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les tentations du Prince de ce monde

La Première Tentation du Christ au désert – Psautier enluminé, vers 1222, Copenhague Det kongelige Bibliote
La Première Tentation du Christ au désert – Psautier enluminé, vers 1222, Copenhague Det kongelige Bibliote

1. Mercredi dernier, nous avons entrepris l’itinéraire pénitentiel du Carême, avec le rite de l’imposition des cendres, rite hautement symbolique, enraciné dans la tradition biblique et très cher à la dévotion populaire.

Les cendres nous rappellent la fragilité de l’existence terrestre et nous conduisent à tourner notre regard vers le Christ, qui, à travers sa mort et sa résurrection, l’a rachetée de l’esclavage du péché et de la mort. C’est dans ces dispositions intérieures que nous nous mettons en chemin vers Pâques, en gardant notre cœur ouvert à l’invitation insistante du Seigneur : « Convertissez-vous et croyez à l’Évangile » (Mc 1, 15).

2. Le premier dimanche du Carême, la liturgie nous repropose l’impressionnante page évangélique des tentations de Jésus : « Alors Jésus fut emmené au désert par l’Esprit pour être tenté par le diable » (Mt 4, 1). La mission du Rédempteur commence précisément par sa victoire sur le triple piège du prince du mal.

« Retire-toi, Satan ! » (Ibid., 4, 10). Le comportement décidé du Messie constitue pour nous un exemple et une invitation à le suivre avec une détermination courageuse. Le démon, « le Prince de ce monde » (Jn 12, 31), poursuit aujourd’hui encore son action insidieuse.

Chaque homme, est non seulement tenté par sa propre concupiscence et par le mauvais exemple des autres, mais également par le démon et il l’est encore plus lorsqu’il s’en rend le moins compte. Combien de fois cède-t-il avec légèreté aux fausses promesses de la chair et du malin, et connaît-il ensuite d’amères déceptions ! Il faut rester vigilants pour réagir avec promptitude à tous les assauts de la tentation.

3. L’Église, maîtresse et experte en humanité et en sainteté, nous indique des moyens anciens et toujours nouveaux pour le combat quotidien contre les incitations du mal : ce sont la prière, les sacrements, la pénitence, l’écoute attentive de la Parole de Dieu, la vigilance et le jeûne.

Nous entreprenons ainsi avec un engagement plus profond le chemin pénitentiel du Carême pour être prêts à vaincre toute séduction de Satan et arriver à la Pâque dans la joie de l’esprit (cf. Collecte).

Que Marie, Mère de la divine Miséricorde, nous accompagne. C’est à Elle que je voudrais confier, en particulier, les Exercices spirituels que j’inaugurerai ce dimanche soir au Vatican avec mes collaborateurs de la Curie Romaine. À vous tous, très chers frères et sœurs, je demande de nous accompagner par la prière, afin que ces jours soient fructueux non seulement pour tous ceux qui y prennent part, mais pour toute l’Église.

JEAN-PAUL II – ANGÉLUS – dimanche 17 février 2002

© Copyright 2002 – Libreria Editrice Vaticana

jeûner, mais en aidant vraiment les autres

jeûner, mais en aidant vraiment les autres

Le Pape a mis en garde contre le risque de jeûner avec incohérence, c’est-à-dire en méprisant les autres, lors de la messe matinale à la Maison Sainte-Marthe du Vatican, ce jeudi 16 février. Le jeûne, au contraire, est destiné à aider les autres.

Jeûner avec cohérence, non pas pour se faire voir, en méprisant les autres, ou dans les disputes et les querelles… Lors de son homélie de la messe matinale à la Maison Sainte-Marthe, le Pape François a mis en garde contre le jeûne incohérent, en exhortant à nous demander comment nous nous comportons avec les autres.

La Première Lecture, tirée du Livre du Prophète Isaïe, a mis en évidence quel est le jeûne que veut le Seigneur : «faire tomber les chaînes injustes, délier les attaches du joug, rendre la liberté aux opprimés». Le jeûne est l’un des devoirs du Carême : «Si tu ne peux pas faire un jeûne total, celui qui fait sentir la faim jusqu’aux os, fais un jeûne humble, mais vrai».

Isaïe met en évidence les incohérences dans la pratique de la vertu : par exemple, prendre soin de ses propres affaires, de l’argent, alors que le jeûne est «un peu se dépouiller», ou tourmenter les ouvriers, en remerciant le Seigneur de pouvoir jeûner tout en les méprisant. Il faut faire pénitence en paix. «Tu ne peux pas d’un côté, parler avec Dieu, et, de l’autre, parler avec le diable.»

«Ne jeûnez plus comme vous le faites aujourd’hui, de façon à faire entendre votre vacarme», mais «jeûnez avec cohérence», sans vous préoccuper du fait que les gens disent : «Oh mais quelle personne juste, quel homme juste, quelle femme juste …» Rechercher cet honneur reviendrait à «maquiller la vertu».

Il ne faut pas se maquiller mais faire les choses sérieusement, avec le sourire, pour ne pas faire voir que l’on est en train de faire pénitence. «Cherche la faim pour aider les autres, mais toujours avec le sourire».

«Je pense à tant de domestiques qui gagnent leur pain avec leur travail : humiliées, méprisées. Je n’ai jamais pu oublier la fois où, enfant, j’étais allé à la maison d’un ami. J’ai vu la maman donner une claque à la domestique. 81 ans… Je n’ai pas oublié cela. “Non, mon père, moi je ne donne jamais de claque”. “Mais, comment tu les traites? Comme des personnes ou comme des esclaves? Tu les paies une juste rétribution, tu leur donnes des vacances, c’est une personne ou c’est un animal qui t’aide à ta maison ?”. Pensez seulement à cela. Dans nos maisons, dans nos institutions, il y en a. Comment est-ce que je me comporte, moi, avec les domestiques qui sont à la maison ?»

Le Pape a évoqué un autre exemple tiré de son expérience personnelle. En parlant avec un homme très cultivé qui abusait des domestiques, le Pape lui a fait comprendre qu’il s’agissait d’un péché grave parce qu’elles sont «comme nous, image de Dieu», alors que, lui, il soutenait que c’était des «gens inférieurs».

Le jeûne que veut le Seigneur, comme il est rappelé dans la Première Lecture, consiste aussi dans le fait de «partager le pain avec l’affamé, faire entrer les miséreux sans toit dans la maison, revêtir celui qui est nu, sans négliger tes parents». «Aujourd’hui on discute de donner le toit ou non à ceux qui viennent le demander».

En conclusion, le Saint-Père a exhorté à «faire pénitence», à «ressentir un peu la faim», à prier plus pendant le Carême et à se demander comment on se comporte avec les autres.

«Mon jeûne arrive pour aider les autres ? S’il n’arrive pas, il est feint, il est incohérent et il te mène sur la route d’un double-vie. Je fais semblant d’être chrétien, juste… comme les pharisiens, comme les sadducéens. Mais, à l’intérieur, je ne le suis pas. Demander humblement la grâce de la cohérence. La cohérence. Si je ne peux pas faire une chose, je ne la fais pas. Mais ne pas la faire d’une manière incohérente. Faire seulement ce que moi je peux faire, mais avec une cohérence chrétienne. Que le Seigneur nous donne cette grâce.»

Arrête-toi pour regarder et contempler

Le Pape François a célébré l’entrée en Carême lors de la messe en la basilique Sainte-Sabine, en ce mercredi des Cendres. Dans son homélie, le Pape François a dit que «le temps du Carême est un temps favorable pour corriger les accords dissonants de notre vie chrétienne et accueillir l’annonce de la Pâque du Seigneur toujours nouvelle, joyeuse et pleine d’espérance».

«Face aux vicissitudes quotidiennes, profitant de la souffrance et de l’insécurité, se lèvent des voix qui ne savent que semer la méfiance. Et si le fruit de la foi est la charité – comme aimait le répéter Mère Térésa de Calcutta -, le fruit de la méfiance est l’apathie et la résignation». Sous forme d’une longue anaphore, il a pris  trois expressions «qui nous sont offertes pour “réchauffer le cœur du croyant” :

arrête-toi
 regarde 
reviens.»

MESSE, BÉNÉDICTION ET IMPOSITION DES CENDRES

HOMÉLIE DU PAPE FRANÇOIS

Basilique Sainte-Sabine
Mercredi 14 février 2018


Le temps du Carême est un temps favorable pour corriger les accords dissonants de notre vie chrétienne et accueillir l’annonce de la Pâque du Seigneur toujours nouvelle, joyeuse et pleine d’espérance. L’Église dans sa sagesse maternelle nous propose de prêter une attention particulière à tout ce qui peut refroidir et rouiller notre cœur de croyant.

Les tentations auxquelles nous sommes exposés sont nombreuses. Chacun d’entre nous connaît les difficultés qu’il doit affronter. Et il est triste de constater comment, face aux vicissitudes quotidiennes, profitant de la souffrance et de l’insécurité, se lèvent des voix qui ne savent que semer la méfiance.

Et si le fruit de la foi est la charité – comme aimait le répéter Mère Térésa de Calcutta -, le fruit de la méfiance est l’apathie et la résignation. Méfiance, apathie et résignation : ces démons qui cautérisent et paralysent l’âme du peuple croyant.

Le Carême est un temps précieux pour débusquer ces dernières, ainsi que d’autres tentations et laisser notre cœur recommencer à battre au rythme du cœur de Jésus. Toute cette liturgie est imprégnée par ces sentiments et nous pourrions dire que cela fait écho à trois expressions qui nous sont offertes pour « réchauffer le cœur du croyant » : arrête-toi, regarde et reviens».