MOIS DE SAINT JOSEPH – XXIIIe JOUR

MOIS DE SAINT JOSEPH – XXIIIe JOUR

De la perfection qu’acquit saint Joseph
en conversant avec Notre-Seigneur.

SAINT BERNARDIN DE SIENNE (380-1444)

sainte-famille-chambretaud
Sainte-Famille-église de Chambretaud 85

« Une des grâces les plus éminentes accordées à saint Joseph fut celle de la conversation divine. Quelle perfection dut-il acquérir durant les années où le bienheureux enfant Jésus avait pour lui les signes extérieurs du respect et de l’obéissance filiale. Non seulement il fut considéré dans le peuple comme son père, mais même il en avait le ton, le geste, les manières, les soins et l’autorité, comme un véritable père à l’égard de son fils, et réciproquement Jésus agissait avec lui comme un fils à l’égard de son père.

« Joseph s’étudia surtout dans ses rapports avec Jésus-Christ à pratiquer trois vertus qui le firent parvenir à une haute perfection : — premièrement une respectueuse pureté ; — secondement une fidélité éclatante ; — et troisièmement une ardente charité. C’est vous dire qu’il consacra à Jésus toutes les forces de son âme avec la première de ces vertus ; qu’il lui consacra , avec la seconde, son intelligence ; avec la troisième, sa volonté.»

1° Une respectueuse pureté.

« Examinez quel respect, quelle pureté d’esprit, de cœur et de corps étaient toujours nécessaires à Joseph dans sa cohabitation assidue et dans ses entretiens familiers avec Jésus, veillant, dormant, mangeant près de lui et avec sa mère dans la même petite maison, ou dans le même chemin quand ils étaient en voyage.

« Dans toutes les faiblesses de l’enfance, et dans tous les signes de notre infirmité, il voyait chez le bon Jésus, il contemplait et il goûtait la puissance divine ainsi abaissée pour notre amour, afin de nous réformer, de nous enflammer et de nous humilier.

« Comprenez-vous à quel point l’âme du saint vieillard était émue en contemplant ces choses, puisque nos cœurs de pierre semblent défaillir devant le suave amour et la suprême dignité de Dieu?

« Car il est plus doux à une âme dévote de voir que le Dieu tout-puissant s’est abaissé jusqu’à notre faiblesse, qu’il est descendu jusqu’à une étable pour relever notre infirmité, et que ses yeux divins ont pleuré sur nos souffrances ; tout cela, dis-je, est plus doux à cette âme, que de voir les miracles de puissance qu’il a voulu accomplir en guérissant les malades, en chassant les démons et en ressuscitant les morts. »

2° Une éclatante fidélité.

« Considérons quelle foi lumineuse l’inspirait quand il soignait le corps enfantin du Christ, et, plus tard, quelle attention il apportait à tout ce qui venait de lui, actes, signes, paroles. Il restait stupéfait en considérant dans son cœur que le Fils de Dieu s’était fait son fils, qu’il l’avait choisi pour le nourrir, le porter, le conduire et le protéger dans les nécessités de sa vie mortelle. »

3° Une ardente charité.

« Qui est-ce qui niera, je vous prie, que, lorsque saint Joseph tenait Jésus dans ses bras, le caressant ou jouant avec lui comme un père avec son fils, le Christ, soit enfant, soit jeune homme, ne lui imprima dans le cœur d’ineffables sentiments ?

« Oh! quels doux baisers il reçut de lui! avec quel ravissement il entendait ce balbutiement enfantin l’appeler père, et avec quelle suavité il se sentait entouré de ses bras divins I Considérons quelle compassion pénétrait Joseph durant ses voyages, quand il faisait reposer l’enfant Jésus accablé de fatigue.
Aussi Marie, qui connaissait l’affection paternelle de Joseph, dit à son fils en le retrouvant dans le Temple : «Qu’avez-vous fait, mon fils? votre père et moi nous vous cherchions avec une grande douleur. » Il faut ajouter, pour l’intelligence de cette parole, que le Christ porte avec lui deux genres de dons, celui de la consolation et celui de la souffrance.
Ce don de consolation, la Vierge montre qu’elle le connaît par expérience lorsqu’elle dit : « Mon fils, qu’avez-vous  fait? » Nulle part, dans les Écritures, la sainte Vierge n’a appelé Jésus-Christ son fils, si ce n’est en cette occasion. Sur les lèvres d’une mère ce mot seul a une extrême suavité, surtout quand il s’adresse à un fils comme Notre-Seigneur.
Assurément jamais parole de plus doux amour ne fut prononcée que cette parole de Marie : Mon fils; mais elle ajoute avec étonnement : « Pourquoi avez-vous ainsi agi envers nous ; » c’est un deuxième sentiment ou plutôt un don nouveau, celui de la souffrance succédant à celui de la consolation. La pieuse mère explique aussi cette plainte : « Voilà que votre père et moi nous vous cherchions. »
Saint Joseph participait d’une manière si admirable à ces deux sentiments, que la bienheureuse Vierge l’appelle le père du Christ. Si les lois humaines, confirmées par la loi divine, permettent à un étranger d’adopter un fils, à bien plus juste titre le Fils de Dieu, donné à Joseph dans la personne de son épouse, sous l’admirable sacrement du mariage virginal, doit être appelé son fils, et regardé comme tel ; et il lui aura fait goûter au plus haut degré le sentiment de la joie et de la souffrance paternelles.

« Considérons donc que, si nous avons éprouvé par expérience que l’on ne peut vivre longtemps dans la compagnie des saints, comme saint Paul ou saint François, sans recevoir d’eux et avec eux d’admirables illuminations, ardeurs et consolations, combien faut-il croire qu’en reçut saint Joseph, lui qui vécut si longtemps avec le Christ et avec sa mère, comme père nourricier du Christ et époux de sa mère, soutenant pour eux, le jour et la nuit, de périlleux voyages et de rudes labeurs ! »

(Saint Bernardin de Sienne, loc. cit.)

Un Dieu qui me fait signe

Un Dieu qui me fait signe

VENDREDI (5e semaine de Carême) Jr 20,10-13 – Jn 10,31-42

Croyez aux œuvres, afin de savoir et de reconnaître que le Père est en moi et moi dans le Père (Jn 10,38)

Christ transfiguré détail - cathédrale de Chartres
Christ transfiguré détail – cathédrale de Chartres

Ce que nous avons entendu, nous dit saint Jean, ce que nous avons vu de nos yeux et contemplé, ce que nous avons touché de nos mains, du Verbe de vie… Cela donc que nous avons vu et entendu, nous vous l’annonçons (1 Jn 1,1.3). Et Dieu manifeste en son témoin sa parole : Dieu, au temps marqué, dit saint Paul, a manifesté sa parole dans un message dont un ordre de Dieu, notre Sauveur, m’a confié la charge (Tt 1,3).

Ce qui est vrai des apôtres, témoins premiers, est vrai de l’Église, témoin permanent… Quels que soient les intermédiaires humains, jusqu’à la fin des temps, c’est bien une parole vivante et personnelle de Dieu qui présente à l’âme les vérités de foi.

Il en va de même pour les signes par lesquels Dieu accrédite son témoignage. Ils ne sont pas, dans leur essence, des preuves générales, des matériaux abstraits de conviction, des principes de démonstration technique. Ils pourront — et devront — servir à de telles besognes. Mais ils ne sont pas d’abord de cet ordre.

Ils sont des interventions de Dieu, des gestes, des appels — impérieux ou discrets, tranquilles ou brusques comme un éclair —, mais toujours adressés par Dieu à chacun personnellement. C’est inévitable : si Dieu me parle maintenant, il me fait signe aussi maintenant.

Ces signes sont personnels dans leur origine, et d’abord, parce qu’ils font corps avec le témoignage. Ils ne sont ni un élément surajouté du dehors, ni des preuves simple¬ment rattachées au message et à l’objet divins par une déclaration ou un raisonnement extrinsèques.

Ils sont tous la manifestation d’une présence réelle, et ils montrent que le Dieu personnel est en action… A travers tous ces signes, c’est le Dieu personnel qui se révèle et se fait reconnaître : « Le doigt de Dieu est là.»

Personnels dans leur origine, les signes sont, de plus, toujours adressés à une personne. Dieu n’agit ni ne parle en général. Dieu ne s’adresse pas à des êtres saisis dans leurs traits généraux et abstraits. Nous l’avons noté plus haut : Dieu s’adresse à chaque âme en son secret le plus personnel.

Dès lors, un miracle accompli devant une foule ne s’adresse pas à cette foule comme telle, mais à chacun de ceux qui forment cette foule. Il vient parler aux yeux pendant que la grâce parle au cœur, et c’est de la jonction entre ces deux éléments du témoignage — signe extérieur et grâce intérieure — que jaillira l’acte de foi.

Mais ces deux éléments relèvent d’une seule action du même Dieu et sont deux moyens pour la Personne divine d’atteindre la personne humaine et de l’éveiller à sa vocation qui est la foi. Double sollicitation, à quoi l’homme répondra par un élan de tout soi-même ou bien qu’il refusera en pleine liberté.

Jean Mouroux Je crois en Toi Foi Vivante 1966 p. 28-32

Par son baptême, tout chrétien est devenu apte à contempler Dieu et à déceler sa présence dans la vie au-delà des apparences sensibles. Il est un « voyant ». Michel Quoist

MOIS DE SAINT JOSEPH – XXIIe JOUR

MOIS DE SAINT JOSEPH – XXIIe JOUR

Tendresse de saint Joseph pour Jésus-Christ.

I

SAINT ALPHONSE DE LIGUORI

tendresse de Joseph envers Jésus Église Saint-Joseph à Passy-Chedde 74
tendresse de Joseph envers Jésus Église Saint-Joseph à Passy-Chedde 74

« Lorsque Dieu choisit saint Joseph pour tenir lieu de père à Jésus, il dut certainement graver dans son cœur l’amour qui convenait à un père, au père d’un Fils si aimable, au père d’un enfant Dieu. Ainsi l’amour de Joseph ne fut pas un amour purement humain, comme l’amour des autres pères, mais un amour surhumain, qui lui faisait reconnaître dans la même personne et un fils et un Dieu.
Joseph savait, par la révélation qu’il en avait eue de l’Ange, que cet Enfant, dont il se voyait toujours accompagné, était le Verbe divin, incarné sur la terre pour le sauver et sauver les hommes. Il savait que cet enfant Dieu l’avait choisi entre tous pour être le gardien de sa vie, et qu’il voulait être appelé son fils.
Or quel incendie de saint amour devait s’allumer dans le cœur de Joseph, quand il songeait à tout cela, et quand il voyait son divin Maître le servir comme un apprenti : tantôt ouvrir, tantôt fermer la boutique, tantôt l’aider à couper le bois ou manier le rabot et la hache, tantôt ramasser les copeaux et balayer la maison; en un mot, lui obéir en tout ce qu’il ordonnait, et même ne faire aucune chose que sous la dépendance de l’autorité qu’il exerçait sur lui comme père!
Gomment peindre ses transports affectueux pour Jésus quand il le portait dans ses bras, le caressait et recevait ses caresses (Saint Bernard dit que l’enfant Jésus souriait fréquemment à saint Joseph, pendant que celui-ci le tenait sur ses genoux – Saint Bonaventure, Vie du Christ, ch. VII.) ; quand il recueillait de sa bouche les paroles de la vie éternelle, qui devenaient autant de flèches amoureuses dont son cœur était transpercé, et quand il observait les saints exemples que lui donnait ce divin Enfant?
La longue familiarité des personnes qui s’aiment refroidit quelquefois l’amour, parce que plus les hommes- conversent entre eux, plus ils découvrent les défauts les uns des autres ; mais plus Joseph conversait avec l’enfant Jésus, plus il découvrait en lui de nouvelles et adorables perfections. Chaque jour, en augmentant la connaissance qu’il avait de ce divin Fils, augmentait son amour pour lui ; et cela durant les vingt-cinq ans qu’il passa auprès de lui, selon l’opinion la plus générale.

« Et l’amour de saint Joseph pour Jésus-Christ ne se traduit pas seulement par des paroles et des caresses, mais par un dévouement efficace au milieu des plus rudes épreuves : dans l’exil, dans les persécutions et dans les souffrances. Il ne s’est pas pressé d’accompagner le Fils de Dieu dans le triomphe de sa vie publique. Il n’a pas voulu profiter de sa réputation quand par des miracles éclatants il étonnait les peuples.
Il n’est pas allé recueillir les acclamations de ceux qui le bénissaient et qui couraient en foule sur son passage, et n’a pas cru devoir se faire honneur de ces prospérités, ni détourner sur le père une partie de la gloire du fils. Il a laissé au Père éternel cette providence glorieuse, et il s’est acquitté de toutes les fonctions de la providence laborieuse à l’égard de Jésus-Christ.
Il le suit dans ses travaux; il porte avec lui ses premières croix; il prend part à ses humiliations et à ses souffrances. C’est là qu’il lui rend tous les devoirs d’un père généreux, affectionné, fidèle, et passionné d’un amour extrême pour son Fils. »

(Sermon sur saint Joseph)

II

ISIDORE ISOLANO (1477-1528)

« Joseph n’a pas désiré la venue du Christ avec moins d’ardeur que les anciens Pères, qui s’écriaient : Puissent les cieux s’entrouvrir  pour le laisser descendre ! Croyez-vous que « je vivrai assez pour le voir? Oh! si j’existais encore quand il naîtra! » Enflammé de désirs aussi ardents et ineffables, Joseph brûlait de voir l’enfant Jésus. Dès qu’il fut sorti du sein de la Vierge sa mère, et que Joseph l’eut vu et adoré, Jésus blessa son cœur d’une blessure qui devait être éternellement ouverte.
Cela n’est pas douteux ; car la divine bonté a coutume de blesser et d’enflammer ainsi ceux qui s’approchent d’elle. Dès ce moment nous ne doutons pas que Joseph ne soit devenu un homme nouveau. Lui qui était pur et saint devint plus pur et plus saint. Oh! que de fois Joseph portait l’enfant Jésus dans ses bras en languissant d’amour pour lui.
Combien de fois Joseph dit à Jésus, dont les paroles lui découvraient la sagesse : « Que demandez-vous de moi, ô mon Fils? O Dieu immortel, faites un signe, ordonnez, commandez, celui que vous voulez faire passer pour votre père se réjouit et se glorifie d’être votre serviteur. Qui ne vous aimera pas, vous qui êtes le plus beau, le plus sage, le plus fort, le plus puissant, le plus aimant? car vous êtes le vrai Dieu, la sagesse du Père, la splendeur de sa gloire, le salut du genre humain.
Je vous adore, ô mon Fils. Je vous aime, et je désire vous aimer. Recevez mes services, que je ne cesse de vous rendre à « vous et à votre très-sainte mère. Daignez me protéger lorsque je serai en défaut, moi mortel et faible. Ô douce consolation, ô source d’amour, mon âme s’est fondue en vous par la douceur de votre amour. »
La suave voix de Jésus répondait à ces paroles empreintes de l’amour le plus ardent, et son visage paraissait plus joyeux. Il n’est donc pas douteux que Joseph aima le Christ d’un amour extrême et inexprimable. Donnez-moi un homme aimant le Seigneur Jésus-Christ et le désirant, et il affirmera que tout cela est plus clair que le jour, et n’a pas besoin de preuve, mais ne demande qu’à être médité par quiconque possède ce doux amour. »

(Isidore Isolano, ch. XV, loc. cit.)

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