notre regard sur la mort doit être lié à la vie éternelle

L’archevêque de Paris, Mgr Michel Aupetit, médecin et prêtre, médite sur l’apprivoisement de la mort, fait inéluctable, ouvrant un chemin «pour choisir la vie au quotidien et reconquérir la paix de l’âme».

 

Commémoration des défunts particulière cette année, endeuillée entre autres par toutes les victimes de la pandémie de Covid-19.

Le Pape François a d’ailleurs assuré prier aujourd’hui «pour les victimes du coronavirus, pour ceux qui sont morts seuls, sans la caresse de leurs proches; et pour toutes les personnes qui ont donné leur vie au service des malades».

Le coronavirus venu ainsi jeter son ombre sur la question de la mort, la replaçant bien au-devant de la scène de sociétés qui l’avait parfois, souvent, peut-être, oubliée ou volontairement évacuée.

En cette période de la Toussaint, l’archevêque de Paris, Mgr Michel Aupetit, a publié un livre à ce sujet aux éditions Artège : «La mort : méditation pour un chemin de vie». Ancien médecin, il apporte un regard apaisant sur cette échéance finale qui nous guette tous, nous encourageant à méditer sur elle. Il propose aussi de la regarder «comme le prolongement de la vie, la vie véritable, éternelle, celle qui est au-delà de la mort…»

L’ombre de la mort qui s’étend brutalement sur le monde a dissipé l’illusion que nous étions invulnérables et peut-être, grâce à la puissance de nos technologies, bientôt immortels… Comment relire cet événement ? Comme une leçon de vie.

Ça suffit la violence et la haine !

Assez de violence et de haine !

Dans un télégramme signé par le secrétaire d’État, le cardinal Pietro Parolin,  et adressé à l’archevêque de Vienne, le cardinal Christoph Schönborn, le Pape François fait part de « ses plus profondes condoléances aux proches des morts et à l’ensemble du peuple autrichien », mardi 3 novembre.

bougie-brulant-sur-fond-noir
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« C’est avec une grande tristesse que le Saint-Père, le Pape François, a appris les terribles actes de violence à Vienne qui ont apporté la mort et la douleur à des personnes innocentes. Sa Sainteté exprime ses plus profondes condoléances aux proches des morts et à l’ensemble du peuple autrichien. Il est également proche des blessés et prie pour leur prompt rétablissement.

Le Pape François rend hommage aux victimes de la miséricorde de Dieu et demande au Seigneur que la violence et la haine cessent, et que la coexistence pacifique dans la société soit encouragée. De tout son cœur, Sa Sainteté accompagne de sa bénédiction tous ceux qui sont touchés par cette tragédie». 

Seul l’amour éteint la haine

Le Pape exprime également sa douleur sur le compte tweeter @Pontifex : «J’exprime la douleur et la consternation pour l’attentat terroriste de Vienne et je prie pour les victimes et leurs familles. Assez de violence ! Construisons ensemble la paix et la fraternité. Seul l’amour éteint la haine. »

L’attaque de Vienne la nuit dernière a coûté la vie à six personnes, dont le kamikaze. Le nombre de blessés actuellement hospitalisés dans les hôpitaux viennois s’élève à 22. Six sont sérieux. Cela a été rapporté par le ministre autrichien de l’Intérieur, Karl Nehammer, ajoutant que l’enquête se poursuit. Le ministre de l’Intérieur a également annoncé que « 14 détentions temporaires ont été effectuées. »

Les enquêtes

La police autrichienne tente, en ces heures, de reconstituer la dynamique de l’attaque en visionnant plus de vingt mille vidéos apparues sur les réseaux sociaux depuis hier soir. On pense que quatre personnes ont agi. Le gouvernement a réitéré l’invitation de ce matin aux Viennois de ne pas quitter leurs maisons et absolument de ne pas se rendre dans le centre-ville, où 75 militaires gardent les zones sensibles.

la Vierge Marie à la mort d’Augustin

Novembre est le mois où nous pensons à nos morts, à cette mort qui viendra. Voici la fin du roman de Joseph Malègue « Augustin ou le Maître est là » avec la douce et discrète présence de celle qui peut nous accompagner dans ce passage, la Sainte Mère de Jésus, Marie.

***

Vers quatre heures, Christine assise à toucher son lit, vit qu’il la cherchait. Elle se déplaça pour qu’il n’eût pas à tourner la tête. Il la maintenait sous son regard, plein d’épuisement, de possession de soi et de paix.

Elle eut l’intuition qu’il désirait une union de prières, peut-être celles des agonisants. Mais, sans doute, il se lasserait à les suivre. Elle entreprit le chapelet.

Il maintint sur sa soeur ce même sourire sans effort, qui persista bien qu’il fermât les yeux.

De douces petites inconsciences commençaient de l’engloutir, dont il remontait pour retrouver une pensée liquide, lumineuse, un peu vide, sur un immanoeuvrable corps de plomb. Il aurait peut-être remué les doigts, s’il l’eût voulu très fort.

Des « Je vous salue Marie, pleine de grâce », d’une matité limpide, ceux de Christine, en appelaient d’autres, ceux d’autrefois (sur des routes, dans des bois montants). Sa mère, très jeune, comme dans le temps de ces Ave Maria, dit : « Quand je serai morte, je comprendrai. » Le passé, le présent, fusionnaient. Il n’y avait plus de durée. Bien sûr, s’il eût voulu très fort, il aurait aussi séparé ces moments qui s’agglutinaient.

Il respirait à petites bouchées, sorties d’une poitrine dense, indolore, hors d’usage.

Une courte inconscience de nouveau le reposa.

Il en revint sur les mots : « Maintenant » et « à l’heure de la mort » de l’Ave Maria. De même sens, désormais, ils se confondaient. Il sut qu’ils se confondaient. Il n’avait jamais pensé qu’ils pussent se confondre. Ce lui fut surprise, élargissement, repos dans la clarté, comme la fin des bois montants.

Il repensa : « … in extremis ». Il sentait qu’un autre mot précédait ces deux mots. Mais il ne put se rappeler lequel.

Il eût souhaité faire une certaine chose dans cette douce clarté tendre. Il ne pouvait, à cause de sa faiblesse. Et même cette tentative le fatiguait, ajoutait à sa sueur. Une transpiration profuse et continue le gênait, lui refroidissait le dos. On n’aurait pas le temps de lui essuyer ce dos. Il savait qu’on n’aurait pas le temps, qu’il ne pouvait plus le demander, qu’on ne devinerait pas. Rien de ce qui exigeait un effort, il ne le pouvait plus.

Mais voici que cette chose qu’il eût souhaitée s’accomplit toute seule : d’elle-même, dans son autonomie de pensée flottante, cette faiblesse eut l’idée de « s’offrir à Dieu », comme lui-même avait appris à le faire de ses peines, autrefois. Il sentit que c’était cela, précisément cela, qu’il avait voulu.

Cette « offrande à Dieu » et la sueur froide de son dos, se mêlaient un peu, confusément.

Et de nouveau, la brume l’engloutit.

Dit avec lenteur et attention, de cette voix sourde et nette, propre à ne pas fatiguer un malade, où s’éteignait toute sonorité, le chapelet de Christine devait bien prendre une demi-heure, avec les commentaires qui séparaient les dizaines.

Quand il fut achevé, elle s’aperçut à une indéfinissable inertie de la figure, à l’inconscience mécanique et hachée de la respiration, à la fixité d’ouverture des paupières, que son frère ne devait plus rien suivre.

À ce moment, l’infirmière entra, posa le thé de cinq heures, dut prendre cette immobilité pour du sommeil et se retira en évitant tout bruit de porte.

Ce fut ainsi, vers six heures du soir, qu’il entra dans la douce et miséricordieuse mort.

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