le mystère du silence de Dieu

le mystère du silence de Dieu – Samedi Saint

L’Église est entrée dans le «grand silence» qui précède l’exultation de Pâques. Pas de messe en ce samedi, pas d’ornements ni de fleurs sur les autels; le tabernacle, vidé de la présence réelle, est ouvert. Ce «terrible mystère» d’un Dieu qui se tait interpelle plus que jamais les croyants.

«Un grand silence règne aujourd’hui sur la terre, un grand silence et une grande solitude; un grand silence parce que le Roi dort. La terre a tremblé puis s’est calmée parce que Dieu s’est endormi dans la chair, et il a réveillé ceux qui dormaient depuis des siècles».

Cette homélie du IVe siècle attribuée à Saint Épiphane de Salamine explore admirablement le mystère du Samedi Saint, ce moment où le Christ repose sans vie dans son tombeau, où l’espérance semble avoir déserté la terre, «où la foi semble être définitivement démasquée comme une illusion» (Benoît XVI).

Durant ce «temps au-delà du temps», le Christ «descend aux Enfers». Il plonge dans la solitude la plus extrême et la plus absolue des hommes, la mort, pour la partager, l’illuminer et l’en délivrer.

«Voici précisément ce qui est arrivé le jour du Samedi Saint, dans le royaume de la mort, la voix de Dieu a retenti», disait Benoît XVI dans une méditation lors de l’ostension solennelle du Saint-Suaire de Turin (2010).

Il poursuivait : «L’humanité est devenue particulièrement sensible au mystère du Samedi Saint. Dieu caché fait partie de la spiritualité de l’homme contemporain (…) comme un vide dans le cœur qui s’élargit toujours plus», référence tacite au silence de Dieu ressenti avec douleur, et parfois révolte, à certains moments de l’Histoire ou de nos vies personnelles.

De la Patience du Christ

De la Patience du Christ

Jésus meurt sur la croix - chapelle 140 rue du Bac Paris
Jésus meurt sur la croix – chapelle 140 rue du Bac Paris

— Homme de douleurs et Dieu de patience, le Seigneur Jésus a tout souffert pour moi, les liens, les crachats, les fouets, les malédictions, les opprobres, les blessures, la mort, et la mort de la croix. O vous tous qui passez par le chemin, regardez, et voyez s’il est une douleur comparable à la mienne. Il a souffert en tout : dans son honneur, dans sa réputation, dans son âme, dans son corps, dans ses membres ; depuis la plante des pieds jusqu’au sommet de la tête, il n’y a rien de sain en lui.

II a souffert de la part de tous, de la part des rois comme un insensé ; de la part des gouverneurs comme un coupable ; de la part des pontifes comme un blasphémateur ; de la part des bourreaux comme un scélérat ; de la part des Juifs comme un objet de scandale ; de la part des chrétiens comme un homme délaissé ; de la part de ses amis comme un inconnu ; de la part de moi‑même comme s’il n’était pas mon Bien‑Aimé.

Le voilà posé comme un signe de contradiction pour tout le monde. Il a souffert en tout temps. Dans son enfance, une étable, les langes, la circoncision ; dans son bas âge, l’exil ; dans sa jeunesse, la pauvreté ; dans sa vie publique, les travaux et les contradictions ; dans sa Passion, tous les supplices ; sur l’autel, les sacrilèges ; dans le ciel, les crimes et les péchés quotidiens des hommes. Voilà tout ce qu’a souffert pour vous le Seigneur Jésus, qui, à la longanimité et à la patience, joint une grande miséricorde.

En effet, conduit à la mort, il s’est tu comme une brebis devant celui qui la tond ; comme un sourd, il n’entendait pas, et comme un muet, il n’ouvrait pas la bouche, tel qu’un agneau qu’on porte au sacrifice. Lorsqu’il était maudit, il ne maudissait pas, mais plutôt il bénissait, en disant : Mon Père, pardonnez‑leur, car ils ne savent ce qu’ils font. Vous ne voulez pas que je boive le calice que mon Père m’a donné ? Je suis prêt à souffrir. J’ai vivement désiré de manger cette Pâque avec vous, et que je suis pressé jusqu’à ce qu’elle s’accomplisse !

Noël Véran Aubry (1719-1756) – Manuel des Chrétiens

Passion du Seigneur et son chemin de Croix

Passion du Seigneur et son chemin de Croix

À l’occasion de la Passion du Seigneur, célébrée ce vendredi 15 avril à 17 heures, le Saint-Père François a présidé la célébration de la Passion du Seigneur en la basilique Saint-Pierre.  Au cours de la Liturgie de la Parole, le récit de la Passion selon Jean a été lu; puis le Prédicateur de la Maison Papale, le cardinal Raniero Cantalamessa, O.F.M. Cap., chargé par le Saint-Père de prononcer l’homélie, a proposé une méditation sur le dialogue entre le Christ et Pilate.

MONTÉE AU CALVAIRE- DÉTAIL DU "PAREMENT DE DON MAZZA" (1845-1861) FAIT PAR DES ÉTUDIANTS DE SON ÉCOLE À VÉRONE - DON PAR L'EMPEREUR FERDINAND D'AUTRICHE AU PAPE PIE IX -SACRISTIE PONTIFICALE CITÉ DU VATICAN
MONTÉE AU CALVAIRE- DÉTAIL DU « PAREMENT DE DON MAZZA » (1845-1861) FAIT PAR DES ÉTUDIANTS DE SON ÉCOLE À VÉRONE – DON PAR L’EMPEREUR FERDINAND D’AUTRICHE AU PAPE PIE IX -SACRISTIE PONTIFICALE CITÉ DU VATICAN

À l’image de ce dernier, l’homme d’aujourd’hui continuer de tourner le dos à Celui qui est venu annoncer au monde la Vérité : le Christ. La Liturgie de la Passion s’est poursuivie par la Prière Universelle et l’adoration de la Sainte Croix et s’est terminée par la Sainte Communion.

*

Le chemin de Croix du Vendredi Saint, présidé par le Saint-Père, s’est déroulé au Colisée ce 15 avril ce soir à 21h15 en présence d’environ 10 000 fidèles. Plusieurs familles ont porté la Croix au long des 14 stations, au rythme des méditations qu’elles avaient rédigées, en témoignant de situations d’épreuve telles que le handicap, la stérilité, le deuil. La guerre en Ukraine fut également évoquée, avec une famille ukrainienne et une famille russe priant en silence avec l’assemblée.

Prière du Saint-Père

Les textes des méditations et des prières proposés cette année pour le Chemin de Croix du Vendredi Saint au Colisée ont été confiés par le Pape François à quelques familles liées aux communautés catholiques et aux associations de volontariat et d’assistance. Nous rapportons ci-dessous la prière composée par le Saint-Père, qu’il a récitée à la fin :

Père Miséricordieux,

tu fais lever le soleil sur les bons et les méchants,

n’abandonne pas le travail de tes mains,

pour lequel tu n’as pas hésité

pour livrer ton Fils unique,

né de la Vierge,

crucifié sous Ponce Pilate,

mort et enterré au coeur de la terre,

ressuscité des morts le troisième jour,

apparut à Marie de Magdala,

à Pierre, aux autres apôtres et disciples,

toujours vivant dans la sainte Église,

son Corps vivant dans le monde.

Continue de faire brûler dans nos familles

la lampe de l’Évangile,

qui illumine les joies et les peines,

les efforts et les espoirs :

chaque maison reflète le visage de l’Église,

dont la loi suprême est l’amour.

Par l’effusion de ton Esprit,

aide-nous à dépouiller le vieil homme,

corrompu par des passions trompeuses,

et revêts-nous de l’homme nouveau,

créé selon la justice et la sainteté.

Tiens-nous par la main, comme un Père,

pour que nous ne nous détournons pas de toi ;

convertis nos cœurs rebelles à ton cœur,

pour que nous apprenons à suivre des projets de paix ;

amène les adversaires à se serrer la main,

afin qu’ils jouissent du pardon mutuel ;

désarme la main levée de son frère contre son frère,

afin que là où il y a de la haine, l’harmonie puisse s’épanouir.

Ne te comporte pas en ennemis de la croix du Christ,

partage la gloire de sa résurrection.

Il vit et règne avec toi,

dans l’unité du Saint-Esprit,

pour tous les âges.

R/. Amen.

Extraits de l’homélie du Cardinal Cantalamessa (page 2)

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