Archives de catégorie : Méditation

sur un aspect de spiritualité : Christ, Vierge Marie, Église dans le monde…

Catéchèse – 19. La prière d’intercession

Le Pape François a poursuivi son cycle de catéchèse sur la prière, lors de l’audience générale, en se penchant ce mercredi sur la prière d’intercession. Malgré la solitude de la prière, l’orant prie pour le monde, comme «une antenne de Dieu».

PAPE FRANÇOIS

AUDIENCE GÉNÉRALE

Bibliothèque du palais apostolique
Mercredi 16 décembre 2020


Résumé :

Frères et sœurs, une prière qui ne recueille pas les joies et les douleurs, les espérances et les angoisses de l’humanité devient une activité « décorative ». Nous avons tous besoin de nous retirer dans un espace et un temps consacrés à notre relation avec Dieu. Les hommes et les femmes de prière cherchent la solitude et le silence pour mieux écouter la voix de Dieu.

Quiconque peut frapper à la porte de la personne qui prie et trouver en elle un cœur plein de compassion. Il y a une expérience de l’humain dans chaque prière, car les personnes, quelles que soient leurs erreurs, ne doivent pas être refusées ou rejetées. Lorsqu’un croyant, mû par l’Esprit Saint, prie pour les pécheurs, il ne fait pas de sélection et n’émet pas de jugements de condamnation.

Le monde va de l’avant grâce à ceux qui prient en intercédant. L’Église, dans tous ses membres, a la mission de pratiquer la prière d’intercession, particulièrement ceux qui ont un rôle de responsabilité. Nous sommes tous des feuilles du même arbre : chacune, lorsqu’elle se détache, nous rappelle que nous devons nous soutenir les uns les autres dans la prière.

Je suis heureux de saluer les personnes de langue française ! Dans l’attente de l’Emmanuel, le Bon Pasteur, soyons des hommes et des femmes qui assument les joies et les douleurs, les espérances et les angoisses de l’humanité dans la prière d’intercession.

A tous, je donne ma bénédiction !

Catéchèse – 19. La prière d’intercession (texte intégral)

Chers frères et sœurs, bonjour!

Ceux qui prient ne laissent jamais le monde derrière eux. Si la prière ne recueille pas les joies et les peines, les espoirs et les angoisses de l’humanité, elle devient une activité «décorative», une attitude superficielle, théâtrale, une attitude intime. Nous avons tous besoin d’intériorité: de nous replier dans un espace et un temps dédiés à notre relation avec Dieu, mais cela ne signifie pas échapper à la réalité.

Dans la prière, Dieu « nous prend, nous bénit, puis nous brise et nous donne », pour la faim de tous. Chaque chrétien est appelé à devenir, entre les mains de Dieu, le pain rompu et partagé. C’est-à-dire une prière concrète, qui n’est pas une évasion. Ainsi, hommes et femmes de prière recherchent la solitude et le silence, non pour ne pas être ennuyés, mais pour mieux entendre la voix de Dieu.

Ils se retirent parfois du monde, dans le secret de leur propre chambre, comme Jésus l’a recommandé (cf. Mt 6 , 6), mais, où qu’ils soient, ils gardent toujours la porte de leur cœur grande ouverte: une porte ouverte pour ceux qui prient sans savoir qu’ils prient; pour ceux qui ne prient pas du tout mais portent en eux un cri étouffé, une invocation cachée; pour ceux qui se sont trompés et se sont égarés …

N’importe qui peut frapper à la porte d’une personne en prière et trouver en elle un cœur compatissant, qui prie sans exclure personne. La prière est notre cœur et notre voix, et elle devient le cœur et la voix de nombreuses personnes qui ne savent pas prier ou ne prient pas, ou ne veulent pas prier ou sont incapables de prier: nous sommes le cœur et la voix de ces personnes qui se lèvent vers Jésus, qui s’élèvent vers le Père, comme intercesseurs.

Dans la solitude celui qui prie – à la fois la solitude de long temps et la solitude d’une demi-heure pour prier – se sépare de tout et de chacun pour trouver tout et chacun en Dieu. Ainsi, la personne priant pour le monde entier, portant sur ses épaules douleurs et péchés. Priez pour chacune et chacun: c’est comme si c’était une « antenne » de Dieu dans ce monde. En chaque pauvre homme qui frappe à la porte, en chaque personne qui a perdu le sens des choses, celui qui prie voit le visage du Christ.

Le Catéchisme écrit: «Intercéder, demander en faveur d’un autre […] est la prérogative d’un cœur en accord avec la miséricorde de Dieu» (n. 2635). C’est beau. Quand nous prions, nous sommes en harmonie avec la miséricorde de Dieu: miséricorde envers nos péchés – lui qui nous est miséricordieux – mais aussi miséricorde envers tous ceux qui ont demandé à prier pour eux, pour qui nous voulons prier en harmonie avec le cœur de Dieu. C’est la vraie prière.

En harmonie avec la miséricorde de Dieu, ce cœur miséricordieux. «Au temps de l’Église, l’intercession chrétienne participe à celle du Christ: elle est une expression de la communion des saints» (ibid.). Que signifie le fait que l’on participe à l’intercession du Christ lorsque j’intercède pour quelqu’un ou prie pour quelqu’un?

Parce que le Christ est intercesseur devant le Père, il prie pour nous et prie en montrant au Père les blessures de ses mains; parce que Jésus physiquement, avec son corps, se tient devant le Père. Jésus est notre intercesseur, et prier, c’est faire quelque chose comme Jésus: intercéder en Jésus pour le Père, pour les autres. Et c’est très beau.

La prière au cœur de l’homme . Simplement l’homme. Celui qui n’aime pas son frère ne prie pas sérieusement. On peut dire: dans un esprit de haine, on ne peut pas prier; dans un esprit d’indifférence, on ne peut pas prier. La prière seule est donnée dans un esprit d’amour. Celui qui n’aime pas fait semblant de prier, ou il pense prier, mais il ne prie pas, car l’esprit même qu’est l’amour manque.

Dans l’Église, ceux qui connaissent la tristesse ou la joie de l’autre vont plus loin que ceux qui enquêtent sur les «systèmes maximaux». Pour cette raison, il y a une expérience de l’humain dans chaque prière, parce que les gens, même s’ils peuvent commettre des erreurs, ne doivent jamais être rejetés.

Lorsqu’un croyant, animé par le Saint-Esprit, prie pour les pécheurs, il ne fait pas de choix, il ne prononce pas de jugements de condamnation: il prie pour tous. Et il prie aussi pour lui-même. À ce moment-là, il sait qu’il n’est même pas trop différent des personnes pour lesquelles il prie: il se sent pécheur, parmi les pécheurs, et prie pour tous.

La leçon de la parabole du pharisien et du collecteur d’impôts est toujours vivante et actuelle (cf. Lc 18, 9-14): nous ne sommes pas meilleurs que quiconque, nous sommes tous frères dans une communauté de fragilité, de souffrance et de pécheurs.

Par conséquent, une prière que nous pouvons adresser à Dieu est celle-ci: « Seigneur, nul vivant devant toi n’est juste (cf. Ps 143,2) – cela est dit dans un psaume: » Seigneur, nul vivant devant toi n’est juste « , aucun de nous : nous sommes tous des pécheurs -, nous sommes tous des débiteurs qui un compte en suspens ; il n’y a personne qui soit parfait à tes yeux. Seigneur, aie pitié de nous! »

Et avec cet esprit, la prière est féconde, car nous allons humblement devant Dieu pour prier pour tous. Au lieu de cela, le pharisien a orgueilleusement prié: «Merci, Seigneur, parce que je ne suis pas comme ces pécheurs; J’ai raison, je fais toujours … « . Ce n’est pas une prière: c’est regarder dans le miroir, sa propre réalité, se regarder dans le miroir fait d’orgueil.

Le monde continue grâce à cette chaîne de priants qui intercèdent, et qui sont pour la plupart inconnus… mais pas pour Dieu! Il y a beaucoup de chrétiens inconnus qui, en temps de persécution, ont pu répéter les paroles de notre Seigneur: « Père, pardonne-leur car ils ne savent pas ce qu’ils font » (Lc 23, 34).

Le bon berger reste fidèle même face à constatation du péché de son propre peuple: le bon berger continue à être père même lorsque ses enfants s’en vont et l’abandonnent. Il persévère dans son service de berger même envers ceux qui le porte à se salir les mains; il ne ferme pas son cœur à ceux qui l’ont peut-être fait souffrir.

L’Église, dans tous ses membres, a pour mission de pratiquer la prière d’intercession, elle intercède pour les autres. En particulier, toute personne placée dans un rôle de responsabilité a un devoir: parents, éducateurs, ministres ordonnés, supérieurs de communauté …

Comme Abraham et Moïse, ils doivent parfois «défendre» devant Dieu le peuple qui leur est confié. En réalité, il s’agit de les regarder avec les yeux et le cœur de Dieu, avec sa propre compassion et sa tendresse invincibles. Prier tendrement pour les autres.

Frères et sœurs, nous sommes tous les feuilles du même arbre: chaque détachement nous rappelle la grande piété que nous devons cultiver, dans la prière, les uns pour les autres. Prions les uns pour les autres: cela nous fera du bien et cela fera du bien à tous. Merci!

Salutations

Je suis heureux de saluer les francophones. En attendant l’Emmanuel, le Bon Pasteur, essayons d’être des hommes et des femmes qui s’approprient les joies et les souffrances, les espérances et les angoisses de l’humanité, dans la prière d’intercession. Je donne ma bénédiction à tout le monde.

Je salue cordialement les fidèles anglophones. Je prie pour que la lumière du Christ illumine les étapes de notre chemin de l’Avent et dissipe l’obscurité de la peur de nos cœurs. Sur vous et vos familles, j’invoque la joie et la paix du Seigneur Jésus-Christ.

Un salut chaleureux est adressé aux frères et sœurs germanophones. L’intercession nous unit à la prière de Jésus, qui intercède auprès du Père pour tous les hommes. N’oublions pas de prier le Seigneur au nom des autres, même pour ceux qui nous font du mal. Un bon Avent à tous.

Je salue cordialement les fidèles hispanophones. Demain, nous commençons les grands jours de l’Avent et la liturgie se concentre davantage sur la préparation de Noël. En ces jours spéciaux, je vous encourage à consacrer plus de temps à la prière d’intercession: prions avec plus d’intensité en nous demandant les uns les autres, en particulier pour ceux qui souffrent le plus. Que Dieu vous bénisse.

J’adresse un salut cordial aux fidèles de langue portugaise. Chers frères, la prière au temps de l’Avent nous aide à nous rappeler que nous ne sommes plus justes et meilleurs que les autres, mais que nous sommes tous des pécheurs qui ont besoin d’être touchés par la miséricorde de Dieu. Que la bénédiction du Seigneur descende sur chacun de vous.

Je salue les fidèles arabophones. Nous sommes tous les feuilles du même arbre: chaque détachement nous rappelle la grande piété que nous devons cultiver, dans la prière, les uns pour les autres. Que le Seigneur vous bénisse tous et vous protège toujours de tout mal.

Je salue cordialement tous les Polonais. Aujourd’hui commence la Neuvaine à l’Enfant Jésus. Que saint Joseph vous accompagne dans votre chemin de l’Avent cette année, d’une manière particulière. Que l’Enfant Divin, qui a vu la tendresse de Dieu en lui, remplisse vos cœurs, spécialement en ces temps difficiles, de la certitude que notre Père céleste est un Dieu de tendresse, qui est bon envers tous et que sa miséricorde s’étend sur tous ses enfants. Je vous bénis de tout mon cœur.

* * *

Je salue cordialement les fidèles italophones. Je voudrais exhorter chacun à « se presser » vers Noël, le vrai, c’est-à-dire la naissance de Jésus-Christ. Cette année, des restrictions et des inconvénients nous attendent; mais pensons au Noël de la Vierge Marie et de Saint Joseph: ce n’étaient pas des roses et des fleurs! Combien de difficultés ils ont eues! Combien de soucis!

Pourtant, la foi, l’espérance et l’amour les ont guidés et soutenus. Qu’il en soit ainsi pour nous aussi! Aide-nous aussi – cette difficulté – à purifier un peu la façon de vivre Noël, de célébrer, de sortir du consumérisme: qu’elle soit plus religieuse, plus authentique, plus vraie.

Comme toujours, je m’adresse enfin aux personnes âgées, aux jeunes, aux malades et aux jeunes mariés. Je souhaite à chacun d’accueillir la grâce de ces jours: qu’elle devienne pour vous une vieille consolation, pour vous jeune force, pour votre réconfort malade et pour vous, les jeunes mariés, la confiance en la divine Providence. Que Dieu vous bénisse tous!


© Copyright – Libreria Editrice Vaticana

Texte présenté et traduit par l’Association de la Médaille Miraculeuse

La joie, règle pour les chrétiens

Au troisième dimanche de l’Avent, qui tombe cette année le 13 décembre – 51e anniversaire de l’ordination sacerdotale du Pape – le Pontife parle de Jean-Baptiste: «leader de son temps», qui a vécu l’anticipation et la joie de voir le Messie sans jamais attirer l’attention sur lui-même mais en l’orientant vers le Christ. À la fin, la bénédiction traditionnelle des «enfants».

PAPE FRANÇOIS

ANGÉLUS

Place Saint Pierre
Dimanche 13 décembre 2020


Chers frères et sœurs, bonjour!

L’invitation à la joie est caractéristique du temps de l’Avent: l’attente de la naissance de Jésus, l’attente que nous vivons est joyeuse, un peu comme lorsque nous attendons la visite d’une personne que nous aimons beaucoup, par exemple un ami que nous ne voyons pas. depuis longtemps, un parent … Nous sommes dans une attente joyeuse.

Et cette dimension de joie émerge surtout aujourd’hui, le troisième dimanche, qui s’ouvre sur l’exhortation de Saint Paul «Réjouissez-vous toujours dans le Seigneur» (Antienne d’entrée; cf. Ph 4, 4.5). « Réjouir! » Joie chrétienne. Et quelle est la raison de cette joie? Que «le Seigneur est proche» (v. 5).

Plus le Seigneur est proche de nous, plus nous sommes dans la joie; plus il est distant, plus nous sommes dans la tristesse. C’est une règle pour les chrétiens. Un jour, un philosophe a dit quelque chose de plus ou moins comme ceci: «Je ne comprends pas comment on peut croire aujourd’hui, parce que ceux qui disent croire ont un visage de veillée funèbre. Ils ne témoignent pas de la joie de la résurrection de Jésus-Christ. »

Tant de chrétiens avec ce visage, oui, le visage de veillée funèbre, le visage de la tristesse … Mais le Christ est ressuscité! Le Christ vous aime! Et tu n’as pas de joie? Pensons-y un moment et disons: « Je suis heureux parce que le Seigneur est proche de moi, parce que le Seigneur m’aime, pourquoi le Seigneur m’a-t-il racheté? »

L’Évangile selon Jean nous présente aujourd’hui le personnage biblique qui – à l’exception de Notre-Dame et de Saint Joseph – a le premier et le plus éprouvé l’attente du Messie et la joie de le voir arriver: nous parlons naturellement de Jean-Baptiste (cf.Jn 1, 6- 8.19-28).

L’évangéliste le présente de manière solennelle: «Un homme est venu envoyé par Dieu […]. Il est venu comme témoin pour rendre témoignage à la lumière »(vv. 6-7). Le Baptiste est le premier témoin de Jésus, avec la parole et avec le don de la vie. Tous les Évangiles sont d’accord pour montrer comment il a accompli sa mission en désignant Jésus comme le Christ, le Messager de Dieu promis par les prophètes.

Jean était un leader de son temps. Sa renommée s’était répandue dans toute la Judée et au-delà, jusqu’en Galilée. Mais il ne céda pas même un instant à la tentation de se faire remarquer: il s’orientait toujours vers Celui qui allait venir. Il a dit: «Pour lui, je ne suis pas digne de dénouer le lacet de sa sandale» (v. 27). Soulignant toujours le Seigneur.

La Madone: rapporte au Seigneur toujours: «Faites ce qu’il vous dira». Toujours le Seigneur au centre. Les saints autour rapportent au Seigneur. Et quiconque ne rapporte pas au Seigneur n’est pas saint!

Voici la première condition de la joie chrétienne: se décentrer et mettre Jésus au centre. Ce n’est pas l’aliénation, parce que Jésus est effectivement le centre, il est la lumière qui donne tout son sens à la vie de chaque homme et femme qui vient dans ce monde. C’est le même dynamisme d’amour, qui me conduit à sortir de moi non pas pour me perdre, mais à me retrouver pendant que je me donne, pendant que je cherche le bien de l’autre.

Jean-Baptiste a parcouru un long chemin pour rendre témoignage de Jésus. Le chemin de la joie n’est pas une marche. Il faut du travail pour toujours être dans la joie. Jean a tout quitté, dès son plus jeune âge, pour mettre Dieu en premier, pour écouter sa Parole de tout son cœur et de toute sa force. Jean se retira dans le désert, se dépouillant de tout ce qui était superflu, pour être plus libre de suivre le vent du Saint-Esprit.

Bien sûr, certains traits de sa personnalité sont uniques, irremplaçables, ne conviennent pas à tout le monde. Mais son témoignage est paradigmatique pour quiconque veut chercher le sens de sa vie et trouver la vraie joie.

En particulier, le Baptiste est un modèle pour ceux qui, dans l’Église, sont appelés à annoncer le Christ aux autres: ils ne peuvent le faire que par détachement d’eux-mêmes et de la mondanité, non en attirant les gens vers eux-mêmes mais en les dirigeant vers Jésus. La joie est celle-ci: s’orienter vers Jésus. Et la joie doit être la marque de notre foi.

Même dans les moments sombres, cette joie est intérieure, de savoir que le Seigneur est avec moi, que le Seigneur est avec nous, que le Seigneur est ressuscité. Le Seigneur! Le Seigneur! Le Seigneur! C’est le centre de notre vie, et c’est le centre de notre joie.

Réfléchissez bien aujourd’hui: comment dois-je me comporter? Suis-je une personne joyeuse qui sait transmettre la joie d’être chrétien, ou suis-je toujours comme les tristes, comme je l’ai dit plus tôt, qui semblent être dans le sillage? Si je n’ai pas la joie de ma foi, je ne pourrai pas témoigner et d’autres diront: « Mais si la foi est si triste, mieux vaut ne pas l’avoir ».

Maintenant en priant l’Angélus, nous voyons tout cela pleinement réalisé dans la Vierge Marie: elle a attendu en silence la Parole de salut de Dieu; elle l’a écouté, elle l’a accepté, elle l’a conçu. En elle, Dieu est devenu proche. Pour cette raison, l’Église appelle Marie « Cause de notre joie ».

Après l’angélus

Chers frères et sœurs,

Je vous salue tous, Romains et pèlerins.

Je salue de manière particulière le groupe venu représenter les familles et les enfants de Rome, à l’occasion de la bénédiction des «Bambinelli», rendez-vous organisé par le Centre de l’Oratoire romain. Cette année, vous êtes peu nombreux ici à cause de la pandémie, mais je sais que de nombreux enfants et jeunes sont rassemblés dans des oratoires et chez eux et nous suivent à travers les médias.

Je salue chacun et bénis les statuettes de Jésus, qui seront placées dans la crèche, signe d’espérance et de joie. En silence, bénissons les petits enfants: Au nom du Père et du Fils et du Saint-Esprit.

Lorsque vous priez chez vous, devant la crèche avec votre famille, laissez-vous attirer par la tendresse de l’Enfant Jésus, né pauvre et fragile parmi nous, pour nous donner son amour.

Je souhaite à tous un bon dimanche, n’oubliez pas la joie! Le chrétien a le cœur joyeux, même dans les épreuves; il est joyeux parce qu’il est proche de Jésus: c’est lui qui nous donne la joie. Et n’oubliez pas de prier pour moi. Bon déjeuner et au revoir!


© Copyright – Libreria Editrice Vaticana

traduit par l’Association de la Médaille Miraculeuse

Catéchèse – 18. La prière de demande

Le Pape François a poursuivi sa catéchèse sur la prière, depuis la bibliothèque du Palais apostolique, rappelant son côté «profondément humain». Une prière qui est à l’unisson de toute la création et qui  reste toujours audible aux oreilles du Seigneur.

PAPE FRANÇOIS

AUDIENCE GÉNÉRALE

Bibliothèque du palais apostolique
Mercredi 9 décembre 2020


Catéchèse – 18. La prière de demande

Chers frères et sœur, bonjour!

Nous poursuivons nos réflexions sur la prière. La prière chrétienne est pleinement humaine – nous prions comme des personnes humaines, comme nous le sommes –, elle comprend la louange et la supplique. En effet, quand Jésus a enseigné à ses disciples à prier, il l’a fait avec le « Notre Père », afin que nous nous plaçions avec Dieu dans une relation de confiance filiale et que nous lui adressions toutes nos demandes.

Nous implorons Dieu pour les dons les plus grands: la sanctification de son nom parmi les hommes, l’avènement de son règne, la réalisation de sa volonté de bien à l’égard du monde. Le Catéchisme rappelle: «Il y a une hiérarchie dans les demandes : d’abord le Royaume, ensuite ce qui est nécessaire pour l’accueillir et pour coopérer à sa venue» (n. 2632).

Mais dans le “Notre Père” nous prions également pour les dons plus simples, pour les dons de tous les jours, comme le “pain quotidien” – qui signifie également la santé, une maison, un travail, les choses de tous les jours; et cela veut aussi dire pour l’Eucharistie, nécessaire pour la vie en Christ –; de même que nous prions pour le pardon des péchés – qui est une chose quotidienne; nous avons toujours besoin de pardon – ensuite pour la paix dans nos relations; et, enfin, pour qu’Il nous aide dans les tentations et qu’il nous libère du mal.

Demander, supplier. Cela est très humain. Écoutons encore le Catéchisme: «C’est par la prière de demande que nous traduisons la conscience de notre relation à Dieu : créatures, nous ne sommes ni notre origine, ni maître des adversités, ni notre fin ultime, mais aussi, pécheurs, nous savons, comme chrétiens, que nous nous détournons de notre Père. La demande est déjà un retour vers Lui» (n. 2629).

Si quelqu’un se sent mal parce qu’il a fait de mauvaises choses – c’est un pécheur – quand il prie le Notre Père, il se rapproche déjà du Seigneur. Parfois nous pouvons croire que nous n’avons besoin de rien, que nous nous suffisons à nous-mêmes et que nous vivons dans l’autosuffisance complète. Parfois cela arrive!

Mais tôt ou tard, cette illusion s’évanouit. L’être humain est une invocation, qui parfois devient un cri, souvent retenu. L’âme ressemble à une terre desséchée, assoiffée, comme le dit le Psaume (cf. Ps 63, 2). Nous faisons tous l’expérience, à un moment ou l’autre de notre existence, du temps de la mélancolie ou de la solitude.

La Bible n’a pas honte de montrer la condition humaine marquée par la maladie, par les injustices, par la trahison des amis, ou par les menaces des ennemis. Il semble parfois que tout s’effondre, que la vie vécue jusqu’à présent a été vaine. Et dans ces situations apparemment sans débouché, il y a une unique issue: le cri, la prière: «Seigneur, aide-moi!» La prière ouvre des soupiraux de lumière dans les ténèbres les plus sombres. «Seigneur, aide-moi!». Cela ouvre la route, ouvre le chemin.

Nous les êtres humains, nous partageons cette invocation d’aide avec toute la création. Nous ne sommes pas les seuls à “prier” dans cet univers infini: chaque fragment de la création porte inscrit le désir de Dieu. Et saint Paul l’a exprimé de cette manière. Il dit ce qui suit: «Nous le savons en effet, toute la création jusqu’à ce jour gémit en travail d’enfantement.

Et non pas elle seule : nous-mêmes qui possédons les prémices de l’Esprit, nous gémissons nous aussi intérieurement» (Rm 8, 22-24). En nous retentit le gémissement multiforme des créatures: des arbres, des rochers, des animaux … Chaque chose aspire à un accomplissement.

Tertullien a écrit: «Chaque être créé prie, les animaux et les fauves prient et s’agenouillent; quand ils sortent des étables ou des tanières, ils lèvent la tête vers le ciel et ne restent pas la bouche fermée, ils font retentir leur cri selon leurs habitudes. Et les oiseaux aussi, dès qu’ils prennent leur envol, s’élèvent vers le ciel et ouvrent leurs ailes comme si c’était des mains en forme de croix, en gazouillant quelque chose qui ressemble à une prière » (De oratione, XXIX).

Il s’agit d’une expression poétique pour faire un commentaire à ce que saint Paul dit, « que toute la création gémit, prie». Mais nous sommes les seuls à prier de manière consciente, à savoir que nous nous adressons au Père et à entrer en dialogue avec le Père.

Nous ne devons donc pas nous scandaliser si nous sentons le besoin de prier, ne pas avoir honte. Et surtout, quand nous sommes dans le besoin, demander. En parlant d’un homme malhonnête qui doit faire ses comptes avec son maître, Jésus dit cela: “Demander, j’ai honte”

. Et beaucoup d’entre nous éprouvent ce sentiment: nous avons honte de demander; de demander de l’aide, de demander quelque chose à quelqu’un pour nous aider à faire, à arriver à ce but, et aussi honte de demander à Dieu.

Il ne faut pas avoir honte de prier et de dire: “Seigneur, j’ai besoin de cela”, “Seigneur, je suis en difficulté”, “Aide-moi!”. C’est le cri du cœur vers Dieu qui est Père. Et nous devons apprendre à le faire également dans les moments heureux; rendre grâce à Dieu pour chaque chose qui nous a été donnée, et ne rien considérer comme évident ou dû: tout est grâce.

Le Seigneur nous donne toujours, toujours, et tout est grâce, tout. La grâce de Dieu. Cependant, n’étouffons pas la supplique qui naît en nous spontanément. La prière de demande va de pair avec l’acceptation de notre limite et de notre condition de créature.

On peut aussi ne pas arriver à croire en Dieu, mais il est difficile de ne pas croire dans la prière: celle-ci existe simplement; elle se présente à nous comme un cri; et nous avons tous affaire avec cette voix intérieure qui peut peut-être se taire pendant longtemps, mais qui un jour se réveille et crie.

Frère et sœurs, nous savons que Dieu répondra. Il n’y a pas d’orant dans le Livre des Psaumes qui élève sa lamentation et qui ne soit pas écouté. Dieu répond toujours: aujourd’hui, demain, mais il répond toujours, d’une manière ou d’une autre. Il répond toujours. La Bible le répète un nombre infini de fois : Dieu écoute le cri de celui qui l’invoque.

Même nos demandes balbutiantes, celles qui sont restées au fond de notre cœur, que nous avons honte d’exprimer, le Père les écoute et il veut nous donner son Esprit Saint, qui anime chaque prière et transforme chaque chose. C’est une question de patience, toujours, de supporter l’attente. A présent, nous sommes dans le temps de l’Avent, un temps typique d’attente pour Noël. Nous sommes en attente. On le voit bien.

Mais toute notre vie est également en attente. Et la prière est toujours en attente, parce que nous savons que le Seigneur répondra. Même la mort tremble quand un chrétien prie, car elle sait que chaque orant a un allié plus fort qu’elle: le Seigneur Ressuscité. La mort a déjà été vaincue dans le Christ, et le jour viendra où tout sera définitif, et elle ne se moquera plus de notre vie et de notre bonheur.

Apprenons à être dans l’attente du Seigneur. Le Seigneur vient nous rendre visite, pas seulement pendant ces grandes fêtes – Noël, Pâques -, le Seigneur nous rend visite chaque jour dans l’intimité de notre cœur si nous sommes dans l’attente.

Et très souvent, nous ne nous rendons pas compte que le Seigneur est proche, qu’il frappe à notre porte et nous le laissons passer. “J’ai peur de Dieu quand il passe; j’ai peur qu’il passe et de ne pas m’en apercevoir”, disait saint Augustin. Et le Seigneur passe, le Seigneur vient, le Seigneur frappe. Mais si tu as les oreilles pleines d’autres bruits, tu n’entendras pas l’appel du Seigneur.

Frères et sœurs, être dans l’attente: voilà ce qu’est la prière!


Je salue cordialement les personnes de langue française. Hier nous avons célébré la solennité de l’Immaculée Conception. Apprenons de la Vierge Marie à nous tourner avec confiance vers son Fils Jésus, et confions-lui toutes nos demandes pour qu’elle les lui présente. Que Dieu vous bénisse !


Résumé de la catéchèse du Saint-Père :

Frères et sœurs, dans le Notre Père Jésus nous enseigne à prier en nous plaçant dans une relation de confiance filiale à l’égard de Dieu, pour lui adresser toutes nos demandes. Parfois nous pouvons croire que nous n’avons besoin de rien, que nous pouvons vivre en autosuffisance. Mais, tôt ou tard, cette illusion s’évanouit.

A un moment ou l’autre de notre vie nous faisons l’expérience de situations apparemment sans issue, où il n’y a qu’une seule voie de sortie : le cri, la prière : « Seigneur aide-moi ! ». La prière ouvre des trouées de lumière dans les ténèbres les plus épaisses. Et nous ne sommes pas les seuls à prier dans l’immense univers.

Toute la création porte inscrit en elle le désir de Dieu. En nous résonne le gémissement multiforme des créatures. Nous ne devons donc pas nous scandaliser si nous sentons le besoin de prier surtout lorsque nous sommes dans le besoin. Et dans les moments heureux, nous devons remercier Dieu pour tout ce qu’il nous a donné et ne rien retenir comme un dû. Tout est grâce.

La prière de demande va de pair avec l’acceptation de nos limites et du fait que nous sommes des créatures. La Bible ne cesse de nous répéter que Dieu écoute le cri de celui qui l’invoque, même ses demandes balbutiantes, même celles qui restent au fond de son cœur. Le Père veut nous donner son Esprit.


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