de la question à ceux qu’elle intéresse.

Pour ce qui est de notre humble dialogue, nous nous bornerons à quelques observations simples mais importantes. La première défendra le rapport entre la religion et la morale. Nous affirmons, avec toute la tradition théologique et pédagogique du christianisme, que la grâce perfectionne la nature.

C’est-à-dire que la foi, la vie religieuse, la référence à Dieu de nos actes, comme à son principe et à sa fin, l’exemple et la vertu qui découlent de l’Évangile, l’enseignement que l’Église donne aux fidèles sur la connaissance de leurs devoirs et la manière de concevoir leur vie personnelle et la vie sociale, la pratique de la prière et de la crainte de Dieu, etc., ne déforment pas le caractère de l’homme, ne restreignent pas sa liberté, ne se substituent pas à l’intime procès de la conscience et, moins encore, n’autorisent le fidèle à éluder ses engagements dans le contexte naturel et civil; elles n’en font pas un pharisien bigot et hypocrite.

Au contraire, ces données fortifient dans l’homme le vrai sens de l’homme. Elles réveillent en lui non seulement la conscience du bien et du mal, l’affranchissent de l’indifférentisme moral selon lequel, d’après une mentalité répandue, le sens de Dieu étant éteint, le pourquoi et le comment de l’acte honnête s’efface; mais elles lui confèrent une énergie spéciale pour être fort et droit, et une autre énergie mystérieuse: la grâce.

L’une et l’autre portent l’homme à la réalisation de ce véritable surhomme qu’est le juste selon la foi, le héros simple et constant des grandes et quotidiennes épreuves de la vie, le saint enfin, entendu au sens primitif de la communauté chrétienne ou, en des cas particuliers, au sens de l’hagiographie moderne.

Le croyant n’a pas à craindre d’être dernier ni même second au niveau de l’idéal humain où se situe la mentalité contemporaine.

Sincérité, courage, honnêteté des mœurs

Ceci nous amène à une autre observation. La conception du parfait chrétien doit faire grand cas des vertus morales propres à la nature humaine, considérée intégralement (cf. Décret De Instit. sacerdotali n. 11). Citons la première de ces vertus: la sincérité, la véracité « Que votre parole soit: oui, oui; non, non » (Matthieu 5, 37; Jacques 5, 12).

Nous devons délivrer le chrétien de la fausse et déshonorante opinion qu’il lui est permis de jouer sur sa parole; qu’il y a en lui duplicité entre la pensée et la parole; qu’il peut, en vue d’un bien, tromper son prochain. Le manteau de la religion n’est pas pour protéger l’hypocrisie (cf. Bernanos, L’imposture).

Il en est de même du sens de la justice. Et d’abord de la justice commutative, celle qui regarde le mien et le tien, c’est-à-dire l’honnêteté des rapports économiques, les affaires, la rectitude administrative, spécialement dans les offices publics.

Ensuite, de la justice sociale (que les anciens appelaient légale, « dans ce sens que, par là, l’homme se conforme à la loi qui ordonne les actes de toute l’œuvre humaine au bien commun » — cf. S. Th. II-II, 58, 6; c’est pourquoi saint Thomas l’appelle « vertu architectonique » — (cf. ibid. 60, 1 ad 4).

Nous disons de même du sens du devoir, du courage, de la magnanimité, de l’honnêteté des mœurs, et ainsi de suite (cf. Gillet, La valeur éducative de la morale catholique).

Nous devons hautement apprécier ces vertus naturelles, même si nous n’oublions pas qu’en dehors de l’ordre de la grâce elles sont incomplètes, et souvent associées aux faiblesses humaines les plus déplorables (cf. St Augustin, De la cité de Dieu, V, 19; P.M. 41, 166); et souvenons-nous combien elles sont stériles par elles-mêmes, en valeur surnaturelle (ibid. XX, 25; P.L. 41, 656; et XXI, 16; P.L. 41, 730).

Enseignements dépassés? Non. Le Concile nous les rappelle lorsque, par exemple, il dit: « Un grand nombre de nos contemporains semblent redouter un lien trop étroit entre l’activité concrète et la religion: ils y voient un danger pour l’autonomie des hommes, des sociétés et des sciences ». Et il défend ainsi la légitime autonomie dans la gestion des réalités terrestres (Gaudium et Spes, n. 36).

Le devoir d’observer les obligations sociales est sacré

Il en est de même ailleurs. Par exemple: « Que tous prennent très à cœur de compter les solidarités sociales parmi les principaux devoirs de l’homme d’aujourd’hui, et de les respecter » (ibid. n. 30).

Et partout le Concile propose au chrétien un sage humanisme, qui, sans oublier les grandes lois de la perfection évangélique, telles que les renoncements qui nous rendent meilleurs et plus spirituels, le sacrifice, qui imprime le signe rédempteur de la croix dans notre vie, élève le chrétien à la stature de l’homme intégral, à la plénitude des dons reçus de Dieu avec la vie, à l’équilibre hiérarchique de ses facultés, à l’utilisation inlassable et harmonieuse de ses forces, au sens communautaire de ses réalisations humaines concrètes, à la dignité de sa propre conscience, et cela non comme critère de vérité objective, mais comme principe d’une conduite morale libre et responsable.

N’est-il pas beau qu’en notre temps, si troublé par les confusions idéologiques et sociales, l’Église de Dieu parle à tous et à chacun de perfection humaine, morale et vécue. Écoutons-la; et que notre Bénédiction Apostolique renforce notre invitation paternelle et généreuse.

PAUL VI AUDIENCE GÉNÉRALE mercredi 17 juillet 1968


© Copyright – Libreria Editrice Vaticana

annoncer l’Évangile, libres et légers

Les missionnaires voyagent « libres et légers, sans appuis et sans faveurs, seulement sûrs de l’amour de Celui qui les envoie » : ils ne sont pas « des managers tout-puissants, pas des fonctionnaires intraitables, pas des vedettes en tournée. » Introduisant la prière mariale de l’angélus, place Saint-Pierre, ce 15 juillet 2018, le pape a insisté sur « la pauvreté des moyens », dans la mission.

Tous les chrétiens sont missionnaires par le baptême : « Un baptisé qui ne sent pas le besoin d’annoncer l’Évangile, d’annoncer Jésus, n’est pas un bon chrétien. » « Aucun chrétien n’annonce l’Évangile “à son compte”, mais seulement envoyé par l’Église qui a reçu le mandat du Christ lui-même. »

PAPE FRANÇOIS

ANGÉLUS

Place Saint-Pierre
Dimanche 15 juillet 2018

Chers frères et sœurs, bonjour !

L’Évangile d’aujourd’hui (cf. Mc 6,7-13) raconte le moment où Jésus envoie les Douze en mission. Après les avoir appelés par leur nom un par un, « pour qu’ils soient avec lui » (Mc 3,14) en écoutant ses paroles et en observant ses gestes de guérison, aujourd’hui il les convoque à nouveau pour « les envoyer en mission deux par deux » (6,7) dans les villages où il allait se rendre.

C’est une sorte de “stage” de ce que nous serons appelés à faire après la Résurrection du Seigneur avec la puissance de l’Esprit Saint. Le passage évangélique s’arrête sur le style du missionnaire, que nous pouvons résumer en deux points : la mission a un centre ; la mission a un visage. Le disciple missionnaire a avant tout un centre de référence, qui est la personne de Jésus.

Le récit l’indique en utilisant une série de verbes qui ont Jésus pour sujet – « il les appela », « il commença à les envoyer en mission », « il leur donnait autorité », « il leur prescrivit », « il leur disait encore » (vv. 7.8.10) –, de sorte que le départ et l’action des Douze apparaît comme l’irradiation d’un centre, la représentation de la présence et de l’œuvre de Jésus dans leur action missionnaire.

Cela manifeste combien les Apôtres n’ont rien d’eux-mêmes à annoncer, ni de capacités à démontrer, mais parlent et agissent en tant qu’ “envoyés”, messagers de Jésus.

Cet épisode évangélique nous concerne aussi, et pas seulement les prêtres, mais tous les baptisés, appelés à témoigner de l’Évangile du Christ dans les divers domaines de la vie. Et pour nous aussi cette mission n’est authentique qu’à partir de son centre immuable qu’est Jésus.

Ce n’est pas une initiative des fidèles individuels ni des groupes ni non plus des grandes agrégations, mais c’est la mission de l’Église inséparablement unie à son Seigneur. Aucun chrétien n’annonce l’Évangile “à son compte”, mais seulement envoyé par l’Église qui a reçu le mandat du Christ lui-même.

C’est le baptême qui nous rend missionnaires. Un baptisé qui ne sent pas le besoin d’annoncer l’Évangile, d’annoncer Jésus, n’est pas un bon chrétien.

La seconde caractéristique du style du missionnaire est, pour ainsi dire, un visage, qui consiste dans la pauvreté des moyens. Son équipement répond à un critère de « sobriété ». Les Douze, en effet, ont l’ordre de « ne rien prendre pour la route, mais seulement un bâton ; pas de pain, pas de sac, pas de pièces de monnaie dans leur ceinture » (v. 8).

Le Maître les veut libres et légers, sans appuis et sans faveurs, seulement sûrs de l’amour de Celui qui les envoie, forts de sa parole qu’ils vont annoncer. Le bâton et les sandales sont l’équipement des pèlerins, parce que tels sont les messagers du royaume de Dieu, pas des managers tout-puissants, pas des fonctionnaires intraitables, pas des vedettes en tournée.

Pensons, par exemple, à ce diocèse dont je suis l’évêque. Pensons à certains saints de ce diocèse de Rome : saint Philippe Neri, saint Benoît Joseph Labre, saint Alessio, sainte Ludovica Albertini, sainte Françoise Romaine, saint Gaspard Del Bufalo et tant d’autres. Ils n’étaient pas fonctionnaires ou entrepreneurs, mais d’humbles travailleurs du Royaume. Ils avaient ce visage.

Et à ce “visage” appartient aussi la façon dont est accueilli le message : il peut en effet arriver de ne pas être accueilli ou écouté (cf. v. 11). Cela aussi est pauvreté : l’expérience de l’échec. L’histoire de Jésus, qui fut rejeté et crucifié, préfigure le destin de son messager. C’est seulement si nous sommes unis à Lui, mort et ressuscité, que nous réussissons à trouver le courage de l’évangélisation.

Que la Vierge Marie, première disciple et missionnaire de la Parole de Dieu, nous aide à apporter au monde le message de l’Évangile dans une exultation humble et radieuse, au-delà de tout rejet, incompréhension ou tribulation.

A tous je souhaite un bon dimanche et, s’il vous plaît, n’oubliez pas de prier pour moi. Bon appétit et au revoir !


© Copyright – Libreria Editrice Vaticana

site officiel en France