JMJ Panama : garder vivant le rêve de l’amour de Dieu

Premier rendez-vous du Pape François avec les jeunes, la cérémonie d’ouverture des JMJ s’est tenue ce jeudi soir à Panama City. «La chose la plus attendue de ces Journées ne sera pas un document final, (…) mais vos visages et une prière.»
logo-jmj-panama2019
logo-jmj-panama2019

Après un temps de chants, de danses, de lecture de l’Évangile, le Pape s’est adressé aux jeunes.  «Pierre est avec vous.» Il a renouvelé son appel à «ne pas avoir peur», «à aller de l’avant non pas pour créer une église parallèle un peu plus ‘divertissante’  ou ‘cool’ avec tel ou tel élément décoratif  (…)» :penser ainsi ne serait pas respecter ce que l’Esprit nous dit à travers vous.»

Le Pape s’est dit conscient des sacrifices et des efforts accomplis pour pouvoir participer à cet événement, préparé en amont par des rencontres de réflexion et de prière. «Vous n’avez pas eu peur de risquer et de marcher.»

Les différences n’empêchent pas la culture de la rencontre

Les différences de langues, de cultures, de régions et d’histoires n’empêchent pas de se retrouver dans la joie, de confesser ensemble sa foi, unis par une personne: le Christ. En se rencontrant ici au Panama, les jeunes deviennent «de véritables maitres et artisans de la culture de la rencontre».

«Par vos gestes et vos attitudes, par vos regards, vos désirs et surtout par votre sensibilité vous refusez et désavouez tous ces discours qui se focalisent et s’efforcent de semer la division», l’exclusion et le rejet de ceux «qui ne sont pas comme nous».  Ici, le Pape a cité son prédécesseur, Benoît XVI : «l’amour véritable n’efface pas les différences légitimes, mais les harmonise en une unité supérieure.»

«Le christianisme, c’est le Christ»

Mais qu’est-ce que la culture de la rencontre ? Elle consiste plutôt à  «garder vivant un rêve commun» , celui pour lequel Jésus a donné sa vie sur la croix, «un rêve qui circule dans nos veines, qui fait frissonner le cœur et le fait danser chaque fois que nous l’écoutons : ‘Aimez-vous les uns les autres’». «Le christianisme, c’est le Christ», disait saint Oscar Romero, l’un des saints patrons de ces JMJ.

S’ouvrir à l’amour de Dieu

C’est l’amour du Christ qui est le ciment de l’unité et de la  rencontre, un amour qui ne marginalise pas , ni n’écrase, un amour qui guérit, relève, réconcilie, c’est «l’amour silencieux de la main tendue dans le service et le don de soi qui ne se vante pas.»

«Cet amour en vaut-il la peine ?» «Ce fut la même demande que reçut Marie» lors de l’Annonciation. La jeune fille de Nazareth «n’était pas une ingénue, elle savait très bien ce qu’était l’amour». Et par son «oui» elle a donné chair et vie au rêve de Dieu.

«Veux-tu que ce rêve prenne vie ? Veux-tu lui donner chair avec tes mains, avec tes pieds, avec ton regard, avec ton cœur ? Veux-tu que l’amour du Père t’ouvre de nouveaux horizons et te conduise sur des chemins jamais pensés ni imaginés, rêvés ni espérés, qui réjouissent et fassent chanter et danser le cœur ?», a demandé le Pape, demandant aux jeunes de fermer les yeux, de faire silence et répondre dans leur cœur à ces questions.

Ce qui sortira de ces JMJ

Quelle sera la chose la plus attendue de ces journées ? Ni un «document final», ni une «lettre convenue», mais bien «vos visages et une prière». Chacun retournera chez lui, plein d’une «force nouvelle», «rempli de l’Esprit- Saint pour garder vivant ce rêve qui nous unit».

«Là où nous nous rencontrons, faisant ce que nous sommes en train de faire, nous pouvons toujours lever les yeux et dire : Seigneur, apprends-moi à aimer comme toi tu nous a aimés». Cette prière a été répétée plusieurs fois par les jeunes, à la demande du Saint-Père.

Pour finir, il a remercié tous ceux qui ont préparé ces JMJ et qui aident à ce que «le Panama soit aujourd’hui non seulement un canal qui unit les mers, mais aussi un canal où le rêve de Dieu continue de trouver des voies pour grandir, se multiplier et se répandre dans tous les recoins de la terre.»

une Église humble qui se laisse blesser

En cette première journée de son séjour au Panama, avant de rencontrer les jeunes rassemblés pour les JMJ, le Pape François a tenu un discours, entrelacé des citations de saint Oscar Romero, devant les évêques d’Amérique centrale rassemblés en l’église saint François d’Assise de la capitale du Panama. Il a offert ainsi des clés de lecture pour appréhender son message pour la Journée des Communications et la rencontre pour la protection des mineurs.

 

Il est intervenu à partir de la pensée de saint Oscar Romero, récemment canonisé dans le contexte du Synode des évêques sur les jeunes. «Sa vie et son enseignement sont une source permanente d’inspiration pour nos Églises et, d’une manière particulière, pour nous-mêmes, évêques», a t-il dit en reprenant les mots de son blason épiscopal : «Sentir avec l’Église».

«C’est un héritage qui peut se transformer en témoignage actif et vivifiant pour nous-mêmes, également appelés au don du martyr dans le service quotidien de nos peuples. (…) Recourir à la figure de Romero, c’est invoquer la sainteté et le caractère prophétique qui vit dans l’ADN de vos Églises particulières.»

Un amour donné à l’Église

«Cet amour naît de l’accueil d’un don totalement gratuit, qui ne nous appartient pas et qui nous libère de toute prétention et de toute tentation de nous en croire propriétaires et uniques interprètes. Nous n’avons pas inventé l’Église, elle n’est pas née avec nous et elle continuera sans nous. Une telle attitude, loin de nous abandonner à la paresse, éveille une insondable et inimaginable reconnaissance qui nourrit tout.» 

À noter la fidélité de Mgr Romero aux intuitions du Concile Vatican II. «Il ne fut ni idéologue ni idéologique ; son action est née d’une intégration des documents conciliaires.»

À la suite de la vie donnée par Mgr Romero au peuple d’El Salvador, le Pape a invité à ne pas avoir «peur de toucher et de nous approcher des blessures de notre peuple, qui sont aussi nos blessures, et de le faire à la manière du Seigneur. Le pasteur ne peut pas rester éloigné de la souffrance de son peuple ; de plus, nous pourrions dire que le cœur du pasteur se juge à sa capacité à se laisser toucher face à tant de vies blessées et menacées.»

«Sentir avec l’Église», devise épiscopale de saint Oscar Arnulfo Romero, archevêque de San Salvador, martyrisé par les escadrons de la mort alors qu’il célébrait sur l’autel, est véritablement le fil rouge du discours du Pape devant les évêques centraméricains en l’église Saint François d’Assise de Panama, lors de sa première journée aux JMJ 2019.

Une fois de plus, le Souverain pontife a tracé une sorte de cadre pastoral utile pour comprendre la situation actuelle de l’Église. Il a souligné avant toute chose que «sentir avec l’Église» signifiait expérimenter le don gratuit, «qui ne t’appartient pas» et «qui libère de tout prétexte et des tentations à se croire son propre maître et ses seuls interprètes». 

Dans une époque saturée de messages réduits à des slogans, où les accusations et les préjugés distillés par le web, se rappeler, que «nous n’avons pas inventé l’Église, qu’elle n’est pas née avec nous, et qu’elle nous survivra» aide à descendre de son piédestal d’autosuffisance, de l’hyperactivisme, et des logiques fonctionnalistes, entrepreneuriales et managériales.

L’Église, comme la lune, ne puise pas la lumière elle-même, mais elle la reçoit du véritable hélios, le Christ, comme l’énonçait saint Ambroise de Milan (340-397).

Pour Mgr Romero, «sentir avec l’Église» consiste à porter dans sa propre intimité toute la kénose du Christ – l’action de vider, de se dépouiller. Il est important de ne pas craindre d’approcher et de toucher les blessures de notre peuple, qui sont aussi nos blessures, et ce, à la manière du Seigneur.

Le pasteur ne peut rester à l’écart de la souffrance de son peuple; en effet, on pourrait dire que le cœur du pasteur se mesure à sa capacité de se déplacer devant de nombreuses vies blessées et menacées. C’était le style de Mgr Romero et c’est l’indication que le Pape François donne aujourd’hui aux évêques en leur demandant d’assister à une Église humble et pauvre, fuyant le risque d’orgueil, d’arrogance et d’autosuffisance.

C’est aussi, au fond, la manière la plus authentique d’aborder la prochaine rencontre pour la protection des mineurs au Vatican avec les présidents des conférences épiscopales du monde entier. Une rencontre caractérisée par l’écoute des victimes qui ont survécu à ces abus et donc à leurs blessures, à partir desquelles nous devons nous aussi nous laisser blesser.

Le Pape a également tenu à souligner que la kénose du Christ exige d’abandonner «la virtualité de l’existence et des discours pour écouter le bruit et l’appel constant des véritables personnes qui nous amènent à créer des liens». Parce que les réseaux servent «à créer des contacts mais pas des racines», ils ne sont pas capables de nous donner un sentiment d’appartenance, ni de nous faire sentir partie d’un même peuple.

JEUNES, MIGRANTS, PRÊTRES…

UNITÉ 2019 : 7 FEMME, TA FOI EST GRANDE !

24 JANVIER

FEMME, TA FOI EST GRANDE !

Lectures bibliques

1 Samuel 1,13-17 : Anne parlait dans son cœur : seules ses lèvres remuaient, et l’on n’entendait pas sa voix. Éli pensa qu’elle était ivre et lui dit : « Combien de temps vas-tu rester ivre ? Cuve donc ton vin ! » Anne répondit : « Non, mon seigneur, je ne suis qu’une femme affligée, je n’ai bu ni vin ni boisson forte ; j’épanche mon âme devant le Seigneur. Ne prends pas ta servante pour une vaurienne : c’est l’excès de mon chagrin et de mon dépit qui m’a fait prier aussi longtemps. » Éli lui répondit : « Va en paix, et que le Dieu d’Israël t’accorde ce que tu lui as demandé. »

Matthieu 15,21-28 : Partant de là, Jésus se retira dans la région de Tyr et de Sidon. Voici qu’une Cananéenne, venue de ces territoires, disait en criant : « Prends pitié de moi, Seigneur, fils de David ! Ma fille est tourmentée par un démon. » Mais il ne lui répondit pas un mot. Les disciples s’approchèrent pour lui demander : « Renvoie-la, car elle nous poursuit de ses cris ! » Jésus répondit : « Je n’ai été envoyé qu’aux brebis perdues de la maison d’Israël. » Mais elle vint se prosterner devant lui en disant : « Seigneur, viens à mon secours ! » Il répondit : « Il n’est pas bien de prendre le pain des enfants et de le jeter aux petits chiens. » Elle reprit : « Oui, Seigneur ; mais justement, les petits chiens mangent les miettes qui tombent de la table de leurs maîtres. » Jésus répondit : « Femme, grande est ta foi, que tout se passe pour toi comme tu le veux ! » Et, à l’heure même, sa fille fut guérie.

Réflexion

Éli se méprend sur la profondeur et la ferveur de la prière d’Anne, et la condamne en prenant ses supplications pour des divagations d’ivrogne. Pourtant, en répondant pour lui demander de ne pas la renvoyer «comme une fille de rien », elle lui rend la douceur, si bien qu’il la renvoie avec une bénédiction.

Pareillement, lorsque la Cananéenne vient demander à Jésus de guérir sa fille, il commence par l’écarter, en disant qu’il n’est venu que pour son propre peuple. Elle persiste pourtant dans sa prière et sa supplication, et finalement Jésus, reconnaissant que sa foi est grande, exauce sa demande.

Dans les deux cas, une femme initialement marginalisée et jugée indigne d’attention est parvenue à prononcer des paroles prophétiques qui ont adouci les cœurs et apporté guérison et intégrité.

La marginalisation et la mise à l’écart de certaines voix de femmes se poursuit aujourd’hui. Et au sein même de nos Églises, nous nous rendons souvent complices de cultures qui dévalorisent les femmes.

En prenant conscience de leurs propres manquements en ce domaine, les chrétiens reconnaissent davantage toute l’horreur de la violence faite aux femmes et aux enfants, arrachés de force à leur domiciles et victimes de la traite en direction d’autres terres. Ces personnes, avec beaucoup d’autres travailleurs migrants, sont souvent traitées inférieurement aux êtres humains, et se voient dénier les droits humains les plus fondamentaux.

Au cours de ces dernières années, les Églises d’Indonésie ont entrepris d’agir ensemble contre les trafics humains et les abus sexuels sur mineurs. Leurs efforts, et ceux des fidèles d’autres religions, sont d’autant plus urgents que le nombre de victimes en certaines régions de leur pays s’accroît quotidiennement.

Lorsque des chrétiens se rassemblent pour prier et étudier les Écritures, en se mettant vraiment à l’écoute de la parole de Dieu, ils découvrent que Dieu parle aussi aujourd’hui à travers les appels des plus maltraités de la société. En écoutant ensemble l’appel de Dieu, ils sont encouragés à s’unir pour agir ensemble contre le fléau de la traite des êtres humains et contre d’autres maux

Prière

Dieu de grâce, tu es la source de la dignité de tout être humain. Par ta grâce et ta puissance les paroles d’Anne ont changé le cœur du prêtre Éli ; par ta grâce et ta puissance les paroles de la Cananéenne ont amené Jésus à guérir sa fille. Puisque nous cherchons à manifester l’unité de l’Église, accorde-nous le courage de rejeter toutes les formes de violence envers les femmes et de célébrer les dons de l’Esprit que les femmes mettent au service de l’Église. Nous te le demandons par Jésus-Christ notre Seigneur. Amen.

site officiel en France