La Passion du Seigneur
Dans le récit de la Passion, l’évangéliste Jean accorde une importance particulière au dialogue de Jésus avec Pilate. Tout commence par la question de Pilate: «Es-tu le roi des Juifs ?» Jésus demande donc à son tour: «Dis-tu cela de toi-même, ou bien d’autres te l’ont dit à mon sujet?»
«En déclarant qu’il est roi, Jésus s’expose à la mort ; mais au lieu de se disculper en le niant, il l’affirme avec force ». Jésus laisse filtrer son origine supérieure : «Je suis venu dans le monde…» «Jésus est plus intéressé par le sort de Pilate que par le sien. Par son appel à accueillir la vérité, il veut l’amener à rentrer en lui-même, à regarder les choses d’un autre œil, à se placer au-dessus de la dispute momentanée avec les Juifs. »
Oser annoncer la Vérité
«Qu’est-ce que la vérité ?», demander Pilate qui tourne distraitement le dos à Celui qui a dit «Je suis venu dans le monde pour ceci : rendre témoignage à la vérité» et «Je suis la Vérité !»
«Tout se passe comme si un homme appelé Jésus-Christ n’avait jamais existé dans le monde.» Le mot «Dieu» devient ainsi un récipient vide, que chacun peut remplir à sa guise. Mais c’est précisément pour cela que Dieu a pris soin de donner un contenu à son nom : « Le Verbe s’est fait chair ». La Vérité s’est faite chair, d’où l’effort acharné des hommes de laisser le Christ en dehors du discours sur Dieu.
“Si j’avais le courage de l’apôtre Paul, je devrais moi aussi crier: ‘nous le demandons au nom du Christ, laissez-vous réconcilier avec Dieu !’”
Le cardinal Cantalamessa cite les mots du philosophe existentialiste S. Kierkegaard, dans le Traité du désespoir, la maladie mortelle : «Frères et sœurs athées, agnostiques ou encore en recherche (…) on parle beaucoup de la misère humaine, on parle beaucoup des vies gâchées.
Mais la seule vie gâchée est celle de l’homme qui ne se rend jamais compte, parce qu’il ne l’a jamais eue, au sens le plus profond, l’impression qu’il existe un Dieu et qu’il – lui-même, son ego – se tient devant ce Dieu.»
«Si j’avais le courage de l’apôtre Paul, je devrais moi aussi crier : « nous le demandons au nom du Christ, laissez-vous réconcilier avec Dieu ! »» «Qu’est-ce que la vérité ?». «C’est trop important. Il s’agit de savoir si nous avons vécu pour quelque chose, ou en vain.»
Pâques : accepter de passer au Christ
Cette année, nous célébrons Pâques, non pas au son joyeux des cloches, mais avec dans les oreilles le bruit de bombes et d’explosions non loin d’ici. «Rappelons-nous ce que Jésus a répondu un jour à la nouvelle du sang qu’avait fait verser Pilate et de l’effondrement de la tour de Siloé : « Si vous ne vous convertissez pas, vous périrez tous de même. »
« Si vous ne changez pas vos lances en faucilles, vos épées en socs et vos missiles en usines et en maisons, vous périrez tous de la même manière !»Tout passe, tout vieillit, tout disparaît. «Il n’y a qu’un seul moyen d’échapper au courant du temps qui entraîne tout derrière lui : passer à ce qui ne passe pas ! Mettre les pieds sur la terre ferme !»
Pâques signifie passage : chacun de nous est aujourd’hui invité à faire de cette année une vraie Pâque, à passer à Celui qui ne passe pas : le Christ.