troisième méditation de Carême : « Prenez, mangez : ceci est mon corps »

troisième méditation de Carême : « Prenez, mangez : ceci est mon corps »

Le prédicateur pontifical a tenu la troisième méditation du temps de Carême 2022 sur le thème : « Prenez, mangez : ceci est mon corps » – Une catéchèse mystagogique sur l’Eucharistie, tenue dans la salle Paul VI le vendredi matin 25 mars, en présence du pape François.

« Quand tu vas communier, tu vas à une réunion importante. Ce serait triste d’y aller non réconcilié avec les frères. »

Le prédicateur rapporte l’histoire de la sœur du philosophe Blaise Pascal : « Dans sa dernière maladie, il ne pouvait rien garder de ce qu’il mangeait, et pour cette raison on ne lui permit pas de recevoir un viatique. Alors il a dit : Si vous ne pouvez pas me donner l’Eucharistie, laissez au moins entrer un pauvre dans ma chambre. Si je ne peux pas communiquer avec le patron, laissez-moi communiquer au moins avec son corps.»

« Le souci de partager avec ceux qui en ont besoin doit faire partie intégrante de notre vie eucharistique. »

Le cœur du troisième sermon du Carême est clair : « Nous ne pouvons pas toujours recevoir le corps du Christ dans l’Eucharistie, alors que nous pouvons toujours le recevoir dans les pauvres. Il n’y a pas de limites, il suffit de dire que nous le voulons. avec des formes extrêmes de souffrance, si nous sommes attentifs, nous entendrons la parole du Christ : c’est mon corps. »

« Partager, ce n’est pas simplement donner quelque chose : du pain, des vêtements, l’hospitalité ; c’est aussi rendre visite à quelqu’un : un prisonnier, un malade, une personne âgée seule. Ce n’est pas seulement donner de son argent, mais aussi de son temps. »

Enfin une petite histoire pour résumer : « un homme voit une fille mal nourrie, pieds nus et tremblant de froid et crie à Dieu presque avec colère : ‘Oh mon Dieu pourquoi ne fais-tu pas quelque chose pour cette petite fille ?’ il répond : ‘Bien sûr que j’ai fait quelque chose pour cette petite fille : je t’ai fait !’»

TEXTE INTÉGRAL

Troisième sermon du Carême – 2022
Raniero Cantalamessa

Dans notre catéchèse mystagogique sur l’Eucharistie – après la Liturgie de la Parole et la Consécration – nous avons atteint le troisième moment, celui de la communion.

C’est le moment de la messe qui exprime le plus clairement l’unité et l’égalité fondamentale de tous les membres du peuple de Dieu, au-dessous de toute distinction de rang et de ministère. Jusqu’à ce moment, la distinction des ministères est visible : dans la liturgie de la Parole, la distinction entre l’Église enseignante et l’Église apprenante ; dans la consécration, la distinction entre sacerdoce ministériel et sacerdoce universel. Dans la communion, il n’y a pas de distinction. La communion reçue par le simple baptisé est identique à celle reçue par le prêtre ou l’évêque. La communion eucharistique est la proclamation sacramentelle que, dans l’Église, la koinonia vient en premier et est plus importante que la hiérarchie.

Réfléchissons sur la communion eucharistique à partir d’un texte de saint Paul :

La coupe de bénédiction que nous bénissons, n’est-elle pas une communion avec le sang de Christ ? Et le pain que nous rompons, n’est-il pas une communion avec le corps du Christ ? Puisqu’il n’y a qu’un seul pain, bien que nous soyons plusieurs, nous sommes un seul corps : en effet nous participons tous à l’unique pain (1 Co 10 : 16-17).

Le mot « corps » apparaît deux fois dans les deux versets, mais avec un sens différent. Dans le premier cas (« le pain que nous rompons, n’est-il pas une communion avec le corps du Christ ? »), Corps désigne le corps réel du Christ, né de Marie, mort et ressuscité ; dans le second cas (« nous sommes un seul corps »), corps désigne le corps mystique, l’Église. On ne saurait dire de manière plus claire et plus synthétique que la communion eucharistique est toujours communion avec Dieu et communion avec les frères ; qu’il y a une dimension verticale en elle, pour ainsi dire, et une dimension horizontale. Commençons par le premier.

La communion eucharistique avec le Christ

Essayons d’approfondir quelle sorte de communion s’établit entre nous et le Christ dans l’Eucharistie. Dans Jean 6:57, Jésus dit : « Comme le Père, qui a la vie, m’a envoyé et je vis pour le Père, ainsi aussi celui qui me mange vivra pour moi ». La préposition « pour » (en grec, dià) a ici une valeur causale et finale ; il indique à la fois un mouvement d’origine et un mouvement de destination. Cela signifie que quiconque mange le corps du Christ vit « de » lui, c’est-à-dire à cause de lui, en vertu de la vie qui vient de lui, et vit « en vue de » lui, c’est-à-dire pour sa gloire, son amour. , son Royaume. Comme Jésus vit du Père et pour le Père, ainsi, en nous communiquant au saint mystère de son corps et de son sang, nous vivons par Jésus et pour Jésus.

C’est en effet le principe vital le plus fort qui assimile le moins fort à lui-même, et non l’inverse. C’est le végétal qui assimile le minéral, et non l’inverse ; c’est l’animal qui assimile à la fois le végétal et le minéral, et non l’inverse. Alors maintenant, sur le plan spirituel, c’est le divin qui assimile l’humain à lui-même, et non l’inverse. Alors que dans tous les autres cas c’est celui qui mange qui assimile ce qu’il mange, ici c’est celui qui est mangé qui s’assimile celui qui le mange. A celui qui s’approche pour le recevoir, Jésus répète ce qu’il a entendu dire un jour par saint Augustin : « Ce ne sera pas toi qui m’assimilera à toi, mais ce sera moi qui t’assimilerai à moi ».

Un philosophe athée disait : « L’homme est ce qu’il mange » (F. Feuerbach), signifiant que chez l’homme il n’y a pas de différence qualitative entre la matière et l’esprit, mais que tout se résume à la composante organique et matérielle. Un athée, sans le savoir, a donné la meilleure formulation d’un mystère chrétien. Grâce à l’Eucharistie, le chrétien est vraiment ce qu’il mange ! Bien avant lui, saint Léon le Grand écrivait : « Notre participation au corps et au sang du Christ tend à nous faire devenir ce que nous mangeons ».

Dans l’Eucharistie, il n’y a donc pas seulement communion entre le Christ et nous, mais aussi assimilation ; la communion n’est pas seulement l’union de deux corps, de deux esprits, de deux volontés, mais c’est l’assimilation au seul corps, à l’unique esprit et volonté du Christ. « Celui qui s’unit au Seigneur ne forme avec lui qu’un seul Esprit » (1 Co 6, 17).

Celle de la nutrition – de manger et de boire – n’est pas la seule analogie que nous ayons avec la communion eucharistique, même si elle est irremplaçable. Il y a quelque chose qu’elle ne peut exprimer, tout comme l’analogie de la communion entre la vigne et le sarment ne le peut pas. C’est la communion entre les choses, pas entre les gens. Ils communiquent, mais ils ne savent pas qu’ils communiquent. Je voudrais insister sur une autre analogie qui peut nous aider à comprendre la nature de la communion eucharistique comme communion entre des personnes qui savent et veulent être en communion.

La Lettre aux Éphésiens dit que le mariage humain est un symbole de l’union entre le Christ et l’Église : « C’est pourquoi l’homme quittera son père et sa mère et s’unira à sa femme et les deux formeront une seule chair. Ce mystère est grand ; Je dis cela en référence au Christ et à l’Église ! » (Ep 5 : 31-33). L’Eucharistie – pour utiliser une image audacieuse mais vraie – est la consommation du mariage entre le Christ et l’Église et une vie chrétienne sans l’Eucharistie est un mariage ratifié mais non consommé. Au moment de la communion, le célébrant s’exclame : « Heureux les convives au souper de l’Agneau ! (Beati qui ad coenam Agni vocati sunt) et l’Apocalypse – dont la phrase est tirée – dit encore plus explicitement : « Heureux les convives au repas des noces de l’Agneau » (Ap 19,9).

Or – toujours selon saint Paul – la conséquence immédiate du mariage est que le corps (c’est-à-dire toute la personne) du mari devient celui de la femme et, inversement, le corps de la femme devient celui du mari (cf. 1 Co 7, 4 ). Cela signifie que la chair incorruptible et vivifiante du Verbe incarné devient « mienne », mais aussi ma chair, mon humanité, devient celle du Christ, s’approprie de lui. Dans l’Eucharistie, nous recevons le corps et le sang du Christ, mais le Christ « reçoit » aussi notre corps et notre sang ! Jésus, écrit saint Hilaire de Poitiers, « prend la chair de celui qui prend la sienne ». Le Christ nous dit : « Prends, ceci est mon corps », mais nous aussi nous pouvons lui dire : « Prends, ceci est mon corps ».

Essayons maintenant de comprendre les conséquences de tout cela. Dans sa vie terrestre, Jésus n’a pas eu toutes les expériences humaines possibles et imaginables. D’abord, c’était un homme, pas une femme : il n’a pas connu la condition de la moitié de l’humanité ; il n’était pas marié, il n’a pas connu ce que signifie être uni pour la vie à une autre créature, avoir des enfants ou, pire, perdre des enfants ; il est mort jeune, il n’a pas connu la vieillesse…

Mais maintenant, grâce à l’Eucharistie, il a toutes ces expériences. La condition féminine vit dans la femme, dans la malade la maladie, dans la personne âgée, sa précarité dans la réfugiée, sa terreur dans le bombardé… Il n’y a rien dans ma vie qui n’appartienne au Christ. Personne ne devrait dire : « Ah, Jésus ne sait pas ce que c’est que d’être marié, d’être une femme, d’avoir perdu un enfant, d’être malade, d’être vieux, d’être noir ! »

Ce que le Christ n’a pas pu vivre « selon la chair », il le vit et le « vit » maintenant comme ressuscité « selon l’Esprit », grâce à la communion sponsale de la messe. Sainte Élisabeth de la Trinité en a compris la raison profonde lorsqu’elle a écrit à sa mère : « La mariée appartient au marié. Mon (conjoint) m’a eu. Il veut que je sois une humanité supplémentaire pour lui ».

Quelle raison inépuisable d’émerveillement et de consolation à la pensée que notre humanité devient l’humanité du Christ ! Mais aussi quelle responsabilité dans tout cela ! Si mes yeux sont devenus les yeux du Christ, ma bouche celle du Christ, quelle raison ne pas laisser mon regard s’attarder sur des images lascives, ma langue ne pas parler contre mon frère, mon corps ne pas servir d’instrument au péché. « Dois-je donc prendre les membres du Christ et en faire des membres d’une prostituée ? », écrivait avec horreur saint Paul aux Corinthiens (1 Co 6, 15).

Et pourtant, ce n’est pas encore tout; il manque la plus belle partie. Le corps de la mariée appartient au marié ; mais le corps de l’époux appartient aussi à l’épouse. De donner, il faut passer immédiatement, en communion, à recevoir. Ne recevez rien d’autre que la sainteté de Christ ! Où aura lieu réellement dans la vie du croyant cet « échange merveilleux » (admirabile commercium) dont parle la liturgie, s’il ne s’effectue pas au moment de la communion ?

Là, nous avons la possibilité de donner à Jésus nos haillons sales et de recevoir de lui le « manteau de justice » (Is 61, 10). En effet, il est écrit que « par l’œuvre de Dieu, il est devenu pour nous sagesse, justice, sanctification et rédemption » (cf. 1 Co 1, 30). Ce qu’il est devenu « pour nous » nous est destiné, nous appartient. « Puisque – écrit Cabasilas – nous appartenons au Christ plus qu’à nous-mêmes, nous ayant rachetés au prix fort (1 Co 6, 20), inversement ce qui appartient au Christ nous appartient plus que s’il était à nous ». Il suffit de retenir une chose : nous appartenons au Christ de droit, il nous appartient par grâce !

C’est une découverte capable de donner des ailes à notre vie spirituelle. C’est l’audace de la foi et nous devrions prier Dieu de ne pas nous permettre de mourir avant que nous l’ayons atteint.

L’Eucharistie, communion avec la Trinité

Réfléchir sur l’Eucharistie, c’est comme voir des horizons de plus en plus larges s’ouvrir devant soi à mesure que l’on avance, à perte de vue. En effet, l’horizon christologique de communion que nous avons contemplé jusqu’ici s’ouvre sur un horizon trinitaire. En d’autres termes, par la communion avec le Christ, nous entrons en communion avec toute la Trinité. Dans sa « prière sacerdotale », Jésus dit au Père : « Qu’ils soient un comme nous. moi en eux et toi en moi » (Jn 17, 23). Ces mots : « Moi en eux et toi en moi » signifient que Jésus est en nous et que le Père est en Jésus. Donc, on ne peut pas recevoir le Fils sans recevoir aussi le Père avec lui. La parole du Christ : « Qui me voit voit le Père » (Jn 14, 9) signifie aussi « qui me reçoit reçoit le Père ».

La raison ultime en est que le Père, le Fils et le Saint-Esprit sont une nature divine inséparable, ils sont « un ». A ce propos, saint Hilaire de Poitiers écrit : « Nous sommes unis au Christ qui est inséparable du Père. Tout en restant dans le Père, il reste uni à nous ; ainsi nous arrivons nous aussi à l’unité avec le Père. En effet, le Christ est connaturellement dans le Père, en tant qu’il est engendré par lui ; mais, d’une certaine manière, nous aussi, par le Christ, nous sommes connaturellement dans le Père. Il vit en vertu du Père et nous vivons en vertu de son humanité ».

Ce qui est dit du Père s’applique aussi au Saint-Esprit. Dans l’Eucharistie, il y a une réplique sacramentelle de ce qui s’est passé historiquement dans la vie terrestre du Christ. Au moment de sa naissance terrestre, c’est le Saint-Esprit qui donne le Christ au monde (Marie, en effet, conçue par l’œuvre du Saint-Esprit !) ; au moment de la mort, c’est le Christ qui donne au monde l’Esprit Saint : en mourant, il « a envoyé l’Esprit ». De même, dans l’Eucharistie, au moment de la consécration, c’est l’Esprit Saint qui nous donne Jésus, puisque c’est par son action que le pain se transforme en corps du Christ ; au moment de la communion, c’est le Christ qui, venant en nous, nous donne l’Esprit Saint.

Saint Irénée (que nous pouvons enfin saluer en tant que Docteur de l’Église !) dit que l’Esprit Saint est « notre communion même avec le Christ ». Dans la communion, Jésus vient à nous comme celui qui donne l’Esprit. Non pas comme celui qui un jour, il y a longtemps, a donné l’Esprit, mais comme celui qui maintenant, après avoir consommé son sacrifice sur l’autel, « donne à nouveau l’Esprit » (cf. Jn 19, 30).

Tout ce que j’ai dit sur la Trinité et l’Eucharistie est résumé visuellement dans l’icône orthodoxe de Roublev des trois anges autour de l’autel. Toute la Trinité nous donne l’Eucharistie et se donne à nous dans l’Eucharistie. L’Eucharistie n’est pas seulement notre Pâques quotidienne ; c’est aussi notre Pentecôte quotidienne !
La communion de l’un avec l’autre

De ces hauteurs vertigineuses, revenons maintenant sur terre et passons à la deuxième dimension de la communion eucharistique : la communion avec le corps du Christ qu’est l’Église. Rappelons-nous les paroles de l’Apôtre : « Puisqu’il n’y a qu’un seul pain, nous, bien que plusieurs, nous formons un seul corps : en effet, nous partageons tous le même pain ».

Développant une pensée déjà esquissée dans la Didachè, saint Augustin voit une analogie dans la manière dont se forment les deux corps du Christ : l’Eucharistie et l’ecclésial. Dans le cas de l’Eucharistie, nous avons le blé d’abord répandu sur les collines, qui battu, broyé, mélangé à l’eau et cuit au feu devient le pain qui arrive à l’autel ; dans le cas de l’Église, nous avons la multitude de personnes qui, unies par la prédication évangélique, broyées par le jeûne et la pénitence, pétries dans l’eau au baptême et cuites au feu de l’Esprit, forment le corps qu’est l’Église.

A cet égard, la parole du Christ vient immédiatement à notre rencontre : « Si donc tu présentes ton offrande à l’autel et que là tu te souviennes que ton frère a quelque chose contre toi, laisse là ton offrande devant l’autel, va d’abord à réconcilie-toi avec ton frère puis reviens offrir ton don » (Mt 5, 23-24). Si vous allez communier, mais que vous avez offensé un frère et que vous n’êtes pas réconcilié, vous avez de la rancune, vous ressemblez – disait encore saint Augustin au peuple – à celui qui voit arriver un ami qu’il n’a pas vu depuis années. Elle court à sa rencontre, se met sur la pointe des pieds pour l’embrasser sur le front… Mais ce faisant, elle ne s’aperçoit pas qu’elle marche sur ses pieds avec des chaussures à pointes. Les frères et sœurs sont les pieds de Jésus qui marchent encore sur la terre.

Communion avec les pauvres

Cela est particulièrement vrai en ce qui concerne les pauvres, les affligés, les marginalisés. Celui qui a dit du pain : « Ceci est mon corps », l’a aussi dit des pauvres. Il a dit cela quand, parlant de ce qu’il a fait pour les affamés, les assoiffés, les prisonniers et les nus, il a déclaré solennellement : « C’est à moi que vous l’avez fait ! ». C’est comme si on disait : « J’étais l’affamé, j’étais l’assoiffé, j’étais l’étranger, le malade, le prisonnier » (cf. Mt 25, 35 sq.). Je me suis souvenu d’autres fois du moment où cette vérité a failli exploser en moi. J’étais en mission dans un pays très pauvre. En traversant les rues de la capitale je voyais partout des enfants couverts de quelques chiffons sales, courant après les camions poubelles pour chercher de quoi manger. A un certain moment, c’était comme si Jésus me disait : « Regarde bien : c’est mon corps ! ». C’était à couper le souffle.

La sœur du grand philosophe Blaise Pascal rapporte ce fait à son frère. Dans sa dernière maladie, il ne put rien garder de ce qu’il mangea et pour cette raison on ne lui permit pas de recevoir le viatique qu’il demandait avec insistance. Puis il dit : « Si vous ne pouvez pas me donner l’Eucharistie, laissez au moins entrer un pauvre dans ma chambre. Si je ne peux pas communiquer avec le Boss, je veux au moins communiquer avec son corps ».

Le seul obstacle à la communion que saint Paul nomme explicitement est le fait que, dans l’assemblée, « l’un a faim et l’autre est ivre » : « Quand vous vous réunissez, alors le vôtre n’est plus un repas de la Cène du Seigneur. . En effet, chacun, quand vous êtes à table, commence à prendre son propre repas et ainsi l’un a faim, l’autre est ivre » (1 Co 11 : 20-21). Dire « ce n’est pas manger la Cène du Seigneur », c’est comme dire : la vôtre n’est plus une vraie Eucharistie ! C’est une affirmation forte, même d’un point de vue théologique, à laquelle nous n’accordons peut-être pas assez d’attention.

De nos jours, la situation dans laquelle l’un a faim et l’autre regorge de nourriture n’est plus un problème local, mais mondial. Il ne peut y avoir rien de commun entre le repas du Seigneur et le déjeuner du riche, où le maître festoie généreusement, ignorant les pauvres qui sont devant la porte (cf. Lc 16, 19 sq.). Le souci de partager ce que l’on a avec ceux qui sont dans le besoin, proches ou lointains, doit faire partie intégrante de notre vie eucharistique.

Il n’est personne qui, de son plein gré, ne puisse, pendant la semaine, accomplir un de ces gestes dont Jésus dit : « C’est à moi que tu l’as fait ». Partager ne signifie pas simplement « donner quelque chose » : pain, vêtements, hospitalité ; c’est aussi rendre visite à quelqu’un : un détenu, un malade, une personne âgée seule. Ce n’est pas seulement donner de son argent, mais aussi de son temps. Les pauvres et les souffrants ont besoin de solidarité et d’amour, pas moins que de pain et de vêtements, surtout en cette période d’isolement imposée par la pandémie.

Jésus a dit : « Car vous avez toujours des pauvres avec vous, mais vous ne m’avez pas toujours » (Mt 26, 11). Cela est également vrai dans le sens où nous ne pouvons pas toujours recevoir le corps du Christ dans l’Eucharistie et même lorsque nous le faisons, cela ne dure que quelques minutes, alors que nous pouvons toujours le recevoir dans les pauvres. Il n’y a pas de limites ici, il suffit que nous le voulions. Nous avons toujours les pauvres à portée de main. Chaque fois que nous rencontrons quelqu’un qui souffre, surtout si nous avons affaire à certaines formes extrêmes de souffrance, si nous sommes attentifs, nous entendrons, avec les oreilles de la foi, la parole du Christ : « Ceci est mon corps ! ».

Je termine par une petite histoire que j’ai lu quelque part. Un homme voit une fille mal nourrie, pieds nus et grelottant de froid et crie presque avec colère à Dieu : « Oh mon Dieu pourquoi ne fais-tu pas quelque chose pour cette petite fille ? ». Dieu répond : « Bien sûr que j’ai fait quelque chose pour cette petite fille : je t’ai faite !

Que Dieu nous aide à nous rappeler au bon moment.

1.Cf Augustin, Confessions, VII, 10.

2. Léon le Grand, Sermon 12 sur la Passion, 7 (CCL 138A, p. 388).

3. Hilaire de Poitiers, De Trinitate, 8, 16 (PL 10, 248) : « Eius tantum in se adsumptam habens carnem, qui suam sumserit ».

4.Elisabetta della Trinità, Lettre 261, à sa mère (in Scritti, Rome 1967, p. 457).

5.N. Cabasilas, La vie en Christ, IV, 6 (PG 150, 613).

6. Ilario, De Trinitate, VIII, 13-16 (PL 10, 246 sqq).

7. Irénée, Adversus haereses, III, 24, 1.

8. Augustin, Sermo Denis 6 (PL 46, 834 sq.).

9.Cf. Saint Augustin, Commentaire sur la première lettre de Jean, 10.8.

10. Vie de Pascal, in B. Pascal, Œuvres complètes, Paris 1954, pp. 3 art.

L’Annonciation porte tout le mystère de la Rédemption

L’Annonciation porte tout le mystère de la Rédemption

Fra Angelico - l’Annonciation et le mystère de la Rédemption (Adam et Eve) - musée du Prado
Fra Angelico – l’Annonciation et le mystère de la Rédemption (Adam et Eve) – musée du Prado

Si l’immaculée représente le type idéal de l’image divine dans l’humanité, ce type trouve sa réalisation sensible dans la Vierge de l’Annonciation. L’humble Fiat par lequel elle répond à l’Ange porte tout le mystère de la Rédemption. Car l’homme n’a rien à offrir à Dieu pour son propre rachat, si ce n’est la disponibilité d’un don de soi sans conditions.

Le rôle de la femme dans la conception est passif. La philosophie antique voyait dans cette passivité le symbole du négatif pur; mais l’ordre chrétien de la grâce fait de la conception un acte positif et efficace : ramassé dans une brève formule, le dogme marial nous livre le secret de la coopération de la créature à sa Rédemption.

Le Fiat de la Vierge révèle donc la spécificité de l’élément religieux; mais en même temps, puisque c’est une offrande de soi, il révèle la spécificité de la femme; il donne ainsi, en définitive, l’idée universelle de ce que peut être l’intégration du religieux dans l’humanité.

Marie n’est donc pas seulement l’objet d’un culte religieux, elle est elle-même cet élément religieux qui rend un culte à Dieu, la puissance d’offrande du monde sous l’aspect nuptial d’une femme. La litanie de Lorette ne dit pas autre chose, lorsque, dans ses invocations aussi riches de poésie que de vérité dogmatique, elle qualifie Marie d’«étoile du matin»:

l’étoile du matin précède le soleil pour s’abîmer en lui. Le divin Fils sur le sein de Marie, s’il attire nos regards sur elle, c’est qu’il répand sur elle sa lumière. C’est dans ce rayonnement qu’elle est la « Mère de la Grâce»; c’est en lui seulement qu’elle est aussi la «Mère de la Croix» et la «Mère des Douleurs ».

La gloire du Fils l’illumine, son agonie l’enveloppe d’ombre: dans la douleur non plus elle n’existe pas pour elle- même, elle est donnée, elle est celle qui souffre avec le Fils. Compatissante, Marie est la Mère : la mère du Rédempteur, la mère de la Rédemption.

Gertrude von Le Fort

Nous en retrouvons l’essentiel dans la Médaille Miraculeuse. L’avers exprime l’Immaculée Conception,  à qui est faite l’Annonciation, qui reçoit et diffuse la grâce divine. L’envers exprime le mystère de la Rédemption avec la Croix, le M maternel et les deux Cœurs si proches, les douze étoiles ajoutées évoquant l’Église, creuset de ce mystère.

Texte présenté par l’Association de la Médaille Miraculeuse

Moïse, un modèle de transmission entre générations

Moïse, un modèle de transmission entre générations

Le Pape François, au cours de l’Audience générale de ce 23 mars, a dispensé sa 4e catéchèse sur le thème de la vieillesse. A partir du récit de la mort de Moïse, le Saint-Père a invité tous les chrétiens à méditer sur l’expérience de foi du Patriarche, qu’il a transmise à l’Église en héritage. A son image, les personnes âgées sont aujourd’hui des relais de foi pour les jeunes générations.

 

PAPE FRANÇOIS

AUDIENCE GÉNÉRALE

Salle Paul VI
Mercredi 23 mars 2022

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Catéchèse sur la vieillesse – 4. L’adieu et l’héritage : mémoire et témoignage 

Résumé :

Chers frères et sœurs,

dans la Bible, le testament spirituel de Moïse, encore appelé « Cantique de Moïse », est une belle profession de foi. Il transmet l’histoire que le peuple a vécue avec Dieu, y compris ses amertumes et ses désillusions. C’est la vieillesse qui lui donne cette lucidité, elle est un don précieux pour la génération future.

Cette transmission personnelle et directe de la foi vécue est irremplaçable et, aujourd’hui, elle manque beaucoup aux nouvelles générations. Souvent, la transmission de la foi est privée de la passion de l’expérience vécue. La connaissance de l’Église, qui naît de l’écoute et du témoignage de l’histoire de la communauté ecclésiale fait souvent défaut dans la catéchèse.

Ce récit de l’histoire de foi devrait être comme le Cantique de Moïse, comme le témoignage des Évangiles et des Actes des Apôtres, c’est-à-dire un récit capable de rappeler avec émotion les bénédictions de Dieu, ainsi que nos manquements.

Il serait bien que les itinéraires de catéchèse prévoient l’écoute de l’expérience vécue des personnes âgées, la confession lucide des bénédictions qu’elles ont reçues de Dieu. Les personnes âgées entrent dans la terre promise, que Dieu désire pour chaque génération, lorsqu’elles offrent aux jeunes la belle initiation de leur témoignage.

Catéchèse

Chers frères et sœurs, bonjour! Dans la bible, le récit de la mort du vieux Moïse est précédé de son testament spirituel, appelé « Cantique de Moïse ». Ce Cantique est avant tout une belle confession de foi, et il dit ainsi : « Je veux proclamer le nom du Seigneur : / magnifie notre Dieu ! / Il est le Rocher : parfaites sont ses œuvres, / justes toutes ses voies ; / c’est un Dieu fidèle sans malice, il est juste et droit » (Dt 32,3-4).

Mais c’est aussi la mémoire de l’histoire vécue avec Dieu, des aventures du peuple qui s’est formé à partir de la foi au Dieu d’Abraham, d’Isaac et de Jacob. Et donc Moïse se souvient aussi de l’amertume et des déceptions de Dieu lui-même : sa fidélité continuellement éprouvée par les infidélités de son peuple.

Le Dieu fidèle et la réponse du peuple infidèle : comme si le peuple voulait mettre à l’épreuve la fidélité de Dieu, qui reste toujours fidèle, proche de son peuple. C’est précisément le cœur du Cantique de Moïse : la fidélité de Dieu qui nous accompagne tout au long de notre vie.

*

Lorsque Moïse fait cette confession de foi, il est sur le seuil de la terre promise, et aussi de son adieu à la vie. Il avait cent vingt ans, note le récit, « mais ses yeux ne s’éteignaient pas » (Dt 34,7). Cette capacité de voir, de voir vraiment aussi de voir symboliquement, comme l’ont les personnes âgées, qui savent voir les choses, le sens le plus enraciné des choses.

La vitalité de son regard est un don précieux : elle lui permet de transmettre l’héritage de sa longue expérience de vie et de foi, avec la clarté nécessaire. Moïse voit l’histoire et transmet l’histoire ; les anciens voient l’histoire et transmettent l’histoire.

*

Une vieillesse à qui cette lucidité est accordée est un don précieux pour la génération suivante. L’écoute personnelle et directe du récit d’une histoire de foi vécue, avec tous ses hauts et ses bas, est irremplaçable. Le lire dans des livres, le regarder dans des films, le consulter sur internet, aussi utile soit-il, ne sera plus jamais pareil.

Cette transmission – qui est la vraie tradition, la transmission concrète des vieux aux jeunes ! – cette transmission fait cruellement défaut aujourd’hui, et de plus en plus, aux nouvelles générations. Pourquoi? Parce que cette nouvelle civilisation a l’idée que l’ancien est un déchet, l’ancien doit être jeté. C’est de la brutalité ! Non, ce n’est pas comme ça.

L’histoire directe, de personne à personne, a des tonalités et des modes de communication qu’aucun autre moyen ne peut remplacer. Un vieil homme qui a vécu longtemps, et qui reçoit le don d’un témoignage lucide et passionné de son histoire, est une bénédiction irremplaçable. Sommes-nous capables de reconnaître et d’honorer ce don des personnes âgées ?

La transmission de la foi – et du sens de la vie – suit-elle cette voie d’écoute des personnes âgées aujourd’hui ? Je peux donner un témoignage personnel. J’ai appris la haine et la colère à la guerre de mon grand-père qui avait combattu sur la Piave en 1914 : il m’a transmis cette colère à la guerre. Parce qu’il m’a raconté les souffrances d’une guerre.

Et cela ne s’apprend ni dans les livres ni d’aucune autre manière, cela s’apprend de cette manière, en le transmettant des grands-parents aux petits-enfants. Et cela est irremplaçable. La transmission de l’expérience de vie des grands-parents aux petits-enfants.

Aujourd’hui ce n’est malheureusement plus le cas et on pense que les grands-parents sont des déchets : non ! Ils sont la mémoire vivante d’un peuple et les jeunes et les enfants doivent écouter leurs grands-parents.

*

Dans notre culture, si « politiquement correcte », ce chemin apparaît entravé de bien des manières : dans la famille, dans la société, dans la communauté chrétienne elle-même. Quelqu’un propose même d’abolir l’enseignement de l’histoire, comme information superflue sur des mondes qui ne sont plus d’actualité, ce qui enlève des ressources à la connaissance du présent. Comme si nous étions nés hier !

La transmission de la foi, en revanche, manque souvent de la passion d’une « histoire vécue ». Transmettre la foi, ce n’est pas dire des choses « bla-bla-bla ». Cela signifie l’expérience de la foi. Et puis cela peut-il difficilement inciter les gens à choisir l’amour pour toujours, la fidélité à la parole donnée, la persévérance dans le dévouement, la compassion pour les visages blessés et abattus ?

Bien sûr, les histoires de vie doivent être transformées en témoignage, et le témoignage doit être fidèle. L’idéologie qui plie l’histoire à ses propres modèles n’est certainement pas juste ; la propagande, qui adapte l’histoire à la promotion de son groupe, n’est pas juste ; il n’est pas juste de faire de l’histoire un tribunal où tout le passé est condamné et tout l’avenir découragé.

Être juste, c’est raconter l’histoire telle qu’elle est, et seuls ceux qui l’ont vécue peuvent bien la raconter. C’est pourquoi il est très important d’écouter les personnes âgées, d’écouter les grands-parents, il est important que les enfants leur parlent.

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Les évangiles eux-mêmes racontent honnêtement l’histoire bénie de Jésus sans cacher les erreurs, les malentendus et même les trahisons des disciples. C’est l’histoire, c’est la vérité, c’est le témoignage. C’est le don de mémoire que les « anciens » de l’Église transmettent, depuis le tout début, en le transmettant « de main en main » à la génération suivante.

Cela nous fera du bien de nous demander : combien valorisons-nous cette manière de transmettre la foi, de passer le relais entre les anciens de la communauté et les jeunes ouverts sur l’avenir ? Et ici, je me souviens de quelque chose que j’ai dite à plusieurs reprises, mais que je voudrais répéter. Comment la foi est-elle transmise ? « Ah, voici un livre, étudiez-le »: non.

Ainsi la foi ne se transmet pas. La foi se transmet en dialecte, c’est-à-dire en langage familier, entre grands-parents et petits-enfants, entre parents et petits-enfants. La foi est toujours transmise en dialecte, dans ce dialecte familier et expérientiel appris au fil des années. C’est pourquoi le dialogue dans une famille est si important, le dialogue des enfants avec les grands-parents qui sont ceux qui ont la sagesse de la foi.

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Parfois, il m’arrive de réfléchir à cette étrange anomalie. Aujourd’hui, le catéchisme d’initiation chrétienne puise généreusement dans la Parole de Dieu et transmet des informations précises sur les dogmes, sur la morale de la foi et sur les sacrements.

Souvent, cependant, il y a un manque de connaissance de l’Église qui découle de l’écoute et du témoignage de la véritable histoire de la foi et de la vie de la communauté ecclésiale, depuis les origines jusqu’à nos jours. En tant qu’enfants, nous apprenons la Parole de Dieu dans les salles de catéchisme; mais l’Église est « apprise » en tant que jeunes, dans les salles de classe et dans les médias mondiaux d’information.

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La narration de l’histoire de la foi doit être comme le Cantique de Moïse, comme le témoignage des Évangiles et des Actes des Apôtres. C’est-à-dire une histoire capable d’évoquer les bienfaits de Dieu avec émotion et nos manquements avec loyauté.

Ce serait bien s’il y avait, dès le début, dans les itinéraires catéchétiques, aussi l’habitude d’entendre, à partir de l’expérience vécue des personnes âgées, la confession lucide des bénédictions reçues de Dieu, que nous devons garder, et le témoignage fidèle de nos échecs, fidélité, que nous devons réparer et corriger.

Les personnes âgées entrent dans la terre promise, que Dieu désire pour chaque génération, lorsqu’elles offrent aux jeunes la belle initiation de leur témoignage et transmettent l’histoire de la foi, la foi en dialecte, ce dialecte familier, ce dialecte qui passe des vieux aux jeunes .

Puis, guidés par le Seigneur Jésus, les personnes âgées et les jeunes entrent ensemble dans son Royaume de vie et d’amour. Mais tous ensemble. Chacun dans la famille, avec ce grand trésor qu’est la foi transmise en dialecte.

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Salutations

Je salue cordialement les personnes de langue française, en particulier le « Mouvement International d’Apostolat des Milieux Sociaux Indépendants », les pèlerins venus de Suisse, les jeunes venus de France et les Frères du Sacré Cœur. Frères et sœurs, apprenons à découvrir en chaque personne âgée un don de Dieu et une source de sagesse. Mettons-nous avec amour à leur écoute afin d’acquérir la connaissance et l’expérience nécessaires pour faire face aux défis actuels. Sur chacun, j’invoque la Bénédiction de Dieu.

Je salue les pèlerins et visiteurs anglophones qui participent à l’Audience d’aujourd’hui, en particulier les groupes d’Angleterre, du Danemark, des Pays-Bas, de Norvège et des États-Unis d’Amérique. Que notre chemin de Carême nous amène à célébrer Pâques avec des cœurs purifiés et renouvelés par la grâce de l’Esprit Saint. Sur chacun de vous et sur vos familles, j’invoque la joie et la paix dans le Christ notre Rédempteur.

Je salue chaleureusement les pèlerins de langue allemande. Dans la prière, nous tournons notre regard vers le Crucifix. En lui nous reconnaissons l’amour et la tendresse de Dieu, nous avons été guéris par ses blessures. Bon chemin de Carême.

Je salue cordialement les fidèles hispanophones, en particulier le groupe de pèlerins colombiens « Sur les chemins de Marie ». A l’exemple de Moïse et de la Vierge Marie, demandons au Seigneur que notre vie soit un chant de louange pour les merveilles qu’il fait en nous. Et que ce Magnificat soit un témoignage joyeux et un souvenir reconnaissant qui transmette le flambeau de la foi aux nouvelles générations. Que Dieu vous bénisse. Merci beaucoup.

Chers pèlerins lusophones ! Je vous invite à vous joindre à moi et à mes frères évêques dans l’acte de consécration au Cœur Immaculé de Marie, le 25 mars prochain, en demandant avec confiance au Seigneur, par l’intercession de Notre-Dame de Fátima, le don de la paix. Que Dieu vous bénisse!

Je salue les fidèles arabophones. Le dialogue entre les personnes âgées et les jeunes nous permet aussi de préserver et de transmettre les dons de Dieu. Nous regardons les nouvelles générations, dans la conscience qu’elles hériteront non seulement d’un bien, d’une culture et d’une tradition, mais aussi des fruits vivants de la foi qui sont les bénédictions de Dieu sur cette terre. Que le Seigneur vous bénisse tous et vous protège toujours de tout mal !

Je salue cordialement les pèlerins polonais. Cette année, sur le chemin de la pénitence du Carême, nous jeûnons et demandons la paix à Dieu, bouleversés par la guerre en cours en Ukraine. En Pologne, vous en êtes témoins en accueillant des réfugiés et en écoutant leurs histoires.

Alors que nous nous préparons à vivre une journée spéciale de prière en la solennité de l’Annonciation du Seigneur, nous demandons à la Mère de Dieu d’élever le cœur de nos frères et sœurs affligés par la cruauté de la guerre. Que l’acte de consécration des peuples à son Cœur Immaculé apporte la paix dans le monde entier. Je vous bénis de tout mon cœur.

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APPEL

Je voudrais prendre une minute pour me souvenir des victimes de la guerre. Les nouvelles des déplacés, des personnes en fuite, des morts, des blessés, de tant de soldats tombés des deux côtés, sont des nouvelles de la mort. Nous demandons au Seigneur de la vie de nous libérer de cette mort de guerre. Avec la guerre, tout est perdu, tout. Il n’y a pas de victoire dans une guerre : tout est vaincu.

Que le Seigneur envoie son Esprit afin qu’il nous fasse comprendre que la guerre est une défaite de l’humanité, comprenons que la guerre doit plutôt être vaincue. L’Esprit du Seigneur nous libère tous de ce besoin d’autodestruction, qui se manifeste dans la guerre.

Nous prions également pour que les dirigeants comprennent que l’achat d’armes et la fabrication d’armes ne sont pas la solution au problème. La solution est de travailler ensemble pour la paix et, comme le dit la Bible, de faire des armes des instruments de paix. Prions ensemble Notre-Dame : Je vous salue Marie…

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Je souhaite une cordiale bienvenue aux pèlerins de langue italienne. En particulier, je salue les fidèles de Biella qui, accompagnés de leur évêque, commémorent le 250e anniversaire de la fondation du diocèse. Ces Biellais [il le dit en dialecte], ce n’est pas facile de les comprendre : ils disent qu’il faut sept ans et sept mois pour les comprendre, et puis au final ils ne se comprennent jamais ! Bienvenue, Biella !

Je salue ensuite les Sœurs de la Providence pour les enfants abandonnés, les diacres de l’Archidiocèse de Milan, la Fédération Italienne des Cuisiniers – vous voyez que vous êtes cuisiniers -, le troisième groupe d’âge « Vivre ensemble » de Catane.

Enfin, comme d’habitude, mes pensées vont aux personnes âgées, aux malades, aux jeunes et aux jeunes mariés. Que la solennité de l’Annonciation, que nous célébrerons après-demain, soit une invitation pour chacun de nous à suivre l’exemple de la Mère de Dieu et se traduit par une généreuse disponibilité à l’appel du Père qui exhorte chacun à être un levain pour l’édification d’une société juste et solidaire.

A tous, ma bénédiction !


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Texte traduit et présenté par l’Association de la Médaille Miraculeuse

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