vers une reconstruction à l’identique de Notre-Dame de Paris

Notre-Dame de Paris : vers une reconstruction à l’identique

Notre-Dame de Paris début XIXe siècle
Notre-Dame de Paris début XIXe siècle

Après le terrible incendie du 15 avril 2019, une question avait agité le débat public en France : allait-on opter pour une reconstruction à l’identique de la cathédrale ou pour un «geste architectural contemporain», comme l’avait suggéré le président Emmanuel Macron? Aujourd’hui, la première proposition semble l’emporter.

 

Quinze mois après l’incendie qui a ému le monde entier, l’exécutif français a tranché: le joyau gothique sera reconstruit à l’identique. Dans la soirée du jeudi 9 juillet, après une réunion de la Commission nationale du patrimoine et de l’architecture (CNPA),  l’Élysée a déclaré qu’Emmanuel Macron avait «acquis la conviction» d’une reconstruction à l’identique de la flèche de Viollet-le-Duc qui surplombe la cathédrale.

La CNPA propose globalement une restauration de Notre-Dame et de sa flèche de la façon la plus proche de son état juste avant l’incendie survenu dans la soirée du 15 avril 2019. Peu après l’incendie, le chef de l’État avait  évoqué la possibilité d’un «geste architectural contemporain», stimulant l’imagination de nombreux architectes, avec parfois des orientations fantaisistes qui auraient d’une certaine façon désacralisé le monument.

Réouverture espérée en 2024 

Le recteur de Notre-Dame, Mgr Chauvet, précisait en juillet 2019 que l’ensemble de la reconstruction devrait respecter la structure du XIIe siècle, qui fort heureusement avait pu être préservée. «Je suis garant de la transmission de Notre-Dame.»

Repoussé en raison du confinement, le délicat démontage de l’échafaudage qui entoure Notre-Dame, déformé et soudé par la chaleur de l’incendie, sera achevé «au plus tard fin septembre», a assuré le général Georgelin, nommé pour superviser le chantier.

De ce démontage dépend le début de la restauration proprement dite de Notre-Dame. Emmanuel Macron prévoit toujours une reconstruction en cinq ans avec une réouverture en 2024.

Le lien particulier entre les Papes et Notre-Dame de Paris

La cathédrale meurtrie par l’incendie du 15 avril 2019 avait reçu plusieurs visites des Papes, qui avaient souligné son rôle de phare spirituel dans la culture européenne. Dans ses fondements même, la cathédrale Notre-Dame de Paris s’est construite dans un lien très concret avec le Papauté, puisque qu’en 1163, c’est le Pape Alexandre III en personne qui avait posé symboliquement la première pierre de l’édifice.

Six siècles, plus tard, la première visite d’un Pape dans l’édifice une fois construit s’inscrira dans un contexte historique beaucoup plus politique et quelque peu ambigu. En 1804, le Pape Pie VII est “invité” par Napoléon à célébrer le couronnement de l’empereur.

L’évêque de Rome, qui effectue alors une vaste tournée de plusieurs mois en France, se trouve quelque peu instrumentalisé par l’empereur, soucieux d’asseoir sa suprématie en Europe par le sceau du pouvoir spirituel.

Mais cette visite de Pie VII s’inscrit aussi dans une résurrection de la foi catholique en France, symbolisée par le retour au culte catholique, deux ans plus tôt, d’une cathédrale qui avait perdu sa sacralité durant les années de la Révolution française et avait été largement vandalisée.

Devenue “temple de la déesse Raison”, puis simple entrepôt, elle avait alors échappé toutefois à la démolition qui avait été envisagée par certains leaders révolutionnaires. Selon certains historiens, Robespierre avait en réalité fait le choix d’épargner cette cathédrale pour éviter une révolte des catholiques.

Un lien renforcé au XXe siècle

Après des décennies contrastées et mouvementées dans les relations entre la Papauté et les régimes successifs en France, il faudra attendre le XXe siècle pour voir le lien entre les Papes et Notre-Dame de Paris se matérialiser à nouveau. Deux ans avant son élection comme souverain pontife, le cardinal-Secrétaire d’État Eugenio Pacelli, futur Pie XII, y prononce un discours sur “la vocation de la France” le 13 juillet 1937, à la veille de la Fête nationale.

Saint Jean XXIII n’a pas eu le temps de venir en France en tant que souverain pontife, mais il avait été familier de Notre-Dame de Paris durant ses années de service comme nonce apostolique, de 1944 à 1953. Très francophile, saint Paul VI n’a pas non plus effectué de voyage apostolique en France mais il avait été marqué par de nombreuses visites dans la cathédrale parisienne dans ses jeunes années.

Il faudra donc finalement attendre saint Jean-Paul II pour le retour d’un Pape régnant à Notre-Dame-de-Paris, 176 ans après Pie VII. Le Pape polonais préside le 30 mai 1980 une messe dans la cathédrale et prononce cette prière devant la Vierge à l’enfant :

« Vierge Marie, au cœur de la Cité
Nous vous prions pour cette ville capitale.
Vous, l’Intacte, gardez-lui la pureté de la foi !

Vierge Marie, depuis ce bord de Seine,
Nous vous prions pour le pays de France.
Vous, Mère, enseignez-lui l’espérance !

Vierge Marie, en ce haut lieu de chrétienté,
Nous vous prions pour tous les peuples de la terre.
Vous, pleine de grâce, obtenez qu’ils soient un dans l’Amour. »

Voici un extrait de son homélie :
«Nous sommes ici dans un lieu sacré: Notre-Dame. Cette splendide construction, trésor de l’art gothique, vos aïeux l’ont consacrée à la Mère de Dieu. Ils l’ont consacrée à celle qui, parmi tous les êtres humains, a donné la réponse la plus parfaite à cette question: “Aimes-Tu? M’aimes-tu? Aimes-tu davantage? » Sa vie tout entière fut en effet une réponse parfaite, sans aucune erreur, à cette question. Il convenait donc que je commence dans un lieu consacré à Marie ma rencontre avec Paris et avec la France.»

trouver le visage de Jésus

Le Pape François a célébré, en petit comité du fait de la pandémie, ce mercredi matin en la chapelle de la Maison Sainte-Marthe une messe à l’occasion du septième anniversaire de sa visite sur l’île italienne de Lampedusa, symbole des migrations en Méditerranée depuis plusieurs années.

L'île de Lampedusa
L’île de Lampedusa

Dans son homélie, il a établi un parallèle entre le peuple d’Israël qui recherchait Dieu dans le désert et les hommes d’aujourd’hui qui peuvent trouver le visage de Dieu dans les plus faibles et les exclus.

Pandémie de Covid-19 oblige, le Pape a célébré cette messe anniversaire en présence des membres de la section «migrants et réfugiés» du Dicastère pour le Service du Développement humain intégral. Pas de migrants, cette fois, comme l’an passé, autour du Pape François pour commémorer une visite qui fut la première hors de Rome pour celui qui avait été élu Pape quelques mois auparavant.

En 2013, Lampedusa était perçue comme la «porte de l’Europe» pour des dizaines de milliers de personnes en quête d’une vie meilleure sur le Vieux Continent. Sept ans plus tard, si la situation sur place s’est améliorée et que les tentatives de traversées de la Méditerranée ont diminué, pas question pour le Pape d’oublier.

Il nous rappelle encore la nécessité de s’engager pour ne pas abandonner toutes ces personnes qui, au péril de leur vie, espèrent approcher des côtes européennes. Il rappelle à chacun que rechercher le visage de Dieu, c’est savoir le voir dans «le visage des pauvres, des malades, des abandonnés et des étrangers que Dieu met sur notre chemin.»

Les chrétiens comme Israël dans le désert

Dans son homélie, le Pape rappelle que «le visage de Dieu est notre but et aussi notre étoile polaire, qui nous permet de ne pas perdre le chemin». Or, les chrétiens d’aujourd’hui sont comme le peuple d’Israël dont parle le prophète Osée, dans la première lecture. Ils ne sont pas immunisés contre «la prospérité et l’abondante richesse» qui les ont éloignés du Seigneur et ont rempli leur cœur «de fausseté et d’injustice».

Le prophète exhorte donc à se convertir et «à tourner nos regards vers le Seigneur pour apercevoir sa face». Cette «recherche du visage de Dieu est motivée par un désir de rencontre personnelle avec le Seigneur, avec son immense amour et sa puissance salvifique». Comme les douze apôtres ont pu regarder Jésus dans les yeux, nous pouvons nous aussi, «disciples du troisième millénaire», le rencontrer aujourd’hui.

Le visage de Jésus est dans celui de l’étranger

«Cette rencontre devient aussi pour nous un temps de grâce et de salut, en nous investissant de la même mission confiée aux Apôtres». Citant ce qu’il avait dit en février dernier lors de la rencontre de Bari “Libérés de la peur”, il rappelle que c’est Jésus qui «frappe à notre porte affamé, assoiffé, étranger, nu, malade et prisonnier, en demandant qu’on le rencontre et qu’on l’assiste».

«En vérité je vous le dis, dans la mesure où vous l’avez fait à l’un de ces plus petits de mes frères, c’est à moi que vous l’avez fait» (Mt 25, 40) : «Cet avertissement est aujourd’hui d’une brûlante actualité. Nous devrions tous l’utiliser comme un point fondamental de notre examen de conscience quotidien».

Et de penser à «la Libye, aux camps de détentions, aux abus et aux violences dont sont victimes les migrants, aux voyages d’espérance, aux sauvetages et aux refoulements». «Vous ne pouvez pas imaginer l’enfer dans lequel on vit dans ces camps» Le Pape se rappelle sa rencontre avec ces naufragés. L’interprète ne lui avait alors traduit que le quart des récits de torture qu’un homme lui avait confié.

C’est en souvenir de cette rencontre à Lampedusa que le Pape prie la Vierge Marie, Solacium migrantium (Réconfort des migrants, nouvelle invocation des litanies de Lorette) pour qu’elle nous aide «à découvrir le visage de son Fils dans tous les frères et sœurs contraints à fuir leur terre à cause de tant d’injustices dont notre monde est encore affligé».

Miséricorde et Justice à la lumière de l’Écriture Sainte

La justice et la miséricorde sont deux dimensions du mystère d’amour de Dieu. Elles ne se comprennent bien qu’à la lumière de l’Écriture sainte, notamment de la figure du Christ. Le Dieu de l’Ancien Testament défend la cause et le droit des pauvres qu’il veut sauver, car il est un Dieu juste qui accomplit sa promesse.

Cependant, Dieu juge aussi le péché, mais avec miséricorde ; et le pécheur repenti sait qu’il peut compter sur la justice miséricordieuse du Seigneur. Pareillement, le Christ, qui est venu non pour juger mais pour sauver le monde (Jn. 3,17), exercera son jugement sur les vivants et les morts, avec justice et miséricorde. Ceux qui refusent le salut offert par Dieu et sa grâce miséricordieuse se condamnent eux-mêmes.

Lorsque, dans la prière du Notre Père, nous demandons à Dieu, de nous pardonner nos offenses, nous confessons à la fois notre misère et la miséricorde de Dieu ; nous faisons ainsi car Jésus nous a appris que l’on n’accède à ce Dieu juste et miséricordieux qu’à travers l’expérience du pardon envers notre prochain.

JEAN-PAUL II, AUDIENCE GÉNÉRALE, mercredi 7 Juillet 1999

Quand il propose une réflexion sur la miséricorde, le Pape François pour sa part fait souvent référence à l’Écriture Sainte.

Dans l’Écriture Sainte, affirmait-il le 27 janvier 2016, «la miséricorde de Dieu est présente au cours de toute l’histoire du peuple d’Israël. Avec sa miséricorde, le Seigneur accompagne le chemin des patriarches, il leur donne des enfants malgré leur condition de stérilité, il les conduit sur les sentiers de la grâce et de la réconciliation.»

Dans le judaïsme, Miséricorde et Fidélité sont étroitement liées, mais aussi, dans une optique particulièrement chère au Pape François : Miséricorde et Justice.


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