Le Pape François arrivé à Madagascar, comme semeur de paix et d’espérance

Le Pape François arrivé à Madagascar, comme semeur de paix et d’espérance

Après 2h50 de vol pour rejoindre Madagascar depuis le Mozambique, le Pape François a atterri à Antananarivo vers 16 heures, heure locale, soit 15 heures, heure française.

Le Pape François est arrivé à l’aéroport international d’Antananarivo-Ivato vendredi 6 septembre vers 16 heures, heure locale – avec une demi-heure d’avance sur son programme.

Il a été accueilli par le Président de la République malgache, Andry Rajoelina, ainsi que son épouse, mais aussi les évêques de l’île. Trois cents fidèles étaient présents.

Le Pape a ensuite  été transféré à la nonciature apostolique au nord de la capitale.

La nonciature à Madagascar officie également pour l’île Maurice et l’archipel des Seychelles.  Le Saint-Père y dinera en privé ce vendredi soir.

Dans les rues de la capitale, les drapeaux jaunes et blancs du Vatican saluent la visite apostolique du pape François. Tout le monde s’attèle à la tâche et le président Malgache a suivi personnellement les préparatifs. La presse de l’île affiche l’événement sur ses premières pages, et les malgaches se préparent à assister à la messe de dimanche matin. Environ 900.000 personnes sont attendues.

Le programme du Pape ce week-end à Madagascar 

Le samedi 7 septembre, dans la capitale malgache, le Pape rencontrera le président Andry Rajoelina à 9h30 au Palais présidentiel, avant la rencontre à 10h15 avec les autorités, la société civile et le corps diplomatique en début de matinée.

Il prononcera ensuite une homélie lors de l’office de tierce au monastère des carmélites déchaussées à 11h15, avant de déjeuner à la nonciature. Il rencontrera ensuite les évêques du pays à 16h à la cathédrale de l’Immaculée Conception, appelée aussi cathédrale d’Andohalo (du nom du quartier dans lequel elle se situe).

Il visitera ensuite à 17h la tombe de la bienheureuse Victoire Rasoamanarivo, puis il conclura la journée à18h par une veillée avec les jeunes dans le champ diocésain de Soamandrakizay.

Dimanche 8 septembre, il célébrera la messe à 10h en ce même lieu, d’où il récitera ensuite la prière de l’Angélus. Après le déjeuner, François visitera à 15h10 le village d’Akamasoa du père Pedro, la “Cité de l’Amitié”. Il se rendra ensuite à 16h sur le chantier de Mahatzana pour y réciter une prière pour les travailleurs. Cette seconde journée sur la Grande Ile se terminera à 17h10 par la rencontre avec les prêtres, religieuses et religieux, les personnes consacrées et les séminaristes au collège Saint-Michel.

Messe à Maputo : suivre Jésus dans l’exigence du pardon

Le Pape François a présidé une messe devant 60 000 fidèles rassemblés dans le stade de Zimpeto, dans l’agglomération de Maputo, la capitale du Mozambique, vendredi 6 septembre. Dans une atmosphère très joyeuse malgré la pluie, il a exhorté les Mozambicains à s’engager dans un amour concret, à la suite du Christ, afin d’encourager le processus de réconciliation nationale.

 

Cette parole exigeante du Christ dans l’Évangile selon saint Luc:  «Aimez vos ennemis, faites du bien à ceux qui vous haïssent»,  cette parole répond à une exigence évangélique concrète. «Jésus n’est pas un idéaliste, qui ignore la réalité; il parle de l’ennemi concret, de l’ennemi réel (…): celui qui nous hait, nous exclut, insulte et rejette comme infâme.»

«Beaucoup d’entre vous peuvent encore raconter, à la première personne, des histoires de violence, de haine et de discordes; pour certains, des histoires vécues dans leur propre chair; pour d’autres, vécues par une personne connue qui n’est plus; et pour d’autres encore, de peur que les blessures du passé ne se reproduisent et ne tentent d’effacer le chemin de paix déjà parcouru, comme à Cabo Delgado.»

Un amour concret et exigeant

«Jésus ne nous invite pas à un amour abstrait, éthéré ou théorique, rédigé dans des bureaux pour des discours. Le chemin qu’il nous propose est celui qu’il a d’abord parcouru lui-même, le chemin qui lui a fait aimer ceux qui l’ont trahi, jugé injustement et l’ont tué.»

«Il est difficile de parler de réconciliation, quand sont encore vives les blessures provoquées par de nombreuses années de discorde.» «Jésus ne s’arrête pas là; il nous demande aussi de bénir et de prier pour eux; c’est-à-dire que nos paroles les concernant soient une bénédiction, génératrice de vie et non de mort, que nous prononcions leurs noms non pas pour insulter ou pour nous venger, mais pour inaugurer une nouvelle relation menant à la paix.»

«Aucune famille, aucun groupe de voisins ni aucune ethnie, encore moins aucun pays n’a d’avenir, si le moteur qui unit, agrège et couvre les différences, ce sont la vengeance et la haine.»

L’engagement pour la paix et la miséricorde

«Surmonter les temps de division et de violence suppose non seulement un acte de réconciliation ou bien la paix comprise comme absence de conflit, mais aussi l’engagement quotidien de chacun d’entre nous d’avoir un œil attentif et actif, qui nous conduit à traiter les autres avec cette miséricorde et cette bonté avec lesquelles nous voudrions être traités, de montrer de la miséricorde et de la bonté surtout envers ceux qui, par leur condition, sont vite rejetés et exclus.»

«Le Mozambique possède un territoire doté de richesses naturelles et culturelles, mais paradoxalement avec une partie énorme de sa population en-dessous du niveau de pauvreté.» «Parfois il semble que ceux qui s’approchent en prétendant aider ont d’autres intérêts. Et c’est triste quand cela se passe entre des frères du même pays, qui se laissent corrompre; il est très dangereux d’accepter que ce soit le prix à payer pour l’aide extérieure.» «Parmi vous, il ne devra pas en être ainsi.»

«Nous voulons que règne la paix dans nos cœurs et dans le dynamisme de notre peuple. Nous voulons un avenir de paix». «Que la paix du Christ soit l’arbitre dans vos cœurs.»

«Si la paix du Christ est l’arbitre dans nos cœurs, alors quand les sentiments sont en conflit et que nous nous trouvons indécis entre deux sens opposés, “faisons le jeu’’ du Christ. La décision du Christ nous gardera sur le chemin de l’amour, sur la voie de la miséricorde, dans l’option pour les plus pauvres, dans la sauvegarde de la nature, sur le chemin de la paix. Si Jésus est l’arbitre entre les émotions en conflit dans notre cœur, entre les décisions complexes concernant notre pays, donc le Mozambique a un avenir d’espérance assuré; alors votre pays chantera à Dieu avec gratitude et de tout cœur par des psaumes, des hymnes et des chants inspirés.»

De nombreux motifs d’espérance

Au terme de la messe, après les remerciements  de l’archevêque de Maputo, le Pape François  avant de reprendre la route de l’aéroport de Maputo pour prendre son avion en direction de Madagascar,  a remercié les organisateurs de ce voyage, tous ceux qui ont accompagné ce voyage par leur présence ou simplement par leur prière, notamment les personnes affectées par les cyclones de ces derniers mois.

Le Pape a évoqué avec humour la pluie persistante durant la messe pour dire que les fidèles avaient été aspergés «d’eau bénie».

«Je dis à tous: vous avez tant de motifs d’espérer! Je l’ai vu, je l’ai touché de la main ces jours-ci. S’il vous plaît, gardez l’espérance ; ne vous la laissez pas voler. Et il n’est pas meilleure manière de garder l’espérance que de rester unis, pour que toutes les motifs qui la soutiennent se consolident toujours davantage dans un avenir de réconciliation et de paix au Mozambique. Ainsi, que Dieu vous bénisse et que la Vierge Mère vous protège! Et, s’il vous plaît, n’oubliez pas de prier pour moi!», a conclu le Saint-Père avant de bénir la foule.

le Pape loue la fragilité et l’humilité à l’hôpital de Zimpeto, banlieue de Maputo

Le Pape François a visité l’hôpital saint Gilles de Zimpeto, en banlieue de Maputo, la capitale mozambicaine, ce vendredi 6 septembre 2019. Devant le personnel et les malades, il a livré un éloge des fragilités et des limites, particulièrement saillantes en milieu hospitalier.

 

Accueilli par le président de la Communauté Sant’Egidio, la coordinatrice nationale du projet Dream – un centre dédié au soin des malades du Sida – et la directrice de l’hôpital, le Pape François a loué l’établissement inauguré il y a à peine 14 mois comme un lieu de la «manifestation de l’amour de Dieu», prêt à insuffler «la vie et l’espérance où abondent la mort et la souffrance».

L’hôpital de Zimpeto accueille aujourd’hui 3 800 patients essentiellement des femmes séropositives. Il s’agit d’une des 13 cliniques du projet Dream mis en place au Mozambique par la communauté de Sant’Egidio pour permettre un accès aux soins facilité aux malades.

L’écoute des cris silencieux et inaudibles

 «Ce Centre nous montre que quelqu’un s’est arrêté et a eu de la compassion.». Ce «quelqu’un» n’a pas cédé à la tentation de dire «il n’y a rien à faire, il est impossible de combattre ce fléau». Au contraire, cette personne a eu le courage de chercher des solutions, a écouté «ce cri silencieux, presqu’inaudible, d’innombrables femmes, de tant de personnes qui vivaient dans la honte, marginalisées, jugées par tous.»

«Que nul ne pense que son cri s’est perdu dans le vide», a dit le Pape devant près de 2 000 malades.

Une sollicitude aimante

«La sollicitude des croyants ne peut pas se résumer à une assistance -même si elle est nécessaire et providentielle dans un premier temps – mais appelle plutôt cette ‘‘attention aimante’’ qui honore l’autre en tant que personne et recherche son bien» avec «l’écoute continue.»

L’humilité et les limites

Ce programme Dream, dédié aux malades du Sida, est «un exemple d’humilité, de reconnaissance de vos limites et de créativité dans la mise en réseau,» pour «mieux collaborer réciproquement.»

À valeur humaine et évangélique

«L’engagement gratuit et volontaire de tant de personnes de diverses professions – dermatologie, médecine interne, neurologie et radiologie, entre autres ; plus de cinq mille médecins, infirmiers, biologistes coordinateurs et techniciens – qui depuis des années, à travers la télémédecine, ont apporté leur précieuse contribution afin de former des opérateurs locaux, cet engagement comporte en lui-même une immense valeur humaine et évangélique.»

Donner jour à l’espérance

«Lorsque nous serons partis, lorsque vous reprendrez vos tâches quotidiennes, lorsque personne ne vous applaudira ni ne vous exaltera, continuez à recevoir ceux qui viennent, allez à la recherche des blessés et des vaincus dans les périphéries… pour ‘‘donner le jour’’ à l’espérance.»

Au Mozambique, d’après les chiffres du ministère de la santé du pays, 120 000 femmes enceintes et porteuses du VIH sont dénombrées chaque année, avec un taux de transmission verticale de 14%.

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