Tous les articles par P. Jean-Daniel Planchot

pèlerin de paix et apôtre de l’espérance

« C’est en pèlerin de la paix que je viens, et c’est en apôtre de l’espérance que je me présente. » Le Pape François, pour sa première intervention publique en République centrafricaine, s’est adressé ce dimanche 29 septembre 2015 aux autorités de transition et au corps diplomatique réunis dans un des salons du Palais de la Renaissance, la résidence du chef de l’État. Le Pape a tout de suite mis l’accent sur la situation politique délicate que connait la Centrafrique, pays qui a connu une guerre civile suivie de violences intercommunautaires.

Dans ce discours, le Saint-Père a exprimé son « souhait le plus ardent » que « les différentes consultations nationales qui vont se tenir dans quelques semaines permettent au pays d’entamer sereinement une nouvelle étape de son histoire. »

S’adressant tout particulièrement à ceux qui sont au pouvoir, le Pape a voulu les aider à éclairer l’horizon en s’appuyant sur la devise du pays : « Unité – Dignité – Travail ». L’unité « est à vivre et à construire à partir de la merveilleuse diversité du monde ambiant, en évitant la tentation de la peur de l’autre, de ce qui ne nous est pas familier, de ce qui n’appartient pas à notre ethnie, à nos options politiques ou à notre confession religieuse. L’unité exige, tout au contraire, de créer et de promouvoir une synthèse des richesses que chacun porte en lui. L’unité dans la diversité, c’est un défi constant, qui appelle à la créativité, à la générosité, à l’abnégation et au respect d’autrui. »

Dignité et travail

Quant à la dignité, le Pape a repris à son compte une expression centrafricaine, rappelant à son auditoire que le pays est celui du « Zo kwe zo », autrement dit, « le pays où chaque personne est une personne. Celui qui a les moyens d’une vie décente, au lieu d’être préoccupé par les privilèges, doit chercher à aider les plus pauvres à accéder eux aussi à des conditions respectueuses de la dignité humaine ». Cela passe par « le développement de leur potentiel humain, culturel, économique et social ». Autrement dit, « la dignité de l’être humain, c’est de travailler à la dignité de ses semblables. C’est par le travail que vous pouvez améliorer la vie de vos familles. L’effort des parents exprime leur amour pour les petits. »

François est ensuite revenu sur un sujet qui lui tient particulièrement à cœur : le respect de l’environnement dans les politiques de développement. Il a voulu attirer l’attention « de chacun, citoyens, responsables du pays, partenaires internationaux et sociétés multinationales, sur la grave responsabilité qui est la leur dans l’exploitation des ressources environnementales, dans les choix et les projets de développement, qui d’une manière ou d’une autre affectent la planète entière. Cette vérité, la sagesse de votre peuple l’a comprise depuis longtemps et l’a traduite par ce proverbe : “Les fourmis sont petites, mais en étant nombreuses, elles ramènent leur butin dans leur nid”. »

L’engagement de l’Église

Le Pape François a tenu à saluer le travail par l’Église catholique depuis les premiers missionnaires qui vinrent évangéliser le pays, « dans le sens de ces valeurs de l’unité, de la dignité et du travail. Les Autorités centrafricaines actuelles et futures se préoccuperont sans relâche de garantir à l’Église des conditions favorables à l’accomplissement de sa mission spirituelle ».

Enfin, vu la situation particulière du pays, le Pape a eu un mot pour la communauté internationale. « Je l’encourage vivement à aller toujours plus loin sur le chemin de la solidarité, souhaitant que son engagement, uni à l’action des Autorités centrafricaines, aide le pays à progresser notamment dans la réconciliation, le désarmement, le maintien de la paix, l’assistance sanitaire et la culture d’une saine gestion à tous les niveaux. »

Le Pape François a visité ce dimanche 29 novembre 2015 le camp de déplacés Saint-Sauveur à Bangui qui accueille des familles poussées à tout quitter par les violences qui ont ravagé le pays ces dernières années. « Il faut tout faire pour la paix, celle-ci passe nécessairement par le pardon, l’amitié et l’amour entre les ethnies, les cultures, les religions. Chacun doit apporter sa contribution. Nous sommes tous frères », a-il-dit avant de donner sa bénédiction en français.

Autocritique de la présidente de transition
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honneur aux martyrs de l’Ouganda

saints martyrs de l'OugandaLe Pape François, après une visite au sanctuaire anglican de Namugongo, s’est rendu ce samedi 28 novembre au sanctuaire catholique voisin, pour un messe en l’honneur des martyrs communs aux deux Églises, tués en 1886 par le roi Mwanga ll. Cette cérémonie s’est tenue devant une foule immense, avec deux millions de participants attendus.

Cette messe, concélébrée avec des évêques venus de plusieurs pays, était la plus importante de ce voyage du Pape en Afrique. Elle se tenait pour commémorer les 50 ans de la canonisation, à Rome en 1964, des martyrs de l’Ouganda, 46 ans après la venue à Kampala du Pape Paul VI, et 22 ans après la visite de Jean-Paul II.

Dans son homélie, le Pape François a situé les martyrs ougandais dans la longue lignée des martyrs chrétiens à travers les siècles et les continents. «Depuis l’âge apostolique jusqu’à nos jours, un grand nombre de témoins est sorti pour proclamer Jésus et manifester la puissance de l’Esprit Saint. Aujourd’hui, nous rappelons avec gratitude le sacrifice des martyrs ougandais (…). Nous rappelons aussi les martyrs anglicans, dont la mort pour le Christ rend témoignage à l’œcuménisme du sang. Tous ces témoins ont cultivé le don de l’Esprit Saint dans leur vie et ont librement donné le témoignage de leur foi en Jésus Christ, même au prix de leur vie, et beaucoup dans un si jeune âge.»

«Si, comme les martyrs, nous ravivons chaque jour le don de l’Esprit qui habite en nos cœurs, nous deviendrons alors certainement ces disciples-missionnaires que le Christ nous appelle à être. Pour nos familles et nos amis sûrement, mais aussi pour ceux que nous ne connaissons pas, spécialement pour ceux qui pourraient être peu bienveillants et même hostiles à notre égard.» 

Les chrétiens ougandais sont appelés «à rejoindre ceux qui sont dans le besoin, à coopérer avec les autres pour le bien commun et à construire une société plus juste, qui promeut la dignité humaine, sans exclure personne, qui défend la vie, don de Dieu, et protège les merveilles de la nature, la Création, notre maison commune.»

«On ne s’approprie pas cet héritage comme un souvenir de circonstance ou en le conservant dans un musée comme si c’était un joyau précieux, a insisté François. Nous l’honorons vraiment et nous honorons tous les Saints, lorsque plutôt nous portons le témoignage qu’ils ont rendu au Christ dans nos maisons et à nos voisins, dans nos lieux de travail et dans la société civile, soit que nous restions dans nos maisons ou que nous nous rendions jusqu’au coin le plus reculé du monde.»

Dans l’après-midi de ce samedi 28 novembre, le Pape François a rencontré plusieurs milliers de jeunes Ougandais, sur l’aérodrome de Air Kololo Strip. Dans un premier temps, il a écouté le récit de deux jeunes qui ont témoigné des ravages du Sida et de la présence de milices qui tuent et enrôlent des enfants et des adolescents.

Il a visité aussi la Maison de Charité tenue par les sœurs du Bon Samaritain à Nalukolongo, dans l’agglomération de Kampala, et fondée en 1978 par le cardinal archevêque Emmanuel Kikwanuka Nsubuga (1914-1991),  grand défenseur des droits humains sous le régime dictatorial d’Idi Amin Dada. Elle accueille actuellement une centaine de personnes, de diverses confessions.

Les noms des 22 martyrs –> Lire la suite →

avec jeunes, catéchistes et enseignants

27-11-2015 source : Radio Vatican

Le Pape François est arrivé en Ouganda ce vendredi 27 novembre vers 17h heure locale, pour la deuxième étape de son périple africain. Il a été accueilli à sa descente d’avion par le président Yoweri Museveni et par les évêques locaux.

Après une adresse aux autorités civiles au palais présidentiel à Kampala, il  s’est rendu en fin de journée à Munyonyo, lieu du martyre de Saint André Kaggwa en 1886, sous le règne du roi Lwanga, pour rencontrer les catéchistes et enseignants catholiques du pays.

Le Pape leur a souligné que sa visite avait pour but également «d’attirer l’attention sur l’Afrique dans son ensemble, sur sa promesse, ses espérances, ses luttes et ses succès». 

Outre les richesses naturelles qu’il possède, l’Ouganda a pour principale richesse sa population. Et ces hommes et ces femmes, «il est important qu’on leur donne de l’espérance, des opportunités d’éducation et d’un travail rémunéré, et surtout l’opportunité de partager pleinement la vie de la société».

Placé au cœur d’une région tourmentée politiquement, l’Ouganda fait face depuis de nombreuses années à la présence de réfugiés sur son sol. Un problème dont il est largement question en ce moment au Proche-Orient et en Europe. Le Pape François profite de l’occasion pour expliquer que la façon dont nous accueillons ces personnes, «est un test de notre humanité, de notre respect de la dignité humaine et surtout de notre solidarité envers nos frères et sœurs dans le besoin».

Le Pape espère ainsi plus globalement, encourager «les nombreux efforts en cours pour prendre soin des pauvres, des malades et de ceux qui sont, de quelque manière, en difficulté. C’est par ces petits signes que nous voyons la vraie âme d’un peuple». Une âme qui doit faire face à «la globalisation d’une culture de rejet qui nous rend aveugles par rapport aux valeurs spirituelles, endurcit nos cœurs face aux besoins des pauvres, et prive nos jeunes d’espérance».

Dans ce sens, les martyrs du pays «nous rappellent le rôle important que la foi, la rectitude morale et l’engagement pour le bien commun ont joué, et continuent de jouer dans la vie culturelle, économique et politique» de l’Ouganda. Ils rappellent aussi  que «malgré nos différentes croyances et convictions, nous sommes tous appelés à rechercher la vérité, à travailler pour la justice et la réconciliation, comme à nous respecter, nous protéger et à nous aider mutuellement en tant que membres de la même famille humaine».
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