Le Pape aux jeunes de Thaïlande : cultiver l’amitié avec le Christ

Le Pape aux jeunes de Thaïlande : cultiver l’amitié avec le Christ

Ce vendredi 22 novembre 2019, le Pape a présidé une messe pour les jeunes, à la cathédrale de l’Assomption à Bangkok. Dans une atmosphère de grande ferveur, , environ 10 000 jeunes ont assisté à la célébration depuis le parvis de la cathédrale, en plus de ceux qui étaient présents à l’intérieur.

« Allons à la rencontre du Christ Seigneur qui vient ! L’Évangile que nous venons d’entendre nous invite à nous mettre en marche et à regarder l’avenir afin d’aller à la rencontre de la chose la plus belle qu’il veuille nous offrir : la venue définitive du Christ dans nos vies et dans notre monde. »

« Avant même d’aller à sa recherche, nous savons que le Seigneur nous cherche, qu’il vient à notre rencontre et nous appelle à travers les vicissitudes d’une histoire à bâtir, à créer et à inventer. Allons de l’avant avec joie parce que nous savons que là, il nous attend. Le Seigneur sait que par vous, les jeunes, l’avenir entre dans ce pays et dans le monde. »

Garder la vigilance pour accueillir la visite du Seigneur

« L’Évangile d’aujourd’hui nous parle de dix jeunes filles invitées à regarder l’avenir et à participer à fête du Seigneur. Le problème, c’est que certaines parmi elles n’étaient pas prêtes à le recevoir ; non pas parce qu’elles s’étaient endormies, mais parce que l’huile nécessaire, le combustible intérieur pour maintenir allumé le feu de l’amour, leur a manqué. Elles étaient animées d’un grand désir et d’une grande motivation, elles voulaient répondre à l’appel, à l’invitation du Maître mais, avec le temps, elles se sont peu à peu assoupies, leurs forces et leurs envies se sont épuisées et elles sont arrivées en retard. »

« Il arrive fréquemment que, face aux problèmes et aux obstacles qui sont très souvent nombreux, comme chacun d’entre vous le sait très bien dans son cœur, face à la souffrance des personnes que nous aimons ou à l’impuissance devant des situations qui nous paraissent désespérées, l’incrédulité et l’amertume s’installent et s’infiltrent silencieusement dans nos rêves, nous refroidissent le cœur, nous font perdre la joie et nous amènent à arriver en retard. »

« Chers amis, pour que le feu de l’Esprit ne s’éteigne pas et que vous puissiez garder vifs le regard et le cœur, il faut que vous soyez bien enracinés dans la foi de nos aînés : parents, grand parents et maîtres. Non pas pour rester prisonniers du passé mais pour apprendre à avoir ce courage capable de nous aider à répondre aux nouvelles situations historiques. Dans leur vie, ils ont surmonté de nombreuses épreuves et de nombreuses souffrances. Mais, en chemin, ils ont découvert que le secret d’un cœur heureux, c’est la sécurité que nous trouvons lorsque nous sommes ancrés, enracinés en Jésus : dans sa vie, dans ses paroles, dans sa mort et résurrection. »

Garder une foi enracinée

« Chers jeunes, vous êtes une génération nouvelle, aux espérances, questions et rêves nouveaux. (…)  L’amitié cultivée avec Jésus-Christ est l’huile nécessaire pour éclairer le chemin, votre chemin, mais aussi celui de tous ceux qui vous entourent : amis, voisins, compagnons d’études et de travail, y compris le chemin de ceux avec lesquels vous êtes en total désaccord. »

« Allons à la rencontre du Christ Seigneur qui vient ! N’ayez pas peur de l’avenir et ne vous laissez pas affaiblir. Au contraire, sachez que là, le Seigneur vous attend pour préparer et célébrer la fête de son Royaume. »

Au terme de la messe, lors de la procession finale, le Saint-Père, ému, a longuement étreint plusieurs jeunes handicapés qui étaient présents au premier rang. Il a également salué la foule présente à l’extérieur. Puis, dans la sacristie de la cathédrale, le Pape a béni 25 pierres qui serviront à la construction de nouvelles églises en Thaïlande.

Il prend l’avion samedi matin vers 9h30, heure de Bangkok (3h30 à Paris), pour atterrir six heures plus tard au Japon, où va commencer la deuxième partie de son voyage en Asie.

Aux chefs des religions de Thaïlande, le Pape loue la richesse vivante du passé

Aux chefs des religions de Thaïlande, le Pape loue la richesse vivante du passé

Le Pape François s’est adressé à des leaders chrétiens et aux représentants des différentes religions comme le bouddhisme ou l’islam, vendredi 22 novembre 2019, à l’Université Chulalongkorn de Bangkok, la plus ancienne et prestigieuse du royaume de Thaïlande.

Le Pape François a d’abord rappelé avec émotion l’audience du roi Chulalongkorn avec le Pape Léon XIII il y a 122 ans, en 1897, à Rome. C’était la première fois qu’un chef d’État non chrétien était reçu au Vatican.

«Le souvenir de cette importante rencontre, comme celui de son Règne caractérisé, entre autres, par l’abolition de l’esclavage, nous interpelle et nous incite à devenir des protagonistes persévérants sur le chemin du dialogue et de l’entente mutuelle», a affirmé le Souverain pontife, formulant une pensée pour les victimes du fléau de l’esclavage et de la traite des personnes.

Besoin de coopération entre religions

Le Pape a aussi essentiellement appelé «à un changement de paradigme» dans la résolution des conflits.

Le besoin de reconnaissance et de valorisation mutuelles, de même que de coopération entre les religions, est encore plus pressant pour l’humanité actuelle, car relève le Saint-Père, le monde d’aujourd’hui est confronté à des problématiques complexes comme la mondialisation économique et financière et ses graves conséquences sur le développement des sociétés locales.

Logique de rencontre et dialogue mutuel

Et le Pape François a dénoncé les rapides progrès apparemment prometteurs qui coexistent avec «la persistance tragique de conflits civils: migrations, expatriations, famines et guerres, sans compter la dégradation et la destruction de notre maison commune». Ainsi, aucune partie de la famille humaine ne peut se considérer entité étrangère ou immunisée par rapport aux autres.

«Il est temps aujourd’hui d’oser imaginer la logique de la rencontre et du dialogue mutuel comme chemin, de la collaboration mutuelle comme conduite et la connaissance réciproque comme méthode et critère. Et, de cette manière, offrir un nouveau paradigme pour la résolution des conflits et contribuer à la compréhension entre les personnes ainsi que pour sauvegarder la création.»

Le témoignage de patrimoine, de spiritualité

«Les grandes traditions religieuses de notre monde donnent le témoignage d’un patrimoine spirituel, transcendant et largement partagé, qui peut offrir de solides apports dans ce sens si nous sommes capables d’oser ne pas avoir peur de nous rencontrer.» Il faut prêter attention à la voix des pauvres qui nous entourent, les marginaux, les opprimés, les peuples indigènes et les minorités religieuses.

«Avec la tendance grandissante à discréditer les valeurs et les cultures locales par l’imposition d’un modèle unique, nous voyons aujourd’hui une tendance à homogénéiser les jeunes, à dissoudre les différences propres à leur lieu d’origine, à les transformer en êtres manipulables, fabriqués en série. Il se produit ainsi une destruction culturelle qui est aussi grave que la disparition des espèces».

Rechercher ses racines, son passé

Il s’agit de partir à la recherche constante de ses racines, de découvrir «la richesse vivante du passé». La recherche, la connaissance, aident à ouvrir de nouveaux chemins afin de réduire les inégalités entre les personnes, renforcer la justice sociale, défendre la dignité humaine, chercher les manières de résoudre pacifiquement les conflits et de préserver les ressources qui donnent vie à notre terre, a enfin égrené le Saint-Père, profondément reconnaissant aux éducateurs et aux professeurs de Thaïlande, «qui travaillent pour assurer aux générations présentes et à venir les compétences et surtout la sagesse des racines ancestrales qui leur permettront de participer à la promotion du bien commun de la société.»

 

Le Pape rencontre les évêques de Thaïlande et d’Asie

Aux évêques de Thaïlande et d’Asie : l’Église est toujours en mission en Asie

Le Pape François a rencontré ce vendredi matin les évêques de Thaïlande et de la Fédération des conférences épiscopales asiatiques. Il les a encouragés à suivre les traces des premiers missionnaires et leur a donné plusieurs conseils sur la manière de diriger leurs Églises dans un contexte toujours missionnaire.

Après s’être entretenu avec le clergé thaïlandais, le Pape François a rejoint non loin de là l’église du sanctuaire du bienheureux Nicolas Bunkerd Kitbamrung pour y rencontrer l’ensemble de l’épiscopat thaïlandais et les membres de la Fédération des conférences épiscopales asiatiques qui réunit les ordinaires des conférences épiscopales de l’Asie du Sud, du Sud-Est, de l’Est et de l’Asie centrale, un «continent multiculturel et multireligieux» «éprouvé par une pauvreté et une exploitation à plusieurs niveaux» a remarqué d’emblée le Pape.

«Vous portez sur vos épaules les préoccupations de vos peuples en voyant le fléau des drogues et la traite des personnes, le besoin d’assister un grand nombre de migrants et de réfugiés, les mauvaises conditions de travail et l’exploitation au travail vécue par beaucoup ainsi que les inégalités économiques et sociales entre les riches et les pauvres.»

Dans ce contexte difficile, «la mémoire des premiers missionnaires» «nous préserve, en premier lieu, de croire que les temps passés ont toujours été plus favorables ou meilleurs pour l’annonce, et elle nous aide à ne pas nous réfugier dans des pensées et des discussions stériles qui finissent par nous conduire à nous centrer et à nous replier sur nous-mêmes en paralysent tout genre d’action.»

L’Esprit Saint ouvre la voie

Après ce rappel, le Pape a mis en garde contre l’absence de vie et de ferveur : «nous sommes conscients qu’il y a des structures et des mentalités ecclésiales qui peuvent même conditionner négativement le dynamisme évangélisateur ; de même, les bonnes structures sont utiles quand une vie les anime, les soutient et les guide. Car, en définitive, sans une vie nouvelle et un authentique esprit évangélique, sans la “fidélité de l’Église à sa propre vocation”, toute nouvelle structure se corrompt en peu de temps, et peut rendre malaisé pour notre cœur l’important ministère de la prière et de l’intercession».

Les Églises d’Asie sont des Églises missionnaires. Le Pape a rappelé que c’était l’Esprit Saint qui était le premier à intervenir et à convoquer. À l’image des Apôtres, les évêques asiatiques sont invités à ne pas cesser leur mission car «personne, ni aucune culture, n’était a priori incapable de recevoir la semence de vie, de bonheur et surtout d’amitié que le Seigneur veut lui accorder». Les Apôtres «n’ont pas attendu qu’une culture soit compatible ou s’accorde facilement avec l’Évangile ; au contraire, ils se sont plongés dans ces nouvelles réalités, convaincus de la beauté qu’elles recelaient».

L’Église ne doit pas avoir peur

La mission ainsi confiée à l’Église «consiste à vivre et à marcher à la lumière de la Parole que nous devons proclamer.»

«Une Église en chemin, sans peur de descendre dans la rue et de se confronter avec la vie concrète des personnes qui lui ont été confiées, est capable de s’ouvrir humblement au Seigneur et de vivre avec lui l’émerveillement de l’aventure missionnaire, sans sentir consciemment ou inconsciemment ce besoin de vouloir être aux premières loges, en occupant ou en prétendant à on ne sait quelle place de prééminence. Comme nous devons apprendre de vous la leçon que dans beaucoup de vos pays ou régions vous constituez des minorités sans pour autant vous laisser guider ou contaminer par le syndrome d’infériorité ou vous plaindre de ne pas vous sentir reconnus !»

«Église missionnaire sait que sa meilleure parole, c’est de se laisser transformer par la Parole qui donne Vie, en faisant du service son trait distinctif. Ce n’est pas nous qui organisons la mission, encore moins nos stratégies. L’Esprit est le vrai protagoniste qui nous pousse, nous pécheurs pardonnés, et qui nous envoie inlassablement partager ce trésor dans des vases d’argile».

Pas de cléricalisme

«La mission, c’est une passion pour son peuple» auquel les évêques appartiennent. «Nous avons été choisis comme des serviteurs, et non comme des patrons ou des maîtres. Cela signifie que nous devons accompagner ceux que nous servons avec patience et amabilité, en les écoutant, en respectant leur dignité, en encourageant et en valorisant toujours leurs initiatives apostoliques. Ne perdons pas de vue que beaucoup de vos pays ont été évangélisés par des laïcs. Ils ont eu la possibilité de parler le dialecte de leur peuple, un exercice simple et direct d’inculturation qui n’est ni théorique ni idéologique, mais qui est plutôt le fruit de la passion d’annoncer le Christ.»

Concernant leurs relations avec les prêtres, le Pape a recommandé aux évêques de leur garder leur porte ouverte. «Soyez proches d’eux, écoutez-les, cherchez à les accompagner dans toutes les situations qu’ils affrontent, surtout quand vous les voyez découragés ou abattus, ce qui est la pire des tentations du diable. Et faites-le non pas comme des juges mais comme des pères, non pas comme des gérants qui se servent d’eux, mais comme de vrais frères aînés. Créez un climat de confiance pour un dialogue sincère et ouvert, en cherchant et en demandant la grâce d’avoir la même patience que le Seigneur a envers chacun d’entre nous, et quelle est grande !»

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