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LE MOIS DES FIDÈLES DÉFUNTS – 8 novembre

LE MOIS DES FIDÈLES DÉFUNTS – 8 novembre

Selon LE MOIS DE NOVEMBRE CONSACRÉ AU SOUVENIR DES ÂMES DU PURGATOIRE
par des considérations sur les peines qu’elles y souffrent, les motifs et les moyens de les soulager et sur l’utilité de la pensée du purgatoire . L. Grandmont Liège

Sur la peine qu’on endure dans le purgatoire.

Le péché souille l’âme qui le commande, et le corps qui l’exécute. Il doit donc être puni dans l’âme et dans le corps, et c’est là, ô mon Dieu ! ce qui s’accomplit par votre justice dans le purgatoire. L’âme spirituelle souffrira, par un effet de votre puissance infinie, des peines sensibles, pour expier les fautes qu’elle aura commises dans les sens qui lui auront servi d’organes.

« Celui dont les œuvres auront été imparfaites sera sauvé, dit le grand Apôtre, mais il sera sauvé comme par le feu (St Pau!, 1. Cor. 3, 15). » Et les Pères de l’Église, interprétant ce passage, entendent par ce feu celui qui purifie les justes dans le purgatoire, et nous enseignent que les tourments qu’on y endure surpassent tout ce qu’on peut souffrir de plus rigoureux ici- bas.

Je vais, Seigneur, descendre par la foi dans ces brasiers ardents, où mes amis et mes parents gémissent peut-être, afin de compatir aux souffrances de ceux qui les habitent, et de concevoir l’horreur que je dois avoir pour le péché qui vous a contraint de les créer.

I.

Le feu dé ce monde, ô mon Dieu! a été allumé par votre miséricorde afin de servir à nos besoins, et cependant nous le regardons, avec raison, comme le plus rigoureux de tous les supplices. Quelle doit donc être fa rigueur du feu allumé par votre justice, afin de punir nos offenses et de réparer l’injure faite à votre grandeur infinie, par le péché?

Oui, ce feu surnaturel aura des qualités bien différentes de celui que nous voyons sur la terre. Ce sera un feu qui agira sous votre divine influence, et qui participera en quelque sorte de votre puissance, de votre justice, de votre sainteté.

La violence de la douleur nous empêche quelquefois de la sentir dans toute son étendue t parce qu’elle nous fait perdre la connaissance ; un feu ardent se détruit bientôt lui-même, et il ne lui faut pas longtemps pour ôter à ceux qu’il consume le sentiment et la vie; mais il n’en sera pas ainsi de celui du purgatoire : ce feu participera de votre puissance, il ne se consumera point lui-même.

. Son activité est toujours égale, et le sentiment de la douleur qu’il produit ne s’affaiblit point en se prolongeant. Il participe encore de votre justice ; il découvre dans l’âme jusqu’aux moindres souillures, et ne laisse rien sans châtiment; il punit dans la langue les paroles coupables qu’elle a prononcées; dans les yeux, tous les regards qui les ont profanés ; dans les oreilles, tout ce qu’elles ont écouté de contraire à votre loi.

Oh ! combien l’âme, tourmentée par ce feu terrible, regrette de n’avoir pas réduit son corps en servitude par une mortification générale ! comme elle se reproche d’avoir accordé à ses sens tout ce qui pouvait les satisfaire, au lieu de s’en servir pour pratiquer une pénitence par laquelle il lui était si aisé de se purifier !

Je n’attendrai pas, ô mon Dieu ! d’éprouver moi-même un si redoutable châtiment, pour réparer les fautes que j’ai commises par toutes les portes de mon âme. Je me mortifierai dans mes paroles, dans toute ma conduite t je ne me servirai plus de mes sens que pour votre gloire et pour l’accomplissement de votre volonté.

Soutenez-moi, Seigneur, i car ma faiblesse n’est capable de rien sans votre grâce. Je vous offre, pour l’expiation de mes offenses, et pour le soulagement des âmes qui se purifient dans les flammes, ces légers sacrifices que je suis résolu de m’imposer.

II.

Ce qu’il y a peut-être de plus terrible, ô mon Dieu ! dans le feu du purgatoire, c’est l’intelligence et le discernement que vous lui donnez pour reprocher à l’âme les fautes qui l’ont éloignée de vous.

Ce feu vengeur de votre sainteté outragée distingue le nombre, les circonstances de toutes les infidélités qui ont été commises  il rappelle à l’esprit toutes les pensées déréglées, au cœur, toutes les affections coupables ; il porte avec lui une. lumière pénétrante qui montre à découvert tout ce qu’il y a d’affreux dans le péché, et en fait sentir toute la confusion.

Alors, l’âme est déchirée tout à la fois par le désir ardent qui la porte à s’élancer vers vous, et le sentiment de son indignité qui l’accable de honte.

Elle ne regarde plus comme de petites choses ces fautes qu’elle excusait avec tant de facilité, et si elle voulait encore se justifier sur la légèreté de la matière, sur sa jeunesse, sur le peu de temps qu’elle a passé sur la terre, le feu vengeur lui répondrait : « Tu n’en as été que plus coupable en refusant à ton Dieu, pendant ce peu de jours, des sacrifices si légers, qui devaient te procurer le bonheur de lui être uni pour l’éternité.

Du moins, Seigneur, si l’on pouvait se dire au milieu de ces terribles souffrances, ce que les Martyrs se disaient autrefois dans les supplices, ce que le chrétien infirme peut encore se dire aujourd’hui sur son lit de douleur : Les peines que j’endure me rendent plus agréable aux yeux de Dieu ; je lui donne des témoignages de mon amour ; je deviens semblable à Jésus-Christ, et mes souffrances unies aux siennes seront toutes récompensées par une gloire infinie.

Mais on ne peut plus tenir ce langage, quand on est entré dans le règne de votre justice. Les peines sont alors sans aucun mérite, parce qu’elles ne sont plus volontaires, et que Jésus-Christ ne souffre plus avec nous.

Cependant, Seigneur, votre miséricorde vous porte à désirer de trouver quelqu’un qui arrête votre bras, en satisfaisant pour ces âmes que vous ne frappez qu’à regret. Eh bien ! me voici prêt à embrasser tous les moyens que votre bonté me présente pour les soulager I les bonnes œuvres, les prières, les sacrements, les indulgences, les occasions de souffrir que votre Providence me ménage, et toutes les privations que je pourrai m’imposer.

PRIÈRE.

O Marie! vous que l’Église appelle avec tant de raison la consolatrice des affligés et le salut des infirmes, venez au secours de ces âmes souffrantes, et daignez employer en leur faveur votre puissante intercession. Saint Alphonse m’apprend que votre nom suffit pour leur procurer de la consolation lorsqu’il retentit dans le lieu de leurs douleurs, et que vos prières sont comme une douce rosée qui descend dans les flammes pour en tempérer les ardeurs.

J’invoquerai donc souvent votre nom, auguste Marie, je ne me lasserai point d’implorer votre bonté pour moi et pour ces âmes affligées ; je mettrai entre vos mains tout ce que je ferai pour leur soulagement.

Mes péchés me rendent indigne d’obtenir les grâces que je sollicite, mais vos vertus et vos glorieux privilèges vous donnent tout pouvoir auprès de votre Fils, et je serai toujours exaucé en vous prenant pour mon appui. Ainsi soit-il.

Indulgence applicable aux morts. — indulgence pour ceux qui prient avec dévotion et à genoux le De Profundis et le Requiem æternam, Cette prière doit se faire une heure après l’Angélus, c’est-à-dire à l’entrée de la nuit. — Ceux qui ne savent pas le De Profundis, peuvent dire un Pater et un Avé en ajoutant : «Donnez-leur, Seigneur, le repos éternel, et que votre lumière luise à jamais sur eux.»

Il y a indulgence pour ceux qui l’auront ainsi récité tous les jours, pourvu que s’étant confessés ils communient et prient selon les intentions de l’Église. (Bref du 14 Août 1736 et Rescrit du 18 Mars 1781.)

LE MOIS DES FIDÈLES DÉFUNTS 7 novembre

LE MOIS DES FIDÈLES DÉFUNTS 7 novembre

Selon LE MOIS DE NOVEMBRE CONSACRÉ AU SOUVENIR DES ÂMES DU PURGATOIRE
par des considérations sur les peines qu’elles y souffrent, les motifs et les moyens de les soulager et sur l’utilité de la pensée du purgatoire L. Grandmont Liège 1841

Sur la peine que les âmes du purgatoire endurent par la vue des bienfaits de Dieu.

J’adore, ô mon Dieu ! l’équité de vos juge­ments, qui éclate dans vos châtiments aussi bien que dans vos récompenses. Vous ne laisserez aucune de nos œuvres sans la punir ou la couronner dans la vie future. Tous nos pas, toutes nos paroles seront comptées : un verre d’eau donné pour l’amour de vous aura une gloire éternelle pour récompense, et toutes nos infidélités nous seront reprochées.

Ce n’est pas seulement sur les péchés que nous avons commis que vous exercerez votre ju­gement. Vous nous rappellerez le souvenir des grâces que vous nous aurez accordées, et vous nous demanderez compte des fruits qu’elles auront produits en nous. Les Saints conserveront dans le ciel ce précieux sou­venir, ils seront pénétrés d’un transport éternel d’amour et de reconnaissance, en con­sidérant vos miséricordes.

On conservera aussi dans le purgatoire la mémoire de vos bien­faits ; mais cette vue, si douce pour les bien­heureux, ne sera qu’un sujet de regret et de douleur pour les âmes qui auront abusé de vos dons précieux. Je vais, ô mon Dieu ! méditer devant vous l’étendue de cette souf­france, afin de me l’épargner à moi-même, et de soulager les âmes qui l’éprouvent en ce moment.

I.

On méditera dans le purgatoire, et l’on méditera sans distraction, sur les faveurs qu’on aura reçues de Dieu, et sur l’ingratitude avec laquelle on les aura méprisées. Toutes les grâces reviendront à la pensée ; on comprendra alors combien l’on s’est rendu coupable, en dédaignant les trésors de la divine bonté.

Il me semble entendre, ô mon Dieu ! la voix d’une âme qui fut autrefois l’objet de votre prédilection, et qui gémit sur l’abus des grâces intérieures qui lui ont été prodiguées. Que sont devenus, s’écrie-t-elle dans sa douleur, ces temps heureux, où Dieu me parlait au cœur, comme un tendre père parle à l’enfant qu’il aime.

Avec quelle bonté il m’invitait à lui donner mon amour, à m’occuper de lui, à retrancher ce défaut, à lui faire ce sacrifice ! J’entendais ces inspirations et je reconnaissais la voix de sa grâce ; mais j’ai endurci mon cœur, et refusé de répondre à ses desseins.

A quoi ont servi tant de remords qui m’ont reproché mes fautes ? tant de bons désirs, de saints attraits que l’Esprit-Saint a formés en moi ? Je versais quelques larmes, je prenais des résolutions aux pieds du Seigneur, et je les oubliais presque aussitôt pour suivre mes penchants, sans être arrêté par la crainte de lui déplaire.

Combien de fois ne m’a-t-il pas invité à me livrer au saint exercice de l’oraison, pour entendre ses leçons, lui exposer mes besoins, puiser dans le trésor de ses grâces ! Je me suis rendu tous ces secours inutiles, par mon peu de ferveur, je n’ai pas voulu répondre à l’amour de mon Dieu, et maintenant je ne sens plus que le poids de son indignation.

C’est ainsi que la connaissance des bienfaits de Dieu, qui doit faire notre bonheur dans le ciel, devient dans le purgatoire le tourment des âmes qui n’ont pas voulu y correspondre. Prévenons ce tourment en disant à Dieu du fond de notre cœur : Dieu de bonté ! qui exercez depuis si longtemps sur moi votre clémence, vous me faites la grâce de recon­naître mon portrait dans ce tableau que votre lumière me découvre.

Et moi aussi j’ai souvent endurci mon cœur contre la voix de votre grâce. Attendrai-je, pour réparer ce malheur, le temps où les remords seront sans fruit, et les satisfactions sans mérite ? Non, mon Dieu, je veux m’appliquer dès ce mo­ment, par mon repentir, ma reconnaissance et ma fidélité à votre grâce, à réparer l’abus que j’ai fait de vos dons.

Pénétrez mon cœur du souvenir de vos bienfaits et de mon ingra­titude. Conservez-y toujours ce double sen­timent, pour me servir d’aiguillon dans votre service, et faites que je sois sans cesse occupé sur la terre à vous témoigner ma reconnais­sance, pour que je puisse encore chanter vos miséricordes dans l’éternité.

II.

On considérera dans le purgatoire toutes les grâces qu’on aura, reçues durant la vie ; grâces intérieures, qui n’auront été aperçues que par le cœur, ou plutôt, ô mon Dieu! qui n’auront été bien connues jusqu’alors que par votre miséricorde infinie ; car qui peut savoir tout ce que vous opérez dans une âme que vous voulez attirer à vous?

Grâces extérieures : c’est ce qu’il me reste à consi­dérer en votre présence, afin de mieux com­prendre les regrets qu’on se prépare quand on ne profite pas de vos dons. Quelle longue suite de bienfaits se pré­sente à ma pensée t divin Jésus ! lorsque je me représente les moyens que vous avez établis pour nous appliquer les mérites de votre précieux sang !

A peine m’aviez-vous accordé le bienfait de l’existence que vous m’avez rendu par le baptême l’enfant de Dieu et de l’Église, votre frère, votre membre , et le cohéritier de votre gloire; des parents chrétiens, des maîtres zélés ont dirigé mes pas dans la voie de vos commandements ; vous m’avez donné dès ma jeunesse un con­fesseur charitable, dont les avis auraient dû opérer en moi les plus heureux effets.

Vous me prodiguiez des instructions qui auraient produit des fruits au centuple dans une terre moins ingrate; la voix de vos ministres, de saintes lectures, des exemples édifiants, des conseils salutaires me pressaient continuellement de vous servir avec plus de fidélité, et j’ai résisté à toutes ces invitations.

Com­bien de communions qui devaient enrichir mon âme des vertus renfermées dans votre cœur adorable, et qui me sont devenues inu­tiles par mon peu de préparation et de re­cueillement !

Vous me conduisiez dans la retraite pour me faire entendre votre voix avec plus de force : tantôt vous me ménagiez des occasions de me recueillir, et vous com­muniquiez à ceux que vous m’aviez donnés pour guides des lumières plus pénétrantes sur mes besoins, un zèle ardent pour me retirer de ma langueur.

Et moi, je me dé­robais à leur vigilance, afin de me perdre plus aisément ; j’arrêtais votre main bienfai­sante, en persévérant dans ce défaut qui vous fermait mon cœur.

Où serais-je, ô mon Dieu ! si votre bonté n’avait surpassé ma malice ; ces flammes dévorantes auraient- elles suffi pour me faire expier mon ingratitude, si vous m’aviez retiré, comme je le méritais, les grâces qui m’ont retenu sur le bord de l’abime éternel ?

Ah ! comment ai-je pu vous aimer si peu, vous qui ne cessiez de me combler des marques de votre bonté et de votre miséricorde ? Comment ai-je pu, pour une légère satisfaction pour ne pas m’imposer un peu de contrainte, un faible sacrifice, consentir à vous déplaire et me mettre dans la nécessité de demeurer éloigné de vous !

Tels sont, dans le purgatoire, les regrets d’une âme juste qui n’a pas toujours été fidèle aux grâces dont Dieu l’a comblée. Mais il faudrait aimer comme elle pour con­cevoir la douleur que ces remords lui font éprouver.

PRIÈRE.

Faites-moi sentir, Seigneur, autant que j’en suis capable, cet amour qui pénétrera nos cœurs, lorsque nous connaîtrons vos perfections adorables dans la vie future, afin que je puisse aussi gémir, comme je le dois, sur les ingratitudes dont je me suis rendu coupable envers vous.

Il me sera doux de pleurer maintenant l’abus de vos bienfaits et de l’expier en portant votre croix, parce que ma pénitence unie à la vôtre me rendra plus agréable à vos yeux, et plus digne de vos récompenses.

Aidez-moi donc à prévenir des regrets stériles, par un repentir efficace, et purifiez-moi entièrement dans ce monde par la mortification, par l’amour, par la reconnaissance, afin que je ne sois point séparé de vous quand je sortirai de cet exil , et que les effets de votre miséricorde ne soient jamais le sujet de ma condamnation. Ainsi soit-il.

Indulgence applicable aux morts. Ceux qui prient le Veni Creator, ou la prose de la Pentecôte Veni, sancte Spiritus, obtiennent l’indulgence, s’ils l’ont récité tous les jours et font la sainte commu­nion après s’être confessés.

LE MOIS DES FIDÈLES DÉFUNTS – 6 novembre

LE MOIS DES FIDÈLES DÉFUNTS – 6 novembre

Selon LE MOIS DE NOVEMBRE CONSACRÉ AU SOUVENIR DES ÂMES DU PURGATOIRE
par des considérations sur les peines qu’elles y souffrent, les motifs et les moyens de les soulager et sur l’utilité de la pensée du purgatoire L. Grandmont Liège 1841

Sur la peine qu’on ressent en purgatoire,
par la vue des péchés qu’on a donné occasion de commettre.

C’est une satisfaction bien douce, aimable Jésus! pour les Saints, qui ont imité votre zèle22, de voir dans le ciel des âmes qui leur sont redevables de la félicité qu’elles goûtent.

Qu’il est consolant d’avoir travaillé à vous gagner des cœurs, quand on sait combien vous désirez allumer le feu de votre amour sur la terre; mais qu’il est douloureux de penser qu’on a contribué à renverser votre empire, et à perdre les âmes qui ont coûté tout votre sang.

Voilà, Seigneur, une des peines qui se font sentir dans le purgatoire. Aidez-moi à la bien comprendre et ne permettez pas que j’en fasse l’expérience dans ce lieu de douleur.

I.

Une âme juste, qui vous connaît et vous aime, ô mon Dieu ! comme on le fait dans la vie future, souffre un tourment bien rigoureux en voyant les iniquités qui la séparent de vous. Elle souffre peut-être plus encore, en considérant les péchés qu’elle a fait commettre aux autres, parce que l’amour du prochain, se réunissant à l’amour qu’elle a pour vous, augmente sa douleur.

O mon Dieu ! s’écrie-t-elle, si je n’avais offensé  que vous, je pourrais adoucir mes regrets en pensant que ces flammes me purifient de mes fautes ; mais comment pourrais-je réparer le mal que j’ai fait à mes frères par mes mauvais exemples et mes conseils ?

Je devais les porter au bien ; vous  m’aviez commandé de les aimer comme vous nous avez aimés vous-même, vous, Seigneur, qui n’avez pas cru en faire trop, en descendant du ciel et en donnant votre vie pour nous procurer le salut. Mais, au lieu de les sauver, j’ai travaillé à leur perte. C’est en marchant sur mes traces et en  écoutant mes paroles, qu’ils se sont éloignés de vous.

Mon Dieu! dira cette personne chargée par état de veiller sur les âmes que la Providence avait confiées à sa garde : Vous  m’aviez donné des enfants, des serviteurs, des élèves. C’étaient là de précieux dépôt dont je n’ignorais pas que je devais un jour vous rendre compte, et j’ai négligé d’en prendre soin.

Mon peu de vigilance  sur leur conduite, mon peu de zèle pour les instruire et les porter au bien, été la cause de leurs chutes ; j’ai laissé périr sans culture ces plantes que vous aviez arrosées de votre précieux sang.

Si un grand prince m’avait confié l’éducation de ses enfants, je n’aurais rien négligé pour m’acquitter dignement d’un  emploi si honorable. Vous êtes le père de  ceux dont vous m’aviez promis de regarder  comme fait à vous-même tout ce que je  ferais pour eux, et de récompenser mes efforts par une gloire éternelle. Que je suis coupable d’avoir si mal répondu aux vues de vôtre amour !

Je plains, ô mon Dieu! le sort de ceux qui sont livrés à ces remords déchirants dans le purgatoire; je vous supplie d’exercer sur eux votre clémence, et de leur donner la paix et le repos. Mais ne pourrais-je pas m’adresser à moi-même de semblables reproches, et n’ai-je pas bien sujet de craindre  les rigueurs de votre justice, si je ne profite pas des lumières que votre bonté me donne en ce moment?

Pardon, Seigneur t de tant de scandales et d’omissions dont je me suis rendu coupable; aidez-moi à les expier par mon repentir, et à réparer le tort que j’ai fait à votre gloire, en m’appliquant avez zèle à procurer le salut de mon prochain.

IL

Je n’ai pas encore compris, ô mon Dieu! tout ce qu’il y a de pénible dans les regrets d’une âme qui gémit en purgatoire, sur les péchés dont elle a été la cause. La vue des maux que ces fautes ont attirés sur ceux qui les ont commises, est encore pour elle un tourment bien digne d’exciter notre compassion.

Pour qui cette âme a-t-elle été une occasion de scandale et de chute ? Pour des frères, des sœurs, des amis ou des parents chéris, qui sont peut-être avec elle dans ce séjour d’expiation. Elle voit leurs souffrances, elle entend leurs plaintes ; combien elle doit souffrir elle-même en songeant qu’elle est la cause de leurs douleurs ! Mais si le scandale avait été donné dans une matière importante, si l’âme, qui Ta reçu, avait été précipitée dans un abîme éternel !….

O mon Dieu! je m’arrête et je frémis à cette pensée déchirante; il n’est pas possible de concevoir et d’exprimer tout ce qu’il y a d’amer dans ce reproche de la conscience : J’ai perdu une âme, elle criera éternellement vengeance contre moi, dans l’enfer.

Il y a encore sur la terre des amis, des frères vivants que l’on a portés au mal ; ils continuent de suivre les exemples de cette âme ; elle sait qu’ils offensent Dieu f qu’ils sont en danger de se perdre; elle sent qu’elle est l’auteur de tous ces maux t et elle ne peut plus les arrêter!

PRIÈRE.

Ah ! Seigneur, je conçois maintenant que mes offenses ne sont pas les seules qui doivent exciter mes craintes, et qu’on ne saurait répandre trop de larmes, quand on a eu le malheur de porter les âmes à pécher. Je l’ai eu ce malheur, et je le déplore en votre présence-, mais je vais commencer une vie nouvelle avec le secours de votre grâce.

Je m’efforcerai par mes paroles et par mes exemples de porter mes frères à vous servir; je veillerai avec plus de soin sur les âmes que votre providence a confiées à ma sollicitude, et je vous demanderai souvent pour elles et pour moi le pardon et les grâces dont nous avons besoin.

Bénissez mes résolutions, divin Jésus, faites passer dans mon cœur, pour les rendre efficaces, une partie du zèle qui consume le vôtre, et recevez, pour la délivrance des âmes que votre justice retient captives, toutes les œuvres de charité que je pourrai embrasser. Ainsi soit-il.

Indulgence applicable aux morts. — Indulgence à ceux qui réciteront avec dévotion les pieuses aspirations suivantes une fois par jour :

Vive, vive Jésus, cette divine Hostie,

Qui pour nous répandit tout son sang sur la croix?

C’est dans ce sang si pur que nous eûmes la vie…

Pour bénir sa bonté, réunissons nos voix.

Que ce sang précieux soit loué d’âge en âge;

C’est lui qui du monde acquitta la rançon..

C’est lui qui de notre âme est le divin breuvage,

Le bain sacré, la guérison.

Oui, le sang de Jésus comble notre espérance,

Et du Père éternel apaise le courroux.:

Le sang du jeune Abel au ciel criait vengeance,

Mais celui de Jésus crie grâce pour nous.

Si de ce sang nos cœurs présentent quelque image,

L’ange exterminateur rapidement s’enfuit ;

Si l’on rend à ce sang gloire et tribut d’hommage,

Le ciel s’émeut de Joie, l’enfer vaincu rugit.

Chantons donc de concert, du fond de notre cœur;

Gloire soit à jamais au sang du Rédempteur !

(Rescril du 18 octobre 1815. )