bilan du voyage du Pape dans l’Océan Indien

Le Pape a consacré l’audience générale de ce mercredi 11 septembre, à son voyage au Mozambique, à Madagascar et à l’île Maurice. Ce 31e voyage apostolique s’est achevé, après six journées intenses marquées par un grande ferveur populaire.

PAPE FRANÇOIS

AUDIENCE GÉNÉRALE

Mercredi 11 septembre 2019


Chers frères et sœurs, hier, je suis rentré de mon voyage apostolique au Mozambique, à Madagascar et à l’Île Maurice, où j’ai annoncé le Christ espérance du monde et levain de fraternité, de liberté, de justice et de paix. Je remercie Dieu qui m’a permis d’accomplir cet itinéraire comme pèlerin de paix et d’espérance. L’espérance du monde est le Christ, et son Évangile est le plus puissant levain de fraternité, de liberté, de justice et de paix pour tous les peuples.

Encourager le processus de paix au Mozambique

Au Mozambique j’ai voulu répandre des semences d’espérance, de paix et de réconciliation sur une terre qui a tant souffert d’un long conflit armé et qui, au printemps dernier, a été frappé par deux cyclones qui ont causé de graves dommages. J’ai particulièrement encouragé les jeunes à répandre l’amitié sociale et à tirer profit des traditions des anciens. l’Église continue à accompagner le processus de paix. Lors de la messe a résonné l’appel de Jésus : Aimez vos ennemis, semence de la révolution de l’amour, qui éteint la violence et génère la fraternité.

Madagascar et les défis d’un développement solidaire

A Madagascar, un pays riche de beautés et des ressources naturelles, mais marqué par beaucoup de pauvreté, j’ai souhaité que le peuple malgache, animé par son traditionnel esprit de solidarité, puisse surmonter les adversités et construire un futur de développement en conjuguant le respect de l’environnement et la justice sociale. Dans cette perspective, j’ai visité la Cité de l’amitié-Akamasoa, fondée par le Père Pedro Opeka : là on cherche à unir travail, dignité, soin des plus pauvres, éducation des enfants. Le tout animé par l’Évangile. La rencontre avec les moniales contemplatives a voulu signifier que, sans la foi et la prière, on ne construit pas une cité digne de l’homme.

Maurice, une terre de brassage interreligieux

La journée de lundi a été consacrée à l’Île Maurice, lieu d’intégration entre diverses ethnies et cultures. L’Évangile des Béatitudes, carte d’identité des disciples du Christ, lu lors de la messe en mémoire du bienheureux Jacques-Désiré Laval, Apôtre de l’unité mauricienne, est un antidote contre la tentation d’un bien-être égoïste et discriminatoire, et le levain d’un vrai bonheur, fait de miséricorde, de justice et de paix. Demandons à Dieu que les semences jetées au cours de ce voyage portent des fruits abondants.

Pour commencer un voyage et au retour, je vais toujours voir la Madone, la Salus Populi Romani, pour que ce soit elle qui m’accompagne dans le voyage, comme Mère, pour me dire ce que je dois faire, pour prendre soin de mes paroles, de mes gestes. Avec la Madone, je me sens en sécurité. Que le Seigneur fasse de vous des artisans de fraternité, de liberté, de justice et de paix. Que Dieu vous bénisse !


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Les migrations font partie de l’ADN de l’île Maurice

Les migrations font partie de l’ADN de l’île Maurice

Le Pape François a été reçu au Château de Réduit, la résidence du président de l’île Maurice. Il a encouragé les responsables politiques de cette nation indépendante depuis 1968 à relever le défi de l’accueil des migrants.

 

«Je suis heureux, grâce à cette brève visite, de pouvoir rencontrer votre peuple, caractérisé non seulement par un visage multiforme sur le plan culturel, ethnique et religieux, mais, surtout, par la beauté qui vient de votre capacité à reconnaître, respecter et harmoniser les différences existantes selon un projet commun», a déclaré le Pape, après avoir écouté les discours du Président et du Premier ministre.

Il a rappelé que ce peuple est né «avec l’arrivée de migrants venus de divers horizons et continents, porteurs de leurs traditions, de leur culture et de leur religion, et qui ont appris, peu à peu, à s’enrichir de la différence des autres et à trouver les moyens de vivre ensemble, en cherchant à construire une fraternité soucieuse du bien commun.» Il est le deuxième Pape à visiter l’île Maurice, 30 ans après saint Jean-Paul II.

Suivre la mémoire des ancêtres migrants

«L’ADN de votre peuple garde la mémoire de ces mouvements migratoires qui ont conduit vos ancêtres jusque sur cette île et qui les ont amenés aussi à s’ouvrir aux différences pour les intégrer et les promouvoir en vue du bien de tous.», dans un pays marqué par le brassage de populations de diverses origines, indienne, indonésienne, africaine, britannique ou encore française.

«C’est pourquoi je vous encourage, dans la fidélité à vos racines, à relever le défi de l’accueil et de la protection des migrants qui aujourd’hui viennent ici pour trouver un travail et, pour beaucoup d’entre eux, de meilleures conditions de vie pour leurs familles. Ayez à cœur de les accueillir comme vos ancêtres ont su s’accueillir les uns les autres, comme protagonistes et défenseurs d’une véritable culture de la rencontre qui permette aux migrants (et à tous) d’être reconnus dans leur dignité et dans leurs droits.»

Relier démocratie et développement économique

Il a salué également la solidité démocratique de l’État mauricien, marqué par la paix et la stabilité, et le fort développement économique qui a marqué l’histoire récente de l’île, tout en invitant les décideurs «à promouvoir une politique économique axée sur les personnes et qui soit en mesure de favoriser une meilleure répartition des revenus, la création d’emplois et la promotion intégrale des plus pauvres».

Face «à la tentation d’un modèle économique idolâtre qui ressent le besoin de sacrifier des vies humaines sur l’autel de la spéculation et de la simple rentabilité, qui ne prend en compte que l’avantage immédiat au détriment de la protection des plus pauvres, de l’environnement et de ses ressources», il faut entrer dans la logique d’une «conversion écologique intégrale», comme l’avait écrit le cardinal Piat à l’occasion du 50e anniversaire de l’Indépendance de Maurice.

Encourager la collaboration interreligieuse

Le Pape a enfin insisté sur la dimension interreligieuse, dans ce pays qui compte environ un tiers de chrétiens pour près de 50% d’hindous et 17% de musulmans. «Je voudrais saluer la manière dont, à Maurice, les différentes religions, avec leurs identités propres, travaillent main dans la main pour contribuer à la paix sociale et rappeler la valeur transcendante de la vie contre toutes sortes de réductionnisme. Et je renouvelle la disponibilité des catholiques de Maurice de continuer à participer à ce dialogue fructueux qui a marqué si fortement l’histoire de votre peuple.»

Il demande à Dieu de «bénir tous les efforts qui sont faits pour favoriser la rencontre entre différentes cultures, civilisations et traditions religieuses dans la promotion d’une société juste, qui n’oublie pas ses enfants, en particulier les plus démunis. Que son amour et sa miséricorde continuent de vous accompagner et de vous protéger !»

Le Pape a ensuite béni des plants d’arbustes qui seront plantés dans différents territoires du pays, y compris des îles éloignées. 100 000 arbres au total seront plantés à la suite de cette visite du Pape François à Port-Louis.

Messe du Pape à Maurice: nos jeunes sont notre première mission

Messe du Pape à Maurice: nos jeunes sont notre première mission

Sur l’île Maurice, au monument Marie Reine de la Paix, le Saint-Père a présidé la messe ce lundi matin. Un moment fort et très attendu, trente ans après la visite de saint Jean-Paul II sur cette île de l’Océan Indien. Dans son homélie, le Pape a longuement évoqué la place des jeunes dans la société mauricienne. Une jeunesse à l’avenir souvent incertain, mais à qui l’Église peut proposer un chemin d’espérance.

Le Pape a célébré cette messe – en langue française principalement – devant quelque cent mille fidèles, rassemblés à flanc de montagne face à ce monument Marie Reine de la Paix. Une montagne présentée par le Pape François comme celle des Béatitudes, qui étaient au cœur de l’Évangile choisi pour cette célébration (Mt 5, 1-12a).

Les Béatitudes sont «comme la carte d’identité du chrétien», pour être un bon chrétien, il faut mettre en œuvre ce que Jésus déclare dans ce “Sermon sur la montagne”.

Le bienheureux père Laval, exemple de dynamisme missionnaire

Le bienheureux père Jacques-Désiré Laval est fêté solennellement ce 9 septembre par l’Église mauricienne. Ce missionnaire français ayant évangélisé l’île Maurice au XIXe siècle reste aujourd’hui une figure centrale de la foi des catholiques de l’île.

La vie de «l’apôtre de l’unité mauricienne», fut une vie marquée par «l’amour du Christ et des pauvres». «Il savait qu’évangéliser suppose d’être tout à tous.» «Sa sollicitude le porta à faire confiance aux plus pauvres et aux personnes rejetées pour que ce soient eux les premiers à s’organiser et à trouver des réponses à leurs souffrances.»

«À travers son dynamisme missionnaire et son amour, le Père Laval a donné à l’Église mauricienne une nouvelle jeunesse, un nouveau souffle qu’aujourd’hui nous sommes invités à poursuivre dans le contexte actuel», à «prendre soin de cet élan missionnaire.»

Prendre soin des «prémices de cette terre»

Le Saint-Père a invité à se tourner vers les jeunes, même si «ceci n’est pas toujours facile, parce que cela exige que nous apprenions à les reconnaître et à leur donner une place au sein de notre communauté, de notre société». Sur l’île Maurice, ces jeunes sont ceux «qui souffrent le plus, ce sont eux qui ressentent le plus le chômage.»

Et cet avenir incertain «les pousse à l’écart et les oblige à concevoir leur vie en marge de la société, les laissant vulnérables et presque sans repères face aux nouvelles formes d’esclavage de ce XXIe siècle. Ceux-ci, nos jeunes, sont notre première mission!» «Ne nous laissons pas voler le visage jeune de l’Église et de la société ; ne laissons pas les marchands de la mort voler les prémices de cette terre !»

Appel à la sainteté, appel à la joie

Il faut se laisser inspirer par le bienheureux père Laval: «retrouver la certitude du triomphe de Dieu» grâce à «l’espérance en Jésus». Les Béatitudes sont aussi la voie à suivre, malgré «les ambitions du pouvoir et les intérêts mondains», même si elles sont «quelque chose de mal vu, soupçonné, ridiculisé». Les croyants doivent «retrouver cette invitation à être heureux» car «seuls les chrétiens joyeux éveillent le désir de suivre ce chemin».

Inutile de se préoccuper d’abord «du déclin de tel ou tel mode de consécration dans l’Église», mais plutôt du «manque d’hommes et de femmes qui désirent vivre le bonheur sur des chemins de sainteté, des hommes et des femmes qui laissent leur cœur brûler par l’annonce la plus belle et la plus libératrice.»

Le Saint-Père a enfin invité les fidèles mauriciens à prier pour que dans leurs communautés fleurisse «la vocation à la sainteté dans les diverses formes de vie que l’Esprit nous propose». Il leur a demandé d’avoir confiance dans la force du Seigneur, cette confiance qui n’a jamais faibli dans le cœur du bienheureux Jacques-Désiré Laval.

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