Le Pape remercie les prêtres en la mémoire liturgique du saint Curé d’Ars

Vitrail de saint Jean-Marie Vianney, dans la chapelle Notre-Dame-de-Consolation à Pierrelongue Drôme
Vitrail de saint Jean-Marie Vianney, dans la chapelle Notre-Dame-de-Consolation à Pierrelongue Drôme

Aujourd’hui 4 août, ce sont les 160 ans de la mort de saint Jean-Marie Vianney, le Curé d’Ars présenté par Pie XI comme le patron de tous les curés du monde, le Pape adresse une lettre à tous ses «frères prêtres» pour leur exprimer sa reconnaissance et les encourager dans ce «temps de purification de l’Église» qui les met à l’épreuve mais qui seront, dans un avenir proche, «très féconds», s’ils restent fidèles à la volonté de Dieu.

En la mémoire liturgique du saint Curé d’Ars, le Pape montre dans une lettre sa proximité à «ses frères» qui, «sans faire de bruit», ont «tout quitté» pour s’engager auprès de leurs communautés, travaillant «dans la tranchée» en y prenant des risques quotidiennement et «sans se donner trop d’importance» pour prendre soin du Peuple de Dieu.

Il s’adresse à chacun d’eux «qui, si souvent, de manière inaperçue et sacrifiée, dans la lassitude ou la fatigue, la maladie ou la solitude», assument leur mission et écrivent «les pages les plus belles de la vie sacerdotale».

La lettre du Saint-Père s’articule autour de quatre mots : souffrance, gratitude, courage et louange.

Souffrance

La «souffrance» est d’abord celle des «frères victimes d’abus» de pouvoir, de conscience et sexuel de la part de ministres ordonnés. Leur «cri» s’est fait entendre ces derniers temps avec «davantage de clarté», eux qui furent souvent «silencieux et réduits au silence».

Le Pape rappelle le ferme engagement de l’Église pour mettre en œuvre les réformes nécessaires afin que «la culture de l’abus ne trouve pas d’espace pour se développer et, encore moins, se perpétuer».

Il rejette l’omission qui fut, par le passé, une forme de réponse; «nous souhaitons aujourd’hui que la conversion, la transparence, la sincérité et la solidarité avec les victimes deviennent notre manière de faire l’histoire».

Cette souffrance n’est pas indifférente aux prêtres. Il évoque leur «indignation» et souligne leur sentiment d’impuissance. «La souffrance qu’engendrent la suspicion et la remise en cause a pu provoquer, chez quelques-uns ou beaucoup, le doute, la peur et le manque de confiance».

Il salue également la mobilisation de certains pasteurs qui «cherchent des mots et des chemins d’espérance». Sans nier, ni rejeter le dommage causé par quelques-uns, il serait «injuste de ne pas être reconnaissant pour tant de prêtres qui, de manière constante et honnête, donnent tout ce qu’ils sont et ce qu’ils possèdent pour le bien des autres».

Ces prêtres, innombrables, qui font de leur vie une œuvre de miséricorde, dans des conditions souvent inhospitalières, même au risque de leur propre vie. «Dans des moments de trouble, de honte et de souffrance», le Pape salue et apprécie leur exemple courageux et constant.

Si les prêtres restent fidèles à la volonté de Dieu, ces temps de purification seront féconds dans un avenir proche. Le Seigneur est «en train de nous sauver de l’hypocrisie et de la spiritualité des apparences. Il souffle son Esprit pour redonner la beauté à son Épouse, surprise en flagrant délit d’adultère».

«Notre humble repentir, qui reste silencieux, dans les larmes, face à la monstruosité du péché et à l’insondable grandeur du pardon de Dieu, est le début de notre sainteté».

Reconnaissance

Dans les moments «de tribulation, de fragilité (…) de faiblesse et de manifestation de nos limites, quand la pire de toutes les tentations est de rester à ruminer le désespoir», le Pape invite les prêtres -et c’est selon lui «crucial»- à revenir à ce «moment lumineux» où ils ont fait l’expérience de l’appel du Seigneur; «ce point incandescent où la grâce de Dieu m’a touché au début du chemin»; l’étincelle à laquelle chacun peut allumer le feu quotidien et «porter chaleur et lumière» à ses frères.

Il ne faut pas perdre la mémoire reconnaissante du passage du Seigneur dans leur vie, la mémoire de son regard miséricordieux pour, à leur tour, en témoigner. Le «Oui» à l’appel de Dieu a une portée dont l’importance est inconcevable.

La reconnaissance est toujours une ‘arme puissante’. «Ce n’est qu’en étant à même de contempler et d’apprécier concrètement tous les gestes d’amour, de générosité, de solidarité et de confiance, ainsi que de pardon, de patience, d’endurance et de compassion avec lesquels nous avons été traités que nous laisserons l’Esprit nous offrir cet air frais capable de renouveler (et non de rapiécer) notre vie et notre mission».

Remerciements aux prêtres

Le Pape prend là un long moment pour remercier les prêtres, pour leur fidélité aux engagements pris, alors que la société et la culture actuelle a transformé ‘le superficiel’ en valeur ; pour la joie avec laquelle ils ont donné leur vie, luttant pour que leur cœur ne s’aigrisse pas mais au contraire s’élargisse avec les années.

Il les remercie de leur effort pour renforcer les liens de fraternité et d’amitié entre eux et avec leurs évêques, en se soutenant mutuellement. Rire, pleurer ensemble pour encourager un frère à assumer ses responsabilités ou profiter de sa sagesse. «Combien sont nécessaires ces espaces!»

Le Pape salue leur témoignage de persévérance et d’endurance dans l’engagement pastoral. Il les remercie de célébrer l’Eucharistie et «de faire paître avec miséricorde dans le sacrement de la réconciliation, sans rigorisme, ni laxisme, en prenant en charge les personnes et en les accompagnant sur le chemin de conversion vers la vie nouvelle que le Seigneur offre à tous».

Il se réjouit pour toutes les fois «où, en vous laissant émouvoir jusqu’aux entrailles, vous avez accueilli les personnes tombées, soigné leurs blessures en donnant de la chaleur à leurs cœurs». Rien n’est plus urgent que cette proximité.

Le cœur du pasteur est celui qui a appris «la saveur spirituelle de se sentir un avec son peuple» dont il provient et dont il est au service en adoptant un style de vie austère et simple, sans accepter des privilèges qui n’ont pas la saveur de l’Évangile.

Le Pape rend grâce enfin pour la sainteté du Peuple de Dieu. Dans sa constance à aller de l’avant chaque jour, il voit la sainteté de l’Église militante. «Laissons-les nous aider et nous encourager par leur témoignage».

Courage

Dans cette lettre, le Pape encourage également longuement les prêtres car la mission à laquelle ils ont été appelés, ne les immunise pas contre la souffrance ou l’incompréhension, et que tout le monde a besoin de réconfort.

Il les invite à regarder les problématiques qui s’imposent à eux ou d’ailleurs leurs propres limites en face, à les assumer pour laisser le Seigneur les transformer.

Pour connaître leur cœur, il leur propose un test : voir comment ils réagissent à la douleur : en détournant les yeux et en ignorant l’homme à terre, en intellectualisant la douleur ou en s’en approchant de manière sélective ce qui ne génère qu’isolement et exclusion ? En faisant ainsi, jamais ils ne toucheront leurs blessures, celles des autres et ainsi celles de Jésus.

Le Pape les met également en garde contre «le plus apprécié des élixirs du démon » selon l’expression de Bernanos, à savoir «la tentation de nous attacher à une douce tristesse». Elle peut naître d’un sentiment de déception vis-à-vis de la réalité quotidienne, de l’Église ou de soi-même.  Cette tristesse est «nocive».

Elle sème le découragement, le sentiment d’abandon et conduit au désespoir. Elle rend «stérile toute tentative de transformation et de conversion en propageant ressentiment et animosité». Si ce sentiment menace, les prêtres sont invités à demander à l’Esprit de venir les réveiller pour les libérer de l’inertie.

Il leur rappelle les Paroles de saint Paul à ses communautés: «Je combats pour que leurs cœurs soient remplis de courage» pour transmettre la joie de l’Évangile.

Prière du Pasteur

«Le Seigneur est le premier à prier et combattre pour vous et pour moi». C’est à ce moment-là que l’on fait l’expérience «de notre bienheureuse pauvreté qui nous rappelle que nous sommes des disciples nécessiteux de l’aide du Seigneur et qui nous libère de cette tendance ‘prométhéenne de ceux qui, en définitive, font confiance uniquement à leurs propres forces’

Dans la prière, Jésus procure le repos à toutes ses brebis, il transforme les fragilités et pousse à la mission. C’est le Seigneur qui montre le chemin d’espérance, et non des «réponses faciles, rapides et préfabriquées», «les recettes et les priorités» déterminées par le prêtre.

Comment maintenir le cœur courageux ? Il ne faut pas négliger ni son rapport avec Jésus, ni l’accompagnement spirituel, mais avoir un frère avec qui se confronter, discuter et discerner en pleine confiance et transparence ; avec qui vivre l’expérience de se savoir disciple. C’est une aide «irremplaçable».

Le Pape leur demande également de faire croître et d’alimenter le lien avec leur peuple, sans s’isoler ou, pire, se cloîtrer dans des groupes élitistes, mais en se mettant en sortie. Devant lui pour le guider, à ses côtés pour le comprendre et derrière lui pour le maintenir uni et parce qu’il a «un sens de l’odorat dans la recherche de nouveau chemin pour marcher».

«La douleur de tant de victimes, du peuple et la nôtre ne peut être vaine». «Notre temps, marqué par de vieilles et de nouvelles blessures nécessite que nous soyons artisans de relation et de communion, ouverts, confiants et attendant la nouveauté que le Royaume de Dieu veut susciter aujourd’hui».

Louange

On ne peut parler de gratitude et d’encouragement sans contempler Marie qui «nous enseigne la louange capable d’ouvrir le regard à l’avenir et de rendre l’espérance au présent». Se tourner vers Marie est recommencer à croire en «la force révolutionnaire de la tendresse et de l’affection».

«Si jamais le regard commence à s’endurcir, ou si nous sentons que la force séductrice de l’apathie ou de la désolation veut s’enraciner et s’emparer du cœur ; si (…)nous nous sentons poussés vers une attitude élitiste (…) si parfois nous sommes tentés de nous isoler (…) ou si la lamentation, la plainte, la critique ou l’ironie s’emparent de nos actions sans aucun désir de se battre, d’espérer et d’aimer…regardons Marie pour qu’elle nettoie notre regard de toute poussière” qui peut nous empêcher d’être attentifs et éveillés pour contempler et célébrer le Christ qui vit au milieu de son Peuple.»

«Laissons la gratitude susciter la louange et nous encourager une fois encore dans la mission de consacrer nos frères dans l’espérance ». Le Pape les invite à être des hommes qui témoignent par leur vie de la compassion et de la miséricorde que Jésus seul peut offrir.

Visite surprise du Pape auprès des Filles de la Charité

Visite surprise du Pape auprès des Filles de la Charité

Le Pape François s’est rendu dimanche après-midi à la maison provinciale des Filles de la Charité de Saint-Vincent-de-Paul à Rome.
Le Pape en visite privée chez les Filles de la Charité à la Casa Regina Mundi à Rome le 28 juillet 2019
Le Pape en visite privée chez les Filles de la Charité à la Casa Regina Mundi à Rome le 28 juillet 2019

L’évêque de Rome s’est déplacé à la Casa Regina Mundi, la maison provinciale des Filles de la Charité située via Pompeo Magno dans le quartier romain de Prati, afin de rendre visite à sœur Maria Mucci, qui a travaillé durant de nombreuses années à la Maison Sainte-Marthe, la résidence du Pape au Vatican, et qui est maintenant soignée à l’infirmerie de la communauté.

Le Pape François a contemplé une relique de saint Jean-Paul II, un maillot de corps taché de sang, qu’il portait lors de l’attentat du 13 mai 1981 et qui avait été donné aux sœurs lors du Jubilé de l’an 2000. Au terme de sa visite, le Pape a béni les sœurs, les employés et les hôtes de la maison.

Les Filles de la Charité, une communauté apostolique

Les Filles de la Charité de Saint Vincent-de-Paul sont une société de vie apostolique de droit pontifical, et constituent le plus grand groupe de religieuses au monde, avec plus de 15 000 sœurs recensées en 2016. Elles sont notamment présentes dans le monde de la santé et l’enseignement.

Elles ont été fondées en 1633 par saint Vincent de Paul et sainte Louise de Marillac, qui furent ainsi à l’initiative de la première communauté religieuse féminine à ne pas être soumise à la règle de la clôture. Elle ont tenu un rôle central dans le développement du système hospitalier, en France notamment.

C’est dans la Chapelle de leur Maison-Mère à Paris qu’ont eu lieu les apparitions à Sainte Catherine Labouré et que fut révélée la MÉDAILLE MIRACULEUSE.

Jésus enseigne le Notre Père aux disciples

Commentant le passage dans l’Évangile de Luc, dans lequel Jésus enseigne le « Notre Père » aux disciples, le Pape François nous demande instamment de prier sans cesse, d’entrer en communication avec le Père et d’entretenir une relation personnelle avec lui, comme le font les enfants avec leurs mille pourquoi à leurs pères.

PAPE FRANÇOIS

ANGÉLUS

Place saint Pierre
Dimanche, 28 juillet 2019


Chers frères et sœurs, bonjour!

Dans la page de l’Évangile d’aujourd’hui (voir Lc 11, 1-13), saint Luc raconte les circonstances dans lesquelles Jésus enseigne le « Notre Père ». Comme tels, Les disciples savent déjà prier en récitant les formules de la tradition juive, mais ils souhaitent également pouvoir vivre eux aussi la même « qualité » de la prière de Jésus, car ils peuvent voir que la prière est une dimension essentielle de la vie de leur Maître.

Chacune de ses actions importantes est caractérisée par des arrêts de prière prolongés. De plus, ils restent fascinés car ils voient qu’il ne prie pas comme les autres maîtres du temps, mais que sa prière est un lien intime avec le Père, au point qu’ils souhaitent participer à ces moments d’union avec Dieu pour en savourer pleinement la douceur.

Ainsi, un jour, ils attendent que Jésus termine la prière, dans un lieu isolé, puis ils demandent: « Seigneur, enseigne-nous à prier » (v.1). Répondant à la question explicite des disciples, Jésus ne donne pas une définition abstraite de la prière, il n’enseigne pas non plus une technique efficace pour prier et « obtenir » quelque chose.

En communication avec le Père

Au lieu de cela, il invite ses fidèles à faire l’expérience de la prière, en les mettant directement en communication avec le Père, suscitant en eux le désir d’une relation personnelle avec Dieu, avec le Père.

Voici la nouveauté de la prière chrétienne! C’est un dialogue entre personnes qui s’aiment, un dialogue basé sur la confiance, soutenu par l’écoute et ouvert à la solidarité. C’est un dialogue du Fils avec le Père, un dialogue entre les enfants et le Père. C’est la prière chrétienne.

Précieux don du maître

Par conséquent, il leur donne la prière du « Notre Père », peut-être le cadeau le plus précieux que nous ait laissé le divin Maître dans sa mission terrestre. Après nous avoir révélé son mystère de Fils et de Frère, avec cette prière, Jésus nous fait pénétrer dans la paternité de Dieu.

Je tiens à souligner ceci : lorsque Jésus nous enseigne le Notre Père , Il fait entrer dans la paternité de Dieu et nous montre le moyen d’entrer dans un dialogue de prière et de dialogue direct avec Lui, par le biais du chemin de la confiance filiale. Et un dialogue entre le Père et son Fils, du Fils avec le Père.

Le don de Dieu

Ce que nous demandons dans le « Notre Père » nous est déjà tout donné dans le Fils unique: la sanctification du Nom, l’avènement du Royaume, le don du pain, le pardon et la libération du mal. Comme nous le demandons, nous ouvrons notre main pour le recevoir. Recevez les dons que le Père nous a montrés dans le Fils.

La prière que le Seigneur nous a enseignée est la synthèse de chaque prière et nous l’adressons toujours au Père en communion avec nos frères. Il arrive parfois que, dans la prière, il y ait des distractions, mais souvent, nous ressentons le désir de nous arrêter au premier mot: « Père » et de ressentir cette paternité dans notre cœur.

Ensuite, Jésus raconte la parabole de l’ami importun et dit: « nous devons insister quand nous priions ». Cela me rappelle ce que font les enfants quand ils ont trois, trois ans et demi: ils commencent à demander des choses qu’ils ne comprennent pas. Dans mon pays, cela s’appelle « l’âge des pourquoi », je crois que même ici, c’est la même chose.

Ardente persévérance

Les enfants commencent à regarder leur père et à dire: « Papa, pourquoi? Papa, pourquoi? » Ils demandent des explications. Nous faisons attention : quand le père commence à expliquer pourquoi, ils arrivent avec une autre question sans écouter toute l’explication. Qu’est-ce qui se passe ? Il arrive que les enfants ne se sentent pas en sécurité à propos de nombreuses choses qu’ils commencent à comprendre à mi-chemin.

Ils veulent juste attirer le regard de leur père sur eux et pour cela: « Pourquoi, pourquoi, pourquoi? » Nous, dans le Notre Père, si nous nous arrêtons au premier mot, nous ferons comme si nous étions enfants, attirons le regard du Père sur nous. Disons « Père, Père », et aussi: « Pourquoi? » Et Il nous regardera.

Demandons à Marie, une femme qui prie, de nous aider à prier le Notre Père, unis à Jésus pour vivre l’Évangile, guidés par le Saint-Esprit.

Après l’angélus

Chers frères et sœurs,

J’ai appris avec douleur la nouvelle du naufrage dramatique survenu ces derniers jours dans les eaux de la Méditerranée, où des dizaines de migrants, y compris des femmes et des enfants, ont perdu la vie.

Je réitère un appel sincère à la communauté internationale pour qu’elle agisse avec rapidité et détermination, afin d’éviter que de telles tragédies ne se reproduisent et pour garantir la sécurité et la dignité de tous. Je vous invite à prier avec moi pour les victimes et leurs familles. Et aussi demandons avec le cœur: « Père, pourquoi? » [Une minute de silence suit]

Je vous souhaite à tous un bon dimanche et, s’il vous plaît, n’oubliez pas de prier pour moi.


© Copyright – Libreria Editrice Vaticana

site officiel en France