Un prophète est toujours un homme d’espérance

Le Pape a parlé de saint Étienne lors de la messe matinale à la Maison Sainte-Marthe : « pour renforcer notre appartenance à Dieu, l’Église a besoin que nous soyons tous des prophètes. Le vrai prophète est capable de pleurer sur le peuple qui ne l’écoute pas. »
le martyre de Saint Étienne - BNF
le martyre de Saint Étienne – BNF

Étienne, le premier martyr de l’Église, accusait ainsi le peuple, les anciens et les scribes qui l’avaient envoyé au tribunal : «Vous opposez toujours une résistance à l’Esprit Saint. Vous n’êtes pas cohérents avec la vie qui vient de vos racines.» Ils avaient le cœur fermé, ils ne voulaient pas l’écouter, et ils ne se souvenaient plus de l’histoire d’Israël.  La liturgie d’aujourd’hui propose leur histoire dans la Première Lecture, tirée des Actes des Apôtres.

La persécution à cause de la vérité

Tout comme les prophètes précédents avaient été persécutés par leurs pères, de la même façon, ces anciens et ces scribes, «furibonds dans leur cœur», se jetèrent tous ensemble contre Étienne, «ils le trainèrent en dehors de la ville et se mirent à le lapider.» «Quand le prophète arrive à la vérité et touche le cœur, ou le cœur s’ouvre, ou le cœur devient pierre, et se déchaine la rage, la persécution.» «C’est ainsi que finit la vie d’un prophète.»

Le vrai prophète pleure son peuple

La vérité souvent inconfortable n’est pas agréable à écouter et François dit que «les prophètes toujours, ont eu ces problèmes de persécution pour le fait de dire la vérité».

«Mais quel est pour moi la preuve qu’un prophète, quand il parle fort, dit la vérité ? C’est quand ce prophète est capable non seulement de dire, mais de pleurer sur le peuple qui a abandonné la vérité. Et Jésus d’une part, les réprouve avec ces paroles dures : « génération perverse et adultère », dit-il par exemple ; et d’autre part il pleure sur Jérusalem. Ceci est le test. Un vrai prophète est celui qui est capable de pleurer pour son peuple, et aussi de dire des choses fortes quand il doit les dire. Il n’est pas tiède, il est toujours comme ça : direct.»

Ne pas seulement réprouver mais ouvrir à l’espérance

Mais le vrai prophète n’est pas un «prophète de malheur», mais doit être un prophète d’espérance :

«Ouvrir des portes, assainir les racines, assainir l’appartenance au peuple de Dieu pour aller de l’avant. Il n’est pas d’office un dénonciateur… Non, c’est un homme d’espérance. Il réprouvera quand c’est nécessaire et il ouvre les portes en regardant l’horizon de l’espérance. Mais, le vrai prophète, si il fait bien son métier, il joue sa peau.»

L’Église a besoin du service de la prophétie

Ainsi, Étienne meurt sous les yeux de Saul, pour être cohérent avec la vérité. L’un des premiers pères de l’Église, Tertullien, dit : «le sang des martyrs est la semence des chrétiens».

«L’Église a besoin des prophètes. Je dirais même plus : elle a besoin que nous soyons tous des prophètes. Non pas des critiques, ceci est une autre chose. Un chose est toujours le juge critique auquel rien ne plait : Non, ceci ne va pas bien, ça ne va pas, ceci doit être comme ça… Celui-ci n’est pas un prophète. Le prophète est celui qui prie, pleure, est capable de pleurer sur le peuple, mais il est aussi capable de bien jouer pour dire la vérité.»

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suivre Jésus non par intérêt, mais pour la foi

Tout d’abord souhaitons aujourd’hui un bon anniversaire à Benoît XVI ! Le Pape émérite fête aujourd’hui ses 91 ans.

Ce lundi matin lors de la messe à la Maison Sainte-Marthe, le Pape François a invité à se poser certaines questions : je suis Jésus par intérêt ou par foi ? Qu’est-ce que Jésus a fait dans ma vie ? Comment puis-je répondre à cet amour ?

Lors de l’homélie de la messe à la Maison Sainte-Marthe, le Pape a mis en garde ce matin contre le fait de suivre Jésus par intérêt, c’est-à-dire pour les miracles qu’il accomplit, et il exhorte au contraire à le suivre pour la foi, pour écouter sa Parole. Il faut donc rafraîchir la mémoire de ce que le Seigneur a accompli dans notre vie et ainsi répondre avec amour.

Ne pas chercher Jésus pour les miracles

Dans l’Évangile d’aujourd’hui tiré du texte de saint Jean,  il est raconté qu’après la multiplication des pains et des poissons, la foule voulait faire de Jésus un roi, et elle le cherchait non seulement pour l’écouter mais aussi par intérêt, parce qu’il faisait des miracles.

Mais Jésus se retire et, quand ils le trouvent, il les critique : «Vous me cherchez non pas parce que vous avez vu des signes, mais parce que vous avez  mangé de ces pains et vous vous êtes rassasiés.»  D’une part ils cherchaient Jésus pour entendre comment sa Parole «arrivait au cœur», pour la foi, d’autre part ils le cherchaient aussi par intérêt. C’étaient de bonnes personnes, mais avec une foi «un peu intéressée».

Chercher l’amour de Dieu

Cette attitude transparait notamment avec la guérison des dix lépreux : un seul revient pour remercier alors que les autres, après la guérison, ont oublié Jésus. Jésus invite donc à privilégier non pas l’alimentation périssable mais ce qui reste pour la vie éternelle, c’est-à-dire «la Parole de Dieu et l’amour de Dieu».

Étienne suit Jésus sans évaluer les conséquences

Il y a toutefois aussi une autre attitude : celle de saint Étienne qui, comme on le voit dans la Première Lecture, tirée du Livre des Actes des Apôtres, parle si clairement que beaucoup ne pouvaient pas résister à sa sagesse :

«Suivre Jésus sans évaluer les conséquences : ceci me convient, ceci ne me convient pas… Il n’était pas intéressé, il aimait. Et il suivait Jésus, sûr, et il a fini comme ça. Ils lui ont tendu le piège des calomnies, ils l’ont fait entrer là et il a fini ainsi lapidé. Mais en donnant témoignage de Jésus.»

Se souvenir de ce que Jésus a accompli dans sa propre vie

La foule de l’Évangile, tout comme Étienne, suivent Jésus, mais il y a deux façons de le faire : en donnant la vie, ou bien «avec un peu d’intérêt personnel». Il a donc invité chacun à se demander comment il suit Jésus. Son conseil est de se «rafraîchir la mémoire» :

«Et nous trouverons tellement de grandes choses que Jésus nous a donné gratuitement, parce qu’il nous aime, à chacun de nous. Et une fois que moi je vois les choses que Jésus a fait pour moi, je me pose cette deuxième question : et moi, que dois-je faire pour Jésus ? Et ainsi, avec ces deux questions, peut-être que nous réussirons à nous purifier de toute forme de foi intéressée. Quand je vois tout ce que Jésus m’a donné, la générosité du cœur va vers : « Oui, Seigneur, je donne tout ! Et je ne ferai plus ces erreurs, ces péchés, je changerai de vie en ceci… » La route de la conversion par amour : « toi, tu m’as donné tellement d’amour, moi aussi je te donne cet amour. »»

Purifier la foi de l’intérêt

«Ceci est un beau test pour voir comment nous suivons Jésus : intéressés ou non ? Rafraîchir la mémoire : les deux questions. Qu’est-ce que Jésus a fait pour moi, dans ma vie, par amour ? Et en voyant cela, qu’est-ce que je dois faire moi, pour Jésus, comment est-ce que je réponds à cet amour. Et ainsi nous serons capables de purifier notre foi de tout intérêt. Que le Seigneur nous aide sur cette route.»

l’expérience, par ses disciples, du Christ ressuscité

PAPE FRANÇOIS

REGINA COELI

Place Saint Pierre
Dimanche, 15 avril 2018

Chers frères et sœurs, bonjour!

Au centre de ce troisième dimanche de Pâques, il y a l’expérience du Christ ressuscité faite par ses disciples, tous ensemble. Ceci est particulièrement mis en évidence par l’Évangile qui nous présente de nouveau au Cénacle, où Jésus se manifeste aux Apôtres, leur adressant cette salutation: « La paix soit avec vous » (Lc 24, 36).

C’est la salutation du Christ ressuscité, qui nous donne la paix: « Paix à vous! » C’est à la fois la paix intérieure et la paix qui est établie dans les relations entre les gens. L’épisode raconté par l’évangéliste Luc insiste beaucoup sur le réalisme de la résurrection. Jésus n’est pas un fantôme. En fait, ce n’est pas une apparition de l’âme de Jésus seulement, mais de sa présence réelle avec le corps ressuscité.

Jésus se rend compte que les Apôtres sont troublés de le voir, qu’ils sont déconcertés parce que la réalité de la Résurrection est inconcevable pour eux. Ils croient voir un fantôme; mais Jésus ressuscité n’est pas un fantôme, c’est un homme avec corps et âme.

Pour cette raison, pour les convaincre, il leur dit: «Regardez mes mains et mes pieds – montrez-leur mes plaies -: c’est moi! Touchez-moi et regardez-moi; un fantôme n’a pas de chair et d’os, comme vous le voyez « (verset 39). Et parce que cela ne semble pas suffisant pour surmonter l’incrédulité des disciples.

L’Évangile dit aussi quelque chose d’intéressant: il y avait tellement de joie que cette joie ne pouvait pas le croire: «Non, ça ne peut pas être! Ça ne peut pas être comme ça! Tant de joie n’est pas possible! « . Et Jésus, pour les convaincre, leur dit: « Avez-vous quelque chose à manger ici? » (V.41). Ils lui offrent du poisson rôti; Jésus le prend et le mange devant eux, pour les convaincre.

L’insistance de Jésus sur la réalité de sa résurrection éclaire la perspective chrétienne sur le corps: le corps n’est pas un obstacle ou une prison de l’âme. Le corps est créé par Dieu et l’homme n’est pas complet s’il n’est pas une union du corps et de l’âme. Jésus, qui a vaincu la mort et s’est élevé corps et âme, nous fait comprendre que nous devons avoir une idée positive de notre corps.

Cela peut devenir une occasion ou un instrument de péché, mais le péché n’est pas causé par le corps, mais par notre faiblesse morale. Le corps est un don merveilleux de Dieu, destiné, en union avec l’âme, à exprimer pleinement son image et sa ressemblance. Par conséquent, nous sommes appelés à avoir un grand respect et à prendre soin de notre corps et de celui des autres.

Toute offense, blessure ou violence envers le corps de notre prochain est un outrage à Dieu le créateur! Mes pensées vont, en particulier, aux enfants, aux femmes, aux personnes âgées maltraitées dans leur corps. Dans la chair de ces personnes, nous trouvons le corps de Christ. Le Christ blessé, raillé, calomnié, humilié, flagellé, crucifié …

Jésus nous a enseigné l’amour. Un amour qui, dans sa résurrection, s’est avéré plus puissant que le péché et la mort, et veut racheter tous ceux qui vivent l’esclavage de notre temps dans leur corps.

Dans un monde où trop d’arrogance envers les plus faibles et le matérialisme étouffe l’esprit, l’Évangile d’aujourd’hui nous appelle à être des gens capables de le regarder profondément, pleins d’étonnement et de grande joie d’avoir rencontré le Seigneur ressuscité.

Il nous appelle à être des gens qui savent recueillir et apprécier la nouveauté de vie qu’il sème dans l’histoire, pour la diriger vers les nouveaux cieux et la nouvelle terre. Que la Vierge Marie nous soutienne dans ce voyage, à l’intercession maternelle sur laquelle nous comptons avec confiance.

Après le Regina Coeli:

Chers frères et sœurs,

Aujourd’hui, à Vohipeno, Madagascar, le martyr Lucien Botovasoa, père de famille, est un fidèle témoin du Christ au don héroïque de sa vie. Arrêté et tué pour avoir manifesté son désir de rester fidèle au Seigneur et à l’Église, il représente pour nous tous un exemple de charité et de force dans la foi.

Je suis profondément troublé par la situation mondiale actuelle dans laquelle, malgré les outils dont dispose la communauté internationale, il est difficile de s’entendre sur une action commune en faveur de la paix en Syrie et dans d’autres régions du monde. Tandis que je prie sans cesse pour la paix, et invite toutes les personnes de bonne volonté à continuer de le faire, j’en appelle à nouveau à tous les dirigeants politiques, afin que la justice et la paix l’emportent.

Je confie à vos prières les personnes, comme Vincent Lambert, en France, le petit Alfie Evans, en Angleterre, et d’autres dans différents pays, qui vivent, parfois longtemps, dans un état de maladie grave, médicalement assistés pour les besoins primaires.

Ce sont des situations délicates, très douloureuses et complexes. Nous prions pour que chaque patient soit toujours respecté dans sa dignité et pris en charge d’une manière appropriée à son état, avec le consentement des membres de la famille, des médecins et des autres agents de santé, avec un grand respect pour la vie.

Je souhaite à tous un bon dimanche. Et s’il vous plaît, n’oubliez pas de prier pour moi. Bon déjeuner et au revoir!


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renouveler la joie, rempart du péché

Le Pape François s’est rendu ce dimanche 15 avril après-midi en la paroisse Saint-Paul de la Croix, en périphérie de Rome pour sa 16ème visite paroissiale depuis le début de son pontificat. Il a développé une réflexion sur la jeunesse de la joie devant un parterre de jeunes enfants et de personnes âgées.

C’est à une longue discussion avec des enfants d’une dizaine d’années de ce quartier défavorisé de la capitale italienne que s’est adonné le Pape François en ce dimanche.

À l’air libre devant la paroisse, les enfants du catéchisme de la paroisse ont pu poser toutes leurs questions au Pape, qui leur a garanti que tous étaient enfants de Dieu. «Tous, même les non baptisés, ceux qui croient aux autres religions, qui ont des idoles ou sont des mafieux».

Dans la salle paroissiale, le Saint-Père s’est adressé aux personnes âgées du quartier avec des paroles d’encouragement. «Tout le monde a sa propre souffrance, tout le monde a son propre fléau: tout le monde. Mais cela n’enlève rien à votre espérance et ne vous enlève pas votre joie, parce que Jésus est venu pour payer nos plaies avec ses blessures.» «Vous êtes le trésor de la paroisse, en avant!» 

À la messe de 18h00 où dans son homélie le Pape a assimilé l’acte de croire à une joie sans cesse renouvelée: «Nous sommes habitués à vieillir avec le péché … Et le péché fait vieillir le cœur, le péché fatigue le cœur et nous perdons la foi dans le Christ ressuscité.»

La force de la résurrection peut nous en sauver «lorsque nous nous approchons du sacrement de pénitence.»

Par cette visite paroissiale en tant qu’évêque de Rome, le Pape se rend une nouvelle fois dans les périphéries. Il a d’ailleurs invité l’assemblée à ne jamais cesser d’aller à la rencontre avec la nouvelle jeunesse de l’Église, avec les malades, les prisonniers, les nécessiteux, les enfants et les personnes âgées.


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