S’humilier et aimer comme Jésus, en vue du Jugement

S’humilier et aimer comme Jésus, en vue du Jugement

Notre mode de vie et notre façon de considérer les autres doivent être pleinement chrétiens, c’est-à-dire généreux et plein d’amour, et capable d’humiliation, car à la fin de notre existence, nous serons jugés avec la même mesure avec laquelle nous jugeons aujourd’hui. C’est ce que le Pape a développé dans son homélie de ce jeudi 30 janvier 2020 en la chapelle de la maison Sainte-Marthe.

 

Le passage de l’Évangile selon saint Marc (Mc 2, 21-25) proposé aujourd’hui comporte plusieurs conseils de Jésus. Le pape François a choisi de commenter plus spécialement l’un d’entre eux: «La mesure que vous utilisez sera utilisée aussi pour vous» (Mc 4, 24).

Une indication sur le Jugement final

Nous tous faisons face à notre vie dans le présent et surtout, nous le ferons à la fin de notre existence; cette phrase de Jésus «nous dit exactement ce que sera ce moment», c’est-à-dire en quoi consistera le Jugement. Si les Béatitudes et le chapitre 25 de l’évangile de Matthieu nous montrent «les choses que nous devons faire».

Le Seigneur nous indique ici le «style avec lequel nous devrons vivre», la «mesure»: «avec quelle mesure est-ce que je mesure les autres ? Avec quelle mesure est-ce que je me mesure moi-même ? Est-ce une mesure généreuse, pleine de l’amour de Dieu, ou est-ce une mesure de bas niveau ? Et avec cette mesure, je serai jugé, ce ne sera pas une autre: celle-là, juste celle que j’utilise. À quel niveau est-ce que je place la barre ? À un niveau élevé ? Nous devons y réfléchir. Et nous le constatons non seulement dans les bonnes ou les mauvaises choses que nous faisons, mais aussi dans notre style de vie habituel».

L’anéantissement de Dieu, un modèle

Chacun de nous possède «une façon de se mesurer, de mesurer les choses et les autres» et le Seigneur emploiera cette même manière avec nous. Ainsi ceux qui mesurent avec égoïsme, seront mesurés de façon similaire; ceux qui n’ont pas de pitié et qui pour monter dans la vie «sont capables de piétiner la tête de tout le monde», seront jugés eux aussi «sans pitié». Le Pape y a opposé le style de vie du chrétien, indiquant un modèle:

«Et en tant que chrétien, je me demande quelle est la pierre de référence, la pierre de touche pour savoir si je suis à un niveau chrétien, un niveau que Jésus veut ? C’est la capacité de m’humilier, c’est la capacité de subir les humiliations. Un chrétien qui n’est pas capable de supporter les humiliations de la vie, il lui manque quelque chose. Il est un chrétien de “vernis” ou par intérêt. “Mais pourquoi cela, mon père ?” Parce que Jésus l’a fait, il s’est anéanti, dit Paul: “Il s’est anéanti jusqu’à la mort, et la mort sur la croix”. Il était Dieu, mais il ne s’est pas accroché à cela: il s’est anéanti. C’est cela, le modèle».

Mondains, pécheurs, entrepreneurs, ou chrétiens?

Comme exemple d’un style de vie «mondain», incapable de suivre le modèle de Jésus, le Saint-Père a évoqué les «doléances» que les évêques lui adressent lorsqu’ils ont des difficultés à transférer des prêtres dans les paroisses que ceux-ci considèrent comme «d’une catégorie inférieure» et pas aussi supérieures qu’ils le souhaiteraient, vivant donc ce transfert comme une punition.

Voici donc comment reconnaître «mon style», «ma façon de juger» : à partir du comportement que j’assume face à l’humiliation, «Une façon mondaine de juger, une façon pécheresse de juger, une façon entrepreneuriale de juger, une façon chrétienne de juger».

«“La mesure que vous utilisez sera utilisée aussi pour vous”, la même mesure. Si c’est une mesure chrétienne, qui suit Jésus, sur son chemin, je serai jugé de même, avec beaucoup, beaucoup, beaucoup de pitié, avec beaucoup de compassion, avec beaucoup de miséricorde. Mais si ma mesure est mondaine et n’est qu’une utilisation de la foi chrétienne – oui, je le fais, je vais à la messe, mais je vis comme une personne mondaine – je serai mesuré avec cette mesure. Demandons au Seigneur la grâce de vivre chrétiennement et surtout de ne pas avoir peur de la croix, de l’humiliation, car c’est la voie qu’Il a choisie pour nous sauver et c’est ce qui garantit que ma mesure est chrétienne: la capacité à porter la croix, la capacité à subir une certaine humiliation».

Catéchèse sur les Béatitudes : 1. Introduction

PAPE FRANÇOIS

AUDIENCE GÉNÉRALE

Salle Paul VI
Mercredi 29 janvier 2020

Catéchèse sur les Béatitudes : 1. Introduction


Frères et sœurs, aujourd’hui nous commençons une série de catéchèses sur les Béatitudes de l’Évangile selon saint Matthieu qui nous introduisent dans le Discours de Jésus sur la montagne. Ce texte, qui a illuminé la vie des croyants et même des non croyants, contient la “carte d’identité” du chrétien. En effet, le message des Béatitudes est adressé non seulement aux disciples, mais aussi à toute l’humanité.

La montagne, dans l’Évangile, renvoie au Sinaï où Dieu donna les “Dix paroles” à Moïse. Cependant, il n’est plus question de tempêtes terrifiantes, mais de la douce force de la Bonne Nouvelle. Jésus y révèle le chemin du bonheur. Il ne s’agit pas ici d’un bonheur qui s’apparente aux joies passagères ou aux plaisirs, mais plutôt d’un bonheur qui sait vivre avec la souffrance.

La finalité des Béatitudes réside dans la condition nouvelle que les bienheureux reçoivent comme don de Dieu. Dans cette prédication inaugurale, Jésus indique huit “portes” pour faire l’expérience de la puissance et de la providence de Dieu. En fait, le bienheureux est une personne qui est dans une condition de grâce, qui progresse dans la grâce de Dieu. Le bonheur qui vient de Dieu, c’est la paix que le Christ nous donne.

Les Béatitudes nous enseignent que Dieu, pour se donner à nous, choisit souvent des chemins impensables, ceux de nos limites, de nos larmes, de nos défaites. Demandons au Seigneur l’esprit des Béatitudes afin que nous puissions faire l’expérience de la puissance de Dieu qui se manifeste dans nos souffrances quotidiennes… Sur vous et vos familles, j’invoque la joie et la paix du Seigneur Jésus-Christ. Que Dieu vous bénisse!

Que le Seigneur affine notre sensibilité à ce qui compte vraiment dans la vie, son amour qui ne peut que nous rendre heureux. Avec sa grâce, nous progressons sans cesse sur le chemin des béatitudes. Que le Saint-Esprit soit notre guide à tout moment.

Je vous encourage à lire attentivement le texte des Béatitudes et à demander à Dieu la grâce de les vivre au milieu du monde dans lequel nous nous trouvons, son expérience nous accordera une joie et une paix profondes. Je vous encourage, je vous encourage à lire attentivement le texte des Béatitudes. Aujourd’hui par exemple, prenez un peu de temps, et lisez le cinquième chapitre de saint Matthieu, versets 1 à 11, lisez-le et si vous l’aimez demain aussi, lisez-le, cela vous fera du bien ; et demander à Dieu la grâce de pouvoir les vivre au milieu du monde dans lequel nous sommes. Et cela nous procurera une grande joie. Que Dieu vous bénisse !

Chers frères et sœurs, vivre les Béatitudes ne nécessite pas de gestes frappants. Regardons Jésus : il n’a rien laissé par écrit, il n’a rien construit d’impressionnant. Et quand il nous a dit comment vivre, il n’a pas demandé de faire de grandes œuvres ou de nous dénoncer en faisant des actes extraordinaires. Il nous a demandé de ne faire qu’une seule œuvre d’art: celle de notre vie. Les Béatitudes sont alors une carte de vie: elles ne demandent pas des actions surhumaines, mais d’imiter Jésus au quotidien. Que le Seigneur vous bénisse!

Chers frères et sœurs, dimanche, à l’occasion de la solennité de la Présentation du Seigneur, est célébré le Jour de la vie consacrée. Prions pour les religieux et les religieuses qui se consacrent à Dieu et à leurs frères et sœurs au service quotidien, selon leur propre charisme, afin qu’ils soient toujours des témoins fidèles de l’amour salvifique du Christ. Prions également pour de nouvelles vocations à la vie consacrée. Je vous bénis cordialement, vos familles et vos communautés. Loué soit Jésus-Christ!


© Copyright – Libreria Editrice Vaticana

Non aux chrétiens sans joie

Non aux chrétiens sans joie

N’ayez pas honte d’exprimer la joie de rencontrer le Seigneur, ne vous détachez pas de la fête que les gens font lorsqu’ils sentent Dieu proche d’eux: c’est la réflexion proposé par le Pape lors de la messe à la maison Sainte-Marthe, ce mardi 28 janvier 2020. L’Évangile n’ira de l’avant qu’avec des évangélisateurs pleins de vie et de joie. Une joie qui continue « à table avec la famille ensemble. »

C’est un sentiment de joie que d’être chrétien. Le point de départ est offert par la première lecture d’aujourd’hui, tirée du deuxième livre de Samuel, où il est parlé de David et de tout le peuple d’Israël célébrant le retour de l’Arche de l’Alliance à Jérusalem.

Faire la fête en la présence de Dieu

L’Arche avait été kidnappée et son retour « est une grande joie pour le peuple. » Les gens sentent que Dieu est proche d’eux et le célèbrent. Et le roi David est avec lui, il se met à la tête de la procession, il fait un sacrifice en sacrifiant un taureau et un gros bélier. Puis avec les gens il crie, chante et danse « de toutes ses forces. »

C’est une fête : la joie du peuple de Dieu parce que Dieu est avec eux. Et il exprime sa joie sans honte. Danser devant le peuple, exprimer sa joie sans honte ; c’est la joie spirituelle de la rencontre avec le Seigneur : Dieu est revenu à nous, et cela nous donne tellement de joie.

David ne pense pas qu’il est le roi et que le roi doit être détaché du peuple, « sa majesté », à distance … David aime le Seigneur, il est heureux que cet événement amène l’arche du Seigneur. Il exprime ce bonheur, cette joie, dansant et chantant aussi sûrement comme tout le monde.

Il nous arrive aussi de ressentir de la joie «quand nous sommes avec le Seigneur» et, peut-être en paroisse ou dans les villages, les gens célèbrent. Existe ensuite un autre épisode de l’histoire d’Israël, lorsque le livre de la loi a été retrouvé à l’époque de Néhémie et même alors « le peuple pleurait de joie », continuant de célébrer chez lui.

Le trésor de la spontanéité et de la joie

Le texte du prophète Samuel continue en décrivant le retour de David chez lui où il trouve l’une de ses épouses, Mical, la fille de Saul. Elle l’accueille avec mépris. Voyant le roi danser, elle a honte de lui et le gronde en disant : « Mais n’as-tu pas honte de danser comme un vulgaire, comme un membre du peuple? »

C’est le mépris de la véritable religiosité, de la spontanéité de la joie avec le Seigneur. Et David lui explique : « Mais regarde, c’est un motif de joie. Joie dans le Seigneur, car nous avons ramené l’Arche à la maison !» Mais elle le méprise.

Quand il n’y a pas de joie chez un chrétien, ce chrétien n’est pas fécond ; quand il n’y a pas de joie dans notre cœur, il n’y a pas de fécondité.

Des évangélisateurs joyeux sont nécessaires pour aller de l’avant

La fête ne s’exprime pas seulement spirituellement, mais devient partage. David, ce jour-là, après la bénédiction, avait distribué « un gâteau de pain pour tout le monde, une portion de viande rôtie et un raisin sec écrasé », afin que chacun puisse fêter dans sa propre maison.

« La Parole de Dieu n’a pas honte de la fête. » « C’est vrai, parfois le danger de la joie est d’aller plus loin et de croire que c’est tout. Non : c’est l’ambiance de fête. » Souvenez-vous ensuite que dans son Exhortation apostolique « Evangelii Nuntiandi », saint Paul VI parle de cet aspect et exhorte la joie. »

«L’Église ne continuera pas et l’Évangile ne continuera pas avec des évangélisateurs ennuyeux et amers. Elle ne se poursuivra qu’avec des évangélisateurs joyeux, pleins de vie. La joie de recevoir la Parole de Dieu, la joie d’être chrétiens, la joie d’aller de l’avant, la capacité de célébrer sans avoir honte et de ne pas être comme cette femme, Mical, des chrétiens formels, prisonniers des formalités.»

site officiel en France