Au dernier Angélus avant l’entrée en Carême le 17 février prochain, le Pape a commenté l’Évangile (Mc 1, 40-45) sur la rencontre entre Jésus et le lépreux. Jésus est celui qui a compassion des douleurs, les guérit et lutte contre les préjugés qui excluent. Il faut des confesseurs qui fassent preuve de miséricorde et attirent les fidèles vers Dieu.
PAPE FRANÇOIS
ANGÉLUS
Place Saint Pierre
Dimanche, 14 février 2021
Chers frères et sœurs, bonjour!
La place avec le soleil est magnifique! Elle est belle!
L’Évangile d’aujourd’hui (cf. Mc 1,40-45) présente la rencontre entre Jésus et un homme atteint de la lèpre. Les lépreux étaient considérés comme impurs et, selon les prescriptions de la loi, devaient rester en dehors du centre habité.
Ils étaient exclus de toute relation humaine, sociale et religieuse: par exemple, ils ne pouvaient pas entrer dans la synagogue, ils ne pouvaient pas entrer dans le temple, même religieusement. Jésus, par contre, se laisse approcher par cet homme, il est ému, tend même la main et le touche. C’était impensable à l’époque.
Ainsi, il réalise la Bonne Nouvelle qu’il annonce: Dieu s’est rendu proche de notre vie, a compassion du sort de l’humanité blessée et vient briser toute barrière qui nous empêche de vivre une relation avec lui, avec les autres et avec nous. Il s’est rapproché …
Proximité. Souvenez-vous bien de ce mot, proximité. Compassion: l’Évangile dit que Jésus, voyant le lépreux, a éprouvé de la compassion pour lui. Et la tendresse. Trois mots qui indiquent le style de Dieu: proximité, compassion, tendresse.
Dans cet épisode, nous pouvons voir deux «transgressions» qui se rencontrent: la transgression du lépreux qui s’approche de Jésus – et n’aurait pas dû le faire – et Jésus qui, ému de compassion, le touche avec tendresse pour le guérir – et n’aurait pas dû le faire. Les deux sont des transgresseurs. Ce sont deux transgressions.
La première transgression est celle du lépreux: malgré les prescriptions de la Loi, il sort de l’isolement et vient de Jésus, sa maladie était considérée comme un châtiment divin, mais, en Jésus, il peut voir un autre visage de Dieu: pas Dieu. qui châtie, mais le Père de la compassion et de l’amour, qui nous libère du péché et ne nous exclut jamais de sa miséricorde.
Ainsi cet homme peut sortir de l’isolement, parce qu’en Jésus il trouve Dieu qui partage sa douleur. L’attitude de Jésus l’attire, le pousse à sortir de lui-même et à lui confier sa douloureuse histoire.
Et permettez-moi ici une pensée à beaucoup de bons prêtres confesseurs qui ont cette attitude: attirer les gens, beaucoup de gens qui ne ressentent rien, se sentent « par terre » pour leurs péchés …
Mais avec tendresse, avec compassion … (les confesseurs qui ne le font pas sont avec le fouet à la main,) mais seulement pour recevoir, écouter et dire que Dieu est bon et que Dieu pardonne toujours, que Dieu ne se lasse jamais de pardonner. A ces confesseurs miséricordieux, je vous demande à tous aujourd’hui d’applaudir, ici, sur la place, tout le monde. [applaudissements]
La deuxième transgression est celle de Jésus: alors que la loi interdit de toucher les lépreux, il est ému, lui tend la main et le touche pour le guérir. Certains diraient: il a péché, il a fait ce que la loi interdit, il est un transgresseur. C’est vrai, c’est un transgresseur. Cela ne se limite pas aux mots, mais il touche. Et toucher avec amour, c’est établir une relation, entrer en communion, s’impliquer dans la vie de l’autre au point de partager ses blessures.
Par ce geste, Jésus montre que Dieu, qui n’est pas indifférent, ne se tient pas à « distance de sécurité »; au contraire, il s’approche avec compassion et touche notre vie pour la guérir avec tendresse. C’est le style de Dieu: proximité, compassion et tendresse. La transgression de Dieu; c’est un grand transgresseur en ce sens.
Frères et sœurs, même aujourd’hui dans le monde, beaucoup de nos frères souffrent de cette maladie, de la maladie de Hansen ou d’autres maladies et conditions auxquelles les préjugés sociaux sont malheureusement associés. « C’est un pécheur! ». Pensez à ce moment [cf. Lc 7, 36-50) où cette femme est entrée au banquet et a jeté du parfum aux pieds de Jésus.
Les autres ont dit: « Mais si c’était un prophète, il serait conscient, il saurait qui est cette femme: une pécheresse ». Mépris. Au lieu de cela, Jésus reçoit, en effet, des remerciements: « Vos péchés sont pardonnés ». La tendresse de Jésus et le préjugé social de chasser les gens avec la parole: «C’est une personne impure, c’est un pécheur, c’est un escroc,…».
Oui, c’est vrai parfois, mais ne jugez pas à l’avance. Chacun de nous peut arriver à éprouver des blessures, des échecs, des souffrances, de l’égoïsme qui nous ferment à Dieu et aux autres, parce que le péché nous ferme en nous-mêmes, par honte, par humiliation, mais Dieu veut ouvrir nos cœurs.
Face à tout cela, Jésus nous annonce que Dieu n’est pas une idée ou une doctrine abstraite, mais Dieu est Celui qui se «contamine» avec notre humanité blessée et n’a pas peur d’entrer en contact avec nos blessures. «Mais père, que dites-vous? Quel Dieu est contaminé? ». Je ne le dis pas, Saint Paul l’a dit: il s’est fait péché (cf. 2 Co 5, 21).
Celui qui n’est pas un pécheur, qui ne peut pas pécher, s’est fait péché. Voyez comment Dieu s’est contaminé pour se rapprocher de nous, avoir compassion et faire comprendre sa tendresse. Proximité, compassion et tendresse.
Pour respecter les règles de bonne réputation et les coutumes sociales, on fait souvent taire la douleur ou on porte des masques qui la dissimulent. Pour équilibrer les calculs de notre égoïsme ou les lois intérieures de nos peurs, nous ne nous impliquons pas trop dans la souffrance des autres. Demandons plutôt au Seigneur la grâce de vivre ces deux «transgressions» de l’Évangile d’aujourd’hui.
Celle du lépreux, parce que nous avons le courage de sortir de notre isolement et, au lieu de rester là pour nous plaindre de nous-mêmes ou pour pleurer nos échecs, nos plaintes, et au lieu de cela nous allons vers Jésus tel que nous sommes: «Seigneur , Je suis comme ça ».
Nous ressentirons cette étreinte, cette belle étreinte de Jésus. Et puis la transgression de Jésus: un amour qui nous fait dépasser les conventions, qui surmonte les préjugés et la peur de se mêler à la vie de l’autre. Nous apprenons à être des «transgresseurs» comme ces deux-là: comme le lépreux et comme Jésus.
Que la Vierge Marie nous accompagne dans ce chemin, que nous invoquons maintenant dans la prière de l’Angélus.
Après l’angélus
Chers frères et sœurs,
Je regarde toujours avec gratitude l’engagement de ceux qui collaborent en faveur des migrants. Je remercie tout le monde pour ce qu’ils font pour les migrants.
Aujourd’hui, en particulier, je me joins aux évêques de Colombie pour exprimer ma gratitude pour la décision des autorités colombiennes de mettre en œuvre le Statut de protection temporaire des migrants vénézuéliens présents dans le pays, favorisant leur accueil, leur protection et leur intégration.
Et cela n’est pas fait par un pays très riche, surdéveloppé, non, un pays avec de nombreux problèmes, de développement, de pauvreté, de paix, près de 70 ans de guérilla … Mais avec ce problème, il a eu le courage de regarder ces migrants et faire ce Statut. Merci à la Colombie. Merci!
Aujourd’hui, fête des saints Cyrille et Méthode, évangélisateurs des peuples slaves, proclamée par Saint Jean-Paul II coparrains de l’Europe, je salue avec affection toutes les communautés qui vivent dans les territoires évangélisés par les Saints Frères. Leur intercession aide à trouver de nouvelles façons de communiquer l’Évangile.
Ces deux-là n’avaient pas peur de trouver de nouvelles façons de communiquer l’Évangile. Et que leur intercession augmente dans les Églises chrétiennes le désir de marcher vers la pleine unité dans le respect des différences.
Et aujourd’hui, la Saint-Valentin, on ne peut manquer d’adresser une pensée et un souhait aux fiancés, aux amoureux: je les accompagne de ma prière et je les bénis.
Et maintenant, je vous salue, fidèles de Rome et pèlerins. Je vois qu’il y a des Français, des Mexicains, des Espagnols, des Polonais … Bienvenue à tous! Bien à vous!
Mercredi prochain, nous commencerons le Carême. Ce sera un moment propice pour donner un sentiment de foi et d’espérance à la crise que nous traversons.
Et je ne veux pas oublier les trois mots qui nous font comprendre le style de Dieu, n’oubliez pas: proximité, compassion, tendresse. Allons-nous le dire ensemble? Proximité, compassion, tendresse.
Je souhaite à tous un bon dimanche. N’oubliez pas de prier pour moi. Bon déjeuner et au revoir. Merci!
Texte traduit et présenté par l’Association de la Médaille Miraculeuse