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Les migrations font partie de l’ADN de l’île Maurice

Les migrations font partie de l’ADN de l’île Maurice

Le Pape François a été reçu au Château de Réduit, la résidence du président de l’île Maurice. Il a encouragé les responsables politiques de cette nation indépendante depuis 1968 à relever le défi de l’accueil des migrants.

 

«Je suis heureux, grâce à cette brève visite, de pouvoir rencontrer votre peuple, caractérisé non seulement par un visage multiforme sur le plan culturel, ethnique et religieux, mais, surtout, par la beauté qui vient de votre capacité à reconnaître, respecter et harmoniser les différences existantes selon un projet commun», a déclaré le Pape, après avoir écouté les discours du Président et du Premier ministre.

Il a rappelé que ce peuple est né «avec l’arrivée de migrants venus de divers horizons et continents, porteurs de leurs traditions, de leur culture et de leur religion, et qui ont appris, peu à peu, à s’enrichir de la différence des autres et à trouver les moyens de vivre ensemble, en cherchant à construire une fraternité soucieuse du bien commun.» Il est le deuxième Pape à visiter l’île Maurice, 30 ans après saint Jean-Paul II.

Suivre la mémoire des ancêtres migrants

«L’ADN de votre peuple garde la mémoire de ces mouvements migratoires qui ont conduit vos ancêtres jusque sur cette île et qui les ont amenés aussi à s’ouvrir aux différences pour les intégrer et les promouvoir en vue du bien de tous.», dans un pays marqué par le brassage de populations de diverses origines, indienne, indonésienne, africaine, britannique ou encore française.

«C’est pourquoi je vous encourage, dans la fidélité à vos racines, à relever le défi de l’accueil et de la protection des migrants qui aujourd’hui viennent ici pour trouver un travail et, pour beaucoup d’entre eux, de meilleures conditions de vie pour leurs familles. Ayez à cœur de les accueillir comme vos ancêtres ont su s’accueillir les uns les autres, comme protagonistes et défenseurs d’une véritable culture de la rencontre qui permette aux migrants (et à tous) d’être reconnus dans leur dignité et dans leurs droits.»

Relier démocratie et développement économique

Il a salué également la solidité démocratique de l’État mauricien, marqué par la paix et la stabilité, et le fort développement économique qui a marqué l’histoire récente de l’île, tout en invitant les décideurs «à promouvoir une politique économique axée sur les personnes et qui soit en mesure de favoriser une meilleure répartition des revenus, la création d’emplois et la promotion intégrale des plus pauvres».

Face «à la tentation d’un modèle économique idolâtre qui ressent le besoin de sacrifier des vies humaines sur l’autel de la spéculation et de la simple rentabilité, qui ne prend en compte que l’avantage immédiat au détriment de la protection des plus pauvres, de l’environnement et de ses ressources», il faut entrer dans la logique d’une «conversion écologique intégrale», comme l’avait écrit le cardinal Piat à l’occasion du 50e anniversaire de l’Indépendance de Maurice.

Encourager la collaboration interreligieuse

Le Pape a enfin insisté sur la dimension interreligieuse, dans ce pays qui compte environ un tiers de chrétiens pour près de 50% d’hindous et 17% de musulmans. «Je voudrais saluer la manière dont, à Maurice, les différentes religions, avec leurs identités propres, travaillent main dans la main pour contribuer à la paix sociale et rappeler la valeur transcendante de la vie contre toutes sortes de réductionnisme. Et je renouvelle la disponibilité des catholiques de Maurice de continuer à participer à ce dialogue fructueux qui a marqué si fortement l’histoire de votre peuple.»

Il demande à Dieu de «bénir tous les efforts qui sont faits pour favoriser la rencontre entre différentes cultures, civilisations et traditions religieuses dans la promotion d’une société juste, qui n’oublie pas ses enfants, en particulier les plus démunis. Que son amour et sa miséricorde continuent de vous accompagner et de vous protéger !»

Le Pape a ensuite béni des plants d’arbustes qui seront plantés dans différents territoires du pays, y compris des îles éloignées. 100 000 arbres au total seront plantés à la suite de cette visite du Pape François à Port-Louis.

Île Maurice, le vivre-ensemble en exemple

Île Maurice, le vivre-ensemble en exemple

Après deux jours passés à Madagascar, le Pape François se rend ce lundi 9 septembre à Maurice pour un voyage de quelques heures. C’est l’occasion pour le peuple mauricien de présenter sa plus grande richesse : le vivre-ensemble entre plusieurs communautés culturelles et religieuses.

 

Maurice, petite île de l’océan Indien, constitue la troisième et dernière étape du voyage apostolique du Pape François en Afrique. Après le Mozambique et Madagascar, il rejoint pour quelques heures à peine ce territoire caractérisé par une coexistence entre différentes communautés, résultat d’une histoire commencée au XVIe siècle.

Au cours de cette journée, le Pape, après avoir été accueilli à l’aéroport, se rendra au sanctuaire de Marie Reine de la Paix pour y célébrer à la mi-journée la messe, trente ans après le voyage de Jean-Paul II, encore dans toutes les mémoires.

Il déjeunera ensuite avec les membres de la conférence épiscopale de l’océan Indien (CEDOI), avant d’effectuer une visite privée au sanctuaire du père Laval, «l’apôtre de l’unité» et de s’adresser aux autorités au château du Réduit, la résidence présidentielle.

Toute la population attend le Pape

À la messe, sont attendues pas moins de cent mille personnes venues de toute l’île mais aussi des îles alentours, notamment Rodrigues, Agalégas ou la Réunion, sans compter les Chagossiens, originaires de l’archipel des Chagos. Parmi cette foule, il y aura évidemment beaucoup de catholiques, mais aussi d’autres chrétiens, comme les anglicans ou des pentecôtistes. Il y aura aussi sans doute des musulmans et des hindous.

La figure du Pape François et son message de paix et d’amour transcendent en effet les différences qui, à Maurice, malgré parfois des malentendus ou de petites tensions, sont particulièrement bien vécues.

Les mariages mixtes ne sont pas rares, l’appel du muezzin dans la rue côtoie les cloches de l’église ; les mosquées, les temples hindous ou les églises chrétiennes sont construites dans les mêmes rues, sans que cela pose de problème, sans qu’il y ait une séparation stricte entre quartiers ou entre communautés.

Cadeau de Maurice au Pape

Ce vivre-ensemble dont les Mauriciens sont si fiers, c’est d’ailleurs le bien, peut-être, le plus précieux que Maurice et son peuple ont à offrir au Pape et à l’Église universelle. C’est en tout cas le visage que les Mauriciens veulent offrir au Pape : une coexistence faite de tolérance, de proximité et d’échange.

Le plus bel exemple, c’est le sanctuaire du père Laval, fêté ce lundi : au-delà des catholiques, y viennent aussi des musulmans et surtout des hindous qui considèrent le bienheureux comme la réincarnation d’une de leur déesse.

Le père Laval, béatifié par Jean-Paul II il y a quarante ans, est la figure emblématique de Maurice. Il a su à son époque, au milieu du XIXe siècle, s’adresser à tous, portant le message de l’Évangile à tous les habitants, sans distinctions de races, de religions et surtout, de conditions sociales.

favoriser «le développement humain intégral»

favoriser «le développement humain intégral»

Ce samedi matin, la première journée du Saint-Père à Madagascar a débuté par une rencontre avec les autorités, le corps diplomatique et plusieurs représentants de la société civile, au Palais présidentiel d’Antananarivo. Le Pape a évoqué la politique et la protection de l’environnement sur la Grande Ile, pour assurer la promotion de tous les habitants.

 

Avant cette rencontre, le Pape François et le président Andry Rajoelina se sont rencontrés en privé. Dans le livre d’honneur, le Saint-Père a écrit le mot suivant: «Je suis venu comme semeur de paix et d’espérance: puissent les semences jetées dans cette terre porter pour le peuple malgache des fruits abondants ! Le Seigneur vous bénisse ! Priez pour moi, je vous prie».

Après cela, la cérémonie publique a commencé dans une vaste salle du Palais, où la première intervention a été donnée par le président malgache, en français. Puis ce fut au tour du Pape, qui a chaleureusement remercié ses hôtes, en particulier le «peuple malgache», pour son «hospitalité remarquable».

Une force: l’âme du peuple malgache

François a ensuite mentionné un élément central de la culture nationale: le “fihavanana”, inscrit dans la Constitution, «qui évoque l’esprit de partage, d’entraide et de solidarité. Cela comprend également l’importance des liens familiaux, de l’amitié, et de la bienveillance entre les hommes et envers la nature».

Le Pape y voit «l’âme» du peuple malgache, une âme à préserver puisqu’elle donne aux habitants «ces traits particuliers qui le distinguent, le constituent et lui permettent de résister avec courage et abnégation aux multiples contrariétés et aux difficultés auxquelles il est confronté quotidiennement».

Lutter contre la corruption et l’exclusion

Puis, le Saint-Père s’est arrêté sur la situation politique du pays, se réjouissant de la mise en œuvre d’une «alternance démocratique positive» depuis l’indépendance de la Grande Ile. Les responsables politiques restent toutefois confrontés au «défi permanent» de «favoriser les conditions d’un développement digne et juste, impliquant tous les acteurs de la société civile».

Il a alors lancé un appel fort, exhortant à «lutter avec force et détermination contre toutes les formes endémiques de corruption et de spéculation qui augmentent la disparité sociale, et à affronter les situations de grande précarité et d’exclusion qui produisent toujours des conditions de pauvreté inhumaine».

Dans cette perspective, il demande l’instauration de «médiations structurelles qui peuvent assurer une meilleure répartition des revenus et une promotion intégrale de tous les habitants, en particulier des plus pauvres», sans se limiter à de l’assistanat.

Inquiétude pour la biodiversité du pays

Un deuxième défi de Madagascar a ensuite été évoqué: prendre soin de «cette terre bénie pour sa beauté et son inestimable richesse naturelle». Une richesse «particulièrement menacée par la déforestation excessive au profit de quelques-uns; sa dégradation compromet l’avenir du pays et de notre Maison commune», a mis en garde François, avant de dénoncer «les feux de forêt, le braconnage, la coupe effrénée de bois précieux», la «contrebande et des exportations illégales».

Si ces activités assurent la survie de certaines populations, il est «important de créer des emplois et des activités génératrices de revenus qui respectent l’environnement et aident les personnes à sortir de la pauvreté»,  pour «l’intégration d’une justice sociale qui accorde le droit à la destination commune des biens de la terre.»

Aider la population en respectant sa singularité

Le Saint-Père a également sollicité l’engagement de «la communauté internationale», dont l’aide ne doit cependant pas entraîner Madagascar vers «une prétendue “culture universelle” qui méprise, enterre et supprime le patrimoine culturel de chaque peuple».

Au contraire, le processus d’aide doit respecter «les priorités et les modes de vie autochtones», afin que «le peuple lui-même [se prenne] en charge progressivement, en devenant l’artisan de son propre destin». Le Pape a donc appelé ses hôtes à écouter toutes les voix «d’une communauté nationale qui cherche son unité. Je vous invite à imaginer ce chemin sur lequel personne n’est laissé de côté, ni ne va seul, ou se perd.»

La disponibilité de l’Église catholique

En conclusion de son discours, le Souverain Pontife a rappelé le rôle de l’Église catholique dans cette perspective de développement humain intégral respectueux de la culture malgache: «Contribuer, dans un dialogue permanent avec les chrétiens des autres confessions, avec les membres des différentes religions et avec tous les acteurs de la société civile, à l’avènement d’une véritable fraternité qui valorise toujours le “fihavanana”, en favorisant le développement humain intégral, afin que personne ne soit exclu».

Plantation d’un baobab

Cette rencontre s’est achevée à l’extérieur du Palais présidentiel, où le Pape François, accompagné du président Rajoelina, a participé à la plantation d’un petit baobab. Un arbre grandement symbolique: on l’appelle “reniala” en malgache, c’est-à-dire “mère de la forêt”. Il est très présent sur la Grande Ile.

Les baobabs deviennent toujours des arbres centenaires – certains ont même plus de 800 ans ! – aux proportions impressionnantes: la circonférence du tronc peut atteindre 30 mètres. On le surnomme également “arbre bouteille”, car il est capable de retenir une importante quantité d’eau. Le baobab résiste enfin aux conditions climatiques extrêmes.