EUCHARISTIE MÉDITÉE 4
Le Père du prodigue
Mon fils était mort, et il est ressuscité ; il était perdu, et il est retrouvé. (Luc, XV 24)
4e Action de grâces – pour nous le plus tendre des pères.
Vous êtes à moi, mon Dieu, vous m’enveloppez de votre amour comme d’une atmosphère de bonheur ; je repose sur votre cœur et vous sens vivre tout auprès du mien. Pourquoi, Seigneur, tant de bonté, tant d’amour ? Ah ! si votre miséricorde l’oublie, mon cœur ne l’oubliera jamais.
Vous êtes le Saint des saints, la sainteté même, la pureté par essence, et moi je ne suis, hélas ! qu’une personne marquée par le péché, qu’une cendre impure que le souffle de votre grâce a purifiée, que votre sang a lavée de sa souillure originelle ; je suis enfin cet enfant prodigue qui a dissipé loin de vous tous les biens qu’il tenait de votre libéralité.
Oui, mon Dieu, je le confesse à vos pieds, tout a été pour moi une occasion de chute : je ne me suis servi de vos bienfaits que pour vous outrager, et vos dons mêmes ont été la source de mes fautes. Que d’erreurs ont obscurci ma raison ! que de fantômes impurs ont souillé mon imagination !
A combien de pensées vaines, frivoles et souvent dangereuses mon esprit ne s’est-il pas livré ! Combien de fois surtout mon cœur ne s’est-il-pas partagé entre vous et les créatures ! Hélas ! j’ai divisé entre vous et elles cet amour dont vous deviez être le seul objet, et je l’ai souillé, ce pauvre cœur, par mille affections trop humaines et trop naturelles.
J’avoue toutes ces fautes, toutes ces erreurs à vos pieds, ô mon Dieu, je les confesse en votre présence, et cette confession, tout en me couvrant de confusion, en m’inspirant le plus sincère repentir, n’altère pas ma confiance ; car si je fus et suis encore si coupable, vous êtes miséricordieux et vous êtes mon Père.
J’ai péché, il est vrai, mais je pleure ; je fus ingrat, mais je vous aime, et je sais que le repentir et l’amour couvrent à vos yeux la multitude de mes iniquités.
Je sais encore, Seigneur, que vous n’êtes venu à moi que pour m’apporter le pardon et le salut, que vous êtes mon Sauveur et mon Père avant d’être mon juge, et qu’il vous est plus doux d’exercer la miséricorde que la justice.
Exercez-la donc sur moi dans toute son étendue, celte miséricorde, ô mon Dieu ; qu’elle me pardonne le passé et me préserve pour l’avenir ; que votre grâce soit ma force au moment du péril et de l’épreuve ; que votre cœur soit en tout temps mon refuge et mon asile.
Mais en implorant votre miséricorde pour moi, ô mon Dieu, souffrez que je la sollicite aussi pour ceux de mes frères qui s’égarent et qui s’éloignent de vous. Permettez, o Jésus, que je vous répète en leur faveur ces paroles adorables que du haut de la croix vous adressâtes à votre Père pour ceux qui vous y avaient attaché : Mon Père, pardonnez-leur, car ils ne savent ce qu’ils font.
Hélas ! vous le voyez, Seigneur, ils sont encore plus malheureux que coupables; soyez touché de compassion, que vos entrailles paternelles s’émeuvent pour eux ; regardez-les de loin, voyez leur épuisement et leur misère, allez à eux s’ils ne veulent pas venir à vous; jetez à leurs cœurs affamés l’aliment de votre amour, et ne vous vengez d’eux qu’eu les forçant à vous aimer.
Et vous, ô Vierge sainte, vous qui n’avez jamais eu besoin de miséricorde, mais qui l’avez donnée au monde en lui donnant Jésus, le fruit béni de votre chaste sein, vous qu’on appelle à juste titre l’espérance de ceux qui n’en ont plus, le refuge du pauvre pécheur, ah ! ouvrez-nous à tous votre cœur et vos bras maternels, soyez notre ville de refuge, faites-vous notre avocate, cachez-nous sous le manteau de votre charité.
Vous êtes la Mère du juste et du pécheur ; mais souvenez-vous que, si l’un a plus de droits à votre amour, l’autre en a davantage à votre compassion. Oh ! plaidez sa cause, arrêtez le glaive de l’éternelle justice suspendu sur sa tête, réclamez-le comme votre enfant, comme la part de votre héritage, comme un frère faible et malheureux que Jésus, votre divin Fils, a confié en mourant à votre sollicitude et à votre amour.
Et obtenez-lui enfin cette grâce puissante qui touche et qui convertit, ces larmes qui purifient, ce repentir et cet amour qui des plus grands pécheurs peuvent faire les plus grands saints. Ainsi soit-il.
Léonie Guillebaut