Nous n’avons pas payé pour être chrétien, c’est un don de Dieu

Nous n’avons pas payé pour être chrétien, c’est un don de Dieu

Onction de David par Samuel, fresque sur bois, Synagogue de Doura Europos, IIe siècle
Onction de David par Samuel, fresque sur bois, Synagogue de Doura Europos, IIe siècle

L’élection de Dieu ne vient pas de nos mérites, elle est un don gratuit de sa grâce. Le Pape l’a souligné lors de son homélie ce mardi matin 21 janvier 2020, lors de la messe célébrée dans la chapelle de la Maison Sainte Marthe.

 

Être chrétien, prêtre ou évêque est un don gratuit du Seigneur. Cela ne s’achète pas. Et la sainteté consiste précisément à «garder» ce don reçu gratuitement et non en fonction de nos propres mérites. La réflexion est partie du psaume responsorial (Psaume 88) et de la première lecture (1Sam 16,1-13) de la liturgie d’aujourd’hui.

Le psaume 88 rappelle l’, après que l’Éternel eut rejeté Saül pour sa désobéissance. Dans la première lecture, le Seigneur envoie ensuite Samuel pour oindre le roi, l’un des fils de Jessé de Bethléem. L’onction indique l’élection de Dieu et elle est également utilisée aujourd’hui pour consacrer les prêtres, les évêques.

Nous, chrétiens, sommes également oints d’huile lors du baptême. Dieu invite Samuel à ne pas s’arrêter à l’aspect physique car, dit-il, «Dieu ne regarde pas comme les hommes: les hommes regardent l’apparence, mais le Seigneur regarde le cœur».

Les frères de David ont combattu les Philistins pour défendre le royaume d’Israël, «ils avaient des mérites», mais le Seigneur a choisi le dernier d’entre eux. «Un garçon agité» qui, quand il le pouvait, allait voir ses frères se battre, mais était renvoyé pour faire paître le troupeau. Il s’appelait donc David, et «il était beau». Et l’Éternel dit à Samuel de lui administrer l’onction, et «l’Esprit du Seigneur s’empara de David dès ce jour-là».

La gratuité de l’élection de Dieu

Cette histoire fait réfléchir et amène à se demander pourquoi le Seigneur a choisi un garçon normal, qui a peut-être «fait quelques bêtises, comme tous les jeunes» ; il n’était pas un garçon pieux, «qui priait tous les jours», il avait sept bons frères, «qui avaient plus de mérites que lui».

Pourtant c’est bien lui, «le plus petit, le plus limité, qui n’avait aucun titre, qui n’avait rien», qui n’avait pas combattu à la guerre, qui a été élu. Cela nous montre la gratuité de l’élection de Dieu.

«Quand Dieu choisit, il montre sa liberté et sa gratuité. Pensons à nous tous qui sommes ici: mais pourquoi le Seigneur nous a-t-il choisis ? “parce que nous sommes d’une famille chrétienne, d’une culture chrétienne…”. Non. Beaucoup de familles de culture chrétienne rejettent le Seigneur, elles n’en veulent pas. Mais alors pourquoi sommes-nous ici, élus par le Seigneur? Et bien par gratuité, sans aucun mérite. Le Seigneur nous a élus gratuitement. Nous n’avons rien payé pour devenir chrétiens… Être chrétien, être baptisé, être ordonné prêtre et évêque procède d’une pure gratuité. Vous ne pouvez pas acheter les cadeaux du Seigneur.»

Garder le don

L’onction du Saint-Esprit est gratuite. «Nous, que pouvons-nous faire ?» «Être saint» et la sainteté chrétienne, c’est «garder le don, rien de plus», en se comportant de telle manière «que le Seigneur reste toujours» celui qui fait le don et que je n’en fasse pas «mon mérite».

«Dans la vie ordinaire, dans les affaires, dans le travail, combien de fois, pour avoir une place plus élevée, parle-t-on à ce fonctionnaire, à celui-ci, à celle-là…(…) Ce n’est pas un cadeau, c’est de l’escalade. Mais être chrétien, être prêtre, être évêque n’est qu’un don. C’est ainsi qu’on comprend l’attitude d’humilité que nous devrions avoir: nous n’avons aucun mérite. Nous devons seulement veiller à ce que ce don ne soit pas perdu. Nous sommes tous oints par l’élection du Seigneur; nous devons garder cette onction qui a fait de nous des chrétiens, des prêtres, des évêques. C’est cela la sainteté. Les autres choses ne servent à rien. L’humilité de garder le don. Quel est le grand don de Dieu? Le Saint-Esprit! Quand le Seigneur nous a élus, il nous a donné le Saint-Esprit. Et c’est de la pure grâce».

Oublier le peuple, c’est nier le don de Dieu

David a été pris «derrière le troupeau», «du peuple». «Si nous, les chrétiens, oublions le peuple de Dieu, -même les non-croyants-, si nous, les prêtres, oublions notre troupeau, si nous, les évêques, oublions tout cela et nous sentons plus importants que les autres, nous nions le don de Dieu. C’est comme dire à l’Esprit Saint: «Mais toi, va tranquillement dans la Trinité, repose-toi, je me débrouillerai tout seul». Et ce n’est pas chrétien. Ce n’est pas garder le don. Demandons aujourd’hui au Seigneur, en pensant à David, de nous donner la grâce de rendre grâce pour le don qu’il nous a fait, de prendre conscience de ce don, si grand, si beau, et de le garder, -cette gratuité, ce don-, de le garder avec notre fidélité.»

Semaine de prière pour l’unité des chrétiens 2020 – Jour 4

Semaine de prière pour l’unité des chrétiens 2020 – Jour 4

21 JANVIER 2020

Confiance : faire confiance à Dieu

  • Actes 27,25

«Courage, donc, mes amis! Je fais confiance à Dieu : il en sera comme il m’a dit. »

« Nous devons échouer sur une île. Or, la quatorzième nuit que nous dérivions sur la mer Adria, vers minuit, les matelots ont pressenti l’approche d’une terre. Ils ont lancé la sonde et trouvé vingt brasses ; un peu plus loin, ils l’ont lancée de nouveau et trouvé quinze brasses. Craignant que nous n’allions échouer sur des rochers, ils ont jeté quatre ancres à l’arrière, et ils appelaient de leurs vœux la venue du jour.
C’est alors qu’ils ont cherché à s’enfuir du bateau, et qu’ils ont descendu la chaloupe à la mer sous prétexte d’aller tirer les ancres de la proue. Paul a dit alors au centurion et aux soldats : ‘Si ces gens-là ne restent pas sur le bateau, vous ne pouvez pas être sauvés.’ À ce moment, les soldats ont coupé les filins de la chaloupe et l’ont laissé partir. »

  • Réflexion

Alors que la tempête fait rage, les encouragements et l’espérance de Paul sont en contraste avec la peur et le désespoir de ses compagnons. Dans un monde déchiré par l’anxiété, nous sommes appelés à être des témoins de l’espérance.

  • Prière

PSAUME 107 8-9.19-22.28-32

R. Le Seigneur a réduit la tempête au silence et les vagues se sont tues.

Qu’ils rendent grâce au Seigneur de son amour, de ses merveilles pour les hommes :
car il étanche leur soif, il comble de biens les affamés !

Dans leur angoisse, ils ont crié vers le Seigneur, et lui les a tirés de la détresse :
il envoie sa parole, il les guérit, il arrache leur vie à la fosse.

Qu’ils rendent grâce au Seigneur de son amour, de ses merveilles pour les hommes ;
qu’ils offrent des sacrifices d’action de grâce à pleine voix qu’ils proclament ses œuvres !

Dans leur angoisse, ils ont crié vers le Seigneur, et lui les a tirés de la détresse,
réduisant la tempête au silence, et les vagues se sont tues.
Ils se réjouissent de les voir s’apaiser, d’être conduits au port qu’ils désiraient.

Qu’ils rendent grâce au Seigneur de son amour, de ses merveilles pour les hommes ;
qu’ils l’exaltent à l’assemblée du peuple et le chantent parmi les anciens !

Dieu Tout Puissant, Affermis notre confiance en ta providence lorsque nous nous sentons perdus au milieu des tempêtes de la vie. Dans nos souffrances personnelles, nous crions notre douleur et nous tremblons de peur devant la maladie, l’angoisse, ou la mort d’un être cher. Apprends-nous à mettre notre confiance en Toi. Fais de nos Églises des signes de Ta sollicitude.

être libre par l’obéissance à Dieu

être libre par l’obéissance à Dieu

C’est la confiance dans la Parole de Dieu qui vainc l’idolâtrie, l’orgueil et l’excessive confiance en soi. Ce lundi matin 20 janvier 2020, dans l’homélie de la messe célébrée dans la chapelle de la Maison Sainte Marthe du Vatican, le Pape François rappelle qu’être un «bon chrétien» signifie écouter ce que le Seigneur dit sur la justice, la charité, le pardon et la miséricorde.

Être docile à la Parole de Dieu qui est «toujours nouvelle» : c’est l’exhortation du Pape. Prenant appui sur la première lecture, le Saint-Père s’est attardé sur le rejet par Dieu de Saül comme roi, au travers d’une prophétie confiée à Samuel.

Les étapes de la corruption

Le «péché de Saül» a été le «manque de docilité» à la Parole de Dieu, en pensant que son «interprétation» était «plus juste». Et cela est la «substance du péché contre la docilité» : le Seigneur lui avait dit de ne rien prendre aux gens qui avaient été vaincus, mais il n’en pas été ainsi.

Lorsque Samuel le réprimande au nom de l’Éternel, Saül tente de se justifier : «mais regarde, il y avait des bœufs, du bon bétail, et j’en ai fait un sacrifice à Dieu», explique-t-il au prophète, soulignant que lui n’a rien fait de mal, contrairement aux autres.

Mais «avec cette attitude d’interpréter la Parole de Dieu comme bon lui semble, il a permis aux autres de mettre le butin dans leurs poches. Ce sont les étapes de la corruption : vous commencez par un peu de désobéissance, un manque de docilité, et vous continuez ainsi… »

Le manque de docilité

Après avoir exterminé les Amalécites, le peuple a choisi, dans le butin, «le meilleur de ce qui était voué à l’anathème, petit et gros bétail, pour l’offrir en sacrifice au Seigneur à Guilgal».

Mais Samuel rappelle que Dieu préfère «l’obéissance à sa voix» aux holocaustes et aux sacrifices, et ce faisant, il clarifie «l’échelle des valeurs» : il est plus important d’avoir un «cœur docile» et «d’obéir» plutôt que «faire des sacrifices, de jeûner ou de faire des pénitences».

Le «péché du manque de docilité» consiste précisément à «préférer» ce que «je pense et non ce que le Seigneur me commande et que peut-être je ne comprends pas». La rébellion contre la «volonté du Seigneur» et l’indocilité s’apparentent au «péché de divination». «C’est comme si, tout en disant que vous croyez en Dieu, vous alliez chez le devin pour faire lire vos mains ‘au cas où’.»

«Lorsque tu t’obstines devant la volonté du Seigneur, tu es un idolâtre, parce que tu préfères ce que tu penses, toi, cette idole, à la volonté du Seigneur. Cette désobéissance a coûté à Saül son règne: “Parce que tu as rejeté la parole du Seigneur, lui aussi t’a rejeté” lui dit Samuel. Cela doit nous faire réfléchir à notre docilité. Combien de fois préférons-nous nos interprétations de l’Évangile à la Parole de Dieu elle-même ? Par exemple, lorsqu’on tombe dans la casuistique, la casuistique morale… Ce n’est pas la volonté du Seigneur. La volonté du Seigneur est claire, Il vous la fait voir avec les commandements dans la Bible et Il vous la fait voir avec le Saint-Esprit dans votre cœur. Mais quand je suis obstiné et que je transforme la Parole du Seigneur en idéologie, je suis un idolâtre, je ne suis pas docile».

La miséricorde et non les sacrifices

L’Évangile de ce jour, en saint Marc, rappelle que les disciples du Christ ont été critiqués «parce qu’ils ne jeûnaient pas». Le Seigneur explique alors que personne ne va coudre un morceau de tissu neuf sur un vieux vêtement, parce que cela risquerait d’aggraver la déchirure. Et que personne ne verse du vin nouveau dans de vieilles outres, sinon les outres se briseraient, et le vin se perdrait. «À vin nouveau, outres neuves», donc.

«La nouveauté de la Parole du Seigneur, -parce que la Parole du Seigneur est toujours nouvelle, elle nous fait toujours avancer-, gagne toujours. Elle vainc l’idolâtrie, l’orgueil et cette attitude d’excessive confiance en soi. (…)  Il y a une belle phrase de Jésus qui explique tout cela et qui est tirée de l’Ancien Testament : ‘c’est la miséricorde que je désire, et non les sacrifices’.»

Confiance en Dieu

Être un «bon chrétien» signifie donc  être «docile» à la Parole du Seigneur, écouter ce que le Seigneur dit «sur la justice, la charité, le pardon, la miséricorde» et sur le fait d’être incohérent en utilisant «une idéologie pour pouvoir avancer». Il est vrai que la Parole du Seigneur «nous met parfois dans l’embarras», mais «le diable fait de même», «de manière trompeuse». Être chrétien, c’est donc «être libre», par la «confiance» en Dieu.

 

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