cultiver sa foi malgré la perte d’autonomie

cultiver sa foi malgré la perte d’autonomie

Lors de l’audience générale place Saint-Pierre, mercredi 22 juin, le Pape François a continué son parcours catéchétique sur la vieillesse, s’inspirant de la conversation entre Jésus ressuscité et Pierre à la fin de l’évangile de Jean, pour aborder les difficultés de prendre soin de sa foi en période de perte d’autonomie.

PAPE FRANÇOIS

AUDIENCE GÉNÉRALE

Place Saint-Pierre
Mercredi 22 juin 2022

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Catéchèse sur la vieillesse – 15. Pierre et Jean

Résumé :

Frères et sœurs, poursuivant notre série de catéchèses sur la vieillesse, nous méditons aujourd’hui sur le dialogue entre Jésus ressuscité et Pierre. Ce dialogue émouvant révèle l’amour de Jésus pour ses disciples et toute son humanité dans son rapport avec eux, en particulier avec Pierre. Il s’agit d’une relation dans la vérité.

Au cours de la discussion, il est question de la vieillesse, dans la durée : le temps du témoignage tout au long de la vie. Dans la vieillesse, le témoignage à la suite du Christ s’accompagne de fragilité, d’impuissance, de dépendance à l’autre. Il faut alors apprendre de notre fragilité à exprimer la cohérence de notre témoignage de vie dans les conditions d’une vie livrée à d’autres, dépendante de l’initiative des autres.

Ce nouveau temps de la vieillesse est aussi un temps d’épreuve marqué par la tentation de rester protagoniste de l’histoire. Les personnes âgées ne doivent pas envier les jeunes qui prennent leur route, occupent leur poste, durent après plus qu’eux. L’honneur de leur fidélité à l’amour juré et la constance à la suite du Christ, même au seuil de la mort, sont leur titre d’admiration pour les nouvelles générations.

Catéchèse

Chers frères et sœurs, bienvenue et bonjour !

Dans notre catéchèse sur la vieillesse, nous méditons aujourd’hui sur le dialogue entre Jésus ressuscité et Pierre à la fin de l’évangile de Jean (21.15-23). C’est un dialogue émouvant, qui révèle tout l’amour de Jésus pour ses disciples, et aussi la sublime humanité de sa relation avec eux, en particulier avec Pierre : une relation tendre, mais pas terne, directe, forte, libre, ouverte.

Une relation pour les hommes et dans la vérité. Ainsi, l’Évangile de Jean, si spirituel, si noble, se termine par une demande et une offre d’amour poignantes entre Jésus et Pierre, qui s’entremêlent, tout naturellement, avec une discussion entre eux. L’évangéliste nous avertit : il témoigne de la vérité des faits (cf. Jn 21, 24). Et c’est en eux qu’il faut chercher la vérité.

Nous pouvons nous demander : sommes-nous capables de conserver la teneur de cette relation de Jésus avec les disciples, selon son style si ouvert, si franc, si direct, si humainement réel ? Comment est notre relation avec Jésus ? En est-il ainsi, comme celle des apôtres avec lui ?

Ne sommes-nous pourtant pas très souvent tentés de refermer le témoignage de l’Évangile dans le cocon d’une révélation « sucrée », à laquelle nous ajoutons notre vénération de l’occasion ?

Cette attitude, qui semble être du respect, nous éloigne en réalité du vrai Jésus, et devient même l’occasion d’un cheminement de foi très abstrait, très autoréférentiel, très mondain, qui n’est pas le chemin de Jésus. de Dieu fait homme, et Il se comporte en homme, Il nous parle en homme, Dieu-homme.

Avec cette tendresse, avec cette amitié, avec cette proximité. Jésus n’est pas comme cette image sucrée des petits tableaux, non : Jésus est dans notre main, il est près de nous.

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Au cours de l’entretien de Jésus avec Pierre, nous trouvons deux passages qui se rapportent précisément à la vieillesse et à la durée : le temps du témoignage, le temps de la vie. La première étape est l’avertissement de Jésus à Pierre : quand tu étais jeune tu étais autonome, quand tu seras vieux tu ne seras plus maître de toi-même et de ta vie. Dis-moi que je dois y aller en fauteuil roulant, hein !

Mais voilà, la vie est comme ça : avec la vieillesse on attrape toutes ces maladies et il faut les accepter comme elles viennent, non ? Nous n’avons pas la force des jeunes ! Et votre témoignage aussi – dit Jésus – sera accompagné de cette faiblesse. Vous devez être un témoin de Jésus même dans la faiblesse, la maladie et la mort.

Il y a un beau passage de saint Ignace de Loyola qui dit : « Comme dans la vie, même dans la mort, nous devons témoigner comme disciples de Jésus ». La fin de la vie doit être la fin de la vie des disciples : des disciples de Jésus, car le Seigneur nous parle toujours selon notre âge. L’évangéliste ajoute son commentaire, expliquant que Jésus a fait allusion au témoignage extrême, celui du martyre et de la mort.

Mais on comprend bien le sens de cet avertissement plus généralement : votre suite devra apprendre à se laisser instruire et façonner par votre fragilité, votre impuissance, votre dépendance à l’égard des autres, jusque dans l’habillement, dans la marche. Mais toi, « suis-moi » (v. 19).

La suite de Jésus va toujours de l’avant, en bonne santé, en mauvaise santé, en autonomie et en non-autonomie physique, mais suivre Jésus est important : toujours suivre Jésus, à pied, en courant, lentement, en fauteuil roulant, mais suivez-le toujours.

La sagesse de suivre doit trouver le moyen de rester dans sa profession de foi – ainsi répond Pierre : « Seigneur, tu sais que je t’aime » (vv. 15.16.17) -, même dans les conditions limitées de faiblesse et de vieillesse.

J’aime parler aux personnes âgées en les regardant dans les yeux : elles ont ces yeux brillants, ces yeux qui vous parlent plus que des mots, le témoignage d’une vie. Et c’est beau, il faut le garder jusqu’au bout. Suivez Jésus ainsi, plein de vie.

Cette conversation entre Jésus et Pierre contient un enseignement précieux pour tous les disciples, pour nous tous croyants. Et aussi pour toutes les personnes âgées. Apprendre de notre fragilité à exprimer la cohérence de notre témoignage de vie dans les conditions d’une vie largement confiée à autrui, largement dépendante de l’initiative d’autrui.

Avec la maladie, avec la vieillesse, la dépendance augmente et nous ne sommes plus autosuffisants comme avant ; Là aussi la dépendance aux autres grandit et la foi mûrit, là aussi Jésus est avec nous, là aussi coule cette richesse de foi bien vécue sur le chemin de la vie.

*

Mais encore une fois, nous devons nous demander : avons-nous une spiritualité vraiment capable d’interpréter la saison – maintenant longue et répandue – de ce temps de notre faiblesse confiée aux autres, plutôt qu’au pouvoir de notre autonomie ?

Comment rester fidèle à la suite vécue, à l’amour promis, à la justice recherchée dans le temps de notre capacité d’initiative, dans le temps de la fragilité, dans le temps de la dépendance, du limogeage, dans le temps de l’éloignement, du protagonisme de notre vie? Ce n’est pas facile de s’éloigner d’être un protagoniste, ce n’est pas facile.

Ce nouveau temps est aussi un temps d’épreuve, bien sûr. A commencer par la tentation – très humaine, sans doute, mais aussi très insidieuse – de garder notre protagonisme. Et parfois, le protagoniste doit diminuer, il doit s’abaisser, accepter que la vieillesse vous abaisse en tant que protagoniste.

Mais vous aurez une autre façon de vous exprimer, une autre façon de participer à la famille, à la société, au groupe d’amis. Et c’est la curiosité qui vient à Pierre : « Et lui ? », dit Pierre en voyant le disciple bien-aimé qui les suivait (cf. vv. 20-21). Mettre son nez dans la vie des autres. Et non : Jésus dit : « Tais-toi ! »

Doit-il vraiment être dans « mon » suivi ? Doit-il occuper « mon » espace ? Sera-t-il mon successeur ? Ce sont des questions qui ne servent à rien, qui n’aident pas. Doit-il durer plus longtemps que moi et prendre ma place ? Et la réponse de Jésus est franche et même brutale : « Que t’importe ? Suis-moi » (v. 22), Comme pour dire : prends soin de ta vie, de ta situation actuelle et ne mets pas ton nez dans la vie des autres.

Tu me suis. Oui, c’est important : suivre Jésus, suivre Jésus dans la vie et dans la mort, dans la santé et dans la maladie, dans la vie quand elle est prospère avec tant de succès et aussi dans une vie difficile avec tant de mauvais moments de chute. Et quand on veut se mettre dans la vie des autres, Jésus répond : « Que vous importe ? Tu me suis « .

Nous les seniors ne devons pas envier les jeunes qui suivent leur chemin, qui occupent notre place, qui durent plus longtemps que nous. L’honneur de notre fidélité à l’amour juré, la fidélité à suivre la foi que nous avons crue, même dans les conditions qui nous rapprochent de l’adieu de la vie, sont notre titre d’admiration pour les générations à venir et de reconnaissance reconnaissante par le Seigneur.

Apprendre à dire au revoir : c’est la sagesse des anciens. Mais dites bien au revoir, avec un sourire; apprendre à dire au revoir à la société, à dire au revoir aux autres. La vie des personnes âgées est un congé, lent, lent, mais un congé joyeux : j’ai vécu ma vie, j’ai gardé ma foi.

C’est beau quand un aîné peut dire ceci : « J’ai vécu la vie, c’est ma famille ; J’ai vécu ma vie, j’étais un pécheur mais j’ai aussi fait le bien ». Et cette paix qui vient, c’est le congé des personnes âgées.

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Même la suite forcée inactive, faite de contemplation émotionnelle et d’écoute ravie de la parole du Seigneur – comme celle de Marie, sœur de Lazare – deviendra la meilleure partie de leur vie, de la vie de nous les personnes âgées. Que cette part ne nous sera jamais ôtée, jamais (cf. Lc 10, 42).

Regardons les personnes âgées, regardons-les et aidons-les pour qu’elles puissent vivre et exprimer leur sagesse de vie, qu’elles puissent nous donner ce qu’elles ont de beau et de bon. Regardons-les, écoutons-les.

Et nous les personnes âgées, regardons toujours les jeunes avec le sourire : ils suivront la route, ils continueront ce que nous avons semé, même ce que nous n’avons pas semé parce que nous n’en avons pas eu le courage ni l’occasion : ils la feront avancer .

Mais toujours cette relation de réciprocité : une personne âgée ne peut pas être heureuse sans regarder les jeunes et les jeunes ne peuvent pas continuer dans la vie sans regarder les personnes âgées. Merci.

Salutation

Je suis heureux de saluer les pèlerins des pays francophones. En cette semaine où se déroule la 10ème Rencontre Mondiale des Familles sur le thème L’amour familial : vocation et chemin de sainteté, prions pour que les personnes âgées puissent transmettre aux jeunes les valeurs d’une vie familiale heureuse et enracinée en Dieu, telles que la fidélité, l’amour et la vérité.

A vous tous, ma Bénédiction !

APPEL

Au cours des dernières heures, un tremblement de terre a causé des morts et des dégâts massifs en Afghanistan. J’exprime ma proximité aux blessés et aux personnes affectées par le tremblement de terre et je prie en particulier pour ceux qui ont perdu la vie et pour leurs familles. J’espère qu’avec l’aide de tous, les souffrances de la chère population afghane pourront être atténuées.

J’exprime également ma douleur et ma consternation face à l’assassinat au Mexique, avant-hier, de deux religieux jésuites, mes frères, et d’un laïc. Combien de tueries au Mexique ! Je suis proche avec affection et prière de la communauté catholique affectée par cette tragédie. Encore une fois, je répète que la violence ne résout pas les problèmes, mais augmente les souffrances inutiles.

Les enfants qui étaient avec moi dans la papamobile étaient des enfants ukrainiens : n’oublions pas l’Ukraine. Ne perdons pas le souvenir de la souffrance de ce peuple meurtri.

* * *

Enfin, comme d’habitude, mes pensées vont aux personnes âgées, aux malades, aux jeunes et aux jeunes mariés. La fête du Sacré-Cœur de Jésus, vendredi prochain, et la mémoire du Cœur Immaculé de Marie, que l’Église s’apprête à célébrer, nous rappellent la nécessité de correspondre à l’amour miséricordieux du Christ et nous invitent à nous confier à l’intercession de la Mère du Seigneur.

Ma bénédiction à vous tous.


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Fête du Saint Sacrement

Fête du Saint Sacrement

En ce 19 juin, nous avons célébré la fête du Saint Sacrement du Corps et du Sang du Christ.Le Jeudi-Saint a célébré l’institution de l’Eucharistie. Mais la dévotion grandissante des chrétiens à l’égard de la présence réelle du Christ dans le Saint-Sacrement, a amené le Pape Urbain IV, en 1264, à instituer la fête du « Corps du Christ », que l’on nommait naguère en France la « Fête-Dieu ». La séquence de ce jour, LAUDA SION, composée par saint Thomas d’Aquin, attire l’attention sur le fait que le Christ depuis son Ascension demeure réellement présent dans son Église par le sacrement de l’Eucharistie.

Voici ce dont a parlé le Saint Père lors de l’Angélus de ce dimanche.

LE PAPE FRANÇOIS

ANGÉLUS

Place Saint-Pierre
dimanche 19 juin 2022

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Chers frères et sœurs, bonjour et bon dimanche !

En Italie et dans d’autres pays, on célèbre aujourd’hui la solennité du Très Saint Corps et Sang du Christ. L’Eucharistie, instituée lors de la Dernière Cène, était comme le point d’arrivée d’un chemin, le long duquel Jésus l’avait préfiguré par quelques signes, surtout la multiplication des pains, racontée dans l’Évangile de la Liturgie d’aujourd’hui (cf.Lc 9, 11b -17).

Jésus prend soin de la grande foule qui le suivait pour entendre sa parole et être délivré de divers maux. Il bénit cinq pains et deux poissons, les rompt, les disciples les distribuent et « tous mangent à satiété » (Lc 9, 17), dit l’Évangile.

Dans l’Eucharistie, chacun peut faire l’expérience de cette attention aimante et concrète du Seigneur. Celui qui reçoit le Corps et le Sang du Christ avec foi non seulement mange, mais est rassasié. Manger et être rassasié : ce sont deux besoins fondamentaux, qui sont satisfaits dans l’Eucharistie.

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Manger. « Tout le monde a mangé », écrit Saint Luc. A la tombée de la nuit, les disciples conseillent à Jésus de chasser la foule, afin qu’ils puissent aller chercher de la nourriture. Mais le Maître veut aussi y pourvoir : il veut donner à manger à ceux qui l’ont écouté.

Cependant, le miracle des pains et des poissons ne s’opère pas de manière spectaculaire, mais presque réservée, comme aux noces de Cana : le pain augmente en passant de main en main. Et tandis qu’il mange, la foule se rend compte que Jésus s’occupe de tout.

C’est le Seigneur présent dans l’Eucharistie : il nous appelle à être des citoyens du Ciel, mais en attendant il tient compte du chemin que nous avons à affronter ici-bas. Si j’ai peu de pain dans mon sac, Il le sait et Il s’en soucie. Parfois, il y a le risque de confiner l’Eucharistie dans une dimension vague et lointaine, peut-être lumineuse et parfumée d’encens, mais loin des goulots d’étranglement de la vie quotidienne.

En réalité, le Seigneur prend à cœur tous nos besoins, en commençant par les plus élémentaires. Et il veut donner un exemple aux disciples, en disant : « Donnez-leur vous-mêmes  à manger » (v. 13), à ceux qui l’avaient écouté pendant la journée.

Notre adoration eucharistique trouve sa vérification lorsque nous prenons soin de notre prochain, comme le fait Jésus : autour de nous il y a une faim de nourriture, mais aussi de compagnie, il y a une faim de consolation, d’amitié, de bonne humeur, il y a la faim pour l’attention, il y a une soif d’être évangélisé.

Nous trouvons cela dans le Pain eucharistique : l’attention du Christ à nos besoins et l’invitation à faire de même pour ceux qui nous entourent. Il faut manger et se nourrir.

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En plus de manger, il ne faut cependant pas manquer d’être rassasié. La foule était satisfaite de l’abondance de nourriture, et aussi de la joie et de l’étonnement de l’avoir reçue de Jésus ! Nous avons certes besoin de nous nourrir, mais aussi d’être rassasiés, c’est-à-dire de savoir que la nourriture nous est donnée par amour.

Dans le Corps et le Sang du Christ, nous trouvons sa présence, sa vie donnée pour chacun de nous. Non seulement il nous aide à avancer, mais il se donne lui-même : il devient notre compagnon de voyage, entre dans nos histoires, visite nos solitudes, redonne sens et enthousiasme.

Cela nous satisfait, quand le Seigneur donne un sens à notre vie, à nos ténèbres, à nos doutes, mais Il voit le sens et ce sens que le Seigneur nous donne nous satisfait, cela nous donne ce « plus » que nous recherchons tous : c’est le présence du Seigneur !

Car dans la chaleur de sa présence notre vie change : sans lui elle serait vraiment grise. Adorant le Corps et le Sang du Christ, demandons-lui avec le cœur : « Seigneur, donne-moi le pain quotidien pour avancer, Seigneur, rassasie-moi de ta présence ! ».

Que la Vierge Marie nous apprenne à adorer Jésus vivant dans l’Eucharistie et à la partager avec nos frères et sœurs.

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Après l’angélus

Chers frères et sœurs !

Hier, à Séville, quelques religieux de la famille dominicaine ont été béatifiés : Angelo Marina álvarez et dix-neuf compagnons ; Giovanni Aguilar Donis et quatre compagnons, de l’Ordre des Prêcheurs ; Isabella Sánchez Romero, une religieuse âgée de l’Ordre de Saint Dominique, et Fruttuoso Pérez Marquez, un tertiaire laïc dominicain.

Tous tués par haine de la foi dans la persécution religieuse qui s’est produite en Espagne dans le contexte de la guerre civile du siècle dernier. Leur témoignage d’adhésion au Christ et de pardon pour leurs meurtriers nous montre le chemin de la sainteté et nous encourage à faire de la vie une offrande d’amour à Dieu et à nos frères. Une salve d’applaudissements pour les nouveaux Bienheureux.

Le cri de douleur de nombreuses personnes qui manquent d’aide humanitaire de base et qui sont forcées de quitter leur maison parce qu’elles sont brûlées et pour échapper à la violence vient toujours du Myanmar.

Je me joins à l’appel des évêques de cette terre bien-aimée, pour que la communauté internationale n’oublie pas la population birmane, pour que la dignité humaine et le droit à la vie soient respectés, ainsi que les lieux de culte, les hôpitaux et les écoles. Et je bénis la communauté birmane en Italie, représentée ici aujourd’hui.

Mercredi prochain, 22 juin, commencera la Xe Rencontre Mondiale des Familles à Rome et se répandra aussi dans le monde entier. Je remercie les évêques, les curés et les agents de pastorale familiale qui ont convoqué les familles à des moments de réflexion et de fête. Je remercie particulièrement les conjoints et les familles qui témoigneront de l’amour familial comme vocation et chemin de sainteté. Bonne réunion !

Et maintenant, je vous salue tous, Romains et pèlerins de divers pays, en particulier les élèves de l’École de l’Oratoire de Londres. Je salue les participants au premier cours de pastorale et d’accueil « Vita nascente » ; les fidèles de Gragnano et l’association cycliste « Pedale Sestese » de Sesto San Giovanni.

Et n’oublions pas le peuple ukrainien battu en ce moment, un peuple qui souffre. Je voudrais qu’une question demeure en chacun de vous : qu’est-ce que je fais aujourd’hui pour le peuple ukrainien ? Je t’en prie? Est-ce que je suis occupé ? j’essaie de comprendre? Qu’est-ce que je fais aujourd’hui pour le peuple ukrainien ? À chacun de répondre dans son cœur.

Je souhaite à tous un bon dimanche. S’il vous plaît, n’oubliez pas de prier pour moi. Bon déjeuner et au revoir !


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Texte traduit et présenté par l’Association de la Médaille Miraculeuse

La vieillesse reste un temps pour le service et la gratitude

La vieillesse reste un temps pour le service et la gratitude

Au cours de son audience générale, ce mercredi 15 juin place Saint-Pierre, Le Pape François a dit que le soin aux personnes âgées est une responsabilité qui incombe à l’ensemble la communauté chrétienne. Poursuivant son cycle de catéchèses sur la vieillesse, il a encouragé les chrétiens de tous âges à servir dans la gratitude.

PAPE FRANÇOIS

AUDIENCE GÉNÉRALE

Place Saint-Pierre
Mercredi 15 juin 2022

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Catéchèse sur la vieillesse –

14. Le service joyeux de la foi qui s’apprend dans la gratitude
(cf. Mc 1,29-31)

Résumé :

Chers frères et sœurs,

nous venons d’écouter le récit de la guérison de la belle-mère de Simon qui était au lit avec de la fièvre. La maladie pèse sur la personne âgée d’une manière différente et nouvelle, au point qu’elle semble hâter la mort et diminuer l’espérance de vie qui est considérée déjà trop courte.

Cependant, cette scène évangélique nous aide à espérer, tout en nous offrant déjà un premier enseignement que c’est la communauté chrétienne qui doit prendre soin des personnes âgées. Jésus prend la femme âgée et malade par la main et la guérit. Par ce geste tendre d’amour, il donne à ses disciples la première leçon : le salut s’annonce ou se communique à travers l’attention à la personne malade.

Ainsi, la foi de cette femme resplendit dans la gratitude pour la tendresse de Dieu qui s’est penchée sur elle. La seconde leçon nous est donnée par cette femme âgée, qui « se leva et se mit à les servir ». La gratitude des personnes âgées pour les dons reçus de Dieu dans leur vie, comme nous l’enseigne la belle-mère de Pierre, redonne à la communauté la joie de la coexistence, et confère à la foi des disciples la caractéristique essentielle de sa destination.

Nous devons cependant bien savoir que l’esprit de l’intercession et du service, que Jésus prescrit à tous ses disciples, n’est pas simplement une affaire de femmes et il ne s’écrit en aucune manière dans la vision de l’homme maître et de la femme servante ! La délicatesse de Jésus à l’égard des faibles et des malades montre clairement sa sensibilité spéciale qu’il a apprise de sa mère.

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catéchèse :

Chers frères et sœurs, bonjour !

Nous avons entendu le récit simple et touchant de la guérison de la belle-mère de Simon – qui ne s’appelle pas encore Pierre – dans la version de l’évangile de Marc. Ce court épisode est rapporté, avec des variations légères mais frappantes, dans les deux autres évangiles synoptiques. « La belle-mère de Simon était au lit, elle avait de la fièvre », écrit Marc.

Nous ne savons pas s’il s’agissait d’une maladie bénigne, mais dans la vieillesse, même une simple fièvre peut être dangereuse. Quand on est vieux, on ne contrôle plus son corps. Il faut apprendre à choisir quoi faire et ne pas faire. La vigueur du corps faiblit et nous abandonne, même si notre cœur ne cesse de désirer. Il faut alors apprendre à purifier le désir : être patient, choisir ce que l’on demande au corps, et à la vie.

Quand on est vieux, on ne peut pas faire la même chose que quand on était jeune : le corps a un rythme différent, et il faut écouter le corps et accepter ses limites. Nous en avons tous. Même moi, je dois utiliser le bâton maintenant.

La maladie pèse sur les personnes âgées d’une manière différente et nouvelle que lorsqu’on est jeune ou adulte. C’est comme un coup dur qui tombe sur un moment déjà difficile. La maladie du vieillard semble hâter la mort et, en tout cas, diminuer ce temps à vivre que nous considérons déjà comme court.

Le doute s’insinue dans l’idée que nous ne nous en remettrons pas, que « cette fois-ci, ce sera la dernière fois que je serai malade… », et ainsi de suite :  ces idées viennent… On n’arrive pas à rêver l’espérance d’un avenir qui semble désormais inexistant. Un célèbre écrivain italien, Italo Calvino, a noté l’amertume des personnes âgées qui souffrent de la perte des choses du passé, plus qu’ils ne profitent de l’arrivée des nouveautés.

Cependant, la scène évangélique que nous venons d’entendre nous aide à espérer et nous offre déjà un premier enseignement : Jésus ne va pas tout seul rendre visite à cette vieille femme malade, il s’y rend avec les disciples. Et cela nous fait un peu réfléchir.

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C’est précisément la communauté chrétienne qui doit prendre soin des personnes âgées : parents et amis, mais la communauté. La visite aux personnes âgées doit se faire à plusieurs, ensemble et souvent. Nous ne devrions jamais oublier ces trois lignes de l’Évangile.

D’autant plus qu’aujourd’hui, le nombre de personnes âgées a considérablement augmenté, également à la proportion de jeunes, car nous sommes dans cet hiver démographique, moins d’enfants naissent et il y a beaucoup de personnes âgées et peu de jeunes. Nous devons assumer la responsabilité de rendre visite aux personnes âgées qui sont souvent seules et les présenter au Seigneur avec notre prière.

Jésus lui-même nous enseignera comment les aimer. « Une société est véritablement accueillante à l’égard de la vie quand elle reconnaît qu’elle est précieuse même avec l’âge, dans le handicap, dans la maladie grave et même au moment de s’éteindre » (Message à l’Académie Pontificale pour la Vie, 19 février 2014).

La vie est toujours précieuse. Jésus, lorsqu’il voit la vieille femme malade, il la prend par la main et la guérit : le même geste qu’il fait pour ressusciter la jeune femme morte : il la prend par la main et la fait se lever, la guérit en la remettant sur pieds. Jésus, par ce geste tendre d’amour, donne la première leçon aux disciples.

C’est-à-dire que le salut s’annonce ou, mieux, se communique à travers l’attention portée à cette personne malade ; et la foi de cette femme resplendit dans la gratitude pour la tendresse de Dieu qui s’est penchée sur elle. Je reviens à un thème que j’ai répété dans ces catéchèses : cette culture du déchet semble supprimer les personnes âgées.

Oui, elle ne les tue pas, mais socialement elle les supprime, comme s’ils étaient un fardeau à porter : il vaut mieux les cacher. C’est une trahison de notre humanité, c’est la chose la plus vile, c’est sélectionner la vie en fonction de l’utilité, en fonction de la jeunesse et non avec la vie telle qu’elle est, avec la sagesse des personnes âgées, avec les limites des personnes âgées.

Les personnes âgées ont tant à nous donner : c’est la sagesse de la vie. Ils ont tant à nous enseigner : c’est pourquoi nous devons aussi apprendre aux enfants à s’occuper de leurs grands-parents et à fréquenter leurs grands-parents.

Le dialogue entre les jeunes et les grands-parents, les enfants et les grands-parents est fondamental pour la société, il est fondamental pour l’Église, il est fondamental pour la santé de la vie. Là où il n’y a pas de dialogue entre jeunes et vieux, quelque chose manque et il en résulte une génération sans passé, c’est-à-dire sans racines.

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Si la première leçon a été donnée par Jésus, la seconde nous est donnée par cette femme âgée, qui « se leva et se mit à les servir”. Même comme personne âgée, on peut, voire on doit, servir la communauté. Il est bon que les personnes âgées cultivent encore la responsabilité de servir, en surmontant la tentation de se mettre à l’écart. Le Seigneur ne les rejette pas, au contraire, il leur redonne la force pour servir.

Et j’aime noter qu’il n’y a pas d’emphase particulière dans le récit de la part des évangélistes : c’est la normalité de la vie de disciple, que les disciples apprendront, dans toute son ampleur, le long du chemin de formation qu’ils vivront à l’école de Jésus.

Les anciens qui entretiennent la disposition pour la guérison, la consolation, l’intercession pour leurs frères et sœurs – qu’ils soient disciples, qu’ils soient centurions, personnes perturbées par des esprits mauvais, personnes rejetées… – sont peut-être le témoignage le plus grand de la pureté de cette gratitude qui accompagne la foi.

Si les personnes âgées, au lieu d’être rejetées et congédiées de la scène des événements qui marquent la vie de la communauté, étaient placées au centre de l’attention collective, elles seraient encouragées à exercer le précieux ministère de la gratitude envers Dieu, qui n’oublie personne.

La gratitude des personnes âgées pour les dons reçus de Dieu dans leur vie, comme nous l’enseigne la belle-mère de Pierre, redonne à la communauté la joie du vivre ensemble, et confère à la foi des disciples le trait essentiel de sa destination.

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Mais nous devons bien apprendre que l’esprit d’intercession et de service, que Jésus prescrit à tous ses disciples, n’est pas simplement une affaire de femmes : il n’y a aucune ombre de cette limitation dans les paroles et les actes de Jésus. Le service évangélique de la gratitude pour la tendresse de Dieu n’est en aucun cas inscrit dans la grammaire de l’homme maître et de la femme servante.

Cela n’enlève rien cependant au fait que les femmes, sur la gratitude et la tendresse de la foi, peuvent enseigner aux hommes des choses que ceux-ci ont plus de mal à comprendre. La belle-mère de Pierre, avant que les Apôtres n’y parviennent, sur le chemin à la suite de Jésus, leur a aussi montré le chemin.

Et la délicatesse particulière de Jésus, qui « lui a touché la main » et « s’est penché délicatement » sur elle, a mis en évidence, dès le début, sa sensibilité spéciale à l’égard des faibles et des malades, que le Fils de Dieu avait certainement apprise de sa Mère.

S’il vous plaît, faisons-en sorte que les vieux, que les grands-pères, les grands-mères soient proches des enfants, des jeunes pour transmettre cette mémoire de la vie, pour transmettre cette expérience de la vie, cette sagesse de la vie. Dans la mesure où nous faisons en sorte qu’entre les jeunes et les personnes âgées se tissent des relations, il y aura plus d’espérance pour l’avenir de notre société.


Je salue cordialement les pèlerins de langue française. Frères et sœurs, demandons au Seigneur de raviver en nous la sensibilité envers les plus faibles, particulièrement les personnes âgées qui vivent dans la solitude ou dans la souffrance. Que notre proximité et notre soutien soient pour eux source de réconfort et de consolation. Que Dieu vous bénisse !

Et s’il vous plaît, n’oublions pas le peuple battu de l’Ukraine en guerre. Ne nous habituons pas à vivre comme si la guerre était une chose lointaine. Que notre souvenir, notre affection, nos prières et notre aide soient toujours proches de ce peuple qui souffre tant et qui accomplit un véritable martyre.

Enfin, comme d’habitude, mes pensées vont aux personnes âgées, aux malades, aux jeunes et aux jeunes mariés. Demain est célébrée la solennité du Très Saint Corps et Sang du Christ, qui en Italie est reportée au dimanche suivant. Que l’Eucharistie, mystère d’amour, soit pour vous tous une source de grâce et de lumière qui éclaire les chemins de la vie, un soutien au milieu des difficultés, un sublime réconfort dans la souffrance de chaque jour. A vous tous, ma bénédiction.


Copyright © Dicastero per la Comunicazione – Libreria Editrice Vaticana

Texte présenté par l’Association de la Médaille Miraculeuse

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