Archives de catégorie : Méditation

sur un aspect de spiritualité : Christ, Vierge Marie, Église dans le monde…

troisième méditation sur la miséricorde

Le Pape François a poursuivi et conclu sa série de méditations sur la miséricorde, ce jeudi en fin d’après-midi à la basilique Saint-Paul-hors-les-Murs, en s’arrêtant cette fois sur les œuvres de miséricorde, qu’il a présentées comme étant très liées aux «sens spirituels». «En priant nous demandons la grâce de « sentir » et de « goûter » l’Évangile, de telle sorte qu’il nous rende sensibles à la vie.»

C’est notamment dans le service des pauvres que se vit une expérience sensible de ce chemin de fidélité évangélique :  «Dans l’Église nous avons eu et nous avons beaucoup de choses pas très bonnes, et beaucoup de péchés, mais quant au service des pauvres à travers les œuvres de miséricorde, en tant qu’Église nous avons toujours suivi l’Esprit, et nos saints l’ont fait de manière très créative et efficace. L’amour des pauvres a été le signe, la lumière qui fait que les personnes glorifient le Père. Nos gens apprécient ceci : le prêtre qui prend soin des plus pauvres, des malades, qui pardonne aux pécheurs, qui enseigne et corrige avec patience.» À l’inverse, l’argent corrompt les prêtres et leur fait perdre «la richesse de la miséricorde».

Plutôt que de faire quelques efforts ponctuels, il faut «laisser Dieu nous faire miséricorde dans tous les domaines de notre vie» et «être miséricordieux envers les autres dans tout notre agir. Pour nous, prêtres et évêques, qui administrons les sacrements, baptisant, confessant, célébrant l’Eucharistie… la miséricorde est la manière de changer toute la vie du peuple de Dieu en sacrement. Etre miséricordieux ce n’est pas seulement une manière d’être mais la manière d’être», a dit le Pape François, s’appuyant une nouvelle fois sur l’exemple de son bienheureux compatriote argentin, le curé Brochero.

«Par nos œuvres, notre peuple sait que nous comprenons sa souffrance» a poursuivi le Pape, citant le document de l’épiscopat latino-américain signé à Aparecida en 2007.

Se disant ému par le passage de la rencontre entre Jésus et la femme adultère, le Pape a mis en évidence les espaces que le Christ laisse à cette femme pour se reconstruire. «Le Seigneur, en lui disant « ne pèche plus », non seulement lui dégage la voie, mais aussi la met en mouvement, pour qu’elle cesse d’être ‘‘objet’’ du regard d’autrui, pour qu’elle soit protagoniste.»

Mettant en évidence le fait que les prêtres doivent être à la fois «signes» et «instruments» de la miséricorde de Dieu, le Pape est aussi revenu sur l’importance du sacrement de la réconciliation, faisant remarquer que les bons confesseurs doivent être toujours disponibles, et ne doivent pas faire peur aux fidèles en leur posant des questions trop indiscrètes ou impudiques.

Il a par ailleurs rappelé la nécessité de «faire des œuvres, d’institutionnaliser, de créer une culture de la miséricorde. En nous mettant à l’œuvre, nous sentons immédiatement que c’est l’Esprit qui suscite et fait avancer ces œuvres. La joie de nous sentir des ‘‘serviteurs inutiles’’, que le Seigneur bénit par la fécondité de sa grâce, et que lui-même en personne fait asseoir à sa table et à qui il sert l’Eucharistie, est une confirmation que nous travaillons à ses œuvres de miséricorde.»

«En tant que prêtres, demandons deux grâces au Bon Pasteur, celle de savoir nous laisser guider par le sensus fidei de notre peuple fidèle, et aussi par son « sens du pauvre ». Ces deux sens sont en lien avec son « sensus Christi », avec l’amour et la foi que notre peuple a pour Jésus.»

Le Saint Père a conclu sa méditation en appelant à prier «’l’Âme du Christ’, qui est une belle prière pour demander miséricorde au Seigneur venu dans la chair ; qu’il nous fasse miséricorde avec son Corps et son Âme mêmes. Demandons-lui de nous faire miséricorde ainsi qu’à son peuple ; à son Âme nous demandons : ‘‘sanctifie-nous’’ ; nous supplions son Corps : ‘‘sauve-nous’’ ; nous demandons à son sang : ‘‘enivre-nous’’ ; délivre-nous de toute autre soif qui ne soit pas de toi. Demandons à l’eau de son côté : ‘‘lave-nous’’, nous implorons sa passion : ‘‘réconforte-nous’’ ; console ton peuple, Seigneur crucifié, dans tes plaies, nous t’en supplions : ‘‘cache-nous’’… Ne permets pas, Seigneur, que ton peuple soit séparé de toi. Que rien ni personne ne nous sépare de ta miséricorde, qui nous protège contre les pièges de l’ennemi malin. Ainsi, nous pourrons chanter les miséricordes du Seigneur avec tous tes saints quand tu nous rappelleras à toi.»

deuxième méditation sur la miséricorde

Ce jeudi midi, le Pape François a poursuivi sa série de méditations en sur la miséricorde, en se rendant à la basilique Sainte-Marie-Majeure, où il a, comme il le fait régulièrement, déposé un bouquet au pied de l’icône de la Vierge « Salus Populi Romani ».

Pour cette deuxième méditation, après l’enseignement présenté deux heures plus tôt à Saint-Jean-de-Latran, le Pape s’est appuyé cette fois sur le péché comme un «réceptacle» de la Miséricorde, en insistant sur le fait que même si ce réceptacle est souvent percé, «Dieu ne se lasse pas de pardonner, même s’il voit que sa grâce semble ne pas parvenir à s’enraciner fortement dans la terre de notre cœur, qui est un chemin dur, encombré de mauvaises herbes et pierreux. Il revient semer sa miséricorde et son pardon.»

Les pécheurs peuvent eux-mêmes devenir des transmetteurs de la miséricorde de Dieu. «Nous voyons que, parmi ceux qui travaillent à combattre la toxicodépendance, ceux qui se sont libérés sont généralement ceux qui comprennent mieux, qui aident et savent exiger des autres. Et le meilleur confesseur est d’ordinaire celui qui se confesse le mieux. Presque tous les grands saints ont été de grands pécheurs ou, comme la petite sainte Thérèse, ils étaient conscients que ne pas l’avoir été était une pure grâce prévenante.»

Le Pape François s’est donc arrêté sur la capacité des différents saints à vivre leur condition de pécheur en se laissant toucher par la miséricorde de Dieu, évoquant les figures des apôtres Paul, Pierre et Jean, de François d’Assise et Ignace de Loyola, mais aussi les figures plus contemporaines du curé Brochero, en Argentine, et du cardinal Van Thuan, au Vietnam.

Le Pape François a même évoqué un exemple tiré de la littérature française : «Dans le « Journal d’un curé de campagne », Bernanos nous relate la vie du curé d’un village, en s’inspirant de la vie du Saint Curé d’Ars», a rappelé le Pape, citant un paragraphe dans lequel ce prêtre en fin de vie réfléchit aux joies de son sacerdoce : «Au cours des dernières semaines….que Dieu me laissera, aussi longtemps que je pourrai garder la charge d’une paroisse, j’essaierai, comme jadis, d’agir avec prudence. Mais enfin j’aurai moins souci de l’avenir, je travaillerai pour le présent. Cette sorte de travail me semble à ma mesure… Car je n’ai de réussite qu’aux petites choses, et si souvent éprouvé par l’inquiétude, je dois reconnaître que je triomphe dans les petites joies. » «Un récipient de la miséricorde, tout petit, a un lien avec les petites joies de notre vie pastorale, là où nous pouvons recevoir et exercer la miséricorde infinie du Père dans de petits gestes», a commenté le Pape.

Enfin, puisqu’il se situait à la basilique Sainte-Marie-Majeure, le Saint-Père s’est arrêté longuement sur la figure de Marie, «le vase simple et parfait, pour recevoir et distribuer la miséricorde». «Marie observe avec attention, elle se tourne et s’implique entièrement avec celui qui est devant elle, comme une mère toute attentive à son petit enfant qui lui raconte quelque chose» :  Marie est ainsi un modèle d’attention que toute l’Église doit imiter : «Il nous revient de ne pas nous rendre imperméables à ces regards, de garder en nous chacun d’eux, de les conserver dans le cœur, de les sauvegarder. Seule une Église capable de sauvegarder le visage des hommes qui viennent frapper à sa porte est capable de leur parler de Dieu. Si nous ne déchiffrons pas leurs souffrances, si nous ne nous rendons pas compte de leurs besoins, nous ne pourrons rien leur offrir.»

En conclusion, le Pape et tous les prêtres présents ont entonné un Salve Regina.

première méditation sur la miséricorde

Le Pape François a délivré ce jeudi matin à la basilique Saint-Jean-de-Latran la première de ses trois méditations, dans le cadre du Jubilé des prêtres. Il doit ensuite se déplacer pour deux autres enseignements, à midi à Sainte-Marie-Majeure, et à 16h à Saint-Paul-Hors-les-Murs.

Il a consacré son premier enseignement à la miséricorde en partant de la complémentarité entre la forme «féminine» de la miséricorde, «l’amour maternel viscéral, qui s’émeut face à la fragilité de son nouveau-né et l’embrasse et suppléant à tout ce qui lui manque pour qu’il puisse vivre et grandir», et sa forme «masculine», «la ferme fidélité du Père qui soutient toujours, pardonne et remet ses enfants sur le chemin».

«La miséricorde nous permet de passer du fait de nous sentir objets de miséricorde au désir de faire miséricorde. Le sentiment de honte pour les péchés personnels et le sentiment de la dignité à laquelle le Seigneur nous élève peuvent cohabiter, dans une saine tension», une réflexion déjà exprimée lors de précédentes interventions consacrées au sacrement de la réconciliation.

Le Pape s’est appuyé sur une parole de Saint-Ignace-de-Loyola – «Ce n’est pas le fait de savoir beaucoup qui remplit et satisfait l’âme, mais le fait de sentir et de savourer les choses de Dieu intérieurement» – pour mettre en évidence la valeur active et dynamique de la miséricorde, en insistant sur le lien entre «recevoir miséricorde» et «faire miséricorde». Il a ainsi rappelé l’objectif de ce rassemblement jubilaire : «devenir des prêtres toujours plus capables de recevoir la miséricorde et de l’offrir».

François a ensuite articulé sa réflexion sur la parabole de l’enfant prodigue, s’arrêtant sur la notion paradoxale en apparence de «honteuse dignité» : Plutôt que de «sentir la miséricorde de Dieu comme un geste qu’il accomplit occasionnellement en nous pardonnant quelque grand péché» et en s’arrangeant «seuls, de manière autonome», mieux vaut reconnaître pleinement son péché et se situer dans «cette tension féconde dans laquelle la miséricorde du Seigneur nous met : non seulement des pécheurs pardonnés, mais des pécheurs auxquels la dignité est rendue».

Reprenant de nombreux exemples évangéliques sur les «excès de miséricorde», qui peuvent susciter de nombreuses guérisons spirituelles aussi dans les situations contemporaines les plus désespérées en apparence, le Pape a conclu en mettant en évidence la complémentarité entre «honte» et «confiance» : «Prions à partir de cette tension intime qui allume la miséricorde, cette tension entre la honte qui dit : ‘‘Détourne ta face de mon péché, enlève toute ma faute’’ ; et cette confiance qui dit : ‘‘Purifie-moi avec l’hysope et je serai purifié, lave-moi : je serai plus blanc que la neige’’. Confiance qui devient apostolique : ‘‘Rends-moi la joie d’être sauvé, que l’esprit généreux me soutienne et aux pécheurs j’enseignerai tes chemins, vers toi reviendront les égarés’’.»