Pèlerinage du cœur

Partage de foi

Chers membres de la Famille vincentienne à travers le monde,
La grâce et la paix de Jésus soient toujours avec nous !

Alors que nous entrons en Carême, c’est avec une profonde joie intérieure que nous rendons grâce à Jésus pour ce temps saint de l’année qui nous aide à comprendre et à voir avec les yeux du cœur ses gestes de miséricorde infinie envers nous, envers les autres et envers l’humanité entière.

Chemin et lumière
Chemin et lumière

Nous poursuivons notre réflexion sur les éléments qui ont façonné la spiritualité vincentienne et ont conduit saint Vincent de Paul à devenir un mystique de la Charité.

Je nous invite tous à faire de ce Carême un pèlerinage, un pèlerinage du cœur, au cœur de Jésus et au nôtre. Si les deux cœurs se rencontrent, si les deux cœurs sont remplis des mêmes pensées et des mêmes désirs, tous les actes que nous poserons, à tout moment de notre vie, seront des actes saints. Jésus remplira notre cœur de sa présence même dans les plus petits recoins et notre cœur sera un cœur selon son cœur.

Je voudrais saisir cette occasion pour exhorter les membres de la Famille vincentienne de rencontrer régulièrement Jésus dans le sacrement de la Réconciliation, une fois par mois, de répondre à l’invitation de Jésus et d’en faire une pratique régulière de leur cheminement spirituel.

Le partage de foi

Du temps de Vincent, des exercices tels que la répétition d’oraison et la pratique de la coulpe donnaient aux membres de sa famille spirituelle l’occasion de partager fréquemment leur foi et de reconnaître ouvertement leurs fautes.

A travers les siècles, divers modèles de partage de foi ont émergé. Des Pères spirituels ont communiqué une méthode ou des étapes pour nous aider à écouter la Parole de Dieu, à être ouverts pour l’accueillir dans notre cœur et recevoir l’inspiration de l’Esprit afin de comprendre ce que Jésus nous dit personnellement, à travers un texte donné.

Ensuite, en toute simplicité et humilité, nous le partageons avec le groupe, la communauté. C’est une « terre sainte » où nous nous sentons en sécurité, non jugés, ni critiqués, mais écoutés, acceptés comme des égaux, tels que nous sommes à ce moment de notre cheminement spirituel.

Dans un tel environnement, dans une telle communauté, dans une telle rencontre de partage de foi, nous approfondissons notre relation avec Jésus, avec nous-mêmes et avec les autres. Vincent aimait que le partage soit franc et concret. Il disait :

« C’est une bonne pratique de venir au détail des choses humiliantes, quand la  prudence permet qu’on les déclare tout haut, à cause du profit qu’on en tire, se surmontant soi-même dans la répugnance qu’on ressent à découvrir et à manifester ce que la superbe voudrait tenir caché. Saint Augustin a lui-même  publié les péchés secrets de sa jeunesse, en ayant composé un livre, afin que toute la terre sût toutes les impertinences de ses erreurs et les excès de ses débauches. Et ce vaisseau d’élection, saint Paul, ce grand apôtre qui a été ravi jusqu’au ciel, n’a-t-il pas avoué qu’il avait persécuté l’Église ? Il l’a même couché par écrit, afin que jusqu’à la consommation du siècle on sût qu’il avait été un persécuteur » (Coste XI, 53-54).

Parmi d’autres formes de partage de foi que vous connaissez ou pouvez pratiquer, permettez-moi de vous proposer un modèle, intitulé les « sept étapes », un schéma qui peut être utilisé.

Sept étapes :

1 Nous rappelons la présence du Seigneur. Quelqu’un commence par une prière ou un chant.

3 Nous lisons un texte. Quelqu’un lit un texte biblique, un extrait de saint Vincent ou autre.

4 Nous laissons Dieu nous parler en silence. Nous gardons le silence pendant un temps déterminé et laissons Dieu nous parler.

5 Nous choisissons des mots ou des phrases qui nous frappent. Chaque personne choisit une courte phrase ou un mot et le dit à haute voix dans la prière, tandis que les autres gardent le silence.

6 Nous partageons ce que nous avons entendu dans notre cœur. Qu’est-ce qui nous a touchés personnellement dans la lecture ou dans la prière ? Nous parlons de ce que chacun ou le groupe dans son ensemble sont appelés à faire. Y a-t-il quelque chose que nous sommes appelés à faire ?

7 Nous prions ensemble. Nous terminons par une prière ou un chant.

Le partage de foi est une «terre sainte» où nous enlevons nos chaussures pour nous mettre devant Jésus, en toute simplicité et humilité.

Le partage de foi n’est pas un moment où, après avoir écouté et médité la Parole de Dieu, nous donnons une brève homélie ou une brève exégèse du texte que nous venons de lire, prenant le rôle d’un enseignant.

Le partage de foi consiste plutôt à écouter et à méditer ce que Jésus dit personnellement à chacun de nous, puis à le partager avec le groupe, avec notre communauté.

Jésus est celui qui guérit, et nous sommes invités à devenir des guérisseurs, avec nos blessures, selon son cœur.

Nous entreprenons ensemble un « pèlerinage du cœur ». Une réflexion plus approfondie sur la direction spirituelle, le sacrement de la Réconciliation, le partage de foi et leur adoption en tant que « compagnons » réguliers nous assurent que notre pèlerinage atteindra son objectif : unir le cœur de Jésus et notre propre cœur afin d’atteindre le cœur de tous en tant qu’évangélisateurs des pauvres plus efficaces.

Rome, Carême 2019
Votre frère en Saint Vincent,
Tomas Mavric, CM, Supérieur général

agir avec sagesse et charité, contre le bavardage qui détruit

Commentant le passage de saint Luc dans l’évangile d’aujourd’hui, le Pape François exhorte ceux qui ont des responsabilités en matière d’éducation ou de commandement à faire un « discernement sain », avant tout choix et toute action. Puis il rappelle que le « murmure » détruit la famille, l’école, le lieu de travail, et que c’est « à partir du langage que commencent les guerres ».

***

PAPE FRANÇOIS

ANGÉLUS

Place Saint Pierre -Rome
Dimanche, 3 mars 2019


Chers frères et sœurs, bonjour!

Le passage de l’Évangile d’aujourd’hui présente de courtes paraboles, par lesquelles Jésus veut indiquer à ses disciples la voie à suivre pour bien vivre.

A la question: « Un aveugle peut-il conduire un autre aveugle? » (Lc 6, 39), il veut souligner qu’un guide ne peut pas être aveugle, mais doit bien voir, c’est-à-dire qu’il doit posséder la sagesse de conduire avec sagesse, sinon cela risquerait de causer des dommages aux personnes qui en dépendent.

Jésus attire ainsi l’attention de ceux qui ont des responsabilités en matière d’éducation ou de commandement: pasteurs d’âmes, autorités publiques, législateurs, enseignants, parents, en les priant instamment de prendre conscience de leur rôle délicat et de toujours trouver le bon chemin sur lequel conduire les gens.

Et Jésus emprunte une expression sapientielle pour s’indiquer comme modèle d’enseignant et de guide à suivre: « Un disciple est autre que l’enseignant; mais quiconque est bien préparé sera comme son maître » (v. 40). C’est une invitation à suivre son exemple et son enseignement pour être des guides sûrs et sages.

Et cet enseignement est particulièrement contenu dans le discours de la montagne, que la liturgie du dimanche nous propose dans l’Évangile, indiquant l’attitude de douceur et de miséricorde pour être des gens sincères, humbles et justes.

Dans le passage d’aujourd’hui, nous trouvons une autre phrase significative, qui nous exhorte à ne pas être présomptueux et hypocrite. Il dit: « Pourquoi regardes-tu la paille dans l’œil de ton frère et ne remarques-tu pas la poutre dans ton œil? » (V. 41).

Nous savons tous combien de fois il est plus facile ou plus commode de discerner et de condamner les défauts et les péchés d’autrui sans pouvoir voir les nôtres avec autant de clarté. Nous cachons toujours nos fautes, nous les cachons aussi à nous-mêmes; au lieu de cela, il est facile de voir les défauts des autres.

La tentation est d’être indulgent avec soi-même et dur avec les autres. Il est toujours utile d’aider les autres avec des conseils avisés, mais si nous observons et corrigeons les défauts de notre voisin, nous devons également savoir que nous avons des défauts.

Si je crois ne pas les avoir, je ne peux ni condamner ni corriger les autres. Nous avons tous des défauts: tout le monde. Nous devons en être conscients et, avant de condamner les autres, nous devons regarder en nous-mêmes. Nous pouvons donc agir de manière crédible, avec humilité, en témoignant de la charité.

Comment pouvons-nous comprendre si notre œil est libre ou bloqué par une poutre? C’est toujours Jésus qui nous dit: « Il n’existe pas de bon arbre qui produit de mauvais fruits, pas plus qu’un mauvais arbre qui produit de bons fruits. En fait, chaque arbre est reconnu à ses fruits » (vv.43-44).

Le fruit, c’est des actions, mais aussi des mots. La qualité de l’arbre est également connue par les mots. En fait, ce qui est bon tire le bien et le mal de son cœur et de sa bouche et ce qui est mauvais tire le mal, pratiquant l’exercice le plus dommageable qui soit parmi nous: le murmure, le bavardage, le fait de parler mal des autres.

Cela détruit; cela détruit la famille, détruit l’école, détruit le lieu de travail, détruit le quartier. Les guerres commencent à partir de la langue. Réfléchissons un peu sur cet enseignement de Jésus et posons-nous les questions:

Est-ce que je parle mal des autres?

Est-ce que j’essaie toujours de salir les autres?

Est-il plus facile pour moi de voir les défauts des autres que les miens?

Et essayons de nous corriger au moins un peu: cela  fera du bien à tout le monde.

Invoquons le soutien et l’intercession de Marie pour suivre le Seigneur sur ce chemin.

Après l’angélus

Chers frères et sœurs,

Aujourd’hui, je vous encourage à marcher avec joie, avec générosité, en témoignant partout de la bonté et de la miséricorde du Seigneur.

Et je souhaite à tous un bon dimanche! S’il vous plaît, n’oubliez pas de prier pour moi. Bon déjeuner et au revoir!


© Copyright – Libreria Editrice Vaticana

L’attention maternelle de Marie

Le signe de Cana Giotto Chapelle des Scrovegni Padoue
Le signe de Cana Giotto Chapelle des Scrovegni Padoue

Par sa sollicitude maternelle, la Vierge Marie nous aide à nous ouvrir à la grâce de Dieu, à nous débarrasser de tout ce qui nous ralentit dans notre marche vers le Christ, dans notre attention au prochain et notre service à son égard.

Dans l’exemple de Cana (Jean 2, 1-11), Jésus accomplit son premier signe grâce à l’intervention de sa Mère. Cela nous invite à nous confier à Jésus miséricordieux : « Tout ce qu’il vous dira, faites-le. »

Aux noces de Cana, Marie est la femme attentive qui s’aperçoit d’un embarras important pour les mariés : le vin manque, le vin, symbole de la joie, de la fête. Marie découvre la difficulté, la fait sienne et, avec discrétion, agit immédiatement. Elle ne reste pas là à regarder, mais elle s’adresse à Jésus et lui présente le problème tel qu’il est : « Ils n’ont pas de vin. »

Et quand Jésus lui répond que son heure n’est pas encore venue, elle dit aux serviteurs : « Tout ce qu’il vous dira, faites-le ». Alors Jésus accomplit le miracle, transformant une grande quantité d’eau en vin, un vin qui apparaît tout de suite le meilleur de toute la fête. Quel enseignement pouvons-nous tirer du mystère des noces de Cana ?

Marie participe à la joie des gens ordinaires et contribue à l’accroître ; elle intercède auprès de son Fils pour le bien des époux et de tous les invités, dont les disciples de Jésus. Ce dernier n’a pas refusé la demande de sa Mère. Que d’espérance pour nous dans cet événement !

Nous avons une Mère qui a les yeux attentifs et pleins de bonté, comme son Fils ; le cœur maternel et débordant de miséricorde, comme lui ; les mains qui veulent aider, comme les mains de Jésus qui rompaient le pain pour qui avait faim, les mains de Jésus qui touchaient les malades et les guérissaient.

Cela nous remplit de confiance et fait que nous nous ouvrons, par l’intercession attentionnée de Marie, à la grâce du Christ qui ne manquera pas de transformer nos efforts humains en quelque chose de divin. ■

P. Jean-Daniel Planchot, cm

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