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Mère Teresa, vie au service des plus pauvres

Mère Teresa

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02-09-2016 source : Radio Vatican

En Inde, dix-neuf ans après sa mort, des milliers de chrétiens, d’hindous et de musulmans continuent de venir sur sa tombe à la Mother House, la maison-mère des Missionnaires de la Charité à Calcutta. Celle que certains considéraient de son vivant déjà comme une sainte, Mère Teresa sera canonisée ce dimanche 4 septembre 2016 place Saint-Pierre à Rome, lors d’une messe présidée par le Pape François. Elle avait été béatifiée à Rome par Jean-Paul II, le 19 octobre 2003 à l’occasion de la Journée mondiale des Missions, Mère Teresa était la «Mère des pauvres».

L’hommage de Jean-Paul II

«Par le témoignage de sa vie, Mère Teresa rappelle à tous que la mission évangélisatrice de l’Église passe par la charité, nourrie par la prière et l’écoute de la Parole de Dieu.» Telle est la manière dont Jean-Paul II avait présenté dans son homélie l’action d’Anjezë Gonxhe Bojaxhiu, nom de baptême de celle qui deviendra Mère Teresa, celle qui «s’est rendue partout pour servir le Christ dans les plus pauvres des pauvres».

Quitter ses racines, vivre la radicalité évangélique auprès des plus démunis, répondre à ce «J’ai soif» du Christ en Croix, un chemin de vie et d’accomplissement. Un projet devenu famille religieuse grâce à l’union de forces humaines et de la Providence. Une vie rythmée par l’adoration et le service, mais également éprouvée par une «nuit de la Foi», une nuit vécue dans la fidélité.

Des débuts fondateurs
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La Vierge Marie et son missionnaire

Père Vincent CarmeEn cliquant sur l’image, petite biographie du Père Vincent Carme, Lazariste, missionnaire à Madagascar, décédé le 27 août 2016.

Avant mon départ pour Madagascar, je voulus à tout prix aller à Lourdes pour confier à Marie ma future mission et tous les Malgaches que le Seigneur allait placer sur mon chemin.

J’ai oublié les dates de mon pèlerinage, je pense que c’était en mars-avril 61. N’ayant que très peu d’argent, mais sachant que bientôt à Madagascar-la-pauvre j’aurai besoin d’argent, j’ai décidé de faire le trajet en stop. Mais comme je trouvais malhonnête de laisser les bons samaritains qui me prendraient dans leur voiture sans contrepartie, je pris la résolution de leur proposer à tous un court prêche sur Jésus. Le temps passé au bord de la route en attendant la voiture suivante, je réciterai des rosaires pour ma future mission. Enfin, s’il se présenterait des occasions de faire du bien à des pauvres rencontrés au bord de la route, ne pas hésiter à aller vers eux comme s’ils étaient Jésus en personne.

Je n’ai pas compté le nombre de voitures qui se sont charitablement arrêtées pour me prendre, mais elles étaient nombreuses et tous, chauffeurs ou occupants, étaient d’une exquise gentillesse (délicatesse). A tous je leur ai proposé de parler de Jésus ainsi qu’une courte prière. Certains, avant de nous déposer, m’ont même demandé une bénédiction.

Je vous raconterai brièvement [une des] petites aventures qui me sont arrivées durant ce long trajet… A la sortie d’une petite ville, une camionnette de commerçant s’arrêta et me prit.

Avant de démarrer, il me dévisagea avec colère et me dit : « Je n’avais pas voulu vous prendre, car je hais les prêtres. Je ne sais pas pourquoi je vous ai pris ! » Et pendant toute une heure, il me raconta avec colère, parfois en criant, tout le mal qu’il savait des « curés », surtout de l’ancien curé qui avait – paraît-il – fait beaucoup de mal à son père. Entre deux explosions de colère, j’ai essayé de lui exposer mon petit sermon sur Jésus… Il me le permit finalement et en parut assez content. « Et votre curé actuel, comment est-il ? », lui demandais-je. « D’après ma femme, me dit-il, il est infiniment mieux que l’autre, mais moi, je les ai tous exclus de ma vie ! »

Moi : « Et la Sainte Vierge Marie, qu’en pensez-vous ? »
Lui : « Oh ! celle-là, nous l’aimons bien, moi et toute ma famille. Malheur à celui qui serait du mal d’elle devant moi ! »

Soudain, il arrêta la voiture et arrêta le moteur… Je l’interrogeais du regard. « Je suis presque chez moi et notre discussion n’est pas encore fini », me dit-il.

Moi : « Vous me donnerez aussi un peu la parole ? »
Lui : « Allez-y, je vous écoute ! ».

Alors je lui conseillais d’aller voir son nouveau curé pour se réconcilier avec lui.

« Ça ferait un plaisir fou à la Sainte Vierge ! » fis-je.
Lui : « Vous pensez qu’elle le connaît ? — Bien sûr qu’elle le connaît et je puis vous assurez que même elle l’aime bien ! »

Et je repris la parole :

« Et maintenant, avant de nous séparer je voudrais que nous prions ensemble. »

Mais avant de commencer, je lui citais des paroles de réconciliation. Comme il ne parlait plus, ni ne bougeait, je me tournais vers lui… Il pleurait !… Puis, il sortit un gros billet de sa poche :

« Avec ça, me dit-il, vous achèterez pour la Sainte Vierge le plus gros cierge que vous trouverez à Lourdes. »

Puis arrivés au village de mon nouvel ami, nous continuâmes chacun de son côté. Longtemps encore après cette rencontre, je remerciais Dieu de m’avoir fait rencontrer ce brave homme.

+ Père Vincent Carme, cm

Marie, mère de compassion

Roger van den Weyden La Crucifixion vers 1460 Escorial Palace Madrid.
Roger van den Weyden La Crucifixion vers 1460 Escorial Palace Madrid.

En cette année de la Miséricorde, nous sommes invités à nous tourner encore vers la Sainte Mère de Jésus, notamment en sa compassion douloureuse, si bien exprimée dans le Stabat Mater et liturgiquement célébrée à la mi-septembre, quand s’accomplit le sacrifice de la Croix du Christ, son mystère pascal.

Les plaies du Christ brûlent dans le cœur de Marie, tandis qu’une unique souffrance étreint la Mère et le Fils. La Mère des douleurs suscite compassion et touche aussi celui qui a l’habitude de blesser. La souffrance n’est plus désespérance et elle ne le sera jamais plus, parce que Dieu est venu souffrir avec nous. Et avec Dieu, peut-on désespérer ?

Contemplons Marie qui partage la compassion de son Fils pour les pécheurs. Comme l’affirme saint Bernard, la Mère du Christ est entrée dans la Passion de son Fils par sa compassion. Son cœur de mère est transpercé (cf. Luc 2, 35) par le supplice infligé à l’Innocent, né de sa chair. La discrétion de Marie nous empêche de mesurer l’abîme de sa douleur. Puissent nos cœurs et nos esprits pénétrer le mystère de ce lien qui unit la passion vécue par le Sauveur à la compassion éprouvée par sa Mère !

Comme pour son Fils Jésus, il est possible de dire que cette souffrance l’a conduite elle aussi à sa perfection, pour la rendre capable d’accueillir la nouvelle mission spirituelle que son Fils lui confie juste avant de “remettre l’esprit” (Jean 19, 30) : “devenir la mère du Christ en ses membres”, a dit Benoît XVI à Lourdes le 15 septembre 2008. Car à travers la figure du disciple bien-aimé, Jésus présente tout disciple à sa Mère en lui disant : “Voici ton Fils” (Jean 19, 26-27).

Ainsi, “nous avons besoin de son regard de tendresse, de son regard maternel qui nous connaît mieux que quiconque, de son regard plein de compassion et d’attention” (le pape François à Cagliari le 22 septembre 2013). ■

P. Jean-Daniel Planchot, cm