la conscience de la mort doit nous aider à vivre

Le roi David, par Matthias Stomer © Musée des beaux-arts de Marseille
Le roi David, par Matthias Stomer © Musée des beaux-arts de Marseille

La pensée de la mort nous sauve de l’illusion d’être maîtres du temps : c’est le rappel du Pape lors de son homélie de ce matin,  jeudi 1 février, à la Maison Sainte-Marthe au Vatican.

«Nous, nous ne sommes ni éternels ni éphémères : nous sommes des hommes et femmes en chemin dans le temps, le temps qui commence et le temps qui finit.» La lecture du passage du Premier Livre des Rois sur la mort de David, nous invite «à prier et à demander la grâce du sens du temps», pour ne pas rester «prisonniers» du moment présent. «La mort est un fait qui nous touche tous,  tôt ou tard, mais elle arrive».

«Mais il y a la tentation du moment où l’on devient maître de la vie et t’amène à avancer en tournant dans ce labyrinthe égoïste du moment sans futur.» «Et le chemin finit dans la mort, nous le savons tous. Et donc l’Église a toujours cherché à faire réfléchir sur notre fin.»

«Moi, je ne suis pas le maître du temps», «répéter cela aide», parce que «cela nous sauve de cette illusion du moment, de prendre la vie comme un chaîne d’anneaux de moments, qui n’a pas de sens». «Moi, je suis en chemin et je dois regarder devant», mais aussi considérer que «la mort est un héritage.»

 «Quel héritage je laisse si Dieu m’appelle aujourd’hui ? Quel héritage je laisserai comme témoignage de vie ? C’est une belle question à se poser. Et ainsi, nous préparer parce qu’aucun de nous ne restera comme une relique. Non, nous tous, nous irons sur cette voie.»

Enfin, «la mort est une mémoire», une «mémoire anticipée» : «Quand moi je mourrai, qu’est-ce que j’aimerais faire aujourd’hui pour cette décision que je dois prendre aujourd’hui, dans la façon de vivre d’aujourd’hui ? C’est une mémoire anticipée qui illumine le moment d’aujourd’hui. Illuminer avec le fait de la mort les décisions que je dois prendre chaque jour.» «Se sentir en chemin vers la mort nous fera du bien à tous.»

la liturgie de la Parole, dialogue entre Dieu et son peuple

PAPE FRANÇOIS

AUDIENCE GÉNÉRALE

Place Saint-Pierre
Mercredi, 31 janvier 2018


Frères et sœurs, la Liturgie de la Parole est une partie constitutive de la Messe qui nous rassemble pour entendre Dieu nous parler directement. La Parole de Dieu fait un chemin à l’intérieur de nous. Nous l’écoutons avec les oreilles, elle passe au cœur, elle ne reste pas dans les oreilles, elle doit aller au cœur et du cœur elle passe aux mains, aux bonnes œuvres.

En effet, quand on lit dans l’Église les Saintes Écritures, c’est Dieu lui-même qui parle à son peuple. Cette Parole devient vivante ; elle nous interpelle quand nous l’écoutons dans la foi. Les pages de la Bible cessent d’être un écrit pour devenir une parole vivante, prononcée par Dieu. Et nous avons besoin de l’écouter attentivement pour recevoir la parole dans le cœur.

La liturgie de la Parole est désignée comme une table abondante qui propose largement les trésors de la Bible comme nourriture dont nous avons besoin pour vivre.  Le Psaume, en particulier, aide à méditer la lecture qui a précédé.

La proclamation, partout dans l’Église, des mêmes lectures favorise la communion ecclésiale ; l’omission d’une lecture ou sa substitution par un texte profane appauvrissent le dialogue de Dieu avec son peuple en prière.

Au contraire, la dignité de l’ambon, l’usage d’un lectionnaire et le choix de bons lecteurs favorisent l’expérience de ce dialogue dans un climat de silence propice à l’écoute pour que la Parole de Dieu nous illumine, comme il est écrit dans le Psaume 119 : ta Parole est «une lampe pour mes pas, une lumière sur ma route».

Chers frères, comment pourrions-nous affronter notre pèlerinage sur la terre, sans être nourris par la Parole de Dieu qui résonne dans la liturgie ? Demandons à l’Esprit Saint d’ouvrir notre cœur à cette Parole et de la mettre en pratique dans notre vie quotidienne. Que Dieu vous bénisse.


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S’adressant aux jeunes, aux malades et aux nouveaux époux, le Pape François a aussi évoqué la figure de saint Jean Bosco, «père et maître de la jeunesse», dont c’est aujourd’hui la mémoire liturgique. Il a invité les jeunes à le regarder comme un «éducateur exemplaire», les malades à se confier toujours, comme don Bosco, dans le Christ crucifié, et les nouveaux époux à «recourir à son intercession pour assumer la mission conjugale avec un engagement généreux».

Que les pasteurs aient la tendresse et la proximité de Jésus

Lucas van Leyden - Jésus guérissant l'aveugle - intérieur d'un triptyque 1531
Lucas van Leyden – Jésus guérissant l’aveugle – intérieur d’un triptyque 1531

Les attitudes du vrai pasteur sont celles avec lesquelles Jésus a accompagné son peuple: proximité concrète et tendresse, non pas rigidité ni jugement.

La page de l’Évangile de Marc qui guide aujourd’hui la réflexion du Pape François raconte deux épisodes de guérison pour «contempler plutôt que réfléchir», car ils indiquent «comme était un jour dans la vie de Jésus», modèle de ce que devraient être ceux de pasteurs, d’évêques ou de prêtres.

Marcher, être au milieu des gens, en prendre soin

L’apôtre décrit à nouveau Jésus entouré d’une « grande foule, la foule des gens qui le suivaient », soit le long de la route, soit au bord de la mer, et de ceux dont Jésus se préoccupait : c’est ainsi que Dieu avait promis d’accompagner les gens, se tenant au milieu d’eux.

«Jésus n’ouvre pas un bureau de consultation spirituelle avec un panneau “le prophète reçoit le lundi, le mercredi, le vendredi de 3h à 6h. L’entrée coûte telle somme, et si vous voulez, vous pouvez faire un don”. Non, il ne fait pas comme ça, Jésus. Jésus n’ouvre pas non plus une étude médicale avec le panneau ‘les malades viennent tel jour, tel jour, tel jour, et ils seront guéris’. Jésus se jette au milieu du peuple.»

Et « ceci est la figure du pasteur que Jésus nous donne », celle d’un « saint prêtre qui accompagnait son peuple » et qui le soir pour cette raison, était « fatigué », mais d’une « réelle fatigue et non pas dans les idées » de ceux qui travaillent « et sont parmi les gens. « Jésus aime sortir pour rencontrer les difficultés quand les gens le lui demandent. »

Aller vers les difficultés avec tendresse

Mais l’Évangile d’aujourd’hui enseigne aussi que parmi la foule, Jésus est « serré » tout autour et « touché ». Ce verbe apparait cinq fois dans l’extrait de l’Évangile de Marc. Aujourd’hui les gens font la même chose pendant les visites pastorales, ils le font pour « prendre la grâce » et c’est ce que le pasteur sent. Et jamais Jésus ne part en arrière, il «paye», aussi avec la «honte» et la dérision, «pour faire le bien». Ce sont les «traces de la façon d’agir de Jésus», et donc les «attitudes du vrai pasteur.»

«Le pasteur est oint avec l’huile, le jour de son ordination, sacerdotale et épiscopale. Mais la vraie huile, intérieure, est l’huile de la proximité et de la tendresse. Le pasteur qui ne sait pas se faire proche, il lui manque quelque chose (…). Un pasteur auquel il manque de tendresse sera un rigide, qui maltraite les brebis. Proximité et tendresse : nous le voyons ici. Ainsi était Jésus.»

Proximité et tendresse des pasteurs: une grâce du Seigneur

Aussi le pasteur, comme Jésus «finit sa journée fatigué», fatigué de «faire le bien», et si son attitude est comme cela, le peuple sentira la présence de Dieu vivant.

«Aujourd’hui nous pourrons prier dans la messe pour nos pasteurs, pour que le Seigneur leur donne cette grâce de cheminer avec son peuple, d’être présents au peuple avec beaucoup de tendresse et de proximité.»

Et quand le peuple trouve son pasteur, il ressent cette chose spéciale qui se ressent seulement en présence de Dieu, et ainsi se termine ce passage de l’Évangile : ‘ils furent frappés d’une grande stupeur’.  «L’étonnement de ressentir la proximité et la tendresse de Dieu chez le pasteur.»

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