Tous les articles par P. Jean-Daniel Planchot

clôture de l’Assemblée des Évêques de France à Lourdes

Hier matin s’est terminée l’assemblée plénière de la conférence des évêques, après une semaine de rencontre. Mgr Georges Pontier dans son discours de clôture a mis en avant les défis auxquels aujourd’hui l’Église doit faire face.

Les 119 évêques réunis pour l’assemblée plénière de la conférence des évêques se sont quittés hier en fin de matinée. Juste avant, ils sont venus dans l’hémicycle au Sanctuaire pour reprendre les études effectuées et différents projets. Plusieurs thèmes ont été abordés, comme l’unité sur les presbytères, la place des pauvres au sein de l’Église, la vocation, etc.

Ensuite Mgr Georges Pontier, archevêque de Marseille et président de la conférence des évêques en France, a fait son discours de clôture : «L’assemblée plénière qui s’achève nous a permis de vivre des moments fraternels, riches et profonds.»

La réflexion des évêques s’est tenue sur la population des personnes d’origine roumaine, sans toit ni proposition de logement, qui sont souvent l’objet de violences verbales ou physiques. «Nous dénonçons les manques de respect de ces personnes et nous invitons les pouvoirs publics à s’engager dans la proposition de solutions pérennes et dignes.»

En ce qui concerne les futurs prêtres dans les séminaires de France, la baisse indéniable du nombre de vocations a été abordée. Les évêques ont réfléchi à leur formation.

Pendant l’assemblée, Mgr Patron Wong est venu présenter la «Ration Fundamentalis», c’est-à-dire la règle de fonctionnement des séminaires. «Nous avons décidé d’avancer dans les réformes nécessaires de nos séminaires.»

La structure de la conférence des évêques va être actualisée. «Les réalités changent si vite aujourd’hui dans la société comme dans l’Église.» Les évêques ont à définir l’objet précis qui les occupe et «dessiner l’esprit» dans lequel ils veulent travailler ensemble. Ils devrons préciser leurs priorités et mettre en place des structures à mettre en œuvre.

Cette assemblée a été aussi l’occasion de recevoir Mgr Mirkis, archevêque de Kirkouk et Souleymanié. Il a apporté son témoignage sur la situation en Irak. «Sa perception des enjeux, la place, la vie des chrétiens dans cette région du monde, tout cela nous a touchés en deçà d’une réalité bien plus dure et inconcevable pour nous.»

Les initiatives de rencontres et de partages, l’éducation et la culture sont indispensables pour «vaincre les peurs, les préjugés, les caricatures». La sécularisation en Occident a souvent été évoquée pendant cette semaine. «Nous devons choisir la défense de la vie, le témoignage d’une vie de famille solide, le refus du repli identitaire, un mode de vie sobre, libre par rapport à la course à toujours plus d’argent, à l’égoïsme.»

Avant de terminer, Mgr Georges Pontier a remercié Mgr Nicolas Brouwet pour l’accueil à Lourdes et la générosité du Sanctuaire. «Nous allons repartir dans nos diocèses. Nous continuerons à servir la communion et la mission dans nos églises diocésaines.»

la parabole de l’intendant malhonnête

La parabole de l'intendant malhonnête © Dan Lewis 2009
La parabole de l’intendant malhonnête © Dan Lewis 2009

L’Évangile de Luc de ce jour évoque une histoire de corruption avec la parabole du gérant malhonnête.

«Ils sont puissants, ceux-ci ! Quand ils font les « cordées » de la corruption ils sont puissants, jusqu’à arriver aussi à des attitudes mafieuses. C’est l’histoire. Mais ce n’est pas une fable, ce n’est pas une histoire que nous devons chercher dans les livres d’histoire antique.»

«Nous la trouvons tous les jours sur les journaux, tous les jours. Ceci arrive aussi aujourd’hui, surtout avec ceux qui ont la responsabilité d’administrer les biens du peuple, pas leurs biens propres, parce que celui-ci était l’administrateur des biens des autres, et non des siens.»

Défendre ses propres biens, en revanche, ce n’est pas être corrompu.

La conséquence que Jésus tire de cet Évangile, c’est justement la plus grande ruse des «fils de ce monde» par rapport aux «fils de la lumière» : leur plus grande corruption, leur fourberie, mise en avant «aussi avec courtoisie», avec des «gants de soie».

Mais «existe-t-il une attitude pour ceux qui veulent suivre Jésus, de façon à ce qu’ils ne finissent pas mal, qu’ils ne finissent pas mangés vifs – ou, comme le disait ma maman, mangés crus -, par les autres ? Quelle est la ruse chrétienne, une ruse qui ne soit pas un péché, mais qui serve à me faire avancer dans le service du Seigneur, et aussi dans l’aide des autres ?»

Oui, il y a un «flair chrétien pour avancer sans tomber dans les cordées de la corruption» et, dans l’Évangile, Jésus l’indique avec certaines métaphores, comme quand il parle des chrétiens qui sont «comme des agneaux parmi les loups», ou «prudents comme le serpent et simples comme la colombe.»

Et donc, comment faire concrètement ? Avec trois attitudes : la première, c’est une «saine défiance», être attentif donc face à celui qui «promet trop» et «parle trop», comme «ceux qui te disent : ‘fais un investissement dans ma banque et je doublerai tes intérêts’.»

La deuxième attitude, c’est la réflexion, devant les séductions du diable qui connaît nos faiblesses.

Et enfin, la troisième attitude, c’est la prière. «Prions aujourd’hui le Seigneur pour qu’il nous donne cette grâce d’être fourbes, des fourbes chrétiens, d’avoir cette ruse chrétienne. S’il y a une chose que le chrétien ne peut pas se permettre, c’est d’être naïf.»

«En tant que chrétiens, nous avons un trésor à l’intérieur : le trésor qu’est l’Esprit Saint. Nous devons en prendre soin. Et un naïf, là, il se laisse voler l’Esprit. Un chrétien ne peut pas se permettre d’être naïf»

«Demandons cette grâce de la ruse chrétienne et du flair chrétien. C’est aussi une bonne occasion pour prier pour les corrompus», afin qu’ils trouvent «la sortie de cette prison dans laquelle ils ont voulu entrer.»

Le Pape François, lors de l’homélie de la messe du vendredi 10 novembre 2017, à la Maison Sainte-Marthe, au Vatican

Édifier l’Église, en prendre soin et la purifier

«Le fondement de l’Église, c’est le Christ, l’Esprit Saint ne doit pas être un inconnu et les communautés ne doivent pas se réduire à un marché de mondanité, entre argent et vanité.»

Bénédiction du Pape Pie IX de la logia de la Basilique Saint Jean du Latran - Bonnet 1846
Bénédiction du Pape Pie IX de la logia de la Basilique Saint Jean du Latran – Bonnet 1846

«Édifier l’Église, prendre soin de l’Église et purifier l’Église» : trois indications sur lesquelles s’est développée aujourd’hui l’homélie du Pape François lors de la messe matinale à la Maison Sainte-Marthe, au jour de la dédicace de la cathédrale de Rome, Saint-Jean-de-Latran, «mère de toutes les églises», un titre qui n’est pas à prendre comme «un motif d’orgueil mais de service et d’amour.»

Avant tout, «édifier l’Église». Mais quel est le fondement de l’Église ? C’est Jésus-Christ. «C’est Lui, la pierre d’angle, dans cet édifice. Sans Jésus-Christ, il n’y a pas d’Église. Pourquoi? Parce qu’il n’y a pas de fondement. Et si on construit une église, pensons à l’église matérielle, sans fondement, qu’est-ce qui se passe? Elle s’écroule. Tout s’écroule. S’il n’y a pas Jésus-Christ vivant dans l’Église, elle s’écroule.»

«Et nous, que sommes-nous?» «Nous sommes des pierres vivantes», non pas égales, mais chacune différente, parce que «c’est cela la richesse de l’Église. Chacun de nous construit selon le don que Dieu a donné. Nous ne pouvons pas penser à une Église uniforme : ceci, ce n’est pas l’Église.»

Donc, il faut «prendre soin de l’Église», en ayant conscience de l’Esprit de Dieu qui habite en nous. «Combien de chrétiens, aujourd’hui, savent qui est le Père ?» Et aussi beaucoup ne comprennent pas ce qu’est réellement l’Esprit Saint.

«L’Esprit Saint est la vie de l’Église, c’est ta vie, ma vie… Nous sommes le temple de l’Esprit Saint et nous devons cultiver l’Esprit Saint, au point que Paul conseille aux chrétiens de « ne pas attrister l’Esprit Saint », c’est-à-dire de ne pas avoir une conduite contraire à l’harmonie que l’Esprit Saint met à l’intérieur de nous et dans l’Église. Lui, il est l’harmonie, il fait l’harmonie de cet édifice.»

Enfin, «purifier l’Église». «Nous sommes tous pécheurs. Tous. Si quelqu’un parmi vous ne l’est pas, qu’il lève la main, parce que ce serait une belle curiosité. Nous le sommes tous. Et nous devons donc nous purifier continuellement. Et aussi purifier la communauté : la communauté diocésaine, la communauté chrétienne, la communauté universelle de l’Église. Pour la faire grandir.»