Tous les articles par P. Jean-Daniel Planchot

Dieu bâtit des ponts…

… quand nous bâtissons des murs

Cuba et les États-Unis ont été au cœur de l’audience générale de ce mercredi matin place Saint-Pierre. Le Pape François est en effet revenu sur son dernier voyage apostolique qui l’a mené de La Havane à Philadelphie. La 8e rencontre mondiale des familles était le but originel de ce déplacement outre-Atlantique. Parmi les points forts de cette semaine revisitée par le Pape, Cuba, le discours au Congrès américain, et Philadelphie.

Première étape, Cuba où le Pape s’est rendu en « missionnaire de la miséricorde » de Dieu, celle qui est « plus grande que chaque blessure, chaque conflit, chaque idéologie ». François a ainsi embrassé tout le peuple cubain, « au-delà de toute division ». Il a partagé avec lui l’accomplissement de la « prophétie de Jean-Paul II » : « que Cuba s’ouvre au monde et que le monde s’ouvre à Cuba ». Et de souhaiter qu’il n’y ait plus « de fermeture, d’exploitation de la pauvreté » mais qu’au contraire il y ait plus de « liberté dans la dignité ».

C’est cette « route qui fait vibrer le cœur de tant de jeunes Cubains » a dit le Pape qui a précisé que cette voie n’est pas synonyme « d’évasion, de gains faciles » mais de « responsabilité, de service au prochain et de soin des plus fragiles ». Le Pape a ensuite effectué « un passage » qu’il a qualifié « d’emblématique », « un pont », en se rendant dans la foulée à Washington : « C’est nous qui construisons les murs, et les murs s’effondrent, toujours. »

La famille, réponse au défi d’un monde fragmenté

Aux États-Unis, le Pape a rappelé aux Américains que leur « plus grande richesse » « réside dans le patrimoine spirituel et éthique ». Il les a encouragés à poursuivre « la construction sociale dans la fidélité » à leur « principe fondamental, que tous les hommes sont créés par Dieu égaux et doués de droits inaliénables, ceux de la vie, la liberté et la poursuite du bonheur ». Les États-Unis, bâtis sur ces idéaux, ont été invités à rester « terre de liberté et d’accueil » et à « coopérer pour un monde plus juste et fraternel ».

Enfin, le Pape a évoqué la rencontre mondiale des familles de Philadelphie, réaffirmant que « la famille est la réponse au grand défi de notre monde : la fragmentation et la massification » qui soutiennent ensemble « le modèle économique consumériste ». La famille est en effet « la cellule d’une société qui équilibre les dimensions personnelle et communautaire », et peut être « le modèle d’une gestion durable des biens et des ressources de la création ». Un modèle qui conjugue le principe « de communion » et celui de « fécondité ». Et ce depuis le jardin d’Éden.

Le Pape François est également revenu sur d’autres moments forts de ce voyage, comme la visite au Palais de Verre des Nations Unies, la prière à Ground Zero, la messe au Madison Square Garden. Lors de cette audience, le Pape a béni la statue de sainte Rita de Cascia et salué les fidèles venus du diocèse de Spolète-Norcia en Italie. François en a profité pour inviter chacun, lors du prochain jubilé de la miséricorde, « à relire l’extraordinaire expérience humaine et spirituelle » de la sainte, « comme le signe de la puissance de la miséricorde de Dieu ». Avant de se rendre place Saint-Pierre, le Pape s’est rendu dans la salle Paul VI pour saluer quatre cents malades et quatre cents accompagnateurs de l’Ordre de Malte venus d’Allemagne.

Ces malades avaient pu suivre l’audience sur un écran géant. « La maladie est toujours une chose mauvaise, mais il y a la foi qui nous donne du courage, Dieu s’est fait malade pour nous, Il a envoyé son fils qui a pris sur lui toutes nos maladies, jusqu’à la Croix. En regardant Jésus, avec sa patience, notre foi devient plus forte ».

Merci à Sainte Marie Majeure

L’avion du Pape s’est posé peu avant 10 heures sur l’aéroport de Ciampino à Rome, après huit heures de vol depuis Philadelphie. Comme le veut la tradition après chaque voyage apostolique, le Saint-Père s’est aussitôt rendu à la Basilique Sainte-Marie Majeure afin d’aller remercier la Vierge, déposant un bouquet de fleurs blanches et jaunes devant l’icône de Marie. Il s’est agenouillée devant la « Salus Populi Romani » et a prié quelques instants. Le Souverain Pontife s’était déjà rendu dans cette basilique le 18 septembre, à la veille de son départ pour Cuba.

Au cours de son voyage retour, le Pape a tenu une conférence de presse avec les journalistes qui l’accompagnaient à bord de son avion, l’occasion de revenir sur les temps forts de ce dixième voyage apostolique, le plus long de son pontificat.

messe finale des familles à Philadelphie

Plus d’un million de personnes étaient rassemblées sur l’avenue Benjamin Franklin de Philadelphie pour la messe conclusive de la huitième rencontre des familles, point d’orgue de ce 10ème voyage apostolique. Sous les vivats de la foule le Saint-Père y est arrivé en papamobile, bénissant les enfants ou des sans-abris. Une foule multicolore à l’image de ces nombreuses familles venues de tous les continents et qui ont passé la semaine dans la capitale de Pennsylvanie.

Dans son homélie lors de la messe, à une semaine de l’ouverture du deuxième synode des évêques sur la famille à Rome, le Pape François a demandé aux familles de participer à l’effort de l’Église pour sauver la maison commune, en se montrant généreuses, attentives et aimantes,  et en se positionnant contre le scandale de l’amour étroit.

«Dieu veut que tous ses enfants prennent part au festin de l’Évangile»

Malgré l’hostilité dont il faisait l’objet, Jésus ne s’est jamais arrêté. Dieu ne cesse de répandre les semences de sa présence dans notre monde, et fort de la certitude d’avoir été aimés par lui en premier lieu, cela nous donne confiance. « Dieu veut que tous ses enfants prennent part au festin de l’Évangile. » Ce festin, joyeux, cette joie d’être aimé, c’est au quotidien que chaque famille est appelée à les faire rayonner.

« La foi  ‘‘fenêtre’’ à la présence et à l’œuvre de l’Esprit nous montre que, comme le bonheur, la sainteté est toujours liée à de petits gestes », des petits gestes qui sont ceux que nous apprenons à la maison, en famille et qui rendent chaque jour différent. Ces petites attentions faites par chaque génération, que ce soit un petit-déjeuner pour quelqu’un qui se lève tôt pour aller au travail, ou une bénédiction avant d’aller au lit sont autant de petits signes quotidiens de l’amour. « Voilà pourquoi nos familles, nos maisons, sont de vraies Églises domestiques. »

La famille au service du développement humain intégral 

Ces traces de Dieu dans les petits gestes doivent nous interroger sur le type de monde dans lequel nous voulons vivre. Le Pape s’est fait plus grave en reprenant des passages de son encyclique Laudato Si : «Notre maison commune ne peut plus tolérer des divisions stériles. Le défi urgent de sauvegarde de notre maison inclut l’effort de réunir la famille humaine tout entière dans la recherche d’un développement intégral et durable ». 

Il a enfin expliqué que les chrétiens demandaient aux familles du monde de les aider. Cette foule de Philadelphie est prophétique. C’est une sorte de « miracle » dans le monde d’aujourd’hui. « Puissions-nous tous être ouverts aux miracles de l’amour pour toutes les familles du monde, et ainsi vaincre le scandale de l’amour étroit, mesquin, enfermé sur lui-même, impatient envers les autres. » 

A la fin de la messe de clôture de la rencontre des familles le président du Conseil pontifical pour la famille, Mgr Paglia a remercié le Pape François d’avoir accompagné la fin de cet évènement et annoncé la date et le lieu de la 9ème rencontre : ce sera à Dublin, en Irlande. Puis le Pape a remis à six familles de tous les continents un exemplaire de l’Évangile de Saint Luc connu comme « Évangile de la Miséricorde ».

texte de l’homélie du Pape : Lire la suite →