l’Archéologie chrétienne
L’antiquité païenne est, pour ainsi dire, sortie aujourd’hui de dessous les ruines de ses monuments. Elle a été étudiée par un grand nombre de savants, et, grâce à leurs persévérants efforts, l’Archéologie égyptienne, grecque, étrusque et romaine, est presque arrivée à sa perfection, ou du moins a fait des progrès extraordinaires.
Il n’en est pas ainsi de l’Archéologie chrétienne : elle est loin encore d’être parvenue au même degré d’avancement. Pendant longtemps on négligea, que dis-je ? on méprisa les monuments du moyen âge, de ces siècles si poétiques, si catholiques et si grands. Les monuments primitifs du christianisme, enfouis dans les catacombes de Rome, étaient entièrement ignorés ou méconnus.
On se contentait de jeter à nos merveilleuses cathédrales l’humiliante dénomination de gothiques et de barbares, pour se croire justifié de son ignorance et de son dédain. On a mieux compris aujourd’hui toute l’importance et tout l’intérêt qui s’attachent à nos monuments chrétiens, la plus glorieuse portion de nos antiquités nationales.
Leur réhabilitation ne tarda pas à être complète. Une foule d’hommes sérieux se préoccupèrent de la conservation et de l’intelligente restauration de ces chefs- d’œuvre, l’honneur de l’art, de la patrie et de la religion. Leur zèle et leurs travaux ont porté des fruits. Les édifices religieux ont repris la place qu’ils n’auraient jamais dû perdre…
Si nous pouvions ranimer dans quelques cœurs le respect et l’amour dont nous devons entourer nos églises ! Ce n’est pas seulement comme archéologues que nous devons nous attacher à l’étude des édifices religieux, c’est encore plus comme chrétiens.
Admirons les monuments de la foi de nos pères, mais aussi partageons leurs espérances, imitons leur dévouement et leur foi. Pénétrons jusqu’au sanctuaire pour voir et admirer, mais plus souvent encore pour adorer et prier.
Bourassé Jean-Jacques (1842)