Naufrage en Tanzanie : condoléances du Pape

Le Pape François a exprimé sa solidarité suite au tragique naufrage d’un ferry sur le Lac Victoria en Tanzanie. On déplore pour l’heure plus de deux cents victimes.

 

Dans un télégramme de condoléances, signé par le cardinal Pietro Parolin et adressé aux autorités civiles et ecclésiastiques de Tanzanie, le Souverain Pontife se dit «attristé» par l’accident survenu jeudi après-midi. Le ferry «MV Nyerere» effectuait une navette entre deux iles du Lac, lorsqu’il a complètement chaviré, à quelques encablures seulement du débarcadère de son port de destination. En ce jour de marché, le bateau, d’une capacité initiale de cent personnes, transportait en réalité au moins le double.

Le Pape François fait part de sa «sincère solidarité» avec les familles des victimes et des disparus. Il invoque les bénédictions de «force et de consolation» sur toutes les personnes affectées par ce terrible drame ; encourage les autorités civiles et les équipes de secours déployées sur place, engagées dans une course contre la montre pour retrouver d’éventuels survivants. Plus de deux cents corps ont été repêchés. Seules une quarantaine de personnes a pu être secourue.

Matthieu, publicain et collecteur d’impôt

toujours se rappeler d’où nous avons été choisis

La liturgie de ce jour nous parle de l’appel de Matthieu le publicain, choisi par Dieu et constitué apôtre. Dans son homélie, prononcée lors de sa messe matinale à Sainte-Marthe, le Pape a mis en valeur trois paroles: choisir, se souvenir, et miséricorde.

 

Saint Matthieu
Saint Matthieu

Matthieu, publicain et collecteur d’impôt, était un corrompu, «parce qu’il trahissait sa patrie pour de l’argent. Un traitre au peuple : la pire des choses». Quelqu’un peut penser que Jésus «ne fait pas preuve de bon sens dans le choix des personnes». Outre Matthieu en effet, Jésus en a choisi tant d’autres, parmi les plus petits, les plus méprisés.

Ainsi en a-t-il été pour la samaritaine et tant d’autres pécheurs qu’il a constitués apôtres.

«Cette conscience que, nous chrétiens, devrions avoir, -d’où je viens et d’où j’ai été choisi pour être chrétien-, doit rester toute la vie» ; en d’autres termes, «garder en mémoire ses péchés, le fait que le Seigneur a eu pitié de mes péchés, et qu’Il m’a choisi pour être apôtre».

Matthieu n’a pas oublié ses origines

Le Pape décrit ensuite la réaction de Matthieu à l’appel du Seigneur : il ne s’habille pas avec luxe, il ne targue pas d’être le prince des apôtres, mais choisit de mettre sa vie au service de l’Évangile.

«Lorsque l’apôtre oublie ses origines et commence à faire carrière, il s’éloigne du Seigneur et devient un fonctionnaire qui fait beaucoup de bien peut-être, mais qui n’est pas apôtre. Il sera incapable de transmettre Jésus. Il mettra en place beaucoup de plans pastoraux, mais il ne sera qu’affairiste du Royaume de Dieu, car il a oublié d’où il a été choisi».

Pour cela, la mémoire de nos origines est importante et doit accompagner la vie de l’apôtre et de chaque chrétien.

Nous manquons de charité, pas le Seigneur

Au lieu de se regarder, c’est vers les autres que nous nous tournons, pour les regarder, eux et leurs péchés, et mal parler d’eux. C’est une habitude qui ne fait pas nous sentir bien. Il vaut mieux s’accuser soi-même et se rappeler d’où le Seigneur nous a tirés pour nous porter jusqu’ici.

Quand Dieu choisit, c’est pour quelque chose de grand : «être chrétien est une chose grande et belle. C’est nous qui nous nous éloignons pour rester à la moitié du chemin». Il nous manque la générosité, et nous négocions avec le Seigneur tandis que Lui nous attend.

Le scandale des docteurs de la Loi

A son appel, Matthieu renonce à son amour, à l’argent, pour suivre Jésus. Pour fêter le Maitre, il invite alors tous ses amis à partager un repas. C’est ainsi qu’à cette table, se trouvait «le pire du pire de la société de l’époque, et Jésus était avec eux».

«Les docteurs de la Loi en sont scandalisés. Ils interpellent les disciples et leur demandent ‘mais pourquoi votre maître fait-il cela ? Il devient impur !’. Alors Jésus prend la parole et leur dit : ‘Allez apprendre ce que signifie : Je veux la miséricorde, non le sacrifice’. La miséricorde de Dieu cherche tout le monde, pardonne tout le monde. Il suffit de dire ‘oui, aide-moi’. »

Le mystère de la miséricorde est le cœur de Dieu

A ceux qui se scandalisent, Jésus répond que ce ne sont pas les bien portants qui ont besoin du médecin, mais les malades, et «c’est la miséricorde que je veux, non les sacrifices». «Comprendre la miséricorde du Seigneur est un mystère : le mystère le plus grand, le plus beau, c’est le cœur de Dieu. Si tu veux arriver au cœur de Dieu, prends le chemin de la miséricorde, et laisse-toi traiter avec miséricorde.»

Voir aussi :

l’appel de Matthieu

Le diable se sert des hypocrites pour persécuter l’Église

Lors de la messe matinale à la maison Sainte-Marthe, le Pape a exhorté la miséricorde comme Jésus et à ne pas condamner les autres, en mettant le Christ «au centre» de notre vie.

 

Jésus et la femme adultère Tiziano Vecelli 1520 - Musée d'histoire de l'art de Vienne Autriche
Jésus et la femme adultère Tiziano Vecelli 1520 – Musée d’histoire de l’art de Vienne Autriche

Demandons à Jésus de protéger toujours notre Église «avec sa miséricorde et son pardon». L’Église est sainte en tant que mère, mais elle est «pleine de fils pécheurs comme nous», a expliqué le Saint-Père, revenant sur la Première lettre de saint Paul aux Corinthiens et sur l’extrait de l’Évangile de Luc centré sur ces paroles de Jésus : «Ses nombreux péchés sont pardonnés, parce qu’elle a beaucoup aimé.»

Jésus regarde chaque petit geste d’amour

Le Pape a évoqué «trois groupes de personnes» dans les lectures d’aujourd’hui : Jésus et ses disciples ; Paul et la femme, qui risquait d’être lapidée ; et les docteurs de la Loi. Il a mis en évidence l’attitude de la femme, qui, sans cacher le fait d’être pécheresse, manifestait «beaucoup d’amour» envers Jésus.

Paul est dans la même situation lorsqu’il affirme : «À vous en effet j’ai transmis avant tout ce que j’ai aussi reçu de Dieu, c’est-à-dire le fait que le Christ est mort pour nos péchés.» Les deux cherchaient Dieu «avec amour, mais l’amour à moitié». Paul «pensait que l’amour était une loi et il avait le cœur fermé à la révélation de Jésus-Christ : il persécutait les chrétiens, mais pour le zèle de la loi, pour cet amour qui n’était pas mature». Et la femme cherchait l’amour, mais «le petit amour».

Les pharisiens se scandalisent de ces attitudes, mais Jésus leur répond, en parlant de la femme : «À celle-ci, il sera beaucoup pardonné, parce qu’elle a beaucoup aimé.» Elle fait partie de celles et ceux «qui seront devant nous dans le Royaume des Cieux». «Jésus regarde le petit geste d’amour, le petit geste de bonne volonté, il le prend et il le porte en avant. Ceci est la miséricorde de Jésus : il pardonne toujours, il reçoit toujours.»

Le «scandale» des hypocrites

Pour ce qui concerne les «docteurs de la Loi», François a fait noter qu’ils «ont une attitude que seuls les hypocrites utilisent souvent : ils se scandalisent», et ils disent : «“Mais regarde, quel scandale ! On ne peut pas vivre comme ça ! Ils ont perdu les valeurs… Maintenant ils ont tous le droit d’entrer dans l’église, mêmes les divorcés, tout le monde… Mais où sommes-nous ?” Le scandale des hypocrites.»

«Ceci est le dialogue entre le grand amour qui pardonne tout, et l’amour “à moitié” de Paul et de cette dame, et aussi le nôtre, qui est un amour incomplet puisque aucun de nous n’a été canonisé. Disons la vérité. C’est l’hypocrisie. L’hypocrisie des “justes”, des “purs”, de ceux qui se croient sauvés pour leurs propres mérites extérieurs.»

Dans l’histoire, l’Église est persécutée par les hypocrites

Jésus voit que ces personnes portent beau extérieurement, mais sont comme des «sépulcres blanchis». À l’intérieur, elles ont de la «putréfaction», de la «pourriture». «Et l’Église, quand elle chemine dans l’histoire, est persécutée par les hypocrites, les hypocrites du dedans et du dehors. Le diable n’a rien à faire avec les pécheurs repentis, parce qu’ils regardent Dieu et ils disent : ‘Seigneur, je suis pécheur, aide-moi.’»

«Et le diable est impuissant, mais il est fort avec les hypocrites. Il est fort, et il les utilise pour détruire, détruire les gens, détruire la société, détruire l’Église. Le cheval de bataille du diable est l’hypocrisie, parce que lui il est un menteur : il se fait voir comme un prince puissant, très beau, mais par derrière il est un assassin.»

Le Pape a donc exhorté à ne pas oublier que Jésus pardonne, reçoit, use de la miséricorde, une parole «si souvent oublié quand nous médisons sur les autres». Il a donc renouvelé son invitation à «être miséricordieux, comme Jésus, à ne pas condamner les autres. Jésus au centre».

Le Christ, en effet, pardonne aussi bien Paul, «pécheur, persécuteur, mais avec un amour à moitié», que cette femme, «pécheresse, elle aussi avec un amour incomplet». Ce n’est que comme ceci qu’ils peuvent rencontrer «le véritable amour», qui est Jésus, alors que les hypocrites «sont incapables de rencontrer l’amour parce qu’ils ont le cœur fermé».

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