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condoléances du Pape François aux habitants de Paris et de France

Dans un message rendu public ce mardi midi, le Pape exprime sa solidarité avec l’archevêque de Paris, Mgr Michel Aupetit, et les fidèles de son diocèse.

«Suite à l’incendie qui a ravagé une grande partie de la cathédrale Notre Dame, je m’associe à votre tristesse, ainsi qu’à celle des fidèles de votre diocèse, des habitants de Paris et de tous les Français. En ces Jours Saints où nous faisons mémoire de la passion de Jésus, de sa mort et de sa résurrection, je vous assure de ma proximité spirituelle et de ma prière.

Cette catastrophe a gravement endommagé un édifice historique. Mais j’ai conscience qu’elle a aussi affecté un symbole national cher au cœur des Parisiens et des Français dans la diversité de leurs convictions. Car Notre Dame est le joyau architectural d’une mémoire collective, le lieu de rassemblement pour nombre de grands évènements, le témoin de la foi et de la prière des catholiques au sein de la cité.

 En saluant le courage et le travail des pompiers qui sont intervenus pour circonscrire l’incendie, je forme le vœu que la cathédrale Notre Dame puisse redevenir, grâce aux travaux de reconstruction et à la mobilisation de tous, ce bel écrin au cœur de la cité, signe de la foi de ceux qui l’ont édifié, église-mère de votre diocèse, patrimoine architectural et spirituel de Paris, de la France et de l’humanité.

Avec cette espérance, je vous accorde de grand cœur la bénédiction apostolique, ainsi qu’aux Évêques de France et aux fidèles de votre diocèse, et j’appelle la bénédiction de Dieu sur les habitants de Paris et sur tous les Français.»

Pape François

Émotion, solidarité et incrédulité au Vatican

L’incendie est maitrisé et partiellement éteint. Tôt ce matin, vers 3h30, les pompiers ont quelque peu rassuré les parisiens et les français après plusieurs heures de luttes contre les flammes pour les premiers et de longues heures d’attente, d’angoisse et de prière pour les autres.

Ravagée par un incendie, apparemment accidentel qui s’est déclaré lundi peu avant 19h00, la cathédrale Notre-Dame de Paris est défigurée mais ne s’est pas totalement effondrée, alors qu’à un moment de la soirée les pompiers émettaient des craintes quant à la résistance de la structure aux très hautes températures auxquelles elle a été soumise.

Vers 21h30, parmi les nombreuses réactions dans le monde, le Vatican s’exprimait: «Le Saint-Siège a appris avec incrédulité et tristesse la nouvelle du terrible incendie qui a ravagé la cathédrale Notre-Dame de Paris, symbole de la chrétienté, en France et dans le monde». A été saluée l’action des pompiers et de «tous ceux qui font leur possible pour faire face à cette situation dramatique».

Plus tard dans la soirée le président Français Emmanuel Macron, qui avait fait le déplacement pour se rendre personnellement compte de la situation, promettait de rebâtir la cathédrale : «Le pire a été évité même si la bataille n’est pas encore totalement gagnée.»

Vers 23h00, de fait, les pompiers de Paris, qui déplorent un blessé grave dans leurs rangs, déclaraient que la structure était sauvée. Mais la flèche qui surplombait ce joyau gothique et ses vitraux centenaires n’ont pas résisté aux flammes.

Monument historique parmi les plus visités d’Europe, la cathédrale gothique est inscrite au patrimoine mondial de l’humanité depuis 1991. Environ 12 millions de touristes visitent chaque année ce chef-d’oeuvre de l’architecture gothique situé sur l’île de la Cité et des milliers de personnes, Parisiens et touristes, ont assisté au désastre.

«Un haut-lieu de la foi catholique est en train de brûler», a déploré le porte-parole des évêques de France, Vincent Neymon, tandis que le recteur de la cathédrale, Mgr Patrick Chauvet affirmait que les reliques conservées au sein de l’édifice, la couronne d’épines et la tunique de saint Louis avaient pu être mises en sécurité.

Benoît XVI : revenir à Dieu pour surmonter la crise des abus

Dans un long texte publié ce 11 avril, le Pape émérite Benoît XVI s’exprime sur le scandale des abus dans l’Église, sur la plaie des abus sur mineurs commis par des membres du clergé. Une crise selon lui provoquée par un déclin progressif de la foi en Dieu. «La force du mal naît de notre refus de l’amour de Dieu. […] Apprendre à aimer Dieu est donc la voie pour la rédemption des hommes.»

Benoît XVI évoque en premier lieu la rencontre de février dernier sur la protection des mineurs dans l’Église, promue par le Pape François pour donner «un signal fort» et «rendre à nouveau l’Église crédible en tant que lumière des peuples et force qui aide dans la lutte contre les puissances destructrices».

Il affirme vouloir apporter sa contribution à cette mission, «bien que n’ayant plus aucune responsabilité directe comme [pape] émérite», et il remercie le Pape François «pour tout ce qu’il fait pour nous montrer continuellement la lumière de Dieu, qui même aujourd’hui n’a pas décliné».

La montée du relativisme

Le texte est divisé en trois parties. Dans la première partie, Benoît XVI parle du contexte social, de la révolution sexuelle survenue dans les années 1960. C’est à cette période que la pédophilie a été considérée «comme permise» et aussi «avantageuse».

À cette période aussi, on enregistre «un effondrement des vocations sacerdotales» et «l’énorme nombre des sorties de l’état clérical», en même temps qu’un «effondrement de la théologie morale catholique» qui commence à céder aux tentations relativistes.

Selon une certaine théologie, «il ne pouvait pas y avoir ni quoi que ce soit d’absolument bon, ni quoi que ce soit de toujours mauvais, mais seulement des appréciations relatives. Il n’y avait plus de bien, mais seulement ce qui, sur le moment et selon les circonstances, est relativement mieux.»

Benoît XVI cite la Déclaration de Cologne, signée en 1989 par 15 théologiens catholiques, qui se transforme «en cri de protestation contre le magistère de l’Église» et contre Jean-Paul II. De cet évènement naît l’Encyclique Veritatis splendor, publiée en 1993, qui contient «l’affirmation qu’il y a des actions qui ne peuvent jamais devenir bonnes».

«Dans de vastes secteurs de la théologie morale», se développe la thèse selon laquelle «l’Église n’a pas ni ne peut avoir une morale propre»: une conception qui met «radicalement en question l’autorité de l’Église dans le domaine moral» et en définitive «la contraint au silence là où est justement en jeu la frontière entre vérité et mensonge».

Des réformes progressives

Dans la deuxième partie du texte, le Pape émérite parle des conséquences de ce processus sur la formation et la vie des prêtres. «Dans différents séminaires se formèrent des clubs homosexuels qui agissaient plus ou moins ouvertement.»

«Le Saint-Siège connaissait ces problèmes, sans en être informé en détail». «L’état d’esprit conciliaire fut alors compris comme une attitude critique ou négative vis-à-vis de la tradition en vigueur jusqu’à ce moment-là, qui devait alors être substituée par un rapport nouveau, radicalement ouvert avec le monde» afin de «développer une sorte de “catholicité” nouvelle et moderne.»

Benoît XVI souligne que la question de la pédophilie «est devenue brûlante seulement à partir de la seconde moitié des années 1980», et dans un premier temps elle est abordée de façon légère et avec lenteur, en garantissant en particulier les droits des accusés, rendant alors quasiment impossibles les condamnations.

Pour cette raison, il se dit d’accord avec Jean-Paul II sur l’opportunité d’attribuer à la Congrégation pour la Doctrine de la Foi les compétences pour traiter les abus sur mineurs, de manière à «pouvoir légitimement infliger la peine maximale», autrement dit le renvoi de l’état clérical, par «un véritable processus pénal». Toutefois, des retards qui «devaient être évités» ont été observés. C’est pour cela que le «Pape François a entrepris des réformes ultérieures.»

Revenir à l’amour de Dieu

Dans la troisième partie du texte, Benoît XVI se demande quelles sont les réponses justes que peut apporter l’Église. «L’antidote au mal qui ces derniers temps nous menace nous et le monde entier ne peut que consister à nous abandonner» à l’amour de Dieu.

«Tel est le véritable antidote au mal.» «Un monde sans Dieu ne peut être autre chose qu’un monde dépourvu de sens», dans lequel «les critères du bien et du mal» n’existent plus, mais seulement la loi du plus fort. «Le pouvoir devient alors le principe unique. La vérité ne compte pas, et même en réalité, elle n’existe plus».

On lit aussi une forte accusation contre la société occidentale «dans laquelle Dieu est absent de la sphère publique et à laquelle il n’a plus rien à dire. Et c’est pour cela que c’est une société où l’on perd toujours plus le critère et la mesure de l’humain».

Le cas de la pédophilie en est une illustration, puisque «théorisée, encore il y a peu, comme totalement juste, elle s’est diffusée toujours plus». La réponse à tout cela est d’«apprendre à nouveau à reconnaître Dieu comme le fondement de notre vie».

Dans cette perspective de retour à Dieu, le Pape émérite parle aussi de la nécessité de rénover la foi dans l’Eucharistie, souvent rabaissée au rang de «geste cérémoniel», ce qui détruit «la grandeur du mystère» de la mort et résurrection du Christ. Il faut au contraire «comprendre à nouveau la grandeur de sa Passion, de son sacrifice. Et nous devons tout faire pour protéger de l’abus le don de la Sainte Eucharistie.»

Ne pas chercher à réinventer l’Église

Poursuivant sa réflexion, Benoît XVI affirme qu’«il est clair que nous n’avons pas besoin d’une autre Église inventée par nous-mêmes». «Aujourd’hui l’Église est vue en grande partie comme une sorte d’appareil politique.»

«La crise causée par de nombreux cas d’abus de la part de prêtres pousse à considérer d’emblée l’Église comme quelque chose de mal réussi que nous devons résolument prendre nous-mêmes en main et former d’une manière nouvelle. Mais une Église faite par nous ne peut représenter aucune espérance.»

Puis Benoît XVI mentionne l’action du diable, l’Accusateur, qui «veut démontrer qu’il n’y a pas d’hommes justes», dénigrant ainsi Dieu lui-même. «Non, même aujourd’hui l’Église n’est pas seulement faite de mauvais poissons et de zizanie. L’Église de Dieu existe aussi aujourd’hui, et même aujourd’hui elle est l’instrument avec lequel Dieu nous sauve.»

«Il est très important d’opposer aux mensonges et aux demi-vérités du diable toute la vérité: oui, dans l’Église, il y a le péché et le mal. Mais aujourd’hui aussi, il y a l’Église sainte qui est indestructible.» «L’Église d’aujourd’hui est comme jamais auparavant une Église de martyrs, témoignant ainsi du Dieu vivant.»

À la fin de son texte, il fait remarquer que «voir et trouver l’Église vivante est un devoir merveilleux qui nous renforce nous-mêmes et nous fait toujours sentir à nouveau heureux dans la foi». Benoît XVI conclut en exprimant sa gratitude envers le Pape François pour ce qu’il fait afin de montrer au monde actuel que la lumière de Dieu n’a pas disparu: «Merci, Saint-Père !»

De Benoît XVI dans la revue allemande Klerusblatt, texte diffusé par l’Agence CNA.