Invoquez le Père, où que vous soyez

Catéchèse sur le « Notre Père »:
6. Invoquez le Père, où que vous soyez

Le Pape François a conclu son cycle de catéchèse sur le «Notre Père» lors de l’audience générale de ce mercredi 22 mai 2019, largement consacrée à l’invocation du «Père» dans cette prière.

PAPE FRANÇOIS

AUDIENCE GÉNÉRALE

Place Saint Pierre
Mercredi 22 mai 2019


Frères et sœurs, au terme du cycle de catéchèses sur le “Notre Père”, nous pouvons dire que la prière chrétienne naît de l’audace de d’appeler Dieu par le nom de « Père ». Le père est la racine de la prière chrétienne. Cela nécessite du courage car il ne s’agit pas d’une formule, mais d’une intimité filiale dans laquelle nous sommes introduits par la grâce: Jésus est le révélateur du Père et nous familiarise avec lui.

Confiance filiale

Ainsi, en lisant les Évangiles, nous découvrons que les expressions utilisées par Jésus pour prier le Père rappellent le texte du “Notre Père”, et cela jusque dans l’expérience de la nuit de Gethsémani. «Abba, Père, toutes choses te sont possibles, éloigne de moi cette coupe! Toutefois, non pas ce que je veux, mais ce que tu veux.» (Mc 14:36).

Nous constatons aussi que Jésus exhorte ses disciples à une prière insistante et confiante, à cultiver un esprit de prière qui garde mémoire des frères, en particulier dans les relations difficiles.

En dialogue aimant avec la Sainte Trinité

L’ensemble du Nouveau Testament nous montre que le premier protagoniste de toute prière chrétienne est l’Esprit Saint. Nous ne pourrions jamais prier sans la force du Saint-Esprit. C’est lui qui prie en nous et nous pousse à bien prier. L’Esprit nous fait prier dans le « sillon » que Jésus a creusé pour nous. C’est le mystère de la prière chrétienne: par la grâce, nous sommes attirés par ce dialogue d’amour de la Très Sainte Trinité

Ainsi, porté par l’amour de Jésus qui a été jusqu’à éprouver l’abandon de Dieu, nous pouvons prier dans toutes les situations “mon Dieu” parce qu’il est notre Père, avec tant d’expressions qui, au cours des millénaires de l’histoire, ont jailli du cœur des hommes. Et nous sommes appelés à lui confier sans cesse nos frères et sœurs en humanité, pour qu’aucun d’eux, en particulier les pauvres, ne reste sans consolation et sans une part de cet amour.

Pour prier, nous devons nous rendre petits, afin que le Saint-Esprit puisse venir en nous et nous guider dans la prière. «Je te loue, Père, Seigneur du ciel et de la terre, de ce que tu as caché ces choses aux sages et aux intelligents, et de ce que tu les as révélées aux enfants.» (Lc 10, 21)

*

Dans les situations de joie et de peine, que l’Esprit Saint nous aide à entrer dans la prière de Jésus, et avec lui, par lui et en lui, comme des enfants pleins de confiance, à prier “Notre Père”.

Je voudrais aujourd’hui faire mémoire avec vous de Sœur Inès Nieves Sancho, âgée de 77 ans, éducatrice des jeunes filles pauvres depuis des années, qui a été tuée de manière barbare en Centrafrique, à l’endroit même où elle enseignait aux jeunes filles à coudre. Une femme de plus qui donne sa vie pour Jésus dans le service des pauvres. Prions en silence – [silence puis Ave Maria…]

Ce vendredi 24 mai, l’Église célèbre la fête de la Bienheureuse Vierge Marie “Aide des chrétiens”, particulièrement vénérée en Chine au sanctuaire de Notre-Dame de Sheshan, près de Shanghai. Le Pape François a adressé quelques mots aux catholiques de Chine :

Cette heureuse occasion me permet d’exprimer proximité spéciale et affection à tous les catholiques en Chine, lesquels, entre les fatigues quotidiennes et les épreuves, continuent à croire, à espérer et à aimer. Chers fidèles en Chine, que notre maman du Ciel vous aide tous à être témoins de charité et de fraternité, en vous maintenant toujours unis dans la communion de l’Église universelle. Je prie pour vous et je vous bénis. Ave Maria…


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La paix de Jésus comme le calme d’une mer profonde

La paix est le don de Jésus ressuscité à ses disciples Une paix ne venant donc pas du monde mais de l’Esprit-Saint, qui soutient l’homme dans ses tribulations et lui permet de garder le sens de l’humour. C’est le thème de l’homélie du Pape François, ce mardi matin 21 mai,  lors de la messe célébrée en la chapelle de la Maison Sainte-Marthe.

 

Pour aujourd’hui, d’une part, la lapidation de Paul et les «épreuves» sont mentionnées dans le livre des Actes des Apôtres, au chapitre 14 . D’autre part, Jésus laisse sa «paix» aux disciples avant de monter vers le Père. «Que votre cœur ne soit pas bouleversé ni effrayé», leur demande-t-il, selon saint Jean (Jn 14, 27-31a). Deux aspects apparemment opposés.

Une paix des profondeurs

«La vie de persécutions et d’épreuves semble être une vie sans paix.» Dans les Béatitudes, Jésus promet  : «Heureux êtes-vous si l’on vous insulte, si l’on vous persécute et si l’on dit faussement toute sorte de mal contre vous, à cause de moi» (Mt 5,11).

La paix de Jésus va donc de pair avec «cette vie de persécutions, de tribulations». Elle est «plus profonde que toutes ces choses». C’est une paix «que nul ne peut enlever, une paix qui est un don, comme la mer qui, dans ses profondeurs, est tranquille, et en surface se trouvent les vagues..» «Vivre en paix avec Jésus, c’est avoir cette expérience à l’intérieur, qui dure pendant toutes les épreuves, toutes les difficultés.»

Pas d’anxiolytiques

Tant de saints «n’ont pas perdu la paix», même lors d’une mort douloureuse; des témoins purent parfois dire qu’«ils allaient au martyre comme des invités à une noce».  Le don de la «paix de Jésus» ne peut pas s’obtenir à travers des moyens humains, «en allant par exemple chez le médecin, ou en prenant des anxiolytiques.»

Elle vient «de l’Esprit-Saint à l’intérieur de nous», qui porte avec lui la «force». La paix de Jésus «nous enseigne à aller de l’avant dans la vie. Elle nous enseigne à supporter. Supporter: un mot dont nous ne comprenons pas bien la signification, un mot très chrétien, c’est “porter sur les épaules” (…) la vie, les difficultés, le travail, tout, sans perdre la paix». «Cela se comprend seulement lorsqu’il y a l’Esprit-Saint en nous qui nous donne la paix de Jésus.»

Le sens de l’humour, venant de l’Esprit

Le cœur rempli de ce «don promis par Jésus», nous pouvons alors affronter les pires difficultés. La paix divine est même capable de «faire sourire le cœur.» «La personne qui vit cette paix ne perd jamais le sens de l’humour. Elle sait rire d’elle-même, des autres, et même de sa propre ombre, elle rit de tout…»

«Ce sens de l’humour est si proche de la grâce de Dieu. La paix de Jésus dans la vie quotidienne, la paix de Jésus dans les tribulations et avec cette pointe de sens de l’humour qui nous fait bien respirer. Que le Seigneur nous donne cette paix qui vient de l’Esprit-Saint, cette paix qui est vraiment de Lui et qui nous aide à supporter, à l’emporter sur tant de difficultés de la vie.»

La vie est don de Dieu, prions pour Vincent Lambert

Le Pape François a fait diffuser, ce lundi 20 mai 2019, un tweet faisant allusion à l’affaire Vincent Lambert, le  jour de l’arrêt de  son hydratation et de son alimentation : «Prions pour ceux qui vivent dans un état de grave handicap. Protégeons toujours la vie, don de Dieu, du début à la fin naturelle. Ne cédons pas à la culture du déchet.»

 

Cet appel s’inscrit en cohérence avec ses autres interventions sur ce dossier complexe. Le 15 avril 2018, lors de la prière du Regina Cœli, le Pape avait ainsi qualifié l’affaire Vincent Lambert de «situation douloureuse et complexe». Il avait aussi demandé que «chaque malade soit respecté dans sa dignité et soigné d’une façon adaptée à son état de santé».

Samedi, don Roberto Colombo, professeur à la faculté de médecine et de chirurgie de l’Université catholique du Sacré-Cœur, à Milan, s’exprimait sur le cas complexe de ce patient français tétraplégique depuis 2008.

Il a rappelé que «l’accueil, le respect et la protection de toute vie humaine, dans quelque condition qu’elle se trouve, est aujourd’hui le point le plus faible (et pourtant décisif) de la société, de la politique et de l’État. Ne pas accueillir tous revient à écarter quelqu’un», à l’exclure moralement, juridiquement ou physiquement.

Il dénonce la «conjuration du silence» qui entourent cette question du droit à la vie des personnes lourdement handicapées, comme c’est le cas de Vincent Lambert, hospitalisé depuis 2008 au CHU de Reims.

La simple définition médicale de son cas ne fait pas consensus : l’état de conscience minimale plus, ou encore l’état végétatif chronique qui lui sont attribués selon les différentes sources, ne répondent pas aux mêmes définitions.

Dans son cas, l’arrêt des soins, ou plus précisément l’arrêt de l’alimentation et de l’hydratation a été mis en pratique ce lundi 20 mai, une décision du corps médical soutenue par son épouse mais à laquelle s’opposent ses parents.

Le Comité international des droits des personnes handicapées, qui dépend de l’ONU, a demandé un maintien provisoire des soins, mais le gouvernement a fait savoir que la France n’était pas légalement contrainte par ce comité.

Vincent Lambert ne faisait pas l’objet d’un acharnement thérapeutique

Don Roberto Colombo fait savoir que Vincent Lambert, bien que se trouvant dans une condition de grave incapacité relationnelle avec le monde extérieur et les personnes qui lui sont proches (personne toutefois ne pouvant s’avancer avec certitude sur l’éventuelle réduction ou absence de sa “conscience interne” ou “profonde”), ne se situe pas dans un état de fin de vie, puisque sa respiration est restée autonome et n’est donc pas soumise à une assistance respiratoire, qu’il n’a pas de stimulateur cardiaque, et qu’il n’est pas traité en soins intensifs.

Le tribunal administratif de Châlons-en-Champagne avait considéré en 2018 qu’il ne faisait l’objet ni d’un «acharnement thérapeutique» ni d’une «obstination déraisonnable». L’an dernier, un autre rapport rédigé par 70 médecins et spécialistes avait mis en avant la stabilité de ses conditions cliniques. Il n’est donc pas dans une situation désespérée et terminale qui pourrait rendre éthiquement acceptable l’arrêt des soins.

Pour les malades chroniques, l’hydratation et l’alimentation sont considérées par l’Église catholique comme «un moyen ordinaire et proportionné de conservation de la vie», avait rappelé en 2007 la Congrégation pour la Doctrine de la Foi. Y renoncer reviendrait donc à ouvrir la voie à une euthanasie.

Récemment, l’archevêque de Reims, Mgr Éric de Moulins-Beaufort, et son évêque auxiliaire, Mgr Bruno Feillet, ont rappelé que «la grandeur de l’humanité consiste dans le fait de considérer comme inaliénable et inviolable la dignité de ses membres, spécialement les plus fragiles».

Le Pape François lui-même, prenant la parole sur la situation de Vincent Lambert, avait déclaré que «l’unique maître de la vie, du début à la fin naturelle, est Dieu. Notre devoir est de tout faire pour prendre soin de la vie», y compris des malades en état végétatif ou de conscience minimale, comme il y en a des dizaines de milliers en Europe.

Cet arrêt des soins est donc une attaque «contre la vie et la dignité de la personne. Même si une loi ou une décision de justice permettent cette action, elle reste inacceptable et indigne d’une société fondée sur le respect et l’accueil de la vie de tous», conclut don Roberto Colombo.

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