Le Pape invite l’Église au Mozambique à vivre dans la compassion

Le Pape a rencontré à la cathédrale de Maputo,  jeudi après-midi 5 septembre, les évêques, prêtres, religieux, consacrés, séminaristes, catéchistes et animateurs de l’Église catholique au Mozambique.

«Comme la Sainte Mère Église est heureuse de vous entendre manifester l’amour du Seigneur et de la mission qu’il vous a confiée ! Comme elle est heureuse de voir votre désir de retourner toujours au “premier amour” !»

La famille de Dieu est «née dans ce oui que Marie a dit à l’ange. Elle n’a même pas regardé en arrière un instant.» «L’annonce de l’Incarnation est faite en Galilée, la région la plus éloignée et la plus conflictuelle, dans un petit village – Nazareth – dans une maison et non dans la synagogue ou dans un endroit religieux ; elle est faite à une laïque et… une femme. Qu’est-ce qui a changé ? Tout !»

«La figure de cette jeune fille simple chez elle, en contraste avec toute la structure du temple et de Jérusalem, peut être un miroir où nous voyons nos complications et nos préoccupations qui obscurcissent et entravent la générosité de notre oui.»

Se laisser fatiguer par la compassion

«Nous ne pouvons pas poursuivre ce qui génère des bénéfices personnels» ; nos fatigues doivent être plus liées à «notre capacité de compassion, à des tâches dans lesquelles le cœur est ‘‘mû’’ et ému. Nous passons des heures et des jours à accompagner cette mère qui a le sida, cet enfant orphelin, cette grand-mère qui a à sa charge de nombreux petits-enfants ou ce jeune venu en ville qui est désespéré parce qu’il ne trouve pas de travail…».

«Renouveler l’appel, c’est choisir, dire oui et nous fatiguer dans ce qui est fécond aux yeux de Dieu, qui rend présent, incarne son Fils Jésus. Puissions-nous trouver, dans cette fatigue salutaire, la source de notre identité et de notre bonheur !»

«La Vierge visite sa cousine âgée et tout est fête, danse et louange. C’est une partie d’Israël qui a compris le changement profond et vertigineux du projet de Dieu : c’est pourquoi elle accepte d’être visitée, c’est pourquoi l’enfant exulte dans son sein. Pendant un moment, dans une société patriarcale, le monde des hommes recule, muet comme Zacharie. De même, aujourd’hui nous a parlé une catéchiste, une femme mozambicaine qui nous a rappelé que rien ne vous fera perdre l’enthousiasme d’évangéliser, d’accomplir votre engagement baptismal. Et en elle se trouvent tous ceux qui vont à la rencontre de leurs frères.»

L’inculturation, un voyage qui raccourcit les distances

«Témoins de divisions et de rancœurs qui se sont soldées par des guerres», «vous devez toujours être disposés à vous ‘‘rendre visite’’, afin de raccourcir les distances. L’Église au Mozambique est invitée à devenir l’Église de la Visitation ; elle ne peut pas faire partie du problème des rivalités, des mépris et des divisions entre les uns et les autres, mais plutôt être la porte vers une solution, un espace où le respect, l’échange et le dialogue sont possibles. Comme Marie s’est rendue chez Élisabeth, de même, nous aussi, appartenant à l’Église, nous devons sonder le chemin face à de nouvelles problématiques, en cherchant à ne pas demeurer paralysés dans une logique qui oppose, divise, condamne. Mettez-vous en route et cherchez une réponse à ces défis, en demandant l’assistance sûre de l’Esprit Saint. C’est lui le Maître capable de montrer les nouveaux chemins à parcourir.»

Il a visité ensuite en privé à 17h25 la Maison Matthieu 25, une structure soutenue par la nonciature apostolique et par une vingtaine de congrégations religieuses présentes dans le pays, et qui vient en aide aux enfants de la rue.

Le Pape appelle les jeunes à être acteurs de paix

Ce jeudi 5 septembre 2019 en matinée, le Pape a  rencontré officiellement les autorités, la société civile et le corps diplomatique à qui il s’est adressé au Palais Ponte Vermelha, après un entretien avec le président Filipe Nyusi.

Il a présidé ensuite une rencontre interreligieuse avec des jeunes, qui s’est déroulée dans un palais des sports de la capitale mozambicaine, le stade Maxaquene de Maputo, où des milliers de jeunes l’attendaient. Dans une ambiance joyeuse, reflétant la diversité ethnique et religieuse du pays, François a adressé aux jeunes des paroles d’espérance et d’encouragement, notamment pour construire la paix dans leur nation.

C’était le deuxième temps fort de cette première journée du Pape François au Mozambique.

Les interrogations d’un jeune mozambicain

Ceux-ci avaient préparé de brèves allocutions, des chorégraphies ou encore des chants en guise d’accueil. Devant le Saint-Père, des dizaines de jeunes se sont succédé, chaque groupe s’exprimant au nom d’une confession religieuse particulière – chrétienne, musulmane, hindoue, catholique.

Un jeune homme a ensuite pris la parole, décrivant le Mozambique comme une terre dotée d’immenses ressources naturelles, mais où la plupart des jeunes vivent «dans un état de pauvreté absolue». «Que pouvons-nous faire pour que notre rêve devienne réalité ?» et «que faire pour que nous, les jeunes, nous fassions partie de la solution aux problèmes qui affectent notre pays ?»

Des paroles stimulantes

Le Souverain pontife a tenté d’y répondre dans son discours au ton affectueux et encourageant. «Que peut-il y avoir de plus important pour un pasteur que d’être avec ses jeunes ?» «Vous n’êtes pas que l’avenir du Mozambique, ou de l’Église et de l’humanité; vous êtes le présent : par tout ce que vous êtes et faites, vous apportez déjà votre contribution en lui offrant le meilleur que vous puissiez donner aujourd’hui» «Vous êtes la joie de ce pays, la joie d’aujourd’hui», «vous êtes la vitalité de ce peuple, où chacun joue un rôle fondamental, dans un unique projet innovant, pour écrire une nouvelle page de l’histoire, une page remplie d’espérance, de paix et de réconciliation.»

Le sport, école de solidarité et de sain dépassement

François a ensuite invité les jeunes à réaliser leurs rêves en se méfiant de deux attitudes: «la résignation et l’angoisse» qui sont «de grandes ennemies de la vie, car normalement, elles nous poussent vers un chemin facile, mais d’échec ; et les frais de péage qu’elles demandent pour laisser passer sont très élevés… On paie de son propre bonheur, voire de sa propre vie».

Le Pape s’est notamment référé au football, grande passion du peuple mozambicain, pour mettre en relief la capacité à faire équipe malgré les différences. Il a cité l’un des plus célèbres joueurs du pays, Eusébio da Silva. Puis Maria Mutola a été donnée en exemple par le Saint-Père: à force de persévérance, cette athlète mozambicaine est parvenue à la médaille d’or aux Jeux Olympiques de Sydney, et s’est aussi souciée de l’avenir des enfants de son pays natal. «Comme le sport nous apprend à persévérer dans nos rêves !»

Prendre soin de ses racines

Puis un autre thème cher au Souverain pontife a été évoqué, celui du lien aux anciennes générations. «Ce que vous écoutiez, ce que vous voyiez vos parents et grands-parents chanter et danser, vous l’avez adopté comme vôtre. C’est le chemin que je vous propose: un chemin “fait de liberté, d’enthousiasme, de créativité, d’horizons nouveaux, mais en cultivant en même temps ces racines qui nourrissent et soutiennent”», mots de son Encyclique Christus vivit.

Paix, environnement… des thèmes d’actualité

«La paix est un processus que vous aussi vous êtes appelés à faire progresser, en étendant toujours vos mains surtout à ceux qui traversent des moments difficiles.» «Comme il est important que nous apprenions à être une main amie et tendue ! Essayez également de grandir dans l’amitié avec ceux qui pensent différemment, pour que la solidarité grandisse entre vous et devienne la meilleure arme pour transformer l’histoire.»

Rappelant enfin les deux cyclones qui ont ravagé le pays en début d’année, mais aussi les beautés naturelles du Mozambique, le Saint-Père a incité les jeunes à continuer de prendre «à bras le corps l’impérieux défi de protéger notre Maison commune.»

Dieu est Amour

Pour clore son discours, le Pape a souligné combien l’amour de Dieu pour chacun de ses enfants est unique, fidèle, fait de liberté et de miséricorde. «Dieu vous aime et, sur cette affirmation, toutes nos traditions religieuses sont d’accord», a-t-il dit, avant d’inviter l’assemblée à un petit temps de recueillement… «essaie de rester un moment en silence en te laissant aimer par lui. Essaye de faire taire toutes les voix et les cris intérieurs, et reste un moment dans les bras de son amour». «Je sais que vous croyez en cet amour qui rend possible la réconciliation».

Mozambique : les exigences de la paix

Le Pape François a rencontré ce jeudi matin le président mozambicain Filipe Nyusi et les autorités civiles du pays au Palais Ponte Vermelha.

 

Il a d’emblée situé sa première intervention dans la perspective de «l’espérance d’un avenir meilleur», en adressant ses «premières paroles de proximité et de solidarité» aux victimes des cyclones Idai et Kenneth.

«Je veux que vous sachiez que je partage votre angoisse, votre souffrance ainsi que l’engagement de la communauté catholique pour faire face à une situation si dure. Au sein de la catastrophe et de la désolation, je demande à la Providence que ne vous fasse pas défaut la sollicitude de tous les acteurs civils et sociaux qui, en mettant la personne au centre, seront capables de promouvoir la reconstruction nécessaire». il a regretté de ne pas pouvoir se rendre directement sur les lieux les plus affectés par la catastrophe.

Il a également exprimé sa «reconnaissance et celle d’une grande partie de la communauté internationale pour les efforts qui, depuis des décennies, sont accomplis afin que la paix redevienne la norme et la réconciliation, le meilleur chemin pour affronter les difficultés et les défis que vous avez en tant que Nation.»

Se reconnaître comme frères

Il a salué la signature récente de «l’accord du cessez-le-feu définitif entre frères mozambicains. C’est un jalon, que nous saluons et espérons décisif, posé par des personnes courageuses sur la voie de la paix qui part de cet Accord général de 1992 conclu à Rome.»

Il sa souligné que toutes ces étapes visent à «empêcher que la manière d’écrire l’histoire ne soit une lutte fratricide, mais plutôt la capacité de se reconnaître comme frères, fils d’une même terre, administrateurs d’un destin commun», invitant au «courage de la paix.»

«Non à la violence et oui à la paix !», a dit le Pape, citant les mots prononcés par saint Jean-Paul II lors de sa visite dans le pays en 1988.

Les promesses d’un développement inclusif

Le Pape a salué des «progrès prometteurs» dans le domaine de l’éducation et de la santé. «Je vous encourage à poursuivre le travail de consolidation des structures et des institutions nécessaires pour que personne ne se sente abandonné, surtout vos jeunes, qui constituent la majorité de la population. Ils ne sont pas seulement l’espérance de cette terre, ils sont le présent qui interpelle, cherche et a besoin de trouver des moyens dignes leur permettant de développer leurs talents ; ils sont un potentiel pour semer et développer l’amitié sociale tant désirée.»

«Une culture de paix implique un développement productif, substantiel et inclusif, où chaque mozambicain puisse sentir que ce pays est sien, et dans lequel il puisse établir des relations de fraternité et d’équité avec son voisin et avec tout ce qui l’entoure.»

Le Pape a conclu son discours en disant espérer que son séjour dans le pays «puisse contribuer à ce que la paix, la réconciliation et l’espérance règnent définitivement.»

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