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sur un aspect de spiritualité : Christ, Vierge Marie, Église dans le monde…

Dans les flammes de Notre-Dame, l’Église prie

Est-ce un sévère avertissement du Ciel devant la foi chrétienne qui disparaît dans notre pays ? Notre-Dame brûle, Notre-Dame disparaît, Notre-Dame tire sa révérence, comme si nous n’en avions plus besoin. Le beau symbole de la foi construit par nos ancêtres part en fumée. La charpente de l’édifice n’existe plus. La charpente de l’église cathédrale a rejoint les enfers. Satan, l’Ange des Lumières exulte avec ses parangons.

Et nous  ? Notre cœur de chrétiens saigne. Il est profondément blessé comme s’il devait accompagner encore plus profondément Jésus en sa semaine Sainte qui conduit à sa Passion,  à sa mort, aux enfers et à sa… N’exprimons pas le terme : il est pour les chrétiens croyants et priants avec Notre Dame, la Sainte Mère, au Cénacle.

Symbolique, prophétique le texte du saint Pape Paul VI, publié ici sur ce site le 12 avril. Relisons-en un extrait :

D’où venez-vous ? Qu’il nous soit permis de poser une question dont l’intention n’est certes pas de méconnaître la parenté spirituelle, mystique et réelle, de votre heureuse appartenance à l’Église de Dieu, à notre commune famille du Christ au sein de laquelle nous vivons et même pour laquelle, Frères et Sœurs voués à l’Église, votre témoignage exemplaire rayonne lumineusement.

C’est une question qui reconnaît la réalité profane de la société, dans laquelle nous sommes tous immergés et qui, en certaines de ses expressions, non seulement s’est distinguée de l’Église, mais s’est également séparée d’elle, a déclaré pouvoir se suffire à elle-même et, même parfois, a démontré, par certaines affirmations, qu’elle lui était hostile, ennemie.

Ces affirmations, nous les connaissons trop bien pour ne pas en avoir gardé le souvenir imprimé dans nos âmes; un souvenir agressif et radical qui se prononce comme une contestation sans réplique: l’Église pourquoi ?

Une mentalité laïque, aveugle, intransigeante et harcelante : l’Église n’est-elle pas superflue aujourd’hui ? N’est-elle pas un résidu inutile désormais pour l’homme moderne ? Son bagage de civilisation n’est-il pas archaïque, dépassé, encombrant pour la civilisation des temps nouveaux ?

Lorsque vous entrez dans cette maison où la voix des siècles passés semble couvrir celle du siècle présent, partagez-vous, cette psychologie, ce sentiment d’être en dehors, qui, certes, n’empêche pas cette curiosité de l’étranger, du touriste, de l’observateur amusé mais passager, indifférent au fond, au monde religieux qui, ici, n’est pas seulement représenté, mais bien vivant: c’est-à-dire l’Église victorieuse dans le temps ?

Est-il peut-être importun, le discours que nous faisons ici ? Non, il n’est pas irrévérencieux et encore moins superflu ! Nous voudrions stimuler votre attention, certainement stupéfaite et pleine d’admiration devant le complexe monumental, artistique, historique et surtout religieux où vous vous trouvez en ce moment.

Suite du texte de saint Paul VI : l’Église, qu’est-ce qu’elle est ? Qu’est-ce qu’elle fait ? … ELLE PRIE, d’abord.

le parfum précieux de Marie de Béthanie

Marie de Béthanie parfume les pieds de Jésus -iconographie byzantine au musée de Roca
Marie de Béthanie parfume les pieds de Jésus -iconographie byzantine au musée de Roca

Aujourd’hui l’Évangile proclamé nous conduit à Béthanie, où, comme le note l’évangéliste, Lazare, Marthe et Marie ont offert un souper au Maître (Jn 12, 1).

Ce banquet dans la maison des trois amis de Jésus se caractérise par les pressentiments d’une mort imminente: les six jours avant Pâques, la suggestion du traître Judas, la réponse de Jésus rappelant l’un des actes pitoyables de l’enterrement anticipés par Marie, là ils n’auraient pas toujours eu pour but d’éliminer Lazare dans lequel se reflétait la volonté de tuer Jésus.

Dans cette histoire évangélique, il y a un geste sur lequel je voudrais attirer l’attention: Marie de Béthanie « a pris trois cents grammes de parfum de pur nard, très précieux, aspergé les pieds de Jésus, puis les sèche avec ses cheveux » (12,3).

Le geste de Marie est l’expression d’une grande foi et d’un grand amour pour le Seigneur: pour elle, il ne suffit pas de laver les pieds du Maître avec de l’eau, mais elle les asperge d’une grande quantité de parfum précieux qui – comme le contestera Judas – aurait pu être vendu trois cents deniers ; non pas la tête, comme c’était la coutume, mais les pieds : Marie offre à Jésus ce qui est le plus précieux et avec un geste de dévotion profonde.

L’amour ne calcule pas, ne mesure pas, ne fait pas attention aux dépenses, ne pose pas de barrières, mais sait donner avec joie, ne cherche que le bien de l’autre, surmonte la méchanceté, la mesquinerie, les ressentiments, les fermetures que l’homme porte à fois dans son cœur.

Marie se tient aux pieds de Jésus avec une humble attitude de service, comme le fera le Maître lui-même lors de la dernière Cène, lorsque – le quatrième Évangile nous le dit – « il se leva de la table, posa ses vêtements, prit un linge et l’enroula autour de sa taille . Puis il versa de l’eau dans le bassin et commença à laver les pieds des disciples « (Jn 13, 4-5), et, dit-il, « faites aussi ce que je vous ai fait.« (v. 15)

Le règne de la communauté de Jésus est celui de l’amour qui sait servir jusqu’au don de la vie. Et l’odeur se propage: « toute la maison – note l’évangéliste – était remplie de l’arôme de ce parfum. » (Jn 12, 3)

Le sens du geste de Marie, qui répond à l’amour infini de Dieu, se répand parmi tous les invités; chaque geste de charité et de dévotion authentique au Christ ne reste pas un fait personnel, il ne concerne pas seulement la relation entre l’individu et le Seigneur, mais concerne tout le corps de l’Église, il est contagieux: il insuffle l’amour, la joie, la lumière.

« Il est venu parmi les siens, et les siens ne l’ont pas accepté » (Jn 1,11) : dans l’acte de Marie, l’attitude et les paroles de Judas s’opposent, ce qui, sous le prétexte d’aider à amener les pauvres, cache l’égoïsme et la fausseté de l’homme fermé en soi, enchaîné par la cupidité de la possession, qui ne se laisse pas envelopper par la bonne odeur de l’amour divin.

Judas calcule où il ne peut pas être calculé, entre avec un petit esprit où l’espace est celui de l’amour, du don, du dévouement total. Et Jésus, jusque-là resté silencieux, intervient en faveur du geste de Marie : « Laissez-la faire, afin qu’elle le garde pour le jour de ma sépulture. » (Jn 12, 7)

Jésus comprend que Marie a senti l’amour de Dieu et indique que son « heure » approche, « l’heure » dans laquelle l’amour trouvera son expression suprême sur le bois de la croix : le Fils de Dieu se donne pour que l’homme ait la vie, il descend dans l’abîme de la mort pour l’amener aux hauteurs de Dieu, il n’a pas peur de s’humilier « en se rendant obéissant jusqu’à la mort et à la mort de la croix. » (Phil 2, 8)

Saint Augustin, dans le sermon où il commente ce passage de l’Évangile, adresse à chacun de nous, avec des mots pressants, l’invitation à pénétrer dans ce circuit de l’amour en imitant le geste de Marie et en se plaçant de manière concrète dans la suite de Jésus :

« Toute âme qui veut être fidèle, s’unit à Marie pour oindre les pieds du Seigneur d’un parfum précieux … Oignez les pieds de Jésus : suivez les traces du Seigneur qui mène une vie digne. Séchez vos pieds avec vos cheveux : si vous avez du superflu, donnez aux pauvres et vous aurez séché les pieds du Seigneur. » (In Ioh. Evang., 50, 6)

Extrait de l’homélie du Pape émérite BENOÎT XVIBasilique du Vatican – lundi 29 mars 2010

Rameaux : le Pape appelle à suivre Jésus dans le dépouillement

Jésus le jour des Rameaux vers 1370 peintre inconnu – Osnabrück Altarpiece (détail)

Lors de la messe de ce dimanche des Rameaux, sur la Place Saint-Pierre, le Pape François a délivré une homélie appelant à vaincre l’esprit du mal en suivant l’exemple de Jésus, obéissant à la volonté du Père, et qui n’est pas tombé dans le piège du triomphalisme après son entrée sous les acclamations à Jérusalem.«Les acclamations de l’entrée à Jérusalem et l’humiliation de Jésus. Les cris festifs et l’acharnement féroce.»

 

«Ce double mystère accompagne chaque année l’entrée dans la Semaine Sainte, dans les deux moments caractéristiques de cette célébration : la procession avec des rameaux de palmier et d’olivier au début et puis la lecture solennelle du récit de la Passion.»

L’enseignement de la Passion du Christ représente un «modèle de vie et de victoire contre l’esprit du mal» car «Jésus nous montre comment affronter les moments difficiles et les tentations les plus insidieuses, en gardant dans le cœur une paix qui n’est pas une prise de distance, ni une insensibilité ou une attitude de surhomme, mais abandon confiant au Père et à sa volonté de salut, de vie, de miséricorde».

<Jésus en effet ne s’est pas soumis à «la tentation de ‘‘faire son œuvre’’», mais il a choisi, au contraire, «l’obéissance confiante au Père».

Ne pas tomber dans le piège du triomphalisme mondain

Alors que dans ce moment de l’entrée à Jérusalem, «le Prince de ce monde avait une carte à jouer : la carte du triomphalisme»«le Seigneur a répondu en restant fidèle à son chemin, le chemin de l’humilité».

Le triomphalisme, qui «vise à monter sur le char des vainqueurs»«vit de gestes et de paroles qui cependant ne sont pas passés par le creuset de la croix ; il s’alimente de la confrontation avec les autres en les jugeant toujours pires, limités, ratés… Une forme subtile de triomphalisme est la mondanité spirituelle, qui est le pire danger, la tentation la plus perfide qui menace l’Église» (citation du jésuite français le cardinal Henri de Lubac).

«Jésus a détruit le triomphalisme par sa passion», «pour faire de la place à Dieu, il n’y a qu’une seule manière : se dépouiller et se vider de soi-même. Se taire, prier, s’humilier. Avec la croix, on ne négocie pas, ou on l’embrasse ou bien on la rejette. Et par son humiliation, Jésus a voulu nous ouvrir la voie de la foi et nous y précéder.»

Se dépouiller dans le silence pour se vider de soi-même

Marie a suivi ce chemin, malgré toute la peine qu’elle a ressenti, à l’image des «nuits de la foi»vécus par tous ceux qui sont confrontés aux échecs apparents de leur engagement.  «Précédés par Marie, d’innombrables saints et saintes ont suivi Jésus sur le chemin de l’humilité et de l’obéissance.» 

Le Pape François a notamment évoqué, en ce dimanche de Journée Mondiale de la Jeunesse, «les nombreux saints et saintes jeunes, surtout de ‘‘la porte d’à côté’’, que Dieu seul connaît, et que parfois il se plaît à nous révéler par surprise». Le Pape a exhorté les jeunes à ne pas avoir peur de manifester leur enthousiasme pour Jésus ni de le suivre «sur le chemin de la croix» .

Face à la persécution et à l’humiliation, Jésus a vaincu «aussi la tentation de répondre, d’être ‘‘médiatique’’. Dans les moments d’obscurité et de grande tribulation, il faut se taire, avoir le courage de se taire, pourvu que ce soit un silence serein et non rancunier.»

Et quand le démon apparaîtra, il faudra «lui résister dans le silence», avec la même attitude que Jésus qui «sait que la guerre est entre Dieu et le Prince de ce monde et qu’il ne s’agit pas de saisir une épée, mais de rester calmes, fermes dans la foi. C’est l’heure de Dieu. Et à l’heure où Dieu descend dans la bataille, il faut le laisser faire.»

Cette conscience qu’il faut laisser la place à Dieu, et non pas rechercher notre promotion personnelle.  «Cela nous aidera à vivre dans la sainte tension entre la mémoire des promesses, la réalité de la détermination présente sur la croix et l’espérance de la résurrection.»

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PAPE FRANÇOIS

ANGÉLUS

Place Saint-Pierre
Dimanche des Rameaux et de la Passion du Seigneur 14 avril 2019

Chers frères et sœurs, 

Je salue tous ceux qui ont participé à cette célébration et ceux qui se sont joints à nous par le biais des différents médias. Cette salutation s’adresse à tous les jeunes qui, aujourd’hui, autour de leurs évêques, célèbrent la Journée de la jeunesse dans tous les diocèses du monde. Chers jeunes, je vous invite à donner les indications de la récente Exhortation apostolique Christus vivit, fruit du Synode qui a également impliqué beaucoup de vos pairs, vous-même et qui vit dans la vie quotidienne. Dans ce texte, chacun de vous peut trouver des indices fructueux pour votre vie et votre chemin de croissance dans la foi et dans le service de vos frères.

Dans le cadre de ce dimanche, je souhaite offrir à tous, réunis sur la place Saint-Pierre, une couronne spéciale du Rosaire. Ces couronnes en bois d’olivier ont été fabriquées en Terre sainte expressément pour la réunion mondiale de la jeunesse à Panama en janvier dernier et pour la journée d’aujourd’hui. Je réitère donc mon appel aux jeunes et à tous pour qu’ils réclament le Rosaire pour la paix, en particulier pour la paix en Terre Sainte et au Moyen-Orient.

Et maintenant nous nous tournons vers la Vierge Marie pour nous aider à bien vivre la Semaine Sainte.

Angelus Domini …


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