le mystère du silence de Dieu – Samedi Saint
L’Église est entrée dans le «grand silence» qui précède l’exultation de Pâques. Pas de messe en ce samedi, pas d’ornements ni de fleurs sur les autels; le tabernacle, vidé de la présence réelle, est ouvert. Ce «terrible mystère» d’un Dieu qui se tait interpelle plus que jamais les croyants.
«Un grand silence règne aujourd’hui sur la terre, un grand silence et une grande solitude; un grand silence parce que le Roi dort. La terre a tremblé puis s’est calmée parce que Dieu s’est endormi dans la chair, et il a réveillé ceux qui dormaient depuis des siècles».
Cette homélie du IVe siècle attribuée à Saint Épiphane de Salamine explore admirablement le mystère du Samedi Saint, ce moment où le Christ repose sans vie dans son tombeau, où l’espérance semble avoir déserté la terre, «où la foi semble être définitivement démasquée comme une illusion» (Benoît XVI).
Durant ce «temps au-delà du temps», le Christ «descend aux Enfers». Il plonge dans la solitude la plus extrême et la plus absolue des hommes, la mort, pour la partager, l’illuminer et l’en délivrer.
«Voici précisément ce qui est arrivé le jour du Samedi Saint, dans le royaume de la mort, la voix de Dieu a retenti», disait Benoît XVI dans une méditation lors de l’ostension solennelle du Saint-Suaire de Turin (2010).
Il poursuivait : «L’humanité est devenue particulièrement sensible au mystère du Samedi Saint. Dieu caché fait partie de la spiritualité de l’homme contemporain (…) comme un vide dans le cœur qui s’élargit toujours plus», référence tacite au silence de Dieu ressenti avec douleur, et parfois révolte, à certains moments de l’Histoire ou de nos vies personnelles.