Jésus nous enseigne la logique de la proximité

A l’Angélus, le Pape rappelle la page de l’Évangile sur le jugement final qui « sera sur l’amour, non sur le sentiment« : nous serons « jugés sur les œuvres, sur la compassion qui devient proximité et aide bienveillante. »

PAPE FRANÇOIS

ANGÉLUS

Place Saint Pierre
Dimanche, 22 novembre 2020

Chers frères et sœurs, bonjour!

Aujourd’hui, nous célébrons la solennité de Notre Seigneur Jésus-Christ, Roi de l’univers, qui clôture l’année liturgique, la grande parabole dans laquelle se déroule le mystère du Christ: toute l’année liturgique. Il est l’Alpha et l’Oméga, le début et l’accomplissement de l’histoire; et la liturgie d’aujourd’hui se concentre sur «l’oméga», c’est-à-dire sur le but final.

Le sens de l’histoire peut être compris en gardant son apogée devant les yeux: la fin est aussi la fin. Et c’est précisément ce que fait Matthieu, dans l’Évangile de ce dimanche (25, 31-46), plaçant le discours de Jésus sur le jugement universel à la fin de sa vie terrestre: celui que les hommes vont condamner est en réalité le juge suprême.

Dans sa mort et sa résurrection, Jésus se montrera le Seigneur de l’histoire, le roi de l’univers, le juge de tous. Mais le paradoxe chrétien est que le juge n’a pas une royauté effrayante, mais est un pasteur plein de douceur et de miséricorde.

En fait, dans cette parabole du jugement final, Jésus utilise l’image du berger. Il reprend les images du prophète Ézéchiel, qui avait parlé de l’intervention de Dieu en faveur du peuple, contre les mauvais bergers d’Israël (cf. 34: 1-10).

Ceux-ci avaient été cruels, exploiteurs, préférant se nourrir eux-mêmes plutôt que le troupeau; c’est pourquoi Dieu lui-même promet de prendre personnellement soin de son troupeau, le défendant des injustices et des abus. Cette promesse de Dieu pour son peuple s’est pleinement réalisée en Jésus-Christ, le berger: lui-même est le bon berger. Lui-même dit aussi de lui-même: «Je suis le bon berger» (Jn 10,11,14).

Dans le passage de l’Évangile d’aujourd’hui, Jésus s’identifie non seulement avec le roi-berger, mais aussi avec la brebis perdue. On pourrait parler d’une «double identité»: le roi-berger, Jésus, s’identifie aussi aux brebis, c’est-à-dire aux frères les plus petits et les plus nécessiteux.

Et il indique ainsi le critère du jugement: il sera pris sur la base de l’amour concret donné ou refusé à ces personnes, car lui-même, le juge, est présent en chacun d’eux. Il est juge, Il est Dieu-homme, mais Il est aussi le pauvre, Il est caché, Il est présent dans la personne du pauvre qu’Il mentionne juste là.

Jésus dit: « En vérité, je vous le dis, tout ce que vous avez fait (ou n’avez pas fait) à l’un de ces plus petits de mes frères, vous me l’avez fait (ou ne me l »avez pas fait) » (vv. 40.45) . Nous serons jugés sur l’amour. Le jugement sera sur l’amour. Pas sur le sentiment, non: nous serons jugés sur les œuvres, sur la compassion qui devient proximité et aide bienveillante.

Est-ce que je m’approche de Jésus présent dans la personne des malades, des pauvres, des souffrants, des prisonniers, de ceux qui ont faim et soif de justice? Est-ce que je me rapproche de Jésus présent là-bas? C’est la question d’aujourd’hui.

Par conséquent, le Seigneur, à la fin du monde, passera en revue son troupeau, et il le fera non seulement du côté du berger, mais aussi du côté des brebis, avec lesquelles il s’est identifié. Et il nous demandera: « As-tu été un peu berger comme moi? ». «Avez-vous été mon pasteur, de moi qui étais présent dans ces gens qui étaient dans le besoin, ou étiez-vous indifférent?»

Frères et sœurs, méfions-nous de la logique de l’indifférence, de ce qui vient immédiatement à l’esprit: détourner le regard quand on voit un problème. Rappelons-nous la parabole du Bon Samaritain. Ce pauvre homme, blessé par des brigands, jeté à terre, entre la vie et la mort, était là seul. Un prêtre est passé, a vu et est parti, a regardé ailleurs. Un Lévite passa, vit et détourna les yeux.

Moi, devant mes frères et sœurs dans le besoin, suis-je aussi indifférent que ce prêtre, que ce lévite, et est-ce que je regarde ailleurs? Je serai jugé sur ceci: sur la façon dont j’ai approché, sur la façon dont j’ai regardé Jésus présent dans les nécessiteux.

C’est la logique, et je ne le dis pas, Jésus le dit: «Ce que vous avez fait à ceci, à ceci, à ceci, vous m’avez fait. Et ce que vous n’avez pas fait à celui-ci, à celui-la, vous ne me l’avez pas fait, parce que j’étais là ». Que Jésus nous enseigne cette logique, cette logique de proximité, de l’aborder, avec amour, dans la personne la plus souffrante.

Nous demandons à la Vierge Marie de nous apprendre à régner en servant. Notre Dame, élevée au Ciel, a reçu la couronne royale de son Fils, parce qu’elle l’a suivi fidèlement – elle est la première disciple – sur le chemin de l’Amour. Apprenons d’elle à entrer dans le Royaume de Dieu dès maintenant, par la porte d’un service humble et généreux. Et nous, ne rentrons chez nous qu’avec cette phrase: «J’étais présent là-bas. Merci! » ou: « Tu m’as oublié ».

Après l’angélus

Chers frères et sœurs!

Je voudrais adresser une pensée particulière aux populations de Campanie et de Basilicate, quarante ans après le tremblement de terre désastreux, qui a eu son épicentre en Irpinia et a semé la mort et la destruction. Quarante ans déjà! Cet événement dramatique, dont même les blessures matérielles ne sont pas encore complètement cicatrisées, a mis en évidence la générosité et la solidarité des Italiens.

Les nombreux jumelages entre les pays touchés par le séisme et ceux du nord et du centre, dont les liens existent toujours, en témoignent. Ces initiatives ont favorisé le chemin difficile de la reconstruction et, surtout, la fraternité entre les différentes communautés de la péninsule.

Je vous salue tous, Romains et pèlerins, qui, malgré les difficultés actuelles et toujours dans le respect des règles, êtes venus sur la place Saint-Pierre. Un salut particulier aux familles, qui luttent davantage pendant cette période.

Sur ce, pensez à de nombreuses familles qui sont en difficulté en ce moment, parce qu’elles n’ont pas de travail, ont perdu leur emploi, ont un, deux enfants…; et parfois, avec un peu de honte, ils ne le font pas savoir. Mais c’est vous qui allez chercher là où il y a un besoin. Où est Jésus, où est Jésus dans le besoin. Faites ça!

Je souhaite à tous un bon dimanche. Et n’oubliez pas de prier pour moi. Bon déjeuner et au revoir!

Foi, espérance et charité sont comme trois étoiles

Ephésiens 4, 1-6
Moi qui suis en prison à cause du Seigneur, je vous exhorte donc à vous conduire d’une manière digne de votre vocation : ayez beaucoup d’humilité, de douceur et de patience, supportez-vous les uns les autres avec amour ; ayez soin de garder l’unité dans l’Esprit par le lien de la paix. Comme votre vocation vous a tous appelés à une seule espérance, de même il y a un seul Corps et un seul Esprit. Il y a un seul Seigneur, une seule foi, un seul baptême, un seul Dieu et Père de tous, au-dessus de tous, par tous, et en tous.

Foi, espérance, charité... et eucharistie
Foi, espérance, charité… et eucharistie

1. La foi, l’espérance et la charité sont comme trois étoiles qui brillent dans le ciel de notre vie spirituelle pour nous guider vers Dieu.

Elles sont, par excellence, les vertus « théologales »:  elles nous mettent en communion avec Dieu et nous conduisent à Lui. Elles composent un tryptique dont le sommet est la charité, l’agape, chantée de façon remarquable par Paul dans un hymne de la première Épître aux Corinthiens:  « Maintenant donc demeurent foi, espérance, charité, ces trois choses, mais la plus grande d’entre elles, c’est la charité » (13, 13).

Dans la mesure où elles animent les disciples du Christ, les trois vertus théologales les poussent à l’unité, selon l’indication des paroles pauliniennes que nous avons écoutées en ouverture:  « Il n’y a qu’un Corps […] un seul Seigneur, une seule foi […], un seul Dieu et Père » ( Ep 4, 4-6).

En continuant à réfléchir sur la perspective œcuménique abordée dans la précédente catéchèse, nous voulons aujourd’hui approfondir le  rôle des vertus théologales sur le chemin  qui conduit à la pleine communion avec Dieu Trinité et avec nos frères.

2. Dans le passage mentionné de l’Épitre aux Éphésiens, l’Apôtre Paul exalte tout d’abord l’unité de la foi. Cette unité a sa source dans la Parole de Dieu, que toute les Églises et Communautés ecclésiales considèrent comme une lumière pour leur propres pas sur le chemin de leur histoire (cf. Ps 119, 105).

Ensemble, les Églises et Communautés ecclésiales professent la foi en « un seul Seigneur », Jésus-Christ vrai Dieu et vrai homme, et en « un seul Dieu et Père de tous » (Ep 4, 5.6). Cette unité fondamentale, en même temps que celle constituée par l’unique baptême, ressort clairement des multiples documents du dialogue œcuménique, même lorsque demeurent, sur un point ou sur un autre, des motifs de réserve.

C’est ainsi que l’on lit, par exemple, dans un document du Conseil œcuménique des Églises:  « Les chrétiens croient que l’unique « vrai Dieu », qui s’est fait connaître à Israël, s’est révélé de façon suprême en « celui qu’il a envoyé », Jésus-Christ (Jn 17, 3); qu’en Christ, Dieu a réconcilié le monde avec lui (2 Co 5, 19) et que, à travers son Esprit Saint, Dieu apporte une vie nouvelle et éternelle à tous ceux qui, à travers le Christ, se remettent à lui » (CEC, Confesser une seule foi, 1992, n. 6).

Toutes ensemble, les Églises et Communautés ecclésiales font référence aux antiques Symboles de la foi et aux définitions des premiers Conciles œcuméniques. Cependant, demeurent certaines divergences doctrinales qu’il faut surmonter, afin que le chemin de l’unité de la foi parvienne à la plénitude indiquée par la promesse du Christ:  « Elles écouteront ma voix; et il y aura un seul  troupeau,  un  seul  pasteur »  (Jn 10, 16).

3. Paul, dans le texte de l’Épître aux Éphésiens que nous avons choisi comme emblème de notre rencontre, parle également d’une seule espérance à laquelle nous avons été appelés (cf. 4, 4). Il s’agit d’une espérance qui s’exprime dans l’engagement commun, à travers la prière et une cohérence de vie active, pour l’avènement du Royaume de Dieu.

Au sein de ce vaste horizon, le mouvement œcuménique s’est orienté vers des buts fondamentaux qui se mêlent entre eux, comme objectifs d’une unique espérance:  l’unité de l’Église, l’évangélisation du monde, la libération et la paix dans la communauté humaine. Le chemin œcuménique a également tiré profit du dialogue avec les espérances terrestres et humanistes de notre temps, et également avec l’espérance cachée, apparemment vaincue, des « sans espérance ».

Face à ces multiples expressions de l’espérance de notre époque, les chrétiens, bien que connaissant des tensions entre eux et éprouvés par la division, ont été poussés à découvrir et à témoigner « une raison commune d’espérance » (CEC, Commission « Faith and Order » Sharing in One Hope, Bangalore 1978), en reconnaissant dans le Christ le fondement indestructible.

Un poète français a écrit:  « Espérer est une chose difficile… se désespérer est ce qui est facile et c’est la grande tentation » (Charles Péguy, Le portique des mystères de la seconde vertu, éd. de la Pléiade, p. 538). Mais, pour nous chrétiens, demeure toujours valable l’exhortation de saint Pierre à rendre raison de l’espérance qui est en nous (cf. 1 P 3, 15).

4. Au sommet des trois vertus théologales se trouve l’amour, que Paul compare presque à un lien en or qui rassemble en parfaite harmonie toute la communauté chrétienne:  « Et puis, par dessus tout, la charité, en laquelle se noue la perfection » (Col 3, 14). Le Christ, dans la prière solennelle pour l’unité des disciples, en révèle le substrat théologique profond:  « Que l’amour dont tu m’as aimé (ô Père) soit en eux et moi en eux » (Jn 17, 26).

C’est précisément cet amour, accueilli et cultivé, qui compose en un unique corps l’Église, comme nous l’indique encore Paul:  « Mais, vivant selon la vérité et dans la charité, nous grandirons de toutes manières vers Celui qui est la Tête, le Christ, dont le corps tout entier reçoit concorde et cohésion par toutes sortes de jointures qui le nourrissent et l’actionnent selon le rôle de chaque partie, opérant ainsi sa croissance et se construisant lui-même, dans la charité » (Ep 4, 15-16).

5. L’objectif de la charité et, dans le même temps, sa source intarissable, est l’Eucharistie, communion avec le corps et le sang du Seigneur, anticipation de l’intimité parfaite avec Dieu. Malheureusement, comme je l’ai rappelé dans les précédentes catéchèses, dans les relations entre les chrétiens divisés, « à cause des divergences dans la foi, il n’est pas encore possible de concélébrer la même liturgie eucharistique.

Nous aussi, nous avons le désir ardent de célébrer ensemble l’unique Eucharistie du Seigneur, et ce désir devient déjà une louange commune et même une imploration. Ensemble, nous nous tournons vers le Père et nous le faisons toujours plus « d’un seul cœur » » (Ut unum sint, n. 45).

Le Concile nous a rappelé que « ce projet sacré, la réconciliation de tous les chrétiens dans l’unité d’une seule et unique Église du Christ, dépasse les forces et les capacités humaines ». Nous devons donc placer toute notre espérance « dans la prière du Christ pour l’Eglise, dans l’amour du Père à notre égard, et dans la puissance du Saint Esprit » (Unitatis redintegratio, n. 24).

* * *

Chers Frères et Sœurs, 

Sur le chemin qui conduit à la communion avec Dieu et avec nos frères, trois étoiles brillent dans le ciel de notre vie spirituelle : la foi, l’espérance et la charité. Ces vertus théologales poussent les chrétiens vers l’unité tant désirée : “Un seul corps, […] un seul Seigneur, un seul Dieu et Père de tous” (Ep 4, 4-6).

Les Églises et Communautés ecclésiales professent la foi au Christ, vrai Dieu et vrai homme, se référant aux symboles antiques et aux définitions des premiers Conciles, comme cela apparaît dans les documents œcuméniques. Bien qu’il demeure des divergences doctrinales à dépasser, les chrétiens sont appelés à rendre compte de l’espérance qui est en eux.

Animés par la charité “en laquelle se noue la perfection” (Col 3,14), les fidèles du Christ aspirent à l’unité pour laquelle Jésus a prié. C’est dans l’Eucharistie que se trouve la source de la charité : nous ne pouvons pas encore la célébrer ensemble, mais nous plaçons notre espérance “dans la prière du Christ pour l’Église, dans l’amour du Père envers nous, dans la puissance du Saint-Esprit” (Unitatis Redintegratio, n.24).

JEAN-PAUL II AUDIENCE GÉNÉRALE mercredi 22 novembre 2000

© Copyright 2000 – Libreria Editrice Vaticana

Catéchèse – 15. La Vierge Marie, femme de prière

Catéchèse – 15. La Vierge Marie, femme de prière

Ce mercredi 18 novembre, depuis la bibliothèque Palais apostolique, le Pape a poursuivi son cycle de catéchèses sur la prière lors de l’audience générale. Il s’est arrêté aujourd’hui sur la femme de prière qu’est la Vierge Marie. Suivant son exemple, le pape François invite, dans la prière, à se mettre dans une attitude de disponibilité, avec un cœur ouvert à la volonté de Dieu, en ne dirigeant pas sa vie de manière autonome mais en la remettant entre les mains du Seigneur.

PAPE FRANÇOIS

AUDIENCE GÉNÉRALE

Bibliothèque du palais apostolique
Mercredi 18 novembre 2020


Chers frères et sœurs, bonjour!

Dans notre chemin de catéchèse sur la prière, nous rencontrons aujourd’hui la Vierge Marie, comme femme de prière. La Vierge priait. Quand le monde l’ignore encore, quand elle est encore une simple jeune fille fiancée à un homme de la maison de David, Marie prie. Nous pouvons imaginer la jeune fille de Nazareth recueillie en silence, en dialogue permanent avec Dieu, qui bientôt devait lui confier sa mission.

Elle est déjà pleine de grâce et immaculée depuis sa conception, mais elle ne sait encore rien de sa vocation surprenante et extraordinaire et de la mer en tempête qu’elle devra sillonner. Une chose est certaine: Marie appartient au grand groupe de ces humbles de cœur que les historiens officiels n’insèrent pas dans leurs livres, mais avec lesquels Dieu a préparé la venue de son Fils.

Marie ne dirige pas sa vie de façon autonome: elle attend que Dieu prenne les rênes de son chemin et la guide où Il veut. Elle est docile, et avec cette disponibilité elle prédispose les grands événements auxquels Dieu participe dans le monde. Le Catéchisme nous rappelle sa présence constante et attentive dans le dessein bienveillant du Père et tout au long de la vie de Jésus (cf. CEC, nn. 2617-2618).

Marie est en prière, quand l’archange Gabriel vient lui apporter l’annonce à Nazareth. Son “Me voici”, petit et immense, qui à ce moment-là fait sursauter de joie la création tout entière, avait été précédé dans l’histoire du salut par tant d’autres “me voici”, par tant d’obéissances confiantes, par tant de disponibilités à la volonté de Dieu.

Il n’y a pas de meilleure manière de prier que de se mettre, comme Marie, dans une attitude d’ouverture, de cœur ouvert à Dieu: “Seigneur, ce que Tu veux, quand Tu veux et comme Tu veux ”. C’est-à-dire le cœur ouvert à la volonté de Dieu. Et Dieu répond toujours. Combien de croyants vivent ainsi leur prière!

Ceux qui sont les plus humbles de cœur prient ainsi: avec l’humilité essentielle, disons-le ainsi; avec une humilité simple: «Seigneur, ce que Tu veux, quand Tu veux et comme Tu veux». Et ces derniers prient ainsi, en ne se mettant pas en colère parce que les journées sont pleines de problèmes, mais en allant vers la réalité et en sachant que dans l’amour humble, dans l’amour offert dans chaque situation, nous devenons des instruments de la grâce de Dieu.

Seigneur, ce que Tu veux, quand Tu veux et comme Tu veux. Une prière simple, mais c’est mettre notre vie entre les mains du Seigneur: que ce soit Lui qui nous guide. Nous pouvons tous prier ainsi, presque sans mots.

La prière sait adoucir l’inquiétude: mais, nous sommes inquiets, nous voulons toujours les choses avant de les demander et nous les voulons tout de suite. Cette inquiétude nous fait mal, et la prière sait adoucir l’inquiétude, elle sait la transformer en disponibilité. Quand je suis inquiet, je prie et la prière ouvre mon cœur et me rend disponible à la volonté de Dieu.

La Vierge Marie, en ces quelques instants de l’Annonciation, a su repousser la peur, tout en ayant le présage que son “oui” lui aurait procuré des épreuves très dures. Si, dans la prière, nous comprenons que chaque jour donné à Dieu est un appel, alors nous élargissons notre cœur et nous accueillons tout. On apprend à dire: “Ce que Tu veux Seigneur. Promets-moi que tu seras présent à chaque pas de mon chemin”.

Cela est important : demander sa présence au Seigneur à chaque pas de notre chemin : qu’il ne nous laisse pas seuls, qu’il ne nous abandonne pas dans la tentation, qu’il ne nous abandonne pas dans les mauvais moments. Le final du Notre Père est ainsi : la grâce que Jésus lui-même nous a enseignée à demander au Seigneur.

Marie accompagne en prière toute la vie de Jésus, jusqu’à la mort et à la résurrection; et, à la fin elle continue, et elle accompagne les premiers pas de l’Église naissante (cf. Ac 1,14). Marie prie avec les disciples qui ont traversé le scandale de la croix. Elle prie avec Pierre, qui a cédé à la peur et a pleuré de remords. Marie est là, avec les disciples, parmi les hommes et les femmes que son Fils a appelés pour former sa communauté.

Marie ne joue pas le rôle d’un prêtre parmi eux, non ! Elle est la mère de Jésus qui prie avec eux, en communauté, comme une personne de la communauté.  Elle prie avec eux et elle prie pour eux. Et, à nouveau, sa prière précède l’avenir qui va se réaliser: par l’œuvre de l’Esprit Saint, elle est devenue la Mère de Dieu, et par l’œuvre de l’Esprit Saint, elle devient la Mère de l’Église.

En priant avec l’Église naissante, elle devient la Mère de l’Église , elle accompagne les disciples dans les premiers pas de l’Église dans la prière, en attendant l’Esprit Saint. En silence, toujours en silence. La prière de Marie est silencieuse. L’Évangile nous raconte seulement une prière de Marie: à Cana, quand elle demande à son Fils, pour ces pauvres gens qui allaient faire une mauvaise impression pendant cette fête.

Imaginons: faire une fête de mariage et la finir avec du lait parce qu’il n’y avait plus de vin ! Quelle mauvaise impression! Et Elle prie et demande à son Fils de résoudre ce problème. La présence de Marie est en elle-même une prière, et sa présence parmi les disciples au Cénacle, en attendant l’Esprit Saint, est en prière.

Ainsi, Marie fait naître l’Église, elle est la Mère de l’Église. Le Catéchisme explique: «Dans la foi de son humble servante le Don de Dieu – c’est-à-dire l’Esprit Saint – trouve l’accueil qu’il attendait depuis le commencement des temps.» (CEC, n. 2617).

Chez la Vierge Marie, l’intuition féminine naturelle est exaltée par son union très particulière avec Dieu dans la prière. C’est pourquoi, en lisant l’Évangile, nous remarquons qu’elle semble quelquefois disparaître, pour ensuite réaffleurer dans les moments cruciaux: Marie est ouverte à  la voix de Dieu qui guide son cœur, qui guide ses pas là où il y a besoin de sa présence.

Une présence silencieuse de mère et de disciple. Marie est présente parce qu’elle est Mère, mais elle est également présente parce qu’elle est la première disciple, celle qui a le mieux appris les choses de Jésus. Marie ne dit jamais: « Venez, je résoudrai les choses». Mais elle dit: «Faites ce qu’Il vous dira», toujours en indiquant Jésus du doigt. Cette attitude est typique du disciple, et elle est la première disciple: elle prie comme Mère et elle prie comme disciple.

«Quant à Marie, elle conservait avec soin tous ces souvenirs et les méditait en son cœur» (Lc 2,19). C’est ainsi que l’évangéliste Luc décrit la Mère du Seigneur dans l’Évangile de l’enfance. Tout ce qui arrive autour d’elle finit par avoir un reflet au plus profond de son cœur: les jours pleins de joie, comme les moments les plus sombres, quand elle aussi a du mal à comprendre par quelles routes doit passer la Rédemption.

Tout finit dans son cœur, pour être passé au crible de la prière et être transfiguré par celle-ci. Qu’il s’agisse des dons des Rois mages, ou bien de la fuite en Égypte, jusqu’à ce terrible vendredi de passion: la Mère conserve tout et porte tout dans son dialogue avec Dieu.

Certains ont comparé le cœur de Marie à une perle d’une splendeur incomparable, formée et polie par l’accueil patient de la volonté de Dieu à travers les mystères de Jésus médités en prière. Comme il serait beau que nous puissions nous aussi ressembler un peu à notre Mère! Avec le cœur ouvert à la parole de Dieu, avec le cœur silencieux, avec le cœur obéissant, avec le cœur qui sait recevoir la Parole de Dieu et qui la laisse grandir avec une semence du bien de l’Église.


Je suis heureux de saluer les personnes de langue française ! Le “oui” de la Vierge Marie, Mère de Dieu et Mère de l’Église, donne à sa prière une valeur incomparable. Demandons la grâce d’être comme elle des hommes et des femmes ouverts à Dieu, afin que le Christ, Roi de l’univers, soit accueilli dans nos cœurs et dans nos vies. A tous, je donne ma bénédiction !

Je salue cordialement les fidèles anglophones. En ce mois de novembre, nous continuons à prier pour les êtres chers qui nous ont quittés et pour tous les morts, afin que le Seigneur, dans sa miséricorde, les accueille dans le Royaume des Cieux. Sur vous et vos familles, j’invoque la joie et la paix du Seigneur Jésus-Christ. Que Dieu vous bénisse!

Avec affection, je salue les frères et sœurs germanophones. Dans la prière, nous voulons nous laisser guider par Marie et apprendre d’elle à nous mettre dans une attitude d’humilité, de disponibilité, d’ouverture à la volonté de Dieu: «Seigneur, ce que tu veux, quand tu veux et comme tu veux». Que Seigneur vous bénisse!

Je salue cordialement les fidèles hispanophones. Que le Seigneur, à l’imitation de la Vierge Marie et par son intercession, nous donne la grâce de comprendre dans la prière que chaque jour qu’il nous accorde est l’occasion d’accueillir la volonté du Père, de l’accomplir avec un cœur plein de l’amour de Dieu,et bien disposé au service des frères. Que le Seigneur vous bénisse tous.

J’adresse un salut cordial et affectueux aux auditeurs lusophones. De Notre Mère Bénie nous apprenons à apporter nos espoirs et nos joies, nos angoisses et nos inquiétudes au Seigneur dans la prière, enfin, tout ce que nous gardons dans nos cœurs. Dieu te bénisse !

Je salue les fidèles arabophones. En ce mois de novembre, nous continuons à prier pour nos proches décédés, afin que le Seigneur, dans sa miséricorde, les accueille au banquet céleste. Que le Seigneur vous bénisse tous et vous protège toujours de tout mal!

Je salue cordialement tous les Polonais. Aujourd’hui en Pologne se trouve la mémoire liturgique de la bienheureuse Karolina Kόzka, vierge et martyre. À seize ans, elle subit la mort en martyre pour défendre la vertu de chasteté. Avec son exemple, elle montre encore aujourd’hui, notamment aux jeunes, la valeur de la pureté, du respect du corps humain et de la dignité des femmes. Fiez-vous à son intercession pour qu’elle vous aide à témoigner avec courage des vertus chrétiennes et des valeurs évangéliques. Je vous bénis de tout mon cœur.

* * *

J’adresse un salut cordial aux fidèles italophones. Aujourd’hui, nous célébrons la dédicace de la basilique Saint-Pierre au Vatican et celle de Saint-Paul sur la Via Ostiense. Cette fête, qui met en lumière la signification de l’église, édifice sacré où se rassemblent les croyants, suscite en chacun de nous la conscience que chacun est appelé à être un temple vivant de Dieu.

Enfin, comme d’habitude, mes pensées vont aux personnes âgées, aux jeunes, aux malades et aux jeunes mariés. Je vous exhorte à aimer l’Église du Seigneur; coopérer avec générosité et enthousiasme à sa construction; vivre l’offrande de votre prière et de vos souffrances comme contribution précieuse à la construction de l’Église du Seigneur, demeure du Très-Haut parmi nous.


Résumé de la catéchèse du Saint-Père :

Frères et sœurs, dans notre méditation sur la prière, aujourd’hui nous rencontrons la Vierge Marie, comme femme de prière. Marie, la jeune fille de Nazareth, qui est en dialogue permanent avec Dieu, est pleine de grâce et immaculée dès sa conception. Avec docilité et disponibilité, elle prépare les grands évènements qui impliquent Dieu dans le monde. Son “Me voici”, petit et immense, fait tressaillir de joie la création tout entière.

Il n’y a pas de meilleure façon de prier que de se mettre comme Marie dans une attitude d’ouverture. La prière sait apaiser l’inquiétude, sait la transformer en disponibilité. Marie accompagne en prière toute la vie de Jésus, jusqu’à sa mort et sa résurrection ; et finalement elle accompagne les débuts de l’Église naissante. Sa prière précède l’avenir : par l’œuvre de l’Esprit Saint elle est devenue Mère de Dieu et Mère de l’Église.

Chez la Vierge Marie, l’intuition féminine naturelle est exaltée par son union très particulière avec Dieu dans la prière. C’est la voix de Dieu qui guide ses pas là où l’on a besoin de sa présence. Marie garde tout dans son cœur et apporte tout dans son dialogue avec Dieu. Le cœur de Marie pourrait être comparé à une perle d’une splendeur incomparable, formée et lissée par l’accueil patient de la volonté de Dieu à travers les mystères de Jésus médités en prière.


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